Citation
Depuis le retour de la domination française le Laos n'avance pas

Material Information

Title:
Depuis le retour de la domination française le Laos n'avance pas
Series Title:
Collection Bang-Faï Lao-Issara
Creator:
Sasorith, Katay D. ( Author, Primary )
Lao Issara ( Author, Secondary )
Rabbit, William ( Author, Primary )
Lapin, Arsène ( Author, Primary )
Place of Publication:
[Bangkok]
Publisher:
Éditions Lao-Issara
Publication Date:
Language:
French
Physical Description:
23 p. ; 20 cm.

Subjects

Subjects / Keywords:
Laos ( lcsh )
Laos -- Politics and government ( lcsh )
ลาว
ລາວ
Laos -- Politique et gouvernement
ລາວ -- ການເມືອງແລະລັດຖະບານ
ลาว -- การเมืองและการปกครอง
Temporal Coverage:
1900 - 1949
Spatial Coverage:
Asia -- Thailand -- Central Thailand -- Bangkok
Asia -- Laos -- Vientiane Prefecture -- Vientiane
Asie -- Thaïlande -- Thaïlande centrale -- Bangkok
Asie -- Laos -- Préfecture de Vientiane -- Vientiane
ເອເຊຍ -- ໄທ -- ພາກກາງຂອງໄທ -- ບາງກອກ
ອາຊີ -- ລາວ -- ແຂວງວຽງຈັນ -- ວຽງຈັນ
เอเชีย -- ไทย -- ภาคกลาง -- กรุงเทพ
เอเชีย -- ลาว -- เวียงจันทน์ -- เวียงจันทน์
Coordinates:
13.7525 x 100.494167
17.966667 x 102.6

Notes

Content Advice:
Contents: Rabbit, W. "Le Laos nouveau" avoue ne plus rien comprendre.--Rabbit, W. C'est encore "Le Laos nouveau" qui se plaint.--Lapin, A. Depuis le retour de la domination française, le Laos n'avance pas. ( French )
General Note:
VIAF (name authority) : Sasorith, Katay D. : URI http://viaf.org/viaf/43283150
General Note:
VIAF (name authority) : Lao Issara : URI http://viaf.org/viaf/315729841

Record Information

Source Institution:
SOAS University of London
Holding Location:
SOAS, University of London
Rights Management:
This title is believed to be in the public domain under the laws of Laos and Thailand at the time of publication
Resource Identifier:
195572 ( aleph )
EB94.24 /610468 ( SOAS classmark )

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COLLECTION BANG - FAÏ LAO - ÏSSARA

publiée sous la direction de

Thao Katay, Membre du Gouvernement Lao - Issara

DEPUIS LE RETOUR

(S.E. Phoui Sananikorn, Président
de l’Assemblée Nationale Lao de
création française à, Vientiano)

ÈDITIONS LÂO-ISSARA




COLLECTION BANG - FAÏ LAO - ISSARA

publiée sous la direction de

Thao Katay, Membre du Gouvernement Lao-Issara

DEPUIS LE RETOUR

DE LA DOMINATION FRANÇAISE
LE LAOS N’AVANCE PAS

(S.E. Phoui Sananikorn, Président
de l'Assemblée Nationale Lao de
création française à Vientiane)

EDITIONS LAO-ISSARA




»

SOMMAIRE

“Le Laos Nouveau” avoue ne plus

rien comprendre,

par William Rabbit....... 1

C’est encore “Le Laos Nouveau”

qui se plaint,

par William Rabbit ...... 10

Depuis le retour de la domination
française, le Laos n’avance pas,

par Arsène Lapin.........19




“LE LAOS NOUVEAU”

AVOUE NE PLUS RIEN COMPRENDRE

Les pauvres dirigeants du journal “Le
Laos Nouveau” (1) ont perdu la tête. Ils
avouent maintenant qu’ils ne comprennent
plus rien.

La mirifique constitution (de fabrication
française) du 11 Mai 1947 leur garantit toutes
sortes de droits et de libertés, et ils assistent
à toutes sortes de brutalités, d’in justices et
de passe-droits.

On leur a affirmé que le colonialisme
était mort et bien mort, et jamais les colo-
nialistes n’ont été plus vivants.

