Citation
Athār-é Īrān

Material Information

Title:
Athār-é Īrān
Alternate title:
Annales du Service Archéologique de l'Īrān
Alternate title:
Annales du Service Archeologique de l'Iran
Alternate title:
Athar-e Iran
Creator:
Service Archéologique de l'Īrān
Service Archeologique de l'Iran
Place of Publication:
Haarlem (Netherlands)
Paris
Publisher:
J. Enschedé
P. Geuthner
Publication Date:
Language:
French
Physical Description:
v.. : illus., plates, facsims., diagrs. ; 27 cm.

Subjects

Subjects / Keywords:
Archaeology -- Periodicals -- Middle East ( lcsh )
Art, Persian -- Periodicals ( lcsh )
Antiquities -- Periodicals -- Iran ( lcsh )
Archéologie -- Périodiques -- Moyen-Orient
Art, Persan -- Périodiques
Antiquités -- Périodiques -- Iran
Genre:
Periodicals ( lcsh )
Périodiques
serial ( sobekcm )
Spatial Coverage:
Asia -- Iran
آسیا -- ایران
Asie -- Iran
Coordinates:
32 x 53

Notes

Ownership:
This title is believed to be in the public domain under the laws of Iran.

Record Information

Source Institution:
SOAS, University of London
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All applicable rights reserved by the source institution and holding location.
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382973 ( aleph )
X290039710 ( oclc )
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i949

THR- RN

annales
du

service archologique

de

l'Iran

tome iv

JOH ENSCHED EN ZONEN / HAARLEM


IMPRIM AUX PAYS-BAS PAR JOH. ENSCHED EN ZONEN HAARLEM


KHORASAN




KHOR AS AN

Lors d'un voyage au Khorsn,1) dont le but principal tait d'examiner les tra-
vaux qui venaient d'tre excuts et de dcider de ceux qui devaient tre entre-
pris pour tenter de sauver de la ruine l'inquitante mosque de Gawhar Shd,
j'ai visit des monuments en cours de rparation et de restauration, j'en ai cher-
ch d'autres o il n'y a plus rien,2) d'autres encore o il n'y eut jamais rien,
Burzinn, par exemple,3) et j'ai pu tudier quelques difices encore inconnus.
J'ai donc revu d'anciens amis et fait des connaissances nouvelles. Il m'a sembl
que plusieurs d'entre eux, Robt Sharaf, les mosques de ForUmad et de
Zawzan, la Nizmy de Khargird, les musalls de Turuk et de Meshhed se grou-
paient tout naturellement pour nous fournir abondamment de renseignements
sur l'origine et le processus de l'volution des anciennes mosques de l'Est ira-
nien. C'est de cela surtout qu'il va tre question.

ROBT SHARAF

Robt Sharaf4) est situ entre Meshhed et Sarakhs, six kilomtres au Sud du
lieu dit Shirlagh,5) dans une vaste rgion ravine, jaune et dsertique en cette
saison de l'anne mais o paissent de nombreux troupeaux de moutons durant
le printemps et au dbut de l't. L'difice apparat, qui le cherche, dans une
sorte de cuvette lunaire o l'on se prend douter si jamais quelqu'un a pu vivre

1. En Septembre 1940.

2. L'ancien robt de Za'farn, dont parlent N. de KhanikofF(Mewi)fYc sur h partie mridionale de VAsie centrale.
Paris. 1861. p. 88-89), Curzon (Persia and the Persian Question. t.I.p. 268), W. Jackson (From Constantinople to the Home
of Omar Khayyam. p. 227), Fraser, Truilhier,.Ferrier, Eastwick, etc. ... et celui de Mazinn (N. de Khanikoff,
idem, p. 86, W. Jackson, idem, p. 208, Curzon, idem, t.I. p. 272, Clerk, O'Donovan, Ferrier, etc.) n'existent plus.

3. W. Jackson, cherchant identifier le site de "Burzin Mitro" (Adhur Burzn Mihr), l'un des trois princi-
paux temples du feu de l'rn, remarque que Houtum-Schindler "is inclined to suggest the village of Burzinn,
near the north-Western limit of the Nishapur province." From Constantinope to the Home of Omar Khayyam. p. 213.

4. Nous devons de connatre ce monument M. Mawlaw, administrateur des biens fonciers du Sanctuaire
de l'Imam Rida, qui nous l'a signal, ainsi qu' M. Mahmd Rd, agent du Service archologique Meshhed,
qui en fit un premier examen et en reconnut l'importance.

5. Shrlagh se trouve sur le route carrossable de Meshhed Sarakhs. prs de 150 kilomtres de Meshhed.

7


KHORASAN

FIG. i. ROBAT SHARAF. VUE GNRALE

CLICH A. G.

en une telle solitude (fig. i). L'endroit semble le lieu d'habitation le plus mal
choisi du monde, mais l mme, autrefois, passait la route de Nshpr Marw,
la grande route du Khorsn, et il fallait bien que sur cette route, de place en
place, en cette rgion inhabite, en un temps o ne cessaient au Khorsn la
guerre ni la circulation des bandes armes, les voyageurs, les agents du Sultn
et le Sultn lui-mme pussent trouver chaque soir un lieu de repos assur. Robt
Sharaf tait l'un de ces gtes d'tape (fig. 2). Il ne s'est pas toujours appel du
nom qu'il porte aujourd'hui.

L'historien Hamd Allh Mustawfl al-Kazwn, dcrivant les grandes routes de
l'Iran de son temps, *) parle ainsi du tronon Nshpr-Sarakhs de celle qui
joignait Nshpr Marw et Balkh: 'De Nshpr il y a 7 farsakhs jusqu' Deh-
Bd, o la route de Hert s'embranche main droite. De Deh-Bd, tournant
gauche, il y a 5 farsakhs jusqu'au village de Khkistar, puis 3 farsakhs jusqu'au

1. Le Nuzhat al-Kulb fut crit en l'anne 740 H. (1340).

8


KHORASAN

ROBAT5HAPAF

I CONSTRUCTION OKiC-"^

MODIFICATION
! | PARTIC. DeraLiiTfS-

FIG. PLAN DE ROBAT SHARAF


KHORASAN

robt de Sangbast,1) 6 farsakhs jusqu' Robt Mh2) et 7 farsakhs jusqu' Ro-
bt TOrn (ou Nrn). Ensuite, en 7 farsakhs, on franchit deux passes d'un demi-
farsakh de longueur chacune et l'on arrive Robt Abgln. Sarakhs se trouve
6 farsakhs au del."3)

Le Robt Abgln de l'poque mongole, soit le "cristal", le "diamant", sans
doute en raison de sa beaut, ne peut tre que l'actuel Robt Sharaf. La distance
qui le spare de Sarakhs, par Shurlagh et la route carrossable, est d'un peu plus
de quarante kilomtres alors que la route d'autrefois, plus directe, mesurait bien
6 farsakhs, soit environ 34 kilomtres.4) Il est probable qu' l'poque de sa
construction, plus de deux sicles avant la composition du Nuzhat al-Kulub, il
portait encore un autre nom.

