LA MUSIQUE ET LE MUSICIEN MALGACHES- A Madagascar, la musique est un des arts d'agrments le plus universellement rpandu. En 1889, la reine Ranavalona III avait son usage une fanfare, un chur de chanteuses et un petit quatuor de violon, violoncelle, guitare et mandoline. Les princesses de la cour savaient mme excuter sur le piano, valse, quadrille ou polka. A la meme poque, le premier ministre Rainilaiarivony fit venir de France une musique militaire afin de satisfaire son got personnel et de charmer ses sujets, aux jours de ftes publiques. Les simples gouver- neurs de ville ou de province se payaient eux aussi le luxe d'une fanfare rudimentaire compose d'un cornet piston, d'une clarinetle, d'un alto, d'une basse, d'un tambour et d'une grosse caisse. Quant au peuple, il lire le meilleur parti de ses instruments d'origine indigne. Mais, par suite de la distinction nettement tablie entre hommes libres et esclaves, chacune de ces deux classes de la socit avait autrefois ses instruments en propre. Le valiha, sorte de guitare, tait seul rserv aux hommes libres. Fabriqu avec un bambou nuds trs distancs, long de 1 mtre 80 centimtres environ et do 10 centimtres de diamtre, ouvert aux deux extrmits, il a sa table d'harmonie forme par l'intervalle compris entre deux nuds conscutifs dont on a laiss l'intrieur les deux cloisons. Tout autour de ce tube cylindrique, l'indigne incise avec un cou- teau treize fibres suivant leur longueur, spares deun centimtre les unes des autres; il entoure les deux extrmits de ces cordes d'une petite liane serre fortement trois ou quatre fois, et dispose sous chacune d'elles deux ou trois chevalets mobiles en bois de citrouille avec lesquels il accordera l'instrument. Dans le ton lo plus usit de clo, les treize fibres donnent la suite de la gamme naturelle majeure, depuis la fon- damentale jusqu'au sol de l'octave suprieure. Au centre, la plus longue corde rend la dominante de basse ou contre sol; droite do cette dernire note, se trouvent disposes les notes suivantes: do, mi, sol, si, mi, fa, la, do; gauche : re, fa, la, do, re, sol, si. Les doigts de la main droite et de la main gauche pincent vide la premire et la deuxime srie. Afin que les vibrations de l'air renferm dans le tube puissent s'chapper au dehors, on pratique exactement sous le contre sol, une lgre fente longitudinale. Malgr cette prcaution, le son de l'instrument reste faible. On le renforce davantage, en ayant soin d'ap- puyerfuno de ses extrmits sur une caisse qui sert de rsonnateur. Les cordes de fibres peu vibrantes par suite de leur structure cellulaire, produisent un timbre grle; aussi, depuis quelque temps, les Malgaches leur substituent des cordes do guitare. Le lohanga voatavo ou violon malgache, tait jou parles esclaves. Il se compose de trois cordes en fibres de raphia adaptes lo long d'une planchette en guise de manche. A l'une des extrmits de la plan- chette, on fixe une moiti de calebasse qui constitue la caisse sonore. Les trois cordes donnent vide la dominante basse, la fondamentale et la tierce. Les notes intermdiaires sont produites en appuyant les doigts de la main gauche sur les cordes, comme dans notre violon. Cet instrument trs primitif se pince avec les doigts de la main droite ; il a un son rauque, fort peu agrable.