(1) .Tournai bimensuel bilingue politique et d’in-
formation pour le rapprochement franco-
laotien, organe du Groupement politique
"Lao-Rouam-Samphan”, à Vientiane. Di-
recteur-Gérant : Mr. Boun-Nak Souvan-
navong, député à l’Assemblée Nationale Lao-


2

BANG-FAI LAO- ISSARA

Ils ont cru être maîtres chez eux, et ils
s’aperçoivent qu’ils sont à la merci de chefs
français “recrutés au petit bonheur’’ (sic).

Et les voilà qui s’indignent! Belle in-
dignation, en vérité, de la part de gens qui
n’ont juré quo par la France colonialiste et
qui n’ont pas voulu nous croire quand nous
leur disions que, tant qu’il y aurait dans un
pays deux autorités, deux justices, deux
gouvernements superposés l’un à l’autre—l’un
étranger, l’autre “indigène”, fût-il pompeuse-
ment qualifié de national — il était ridicule
d’y parler de liberté et d’autonomie, encore
plus d’indépendance!

Voici ce que nous lisons dans “Le Laos
Nouveau”, en son éditorial du 1er Mars 1948 :

x

x x

“L’AMITIE FRANCO-LAOTIENNE SE-
RAIT-IL UN VAIN MOT ?

“Les habitants de Savannakhet ont vu le
19 Février dernier, conduit par un agent
européen, M. Louis dit-on, les mains ligotées
derrière le dos, le visage rouge dénotant
l’effet d’une ou peut-être de plusieurs giffles


BANG - FAI LAO - ISSARA

3

un Laotien, à travers la ville, dans la direc-
tion de la Subdivision des T. P. L’on se
demanderait ce qui se passait et des pro-
nostics couraient de bouche en bouche.
Qu’a-t-il fait? Quel crime a-t-il commis?
C’est sans doute un grand pirate ou un chef
rebelle?

“Renseignement pris il s’agit, de rien
autre que du résultat d’une incompréhension
d’un ordre donné qui n’aurait pas été exécuté
comme prescrit, M. Louis étant semble-t-il,
Directeur de l’usine électrique, le Laotien, un
apprenti ouvrier.

“Mais pourquoi alors, se demandait-on
une telle rigueur ?

“CELA DEPASSE NOTRE ENTENDEMENT. NOUS
ne pouvons, nous aussi que transmettre la
question à qui de droit, aux responsables, plus
exactement.

“La promulgation d’une constitution lao-
tienne où toutes les libertés sont prévues y
compris celle vulgaire garantissant des ar-
restations arbitraires, aura-t-il un effet con-
traire à ce qu’on est en droit d’en attendre?

“NOUS AVOUONS NE RIEN COMPRENDRE. Cela
nous laisse rêveur, et nous n’avons que la


4

BANG » FAI LAO - ISSARÀ

ressource de dire que nous ne pouvons que
regretter infiniment un pareil procédé de la
part d’un Français, de la nouvelle France,
dans le nouveau Laos, pays libre et associé
dans l’Union Française.

“Inutile de dépenser des sommes pour la
propagande si pareil fait serait encore permis
ou toléré par les Chefs responsables Français.
L’amitié franco-laotienne ne serait plus alors
qu’un vain mot et ‘la liberté au sein de
l’Union Française’ pronée par M. Bollaert
dans son discours historique de Hadong ne
deviendrait qu’un leurre.

“Dans notre lettre de présentation, pu-
bliée au premier numéro de notre journal
nous avons parlé de l’esprit de i‘conquérant à
conquis’ que nous désirerions absolument,
pour le prestige de la France Nouvelle voir
disparaître à jamais.

“Certains Français semblaient avoir ti-
qué devant ces mots ot auraient dit que cet
esprit n’existe jamais au Laos. Nous voulons
bien en convenir. Mais certains faits regret-
tables, tel celui relaté ci-dessus et QUI SEM-
BLENT SE RENOUVELER ASSEZ FREQUEMMENT UOUS
rendent malgré nous sceptiques.