Ce nom, nous ne le connatrons sans doute jamais certainement, mais je dois
mentionner, ce sujet, une intressante hypothse de Mahmd Rd. Rd sup-
pose que Sharaf peut tre le nom du constructeur de l'difice. "Je ne connais,

1. Ses ruines et celles de l'difice qui est probablement le tombeau de son fondateur, Arsln Djdhib,
existent encore. Selon la Gographie de Hfiz Abr (folio 208 du manuscrit en possession de Hdjdj Husain Aga
Malek, Tehrn), Arsln Djdhib fut nomm gouverneur de Tus par le Sultn Mahmd de Ghazna en l'anne
390 H. (1000) et conserva ce poste durant tout le rgne de ce souverain. (Communication de M. Khn- Malek.)

2. Robt Mh existe encore, sur la rive gauche de la rivire de Meshhed. Je ne l'ai vu que de loin et ne
peux dire ce qu'il a de commun avec l'difice original, mais voici ce qu'en dit la Gographie de Hfiz Abru:

Firdaws, ayant achev d'crire le Shh-nm. comptait sur la rcompense que lui avait promise le Sultn
Mahmd de Ghazna mais s'en trouva frustr par suite des intrigues du wazr Ahmed b.Hasan al-Maimand et
quitta la cour. Aprs un certain temps Sultn Mahmd rsolut de rparer cette injustice, mais la somme d'ar-
gent considrable qu'il envoya au pote ne parvint Ts, o il demeurait, qu'aprs sa mort. Firclaws n'avait
qu'une fille, qui refusa cette aubaine tardive. Sultn Mahmd fit alors construire, au moyen de cet argent et en
mmoire de Firdaws, un robt sur la route deTs Sarakhs. prs de Ch. On l'appela Robt Ch. De Sang-
bast Robt Ch il y a 5 farsakhs. Cette construction fut excute en l'anne 410 H. (1019-20). (Folio 177 du
manuscrit de Hdjdj Husain Aga Malek.)

Robt Ch serait devenu Robt Mh. Le fait que, selon Hamd Allh Mustawf, la distance qui spare le
robt de Sangbast de Robt Mh est de 6 farsakhs alors que, selon Hfiz Abr, celle qui spare le robt de
Sangbast de Robt Ch est de 5 farsakhs n'indique pas que Robt Mh n'est pas Robt Ch. Les distances,
autrefois, n'taient pas mesures mais estimes au jug, au pas ou au temps, et 5 J farsakhs pouvaient aussi bien
tre compts pour 5 que pour 6 farsakhs.

D'autre part, si la date de la construction de Robt Ch qui est indique par Hfiz Abr est exacte, Fir-
daws ne serait pas mort en 411 H., comme on le dit gnralement, mais au plus tard en 410 H.

3. Nuzhat al-Kulub. Edition E. [. W. Gibb Mmorial. Traduction G. le Strange. p. 169.

4. Hamd Allh Mustawf explique, entte de la section I de la division III du Nuzhat al-Kulub, que le far-
sakh correspondait, de son temps, environ 12000 coudes communes. Il dit aussi que 20 farsakhs sparent
Semnn de Damghn (p. 168 de la traduction G. le Strange). Or la route de Semnn Damghn par Robt
Ahn, qui est encore celle de notre temps, mesure 113 kilomtres. Il s'ensuit que l'on peut considrer le far-
sakh d'Hamd Allh Mustawf comme mesurant 5650 mtres, ce qui correspond une coude normale de 0,47 m.

10


KHORASAN

FIG. 3. ROBAT SHARAF. L'ARC DE TTE DE L'WAN DU FOND

CLICH A. G.

m'crivait-il de Meshhed, qu'un homme qui ait pu construire un monument de
cette importance l'poque seldjukide, c'est Sharaf al-Dn Abu Ther b. Sa'd
al-Dn b.'All al-Kumm. Ce personnage vint de Kumm au Khorsn en 481 H.
(1088) et fut pendant quarante annes le gouverneur de Marw." Il devint wazr
de Sultan Sandjar en 515 H. (1 1 2 i).1) Or il est bien vrai que seul un puissant
personnage ait pu difier un tel monument. Il est galement certain que la sret

1. E. de Zambaur. Manuel de ftnalofite et de chronologie, p. 224.

I I


KHORASAN

FIG. 4. ROBAT SHARAF. LA PAROI DE FOND DU MME WAN

CLICH RD

de la route de Marw Nshpr tait pour Sultan Sandjar de la plus grande
importance et que les robts et les grands caravansrails qui jalonnent encore
les anciennes routes de l'Iran ont t, pour la plupart, construits par les souve-
rains eux-mmes, leurs ministres ou d'autres dignitaires de leur entourage. Il est
donc possible que notre robt se soit appel ds son origine comme il l'est en-
core de nos jours. L'poque de la plus grande puissance de Sharaf al-Dn al-
Kumm, celle de son lvation au wazrat, correspond d'ailleurs assez bien la
date probable de la construction de l'difice, 508 H. (1 1 14-5), comme on le
verra plus loin.

Il semble bien que le monument n'ait subi depuis lors que peu de modifica-
tions. La principale est celle dont on trouve les traces indiscutables dans l'wn
du fond. On y a plac aprs coup, au dessous de la retombe des arcs, une

1 2


KHORASAN

longue inscription qui bute mal dans les colonnes d'angle (fig. 3). De plus on
remarque que les murs de l'wn, derrire l'inscription nouvelle, comportent un
dcor destin tre vu (fig. 4). Il n'y a donc pas doute quant la ralit de cette
adjonction. L'inscription en question est aussi, de toutes celles du robt, la seule
qui ait t compose en caractres arrondis. Expose aux intempries depuis que
la vote de l'wn s'est croule, depuis plusieurs sicles, peut-tre, elle n'est pas
entirement lisible, mais il se trouve que les parties essentielles nous en ont t
conserves. Elles nous fournissent, entre autres renseignements, le nom du sou-
verain sous le rgne de qui et la date laquelle une restauration de l'difice a t
effectue. En voici la transcription et la traduction:

S- S-

dJjU jl-* j^VI dUL pi^VI AliUll jlLUI ily ^U j

"Durant la faveur du gouvernement du Sultan glorifi, roi des rois glorieux,
matre des nuques de nations, souverain des Arabes et de lMAdjem Que Dieu
prolonge sa dure! Mu'izz al-Duny wal-Dn, Abu'l-Hrith Sandjar, fils de
Malek Shah, Borhn Amlr al-Mu!menln Que Dieu glorifie ses victoires! Par
les soins de des Musulmans, reine des femmes des mondes, celle qui honore
la descendance d'Afrsiyb, Kutlugh Balk, Saiyid Turkn, fille du Khkn
glorieux Que Dieu fasse durer sa grandeur! ... Dans les mois de l'anne 549."
(fig. 48 et 49.)