BANG - FAI LAO - ISSARA $

“Nous savons que tous les Français ne
sont pas des saints comme d’ailleurs tous les
Laotiens ou autres hommes d’ici-bas. Il n’est
pas dans notre habitude de généraliser. Com-
prenant les difficultés des Chefs à obtenir de
LEURS SUBORDONNES, SOUVENT RECRUTES AU
petit BONHEUR, une correction absolue en tout
lieu, nous penchions plus à mépriser un acte
semblable qu’à en faire état. Travaillant
pour une entente cordiale nous évitons, coûte
que coûte, de nous cabrer devant le moindre
incident. Telle a été, telle est et telle sera
toujours notre ligne de conduite dans le “Lao-
May” (2).

“Mais cette fois nous ne pouvons mal-
heureusement pas nous retenir. C’est un trop
grand mépris de la liberté d’autrui, un déf i
trop cynique à la dignité humaine pour que
nous puissions y rester indifférent. Nous nous
autorisons donc de signaler le fait à l’atten-
tion de l’autorité responsable française ou
laotienne à qui nous nous permettons de de-
mander respectueusement contre- le coupable

(2) Appellation en langue lao du journal "Le
Laos Nouveau”.


6 BANG-FAI LAO - ISSARA

une sanction exemplaire, ou un renvoi immé-
diat de notre pays qui a besoin d’éducateurs,
de conseillers, de guides et non de tortion-
naires, ‘made in japan’ tel ce M. Louis.

“Un français pareil fait plus de mal à la
France, à la cause franco-laotienne, si chère
à tous, que le plus intelligent et opportun
des tracts rebelles. La France se désho-
norera-t-elle à garder dans un pays libre et
associé, maintenant que ‘le colonialisme est
mort, qu’on le veuille ou non’ comme l’a pro-
clamé M. le Haut Commissaire Bollaert, un
citoyen ‘pacte colonial’ de cette taille?

“Rappelons qu’avant le 9 Mars il ne nous
a jamais été permis de voir des Français
pourtant administrateurs directs des Lao-
tiens, user d’un pareil procédé inspiré unique-
ment par la force et que jamais nous n’avions
vu des prévenus laotiens politiques et à
fortiori de droit commun passés aussi facile-
ment au “tabac’’ ou même à la guillotine
“maison” comme de nos jours, dans ce Laos
où pourtant la paix est pratiquement com-
plètement revenue (3).

(3) Où la paix est complètement revenue?
Pour la population lao peut-être, mais cer-


BANG-FAI LAO-ISSARA

7

“Les Japonais en passant en Indochine
ont-ils contaminé nos Chefs Français et Lao-
tiens de leur plus détestable des inventions :
la torture et l’assassinat sommaire? La
France, berceau de la liberté, pays des ‘droits

tainement pas pour la population française
pour qui le “périmètre de sécurité” est des
plus réduits, au Laos comme dans les autres
pays d’Indochine. D’autre part, notre con-
frère du “Lao-May” a la mémoire bien
courte. Nous permettra-t-il de lui rappeler
simplement, parmi les innombrables faits
qui illustrèrent le colonialisme français
dans le passé, deux petits “accidents” qui
arrivèrent à des membres actuels du gou-
vernement pantin de Vientiane ? 1°—la sen-
sationnelle raclée qn’infligea à S. E. Thao
Kou Aphay le commissaire de police fran-
çais de Vientiane et qui lui valut deux
semaines de séjour à l’hôpital; 2°—l’oeil
poché et les lèvres en chique de bétel dont
un petit sous-officier français' de Luang-
Prabang gratifia S.E. Outhong Souvanna-
vong, tout ministre des Finances royales
qu’il était alors. — N.D.L.D.


8

BANG - FAI LAO-ISSARA

de l’homme’ érigés en principe sacré vieux
de trois siècles, permettra-t-elle ses fils de r.

faire leur le procédé policier allemand ou
japonais dans ce doux pays laotien.

“On parle de la Kempeitai ou du Gestapo
avec horreur. Evitons que d’autres ne songent x

à nous avec la même répugnance . . (4).

x

x x

Messieurs les dirigeants du “Lao Nou-
veau’’ ne comprennent plus rien. Mais que
ne relisent-ils le modus vivendi provisoire
franco-laotien dn 27 Août 1946, leur fameuse
constitution du 11 Mai 1947 et le non moins
fameux discours dit de Hadong du Haut-
Commissaire de France Bollaert, qu’ils ont
fêtés et refêtés tant de fois à coups de ‘boun’,
de ‘baci’, de ripailles, de discours et de ha- r

rangues ?