Ainsi donc, c'est en l'anne 549 H. (1 1 54-5), sous le rgne de Sultan Sand^ar,
que furent excutes la grande inscription de l'wn du fond du robt ainsi que
d'autres adjonctions et modifications dont je vais parler.

Dans les figures 4 et 5, qui reprsentent la paroi de fond du mme wn, on
voit nettement que le dcor actuel a t superpos un autre dcor plus en rap-


KHORASAN

FIG. 5. ROBAT SHARAF. LA PAROI DE FOND DU MME IWAN

CLICH A. G.

port que lui avec l'architecture gnrale de l'difice et qui consiste en un jeu de
briques apparentes entre lesquelles on distingue non seulement l'habituel orne-
ment des joints de l'poque seldjukide mais aussi des toiles en pltre sculpt.
L'appareillage des briques est semblable celui dont il reste quelque chose dans
l'wn droit de la premire cour (fig. 30), dans la partie haute de certaines salles
coupole (fig. 40 et 41) ainsi que dans les demi-coupoles qui ornent si heureu-
sement les faades sur cour du monument (fig. 38). Il appartient bien l'difice
original, et c'est cela qui nous intresse, mais il ne dtermine aucune date, car ce
jeu de briques en zigs-zags, trs couramment utilis au Khorsn, peut y tre
trouv toutes poques. On le voit Sangbast, l'intrieur du prsum tom-
beau d'Arsln Djdhib,1) ainsi que dans un difice de Sangn bl (fig. 5 4)2)
qui comporte et a toujours comport des points d'mail d'un bleu violet orn

1. Voir E. Diez. Churasanische Baudenhnaler, pl. 17 et 18.

2. Donald N. Wilber. The two structures at Sangan, dans Bulletin of the American Instituteur Persian Art and
Archaeoloyy. Juin 1937. p.

14


KHORZSN

FIG. 6. SANGAN PAN. LA COUPOLE DU MASDjlD- GUNBAD

CLICH A. G.

de fleurs qui sont des fragments de carreaux de revtement du VH-me sicle de
l'Hgire.1) On le voit ornant la vote d'un charmant petit difice de Sangn
pn qui est dat del'anne 535 H. (1140-1) (fig. 6), et mme le portail d'accs
de la rue la cour de ce mme monument, construit l'an dernier. On le voit
aussi Khargird, dans la madrasa de Nizm al-Mulk (fig. 6 3), dans la Khnekh
de Reshkar, qui est date de l'anne 835 H. (1454-5) (fig. 7), Gunbd, o
il reprsente une rparation moderne (fig. 8), et ailleurs.

Du point de vue composition gnrale, l'ancien dcor tait, au dessus de la
baie d'accs la salle coupole postrieure, constitu par un panneau central,

1. Il existe, sur la route de Turbat- Haidar Khf et Tiybd, deux localits qui portent actuellement
le nom de Sangn, ou Sandjn. L'une, celle des "deux structures" de Wilber, se trouve entre Turbat- Haidar
et Reshkar. On l'appelle Sangn bl. L'autre, qui se trouve quatre farsakhs au del de Khf, est Sangn
pn, ou Sangn de Khf. De Sangn bl, Hamd Allh Mustawf dit ceci, qui servira peut-tre l'identification
des deux structures, lesquelles ne sont d'ailleurs que les extrmits d'un seul btiment dont le centre a disparu:
"Du sanctuaire de Zw (Turbat- Haidar) Sandjn il y a 15 farsakhs. Kutb al-Dn Haidar a t inhum
Zw et Shh Sandjn Sandjn." (Nuzhat al-Kulb. Trad. le Strange, p. 149.)

*5


KHORASAN

FIG. 7. RESHKAR. LA COUPOLE DE LA KHANEKAH

CLICH A. G.

dcor de briques en zigs-zags et de rosaces en pltre sculpt, entre deux niches
plates dont la section fut modifie en 549 H. (fig. 4). La baie, qui tait originai-
rement en forme d'arc, devint alors rectangulaire dans la partie antrieure de son
paisseur et fut pourvue d'un bandeau d'encadrement en pltre. L'intrados des
grands arcs de tte et de fond fut galement orn d'un nouveau dcor en pltre
sculpt (fig. 9).

Mais de si petits travaux n'auraient pas justifi la pompeuse inscription de
16


KHORASAN

FIG. 8. GUNABAD. MASDIID- DIAM'

CLICH RD

549 H. Le dcor du portail conduisant de la premire la seconde cour fut
aussi modifi, sur toute la surface du porche et jusqu' une certaine hauteur des
pidroits. On aperoit, dans les parties o le revtement de pltre a disparu,
l'ordinaire dcor des murs du robt (fig. 31). Ce n'est pas tout. J'avais pens
tout d'abord que les mosques de la premire et de la seconde cour avaient t
toutes deux ajoutes aprs coup. Il me semblait que le plan du monument, si
parfaitement symtrique en toutes ses parties, s'en trouvait dsquilibr et que
leur dcor tait moins ancien que celui des parties certainement originales de
l'difice. Ce n'tait qu'en partie exact. Les murs de refend sont anciens, c'est
dire que les mosques existrent bien ds l'origine, mais leur dcor a t renou-
vel en 549 H. On remarque dans la mosque de la seconde cour, et particu-
lirement bien autour d'un coinon subsistant de la salle a coupole (fig. 34),
que le premier dcor tait semblable celui des murs ordinaires du robt, mais
qu'un enduit a ensuite recouvert le tout, sur lequel fut sculpt et peint le dcor
actuel. Quant la mosque de la premire cour, il en va un peu diffremment.

17


KHORASAN

FIG. 9. ROBAT SHARAF. DCOR DE L'ARC DE TTE DE L'WAN DU FOND

* CLICH A. G.

Elle existait l'origine, mais n'tait alors qu'une sorte de cul de sac ouvrant
dans la galerie qui longe la faade Sud de la cour, ou une petite pice analogue
celle qui lui fait pendant, de l'autre ct de l'axe longitudinal de l'difice. En
549 H. on barra la galerie au moyen d'un mur (fig. 2), augmentant ainsi la sur-
face du masdjid et l'isolant. Puis on y construisit un mihrb (fig. 36) analogue
celui de la salle vote en berceau de la mosque principale (fig. 3 5). On la
rendit ainsi un peu moins rudimentaire.

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KHORASAN

Pour une raison que le plan n'explique pas mais qui peut tre trouve, comme
nous allons le voir, dans l'poque de la restauration du monument, la faade
Sud de la premire cour fut reconstruite, vraisemblablement aussi en 549 H.
Si l'on ne reproduisit pas ses dispositions originales, telles qu'elles se trouvent
encore sur les faces Est et Ouest de la mme cour (fig. 2 7), c'est sans doute parce
qu'on pensa faire mieux, en quoi d'ailleurs on se trompa (fig. 28 et 29).

Ainsi donc, sauf de quelques reconstructions, celle de la faade Sud de la pre-
mire cour et d'autres, moins importantes, que je mentionnerai chemin faisant
en visitant le robt, il ne s'est gure agi, en 5 49 H., que de rparer le monument
et de le dcorer plus richement qu'il ne l'tait primitivement. On peut dire que
tout le dcor en revtement de pltre sculpt date de cette poque, le dcor en
jeux de briques apparentes, rehauss d'empreintes sur les joints et de quelques
rosaces en pltre, reprsentant le dcor original.

Ces travaux furent excuts, comme nous l'apprend la grande inscription de
l'wn du fond, en l'anne 549 H. (11 54-5). Or c'est en 548 H. que se pro-
duisit la terrible rvolte des tribus Ghuzz au cours de laquelle Sultan Sandjar
fut fait prisonnier. J'emprunte E. G. Browne sa description des "deplorable
ravages wrought in what was previously one of the most flourishing parts of
Persia by the barbarous Turcoman tribe of the Ghuzz, about the end of the
year A. H. 548 (beginning of A. D. 11 54)."1) Ces Ghuzz, dont les pturages
se trouvaient dans le voisinage de Balkh, payaient un tribu annuel de 24*000
moutons la cuisine de Sultan Sandjar. La duret et l'avidit des serviteurs
chargs de le recouvrer ayant provoqu des disputes suivies d'effusion de sang,
Kumadj, le gouverneur de Balkh, se plaignit Sandjar de l'insolence des Ghuzz
et lui demanda de les placer sous son autorit, promettant de les ramener promp-
tement l'obissance et de porter le montant de leur redevance 3 0.000 mou-
tons. Kumadj ayant t battu par les Ghuzz et chass de leur territoire, Sandjar
se laissa persuader par son entourage de se rendre lui-mme sur place et de
rejeter les excuses ainsi que l'indemnit de 100.000 dinars et de 1000 esclaves
turcs que les Ghuzz effrays offraient alors. Lorsque le Sultan parvint dans le
voisinage de leurs campements, ils s'avancrent vers lui en suppliants, accom-
pagns de leurs femmes et de leurs enfants, implorant son pardon et lui offrant

1. A literary History of Persia, t. II. p. 384 et suivantes.



KHORASAN

FIG. 10. ROBAT SHARAF. L'UN DES ANGLES DE L'ENCEINTE

CLICH A. G.

un "kalah" d'argent par famille.1) De nouveau Sandjar fut pouss par ses amrs
rejeter ces propositions. Une bataille s'ensuivit o les Ghuzz, dsesprs, se
prcipitrent avec un tel emportement qu'ils mirent compltement en droute
l'arme de Sandjar, le firent prisonnier et l'amenrent en captivit Marw, sa
propre capitale. Ils pillrent la ville pendant trois jours et torturrent ses mal-
heureux habitants pour en obtenir l'indication des endroits o ils avaient cach
leurs biens. Rejoints par de nombreux soldats dbands et d'autres malfaiteurs,
ils se dirigrent ensuite vers Nshpr o, ayant rencontr une certaine rsistance
au cours de laquelle plusieurs des leurs furent tus, ils se livrrent un si terrible
massacre qu'"on ne pouvait voir les morts dans la grande mosque parce qu'ils
disparaissaient dans le sang qui couvrait le sol." Ils incendirent la mosque
Mutarris, dont les btiments pouvaient contenir deux mille personnes, et, la
lueur de ce brasier, continurent leurs ravages. Ils campaient en dehors de la

I. C'est dire un lingot d'argent. Le Tartkh- Guztd parle d'un "maun" d'argent, soit de deux livres d'ar-
gent de douze onces chacune. (H. G. Raverty. Tabakt- Ns'trt, t. I. p. 155 note y.)

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KHORASAN

ville et venaient chaque jour y tuer, torturer, piller et dtruire. Ils agirent de
la mme faon dans le Khorsn tout entier. Anwarl crivait en 5 50 H. (1 1 5 5),
c'est dire pendant la captivit de Sandjar: la mosque principale de chaque
ville, sans toit ni portes, est l'curie de leurs chevaux. Nulle part on ne pourrait
lire la khutba, car il n'y a plus, dans tout le Khorsn, ni prtre ni minbar.

Voil ce qui se passait en l'anne 548 H. (1 1 5 3-4) dans la rgion de l'rn
qui nous intresse. Il est probable que notre robt, sur le chemin mme des
bandes affoles de meurtre et de pillage qui, ayant saccag Marw, s'en allrent
saccager aussi Nshpir, n'chappa pas la dvastation, puis fut restaur l'an-
ne suivante.

Robt Sharaf, en sa solitude actuelle, est encore tonnamment riche. Du de-
hors, avec ses hauts murs lisses et ses tours en saillie (fig. 10), il a bien l'air de
ce qu'il tait, un robt, c'est dire une sorte de forteresse, mais l'intrieur c'est
presque un palais. Devant son unique porte passait la grande route du Khorsn
et, de l'autre ct de cette route, il y a maintenant les ruines d'une enceinte carre
contenant celles d'un vaste b-anbr, citerne vote o l'on emmagasinait l'eau
des pluies (fig. 1), car il ne se trouve aux alentours ni rivire, ni source, ni vestiges
dekants ou decanaux, et l'eau de la rgion de Shrlagh est une drogue imbuvable.

Robt Sharaf est un difice deux cours, chaque cour comportant quatre
Iwns en croix. Trois d'entre eux servaient de passage, de l'extrieur la pre-
mire cour, de la premire cour la seconde et de la seconde la premire. Les
cinq autres taient les vestibules de salles coupole. Leur utilit? Aucune, si ce
n'est dcorative. On peut dire, en effet, que dans les madris, en principe com-
poses, comme on le sait, de locaux d'habitation disposs autour d'une cour,
des Iwns taient utiles, voire ncessaires, parce que l'un d'eux tait, le plus
souvent, utilis comme mosque, un autre comme vestibule d'entre, et que tous
servaient au travail, sortes de salles de classe, et au repos des matres et des
lves qui trouvaient sous leurs votes un abri contre le soleil et la pluie. Mais
dans les caravansrails, et dans le Robt Sharaf en particulier, il y avait de nom-
breuses et larges galeries o l'on pouvait dormir son aise et se reposer dans
la lumire de son choix, dans la quasi-obscurit ou le plein jour. Aucun besoin
d'wns. Il semble vident qu'ils faisaient dj, au commencement du Vl-me
sicle de l'Hgire, partie des lments traditionnels de l'architecture religieuse
et hospitalire de l'rn.