(4) Nous avons reproduit tel quel l’éditorial
qu’on vient de lire, sans y avoir changé un r

iota, ni déplacé une virgule. Nous nous
sommes seulement permis d’en souligner
certains passages importants.


BANG - FAI LAO - ISSARA

9

Nous avions cru qu’ils les avaient bien
‘digérés’, puisqu’ils avaient proclamé urbi et
4 orbi qu’ils en faisaient leur profession de foi

et leur programme d’action (5).

Ils avouent maintenant que non ! Alors
quand pourrons-nous les prendre au sérieux?

William RABBIT

Lao-Issara

(Le Bang-Faï de la Semaine, no 62)

â– J?

(5) Voir le 1er numéro du “Laos Nouveau”,


C’EST ENCORE “LE LAOS NOUVEAU”

QUI SE PLAINT (1)

•

Les pauvres dirigeants du “Laos Nou-
veau” n’en peuvent plus. Il ne so passe pas de
jour où les lecteurs ne leur signalent quelques
nouveaux méfaits de leurs‘amis’ de la'France
Nouvelle’.

Nous reproduisons ci-après, sans com-
mentaire superflu (2), quelques extraits d’ar-
ticles ou de lettres publiés dans le n° 6 du 15
Avril 1948 de ce journal.

x

x x

“SI L’UNION DES COEURS IL Y EN A
(sic).

“. . . . Pourrait-elle exister réellement
cette union des coeurs tant qu’on accuse par

(1) Suite au bang-faï n° 62.

(2) Et sans y changer un iota, comme d’habi-
tude, nous bornant seulement à en souligner
certains passages importants.


BANG - FAI LAO - ISSARA 11

tous les arguments les "restants” d’avoir
collaboré avec les Japonais, sans tenir compte
de L’ATTITUDE INDIFFERENTE DE CEUX QUI PRE-
NAIENT LA BROUSSE SANS DIRE UN SEUL MOT
D’ORDRE A LEURS SUBORDONNES LAO, QUAND SUR-
VINT LE COUP DU 9 MARS (3).

"On parle encore de l’union des coeurs
dans la brousse, où Français et Lao se par-
tageaient les mêmes joies et peines, en se
traitant sur le même pied d’égalité. Oui,
l’union des coeurs, en cette occurence, était

(3) La différence est grande entre les Français
qui prirent leurs jambes à leur cou pour
aller se réfugier qui aux Indes, qui en Chine,
qui en Birmanie, qui dans la brousse lao, et
les Lao qui restèrent courageusement à leurs
postes. Cette différence, il faut qu’elle tour-
ne à l’avantage des colonialistes français.
C’est pourquoi la fuite et la débandade
françaises sont devenues des replis stratégi-
ques, tandis que le courage du Lao qui s’est
cramponné à la terre de ses pères plutôt
que de détaler devant l’envahisseur, doit
être considéré comme un acte de défaitisme,
un désir de "collaboration” avec l’ennemi,
un crime (Note de l’Allumeur).


12 BANG « FAI LAO - ISSARA

nécessaire, puisque, recommandée par Fins»
tinct de conservation, ET SURTOUT DANS L’IN-
TERET de L’EXISTENCE des français. Mais, une
fois sauvé et rentré à la ville, et ayant repris
ses forces physique et morale, après une
nourriture plus saine et l’arriyee des ren-
forts, on tache de ne plus reconnaître ses
compagnons de misères, qui sont les Lao, à
qui on avait prodigué tant de promesses ré-
confortantes et qui ne savent, maintenant,
que se plaindre de leur sort, avec amère
déception.

“Si d’après moi, l’union des coeurs n’est
jusqu’ici, qu’illusoire, comment la concrétiser,
lorsque, chaque jour, on enregistre des actes
malveillants de la part de certains Français.