2 1


KHORASAN



FIG. 12. ROBAT SHARAF. L'ENTRE DU MONUMENT

CLICH A. G.

FIG. ii. ROBAT SHARAF. PLAN DE L'AVANT-CORPS

22


KHORASAN

FIG. 13. ROBAT SHARAF. DTAIL DE L'IWAN D'ENTRE

CLICH A. G.

La premire cour du robt, destine sans doute aux moins hupps de ses
htes, ne comporte que quelques chambres. L'une d'elles a t utilise comme
mosque. Tout le reste est galeries. La seconde cour est plus confortable. Ses
quatre faades sont doubles d'un large couloir qui dessert les wns, un certain
nombre de chambres votes en coupole ou en berceau, une mosque et, du
ct Nord, deux vastes et luxueux appartements. Si nous ne nous trouvions pas
l en un point de la route o chaque soir des voyageurs devaient pouvoir trou-


KHORASAN

FIG. 14. SANGBAST. DTAIL DE LA CONSTRUCTION DU MINARET

CLICH A. G.

ver refuge, nous pourrions penser que notre robt tait un manzel royal, un
relai royal, uniquement, mais dans cette rgion sans eau, inhabite et qui ne sem-
ble pas l'avoir t autrefois moins que nous ne la voyons maintenant, il fallait
bien que cette forteresse isole ait t ouverte tout venant. Peut-tre la pre-
mire cour l'tait-elle seulement, la seconde tant rserve l'usage du souverain
et de hauts personnages en voyage.

Ce magnifique difice fut construit en briques cuites, faades, dcor et inscrip-
tions y compris. Ces briques taient gnralement apparentes, sauf dans les par-
ties basses de la plus grande des deux mosques (fig. 3 4) et de quelques salles
coupole (fig. 40, 41, 44) qui ont t couvertes d'un mince et simple enduit de
pltre. Quelques vestiges de cet enduit, mais surtout l'appareillage des briques,
plus ordinaire ou moins soign en ces endroits, nous l'apprennent. En 549 H.
ainsi que je l'ai dit prcdemment, certaines parties du monument furent rev-
tues d'un dcor en pltre sculpt. La pierre n'intervint qu' peine dans la con-
struction, et seulement dans les fondations et les parties basses du gros uvre.

24


KHORASAN

FIG. 15. BASTAM. TOMBEAU DANS LA COUR DU SANCTUAIRE
DE SHAIKH BYAZID

CLICH A. G.

J'examinerai maintenant le robt en dtail.

Sur le mur d'enceinte, absolument lisse, font saillie des tours demi-circulaires
(fig. 1 o) et polygonales qui ont pour fonction de renforcer les angles du monu-
ment, un groupe de deux tours vers le premier tiers de chacun des longs cts
et, l'arrire, une excroissance justifie par l'emplacement de la salle coupole
axiale. Le portail d'entre se trouve sur le ct Sud de l'difice,1) au centre d'un

1. Pour simplifier, j'appellerai dornavant faade Sud la faade Sud-Est, et les autres en consquence.

25


KHORASAN

FIG. 16. ROBAT SHARAF. TRAVE DE LA FAADE DE L'AVANT-CORPS

CLICH A. G.

large avant-corps richement dcor, flanqu de grandes niches trilobes en plan
aussi bien qu'en lvation (fig. i i et 12). Sur le retour de l'avant-corps, l'Est,
il y a un mihrb.

Alors que l'appareillage du parement extrieur des murs Est, Nord, Ouest de
l'enceinte et de ses tours est tout fait ordinaire (fig. 1 o), celui de l'avant-corps
et du mur Sud reprsente dj, ds l'extrieur, le dcor des murs intrieurs que
nous appellerons le dcor courant des murs du robt (fig. 13). Il est simple,
mais ingnieux, effectif et trs gnralement employ en Iran l'poque seldju-
kide. Au Khorsn, comme au Turkestn, l'ornement imprim sur les joints ver-
ticaux a, le plus souvent, la hauteur de deux briques, d'o l'appareillage trs
particulier que l'on remarque dans notre monument mais qui ne le date pas car
on le rencontre dj Sangbast (fig. 1 4), c'est dire un sicle plus tt, et on le
trouve encore Bastm, l'poque mongole (fig. 1 5). Cependant certaines par-
ties de l'avant-corps, celles qui seraient ornes de kshs l'poque suivante,
sont pourvues d'un dcor analogue mais moins haut, n'intressant qu'une seule

26


KHORASAN

hauteur de brique, qui produit un effet de pointillage plus serr, encadre admi-
rablement les niches trilobes et prcise ainsi le parti architectural de la faade
(fig. 16). Cependant aussi, les colonnettes d'angle sont dcores un peu diff-
remment quoique toujours au moyen d'ornements imprims ou sculpts sur les
joints ou dans les intervalles plus ou moins larges mnags cet effet entre les
briques (fig. 13).

Comme on le voit dans la figure 17, et mieux encore sur la faade, analogue,
de l'wn du fond (fig. 4 5), le bandeau inscription qui encadrait le haut portail
d'entre, mais dont il ne reste plus que les parties verticales, se retournait hori-
zontalement au dessus des constructions latrales de l'avant-corps et en consti-
tuait le couronnement. Cette grande inscription, parfaitement monumentale,
excute en briques tailles et en saillie sur le fond du bandeau, n'est malheu-
reusement plus qu'une ruine. On peut lire:

droite,

..........U ljjJI iljLl.....

. Ghiyth al-Dawl

et gauche (fig. 18),

ai

.........Jj^u y\ 4jil .......

"... Rahmat Allah Abu Sa'd Muhammad ..."

C'tait donc une inscription historique, mais de ce Ghiyth al-Dawl et de cet
Abu Sa'd Muhammad nous ne savons rien et n'apprenons rien ici, mme pas
quel fut leur rle dans la construction du monument.

L'espace compris entre l'arc du portail et le bandeau inscription comporte
un trs beau dcor de broderie excut en briques saillantes et bord d'un galon
trs dcoratif qu'il est trs curieux de rencontrer au Khorsn cette poque
(fig. 17 et 18). Il est pour ainsi dire inconnu dans l'architecture seldjukide de
l'cole d'Isfahn et fort rare dans les autres rgions de lrn. Je n'en connais
qu'un exemple, mais beaucoup moins nettement exprim, dans la Djably de
Kermn (fig. 19).

27


KHORASAN

FIG. 17. ROBAT SHARAF. L'WAN D'ENTRE

CLICH A. G.


FIG. 18. ROBAT SHARAF. DTAIL DE LA FAADE DE L'WN D'ENTRE

CLICH A. G.


MORASN

FIG. 19. KERMAN. INTRIEUR DE LA DJABALY

CLICH A. G.

FIG. 20. ROBAT SHARAF. INSCRIPTION DU PORCHE D'ENTRE

CLICH A. G.

30


KHORASAN

FIG. ROBAT SHARAF. VOTE EN ARC DE CLOITRE

CLICH A. G.

La porte d'entre du robt, je veux dire la porte en bois, ne se trouvait pas
au nu de la faade du portail, mais prs de cinq mtres en retrait, dans le pas-
sage qui conduit la premire cour. La partie basse du porche ainsi constitu
tait orne du dcor courant des murs du robt. La figure 20 reprsente ce qui
subsiste de l'inscription qui en faisait le tour. C'est la fin d'un texte historique:

42j lo^JLo
. Que Dieu daigne l'accepter d'eux!"

Je pense que ce texte, ornement d'un bandeau excut en pltre postrieure-
ment l'poque de la construction de l'difice, a remplac une inscription en
briques tailles dont le tort fut peut-tre, aux yeux des Ghuzz, de porter le nom
de Sandjar, ou, aux yeux du restaurateur de 549 H., de mentionner le nom
du premier donateur, Sharaf al-Dn al-Kumm ou autre.

Passe la porte, on entre dans un large couloir qui fait suite au porche et con-

3 1


KHORASAN

/////////s / /////////"s











FIG. 22. SCHEMA DE LA
CONSTRUCTION D'UNE VOTE
EN ARC DE CLOTRE

FIG. 23. SCHEMA DE LA
CONSTRUCTION D'UNE VOTE
EN ARC DE CLOTRE

duit dans la premire cour. Dans ce couloir on rencontre d'abord, gauche, la
porte de la mosque de cette partie du monument, boyau de 3 m,60 de largeur
et, depuis les travaux de 549 H., d'environ 14 mtres de longueur. On ren-
contre ensuite deux baies qui ouvraient originairement, celle de gauche comme'
celle de droite, sur la galerie qui longe la faade Sud de la cour et aboutit
deux salles couvertes de votes remarquables qui ont la forme gnrale de nos
"votes en arc de clotre" mais en diffrent totalement par leur construction
(fig. 21). Chez nous, la vote en arc de clotre, dfinie par Choisy comme con-
stitue par le "prolongement des quatre murs d'enceinte se courbant progressi-
vement au dessus du vide,"1) se construit sur une vritable vote auxiliaire en
bois. Mais l'Iran, faute de bois, ou de bois en suffisance, n'a jamais opr de
cette faon. Il aurait pu se servir d'arcs diagonaux et il l'a fait parfois, mais il
avait horreur des complications d'excution qu'ils entrainent. Il s'en passait, le
plus souvent, comme il se passait de votes auxiliaires et mme, lorsqu'il le fal-
lait, de cintres de bois, ces cintres de bois sans lesquels, parat-il, de telles votes
sont inconstructibles. Je me suis expliqu longuement ce sujet dans une tude
consacre aux votes iraniennes qui paratra peut-tre un jour quelque part, en
des temps meilleurs. Je ne reviendrai donc pas sur la question de principe. Je

1. Histoire de l'architecture, t. I. p. 124.

32


KHORASAN

FIG. 24. COUPOLE DU KHORASAN

CLICH A. G.

W/rsss//*/// s A Vj ssj ssA y*////// yssjss/sA s,s,,,,,! /s//s/ /, Wssssss, \r////'//A is//t//s X y s s/s/si s///s/s/s/t,/s
i 1 % \ \ S N \ \ \ / s / / I
! l |
/y / / S / / r / \ V \ \ \ s \ y l
\//f//r St \"t//// S/Js '////s'A

FIG. 25. SCHMA DE LA CONSTRUCTION D'UNE VOTE EN BERCEAU
TERMINE PAR DEUX DEMI-VOTES EN ARC DE CLOTRE

3

33


KHORASAN

FIG. 26. ROBAT SHARAF. PASSAGE ENTRE LA PREMIRE
ET LA SECONDE COUR

CLICH A. G.

dirai seulement ici, sommairement, comment furent excutes celles de Robt
Sharaf.

Au moyen d'un arc en bois ou d'arcs en pltre arm de roseau, si l'on n'avait
pu, en cette rgion dsertique du Khorsn, se procurer le bois ncessaire l'ta-
blissement d'un cintre, les maons chargs du travail construisirent deux arcs
d'une paisseur de trois briques chacun, un peu moins d'un mtre de distance
l'un de l'autre, ainsi que la figure 2 2 l'indique. Puis ils excutrent dans le vide,
leur habitude, le remplissage de l'espace intermdiaire. Ayant ainsi obtenu un
arc d'un mtre environ de largeur, qui offrait donc une certaine rsistance aux
efforts latraux, ils appuyrent quatre demi-arcs contre cette espce de pont
(fig. 2 3). Aprs avoir excut le remplissage du second pont d'un mtre de lar-
geur ainsi constitu, ils n'eurent plus qu' btir les quatre angles de la vote,
opration trs simple que les maons les moins habiles de l'rn excutent cou-
ramment dans le vide, mme en briques de terre crue (fig. 24). Le rsultat de

34


KHORASAN

FIG. 27. ROBAT SHARAF. PILIER D'UN IWAN LATRAL DE
LA PREMIRE COUR

CLICH A. G.

cette opration est parfaitement dcoratif, comme la figure 2 1 le montre bien,
la croix tant appareille autrement que les angles. Cette sorte de vote est sur-
tout employe dans la province de Kermn. On conoit d'ailleurs sa commodit,
la simplicit de sa construction et qu'on en puisse couvrir des salles aussi longues
qu'on le dsire (fig. 25).