“Oppression de la population par certains
militaires ou civils dans certaines provinces;

“Abus d’autorité des agents de certains
services (particulièrement de la Douane);

“Maltraitements et tortures (termes qui
font toujours horreur aux Lao);

“Lutte continuelle entre Français et Lao,
en se disputant certaines choses, parfois mi-
nimes;

“Désaccord entre certains Conseillers et


BANG ■ FAI LAO - 1SÇARA

13

Chaokhouèngs.

“Voilà quelques exemples pris au hasard,
qui ont souvent créé le climat d’hostilité, peu
souhaitable, entre Français et Lao.

“Cependant, si l’on veut que la vraie
union des coeurs fasse jour, il suffira sim-
plement que certains Français fassent un
petit effort pour se mettre au rang des Lao,
leur tendre la main avec loyale bienveillance,
ne plus montrer leur supériorité en valeur,
ni en force et, enfin, s’intéresser davantage à
leur sort comme à leur pays . .

x .

x x

“Monsieur le Directeur du Lao-May,

“Je me premets de faire appel à votre
patriotisme et à votre bienveillante attention
au sort de tous pour vous demander de faire
le nécessaire afin que l’affaire suivante soit
rapportée à l’autorité supérieure.

“Au début du mois de Mars, l’Adjoint
du Receveur de Douanes, nommé Raymond
Vassini, venait en tournée dans le domaine de
Mahaxay, accompagné de deux gardes doua-
niers, Thao Tèm et Thao Choum. Arrivé
à Ban Poung, en aval de Mahaxay, il trouva


14 BANG-FAI LAO - ISSARA

Nai Sèng, ex-Phoban, qu’il obligea en ces
termes : ‘‘Que tu ailles me chercher des
poissons pour manger, sans quoi, je vais te
fusiller.” Aussitôt dit, il épaula et braqua son
fusil sur lui, en ajoutant : “Vois ce canon en
fer.”

“Ce douanier, métis Français-Annamite,
parle parfaitement le laotien. En me rensei-
gnant sur lui, j’ai pu connaître sa vraie con-
duite. En dehors de cette manifestation, il a
fait pas mal de bêtises, surtout à l’égard des
jeunes filles paysannes, égard qui méprise la
race lao,

“Il s’est vanté d’avoir tenu du Receveur
de Douanes, son patron, le pouvoir de tout
agir à son gré, compétence approuvée ..par le
Conseiller Provincial même.

“Veuillez, Monsieur le Directeur, en tous
cas, avoir la bienveillance de protéger la
population, souvent ignorante et faible, et
demander, si possible, à ce qu’il quitte le
Laos.”

“Signé : Thao D., commerçant à Ma-
haxay.”


BANG - FAI LAO - ISSARA

15

“Monsieur le Directeur du Lao-May,

“J'ai l’honneur de vous rapporter exac-
tement ce qui suit, en vous priant de l’exa-
miner et de l’insérer au Lao-May :

ulo~ Selon les murmures que j’ai enten-
dus continuellement, les habitants seraient en
proie aux noirs chagrins, par suite de LOURDES
réquisitions administratives, qui les arrachent
constamment à leurs travaux familiers.

"2°— Tous les Laotiens du Bas-Laos se
trouvent très mécontents des chasseurs Khas
et des militaires français en particulier, du
fait qu’ils exercent irraisonnablement une
dure pression sur eux. Au cours de leur pa-
trouille, par exemple, ils arrêtent tous habi-
tants qu’ils rencontrent dans la forêt ou dans
les cours d’eaux, et ce n’est qu’après les avoir
bien battus qu’ils commencent à vérifier leurs
papiers. Ne sachant s’y prendre pour se dé-
fendre, car, tellement effrayés, certains
d’entre eux ont subi innocemment la fusillade,
malgré les papiers en règle dont ils sont
munis (4). Certains habitants, alors qu’ils

(4) Ceci prouve tout simplement que, malgré
les libertés de toutes sortes inscrites à la


16

BANG - FAI. LAO- ISSARA

pêchent dans quelques cours d’eaux, sont
pris pour Issaras, sur qui on tire sans hésita-
tion, causant souvent des victimes.