Elle est peu prs inconnue en Europe. Cependant on en trouve les lignes

35


KHORASAN

FIG. 28. ROBAT SHARAF. PARTIE RESTAURE DE LA PREMIRE COUR

CLICH A. G.

caractristiques en Espagne, Tolde, dans la petite mosque de San Cristo de
laLuz, qui date du X-me sicle A.D., soit du IV-me de l'Hgire. La salle de
prire de cette mosque se compose de trois nefs de trois traves, c'est dire
de neuf carrs qui mesurent environ deux mtres de ct chacun et sont couverts
de neuf "coupoles" diffrentes, dont celle-ci. "L'une d'elles se compose du mme
arceau qui se rpte quatre fois, par paires parallles et entrecroises, chaque
paire tant parallle l'une des parois du tambour."1) Mais ce qui reprsente
en Iran un systme de construction n'est San Cristo de la Luz qu'une fantaisie
dcorative. Il ne faut pas voir ici autre chose qu'une fortuite rencontre de formes
et, surtout, bien se garder de rapprocher ce systme de construction de celui de
l'architecture gothique. Ricard dit des votes de San Cristo qu'elles ont t
"ralises au moyen d'une ossature organique sur laquelle se sont poss des pan-
neaux de remplissage en matriaux lgers. L'avantage de ces coupoles nerves,
continue-t-il, est de diminuer les pressions, de rpartir celles-ci sur l'ossature seu-

1. P. Ricard. Pour comprendre l'art musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne, p. 110.

36


KHORASAN

FIG. 29. ROBAT SHARAF. DTAIL DE LA FIGURE PRCDENTE

CLICH A. G.

lement et de transmettre les pousses en quelques points dtermins des sup-
ports, murs ou piliers. Elments primordiaux, sans doute, de la merveilleuse
combinaison gothique des formerets, doubleaux, ogives, liernes, tiercerons,
etc. ... les nervures musulmanes se sont enchevtres, s'arcboutant les unes aux
autres, formant un lacis rigide et indformable." Ce qui ne s'applique aucune-
ment au cas de la vote iranienne. Voici, en effect, ce que l'on pourrait dire de
celle-ci en reprenant peu prs les termes de Ricard: "Certaines votes ranien-

37


KHORASAN

FIG. 30. ROBAT SHARAF. FOND D'UN IWAN LATRAL DE LA PREMIRE COUR

CLICH A. G.

ns ont t ralises au moyen d'arcs chargs de faciliter le travail du maon et
contre lesquels, non sur lesquels, a t maonn le remplissage. L'avantage de
ces votes n'est pas de diminuer les pressions, ni de rpartir celles-ci sur l'ossa-
ture seulement, puisque l'ossature est noye dans la maonnerieMl n'est pas
davantage de transmettre les pousses en quelques points dtermins des sup-
ports, murs ou piliers, puisque leur maonnerie pousse sur tout leur primtre.
Leur avantage est de pouvoir tre construites dans le vide, sans l'aide de char-
pentes auxiliairesV Elles n'ont donc rien voir avec la merveilleuse combinaison
gothique des formerets, doubleaux, ogives, liernes, fiercerons, etc....'! Lorsque
les arcs sont excuts en briques et que le remplitsfg^h'a que l'paisseur d'une
brique §oit cirq centimtres environ,- ils ont seulement de commun avec
les nervures gothiques que leur '1 lacis rigide' s'oppose, dans une certaine mesure,
la dformation des votes.

La faade Nord de la premire cour du robt n'est qu'un mur orn en son
centre du portail de l'wn d'accs la seconde cour (fig. 26). Les faades Est

38


KHORASAN

FIG. 31. ROBAT SHARAF. DTAIL DE LA FIGURE 26

CLICH A. G.

et Ouest sont encore, bien qu'en mauvais tat de conservation, celles du temps
de la construction de l'difice. La figure 27 en reprsente une partie, ce qui sub-
siste de la pile Nord de l'wn Est. Elle est, en plan, identique aux autres piles
anciennes de la premire cour et peu prs, mais moins riche, semblable celles
de la seconde cour (fig. 3 8). Elle se compose de deux pilastres montant de fond
et encadrant deux niches en deux tages. L'une de ces niches, celle du bas, est
trilobe; l'autre, dont la partie suprieure n'existe plus et n'a subsist nulle part

39


KHORASAN

FIG. 32. ROBAT SHARAF. INSCRIPTION DU PORCHE DE L'IWAN
D'ACCS LA SECONDE COUR

CLICH A. G.

dans cette cour, tait probablement surmonte d'un arc bris, comme le sont les
niches suprieures des piles de l'wn du fond de la seconde cour (fig. 45). Par-
tout se trouve le dcor mural que nous avons remarqu l'extrieur du monu-
ment, sur l'avant-corps, ainsi que dans la galerie d'accs et dans la mosque.

La faade Sud, celle que l'on a derrire soi quand on pntre dans la
cour, fut sans doute dtruite, ou gravement endommage par les Ghuzz, en

40


KHORASAN

FIG. jj. ROBAT SHARAF. INSCRIPTION DU PORCHE DE L'WN
D'ACCS LA SECONDE COUR

CLICH A. G.

548 H., et reconstruite en 549 H. Elle le fut assez mal et c'est probablement
ce qui explique son tat de dlabrement actuel (fig. 28) ainsi que le manque de
finesse de son plan et de son dcor (fig. 29). Cependant on y remarque le mme
appareillage des briques et, en gnral, le mme dcor des joints.

Chacun des deux wns latraux de cette premire cour donne accs, comme
d'ailleurs tous les wns du robt qui ne sont pas des passages, une salle carre
vote en coupole. Leur mur de fond est perc d'une baie de communication
assez basse au dessus de laquelle il y avait une niche plate flanque de colon-
nettes octogonales encastres. La figure 3 o reprsente la seule des niches de cette
espce qui ait subsist. Elle a t bouche, sans doute la suite du dsastre qui
a motiv la reconstruction de la faade Sud, en guise de consolidation. On voit,
au nu du remplissage de la niche, un fragment d'inscription en caractres kufi-
ques dont voici la transcription:

........^ J^

et la traduction:

"Oeuvre de Abu'1-H.s ." (Husain ou Hasan).

4i


KHORASAN

FIG. 34. ROBAT SHARAF. ANGLE DE LA SALLE COUPOLE DE
LA MOSQUE DE LA SECONDE COUR

CLICH RD

Cette inscription, remploye videmment, nous donne sans doute le nom de
l'un des ouvriers de l'difice original.

Les salles coupole, en trs mauvais tat de conservation, sont du type "
coupole sur trompes d'angle" dont il se trouve des exemplaires mieux conservs
dans la seconde cour et dont je parlerai plus loin.

Le portail d'accs de la premire cour la seconde est particulirement fas-
tueux. Plus exactement, il a t enrichi en 549 H., ce qui ne signifie pas qu'il
l'ait t heureusement. On remarque en effet, dans la figure 26, que le dcor
nouveau s'arrte une certaine hauteur des pidroits et que l'ancien, visible au
dessus, lui est bien suprieur en qualit. Ce portail, dont toute la partie haute
a disparu, se prsentait autrefois, comme les autres, sous la forme d'un haut
rectangle dans lequel ouvrait, comme l'entre mais moins profondment, un
porche perc aussi d'une arcade jadis pourvue d'une porte en bois commandant
l'accs la seconde cour.