"3ora Pour cela les Laotiens du Sud, trop
chagrinés par la situation effrayante, sem-
blent mener une vie sur la braise, assez nom-
breux SONT CEUX QUI, FORCES PAR LA CIRCONS-
TANCE PASSENT AU COTE DES ISSARAS, FUYANT
AINSI DES INJUSTES FRANÇAIS, qui dérangent'
tellement la population, parmi laquelle ils
sèment la panique générale. Je les ai entendu
murmurer, de mêmes paroles qu’lLS PASSERONT
TOUS, VIEUX ET JEUNES, POUR ETRE ISSARAS,
si les Français continuent à agir de la même
façon.

mirifique constitution lao (de fabrication
française) du 11 Mai 1947, le régime de l’in-
digénat existe toujours au Laos. L’indigène,
pour l’unique raison qu’il est indigène, ne
peut faire un pas hors de chez lui sans
être “muni de papiers en règle”. Voir, aux
mêmes Editions Lao-Issara, notre brochure
intitulée “Pour rire un peu (histoires vé-
cues)”, par Thao Katay, chap. X, Dura
Lex, Sed Lex, p. 49.—N.D.L.D,


BANG-FAI LAO-ISSARA 17

Des Français et Khas abattent à
coup de fusil les bestiaux, porcs et volailles,
sans se soucier d’en demander les propriétai-
res, et ce n’est qu* après l’abatage qu’ils cher-
chent à leur en payer les prix au TARIF TRES
réduit. Par exemple, un boeuf de 500$ ne se
paie que 100$ ou 200$ seulement . . .

“Signé : M ...» de Paksé.”

x

x x

C’est le cas ou jamais de parodier : “Le
colonialisme est mort, vive le colonialisme 1“

Jésus-Christ, crucifié par les Juifs, s’est
laissé mourir pour de bon, selon l’Evangile,
et n’a pu ressusciter que 3 jours après, grâce
à la toute-puissance de Dieu le Père.

Le colonialisme français, condamné par
la Charte de l'Atlantique, s’est révélé plus
prodigieux : il mourra certainement (de nos
mains), mais avant que de mourir, il réappa-
raît chez nous affublé de nouveaux oripeaux,
plus arrogant et plus malfaisant que jamais,
grâce à la complicité d’une bande d’escla-


18

BANG-FAI LAO-ISSARA

Il faut, bien que les colonialistes français,
avant de disparaître, se vengent sur nous (té-
moins de leur fuite éperdue) de leur humilia-
tion devant les Japs!

William RABBIT

Lao-Issara

(Le Bang-Faï de la Semaine, n° 63)


DEPUBS LE RETOUR DE LA DOMINATION FRANÇAISE,

LE LAOS N’AVANCE PAS

Tel est l’aveu que nous avons trouvé sous
la plume d’une des plus hautes personnalités
lao servant sous la domination française.

En insistant, dit le journal “Lao-May”,
en son n° 19 du 30 Octobre 1918, pour la con-
vocation de T Assemblée Nationale en session
extraordinaire, S.E. Phoui Sananikorn, Pré-
sident de la Commission permanente de ladite
Assemblée (1), écrivait :

. Il ne peur échapper à personne que
depuis près de trois ans la liberté, l’autono-
mie interne, l’unité laotienne tant désirée
autrefois sont aujourd’hui choses effec-
tives (?). ET DEPUIS PRES DE TROIS ANS, LE PAYS
N’AVANCE PAS ...”

Où sont donc les progrès claironnés à.

(1) S.E Phoui Sananikorn est en même temps
Président de cette Assemblée.— N.D.L.D.




I

20 BANG - FAI LAO - ISSARA

tout bout de champ par la propagande fran-
çaise ?

De son côté, T. K. V. (Thao Kou Vora-
vong, un des membres du Gouvernement
Lao de Vientiane, très vraisemblablement)
avouait, dans un article paru dans le même
numéro du “Lao-May” :

. Manque d’autorité, de discipline,
de respect des autorités constituées, du sens
do la hiérarchie provenant de l’idée mal corn-»
prise de liberté et d’égalité, impression de
somnolence, d’inertie, esprit plus de lucre que
de devoir, tels sont les signes caractéristiques
dominants du Laos actuel . .

Voilà exactement ce que nous a valu le
retour de la domination française! Il ne
pouvait en être autrement, avec “la politique
des facilités, des sinécures personnelles, du
népotisme et de la flagornerie” chère aux
colonialistes français.

Quel respect voudrait-on qu’inspirent des
“mandarins” qui doivent leurs fonctions plus
à leur docilité et à leur trahison qu’à leur
capacité et à. leur mérite ? Quel prestige et
quelle autorité peuvent-ils avoir, ces “man-
darins”, aux yeux du peuple, quand, forts de *

&

X









BANG-FAI LAO-ISSARA 21

l’impunité que leur assure la protection de
leurs maîtres français, ils passent le plus clair
de leur temps à pressurer la population, à
trafiquer, à prévariquer et à se remplir à
qui mieux mieux les poches ?

La pente par où dégringole l’avenir du
Pays Lao, depuis le retour de la domination
française, est effrayante. S. M. le Roi Sisa-
vang-Vong en a le coeur serré. Voici comment
Il s’est exprimé à ce su jet dans Son message
au Congrès National Laotien :

“. . . En cette occasion solennelle, Nous
tenons à ce que vous puissiez entendre Notre
voix, que vous puissiez apprendre Notre soucis
personne n’ignore qu’une crise générale d’au-
torité sévit, qu’un lourd malaise pèse sur tout
le pays. Nous désirons que le Laos échappe
une fois aux désordres et à la ruine qui le
menacent. Nous demandons à tous les Laotiens,
sans exception, et Nous comprenons dans ce
mot ceux qui n’ont pas encore regagné les
terres ancestrales, de s’unir dans un élan
patriotique unique pour travailler à la résur-
rection nationale ...”

Les Lao-Issara sont profondément re-
connaissants à S. M. Sisavang-Vong d’avoir

> â– 


22

BANG-FAI LAO - ISSARA

pensé à leur demander de s’unir aux compa-
triotes restés au pays pour travailler à la
résurrection nationale.

C’est que les Lao-Issara eux-mêmes ont
toujours préconisé et prêché cette union. Ils
sont convaincus qu’à l’exception de la petite
bande turbulente de traîtres stipendiés par
l’or des impérialistes français, tout ce qui
reste d’élite au pays, s’il est obligé de garder
prudemment le silence, n’en désire pas moins
ardemment que le Laos obtienne sa place dans
le concert des nations (2).

Mais pour unir et conjuguer nos efforts,
il n’est pas nécessaire que les Trio-Issara ail-
lent se mettre sous la coupe des colonialistes
français. Au contraire, ils luttent et lutteront

(2) A lintention des esprits bornés .et stupides,
genre Thao Nith et Thao Ngôn, nous tenons
à préciser qu’on ne peut pas dire le Laos
ait déjà sa place dans le concert des na-
tions, quand il lui est permis d’assister à
certaines conférences internationales en
observateur sans voix délibérative, assis
docilement derrière son maître et chef de
file français. ’ ' * -


BANG-FAI LAO-ISSARA

23

avec infiniment plus de chance dans la posi-
tion où ils sont maintenant. Pourvu que ce
qui reste d’élite au pays, par une attitude
courageuse et digne devant l’autorité fran-
çaise, soutienne moralement leur action, les
Lao-Issara se font fort de parvenir à débar-
rasser rapidement le Laos de tous ces survi-
vants d’une époque périmée que sont les colo-
nialistes impénitents français.

Car si le pays n’avance pas, c’est que les
colonialistes impénitents français y ont ra-
mené avec eux leur politique retardataire,
oppressive et surannée.

Pour que le Laos puisse progresser réel-
lement, il faut qu’il s’appuie non sur un joug
déguisé, mais sur une vérit able amitié franco-
lao. Or, ainsi que ne cesse de le répéter notre
ami et collaborateur Thao Katay, “la véri-
table amitié franco-lao ne peut naître que
de la mort du colonialisme français’’.

Arsène LAPIN

Lao-Issara

(Le Bang-Faï de la Semaine, n° 72)


Printed by NaiChuan Sabsunthorn
At The Phanich Suphaphon Press,
Sampeng Street, Bangkok, Siam.

March 1949.