42


KHORSN

FIG. 35. ROBAT SHARAF. MIHRAB DE LA MOSQUE DE LA SECONDE COUR

CLICH RD

De l'ancien dcor, dans la partie basse, les colonnettes d'angle des pidroits
ont subsist telles quelles, mais les panneaux qui les joignent, autrefois orns du
dcor courant des murs du robt, ainsi qu'on le voit par les dchirures du rev-
tement de pltre (fig. 31), ont t couverts d'une ornementation dont le dessin
n'est pas, en somme, mauvais mais qui est si mou, par la faute du matriau utilis,
qu'on ne voit pas bien ce que le monument y a gagn. Il en est de mme de
l'intrieur du porche, de ce simili-jeu de briques en pltre qui garnit ses parois

43


KHORSN

FIG. 36. ROBT SHARAF. MIHRAB DE LA MOSQUE DE LA PREMIRE COUR

CLICH A. G.

latrales. A droite et gauche sont les restes d'une inscription en caractres kufi-
ques excute en pltre, comme le reste.

A droite (fig. 3 2) :

itf u

"Bismillh al-Rahmn al-Rahm."

A gauche (fig. 33): Texte koranique.

Au fond du porche, au dessus de l'arcade, il y a un essaim de niches et de
stalactites, galement en pltre sculpt.

Passe la porte on s'engage dans une galerie o l'on rencontre gauche, com-
me dans celle de l'entre, une porte de mosque. De l'autre ct, une autre porte
tait celle d'un poste de garde ou d'une loge de portier. Plus loin on trouve,
galement comme dans le premier passage, deux baies, l'une droite et l'autre
gauche, qui donnent accs la galerie qui fait le tour de la seconde cour.

La mosque se compose de deux salles autrefois votes, l'une en berceau et

44


khorsn

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FIG. 37. ROBAT SHARAF. FAADE COURANTE DE LA SECONDE COUR

CLICH A. G.

l'autre en coupole. Primitivement, ces deux salles n'taient ornes que du dcor
mural habituel. Il couvre encore les murs de la premire (fig. 3 5) et couvrait
autrefois ceux de la salle coupole, comme on le voit dans la figure 34, aux en-
droits o le revtement de pltre, ajout lors de la restauration de 549 H., a
disparu. Cette figure 3 4 reprsente l'une des quatre trompes, ou sortes de trom-
pes, qui portaient la coupole. Sa forme peut tre considre comme originale.
Son dcor seul fut modifi. Ces trompes portaient quatre des huit cts du tam-
bour au dessus duquel la coupole s'lanait. Le mihrb de cette salle est en fort
mauvais tat de conservation, mais voici celui de la salle vote en berceau (fig.
35). Il est pour ainsi dire identique celui de l'autre mosque (fig. 36) et fut
certainement excut comme lui en 549 H. sur l'ancien mur. Dans les deux cas
l'inscription d'encadrement reproduit le verset 256 de la surate 2 et l'inscrip-
tion horizontale est la profession de foi musulmane: "Il n'y a de dieu que Dieu.
Muhammad est le prophte de Dieu." Les cotes de largeur totale sont les mmes,
2,10 m, et pareillement les cotes de largeur des niches, 0,98 m.

45


KHORASAN

FIG. 38. ROBAT SHARAF. PILIER COURANT DE LA SECONDE COUR

CLICH A. G.

Les faades sur cour, dont une seule subsiste en entier, se composaient, com-
me celles de la premire cour, de lourds piliers relis l'autre par des arcades
surmontes de demi-coupoles (fig. 37). Je ne pense pas que l'art musulman ait
jamais cr plus harmonieuse architecture que celle-l. C'est assurment l'un de
ses chefs d'uvre, tant en raison des heureuses proportions de l'ensemble que
par l'lgance du dcor. Cependant il faut imaginer ces faades courantes sur-
montes de la haute inscription en briques tailles qui encadre le portail des

46


KHORASAN

wns et se retourne comme on le voit parfaitement amorc dans la figure 47.
Il faut aussi se reprsenter la partie basse des faades dgage des monceaux de
terre et de briques, dbris de l'difice lui-mme, qui la cachent aujourd'hui.

Les piliers courants sont semblables ceux de la premire cour, deux pilastres
encadrant chaque fois deux niches en deux tages, mais leurs angles antrieurs
sont orns de colonnettes (fig. 38). Ceux des wns (fig. 45) ne diffrent d'ail-
leurs des piliers courants qu'en ce que leurs niches sont plates et non demi-cir-
culaires, ce qui, par le jeu des ombres, produit une impression de masse plus
puissante. Les chambres votes en berceau qui occupent la partie du plan
symtriquement place par rapport la mosque et celles que dgagent les ga-
leries Est et Ouest de la cour sont extrmement simples. Par contre, les appar-
tements qui se trouvent de part et d'autre de l'wn de fond sont vritablement
palatiaux. Je donne en dtail le plan de l'un d'eux (fig. 39). De la galerie Nord
on pntre dans une petite cour autour de laquelle ouvrent quatre wns. Il y
a donc, dans ce robt seldjukide, deux autres cours quatre wns, soit, en
somme, quatre cours quatre wns. Ce fait remarquable semble bien indiquer

FIG. 39. ROBT SHARAF. PLAN D'UN APPARTEMENT

47


KHORASAN

FIG. 40. ROBAT SHARAF. ANGLE D'UNE SALLE COUPOLE

CLICH A. G.

que ce type de plan, la cour quatre Iwns, tait alors couramment employ,
et non seulement dans l'architecture des caravansrails et des madris mais aussi
dans celle des simples maisons, car les deux appartements de Robt Sharaf ne
sont pas autre chose que deux maisons.1) On y voit des pices fermes dans les
angles, mais au Nord seulement car l'wn Sud, o se trouve l'entre, est peu
profond. L'wn Est donne accs une salle carre de plus de sept mtres de
largeur.

Cette grande salle est vote en "coupole sur trompes d'angle" (fig. 40), de
mme que celle qui lui est symtrique, l'angle Nord-Ouest du robt, celle qui
se trouve sur l'axe de l'difice, au fond du plan, et quatre autres salles auxquelles
donnent accs les Iwns Est et Ouest de la premire et de la seconde cour. Sept
des douze coupoles du monument sont donc du mme type. Le dessin et la
construction en sont d'une puret et d'une simplicit parfaites. Rien de cach,

1. Voir, en confirmation, la plan d'une maison relev sur le site de la ville de Bmiyn, en Afghanistan,
dtruite par Cingis-Khn en l'anne 618 H. (i 221). (fig. 59).

48


KHORASAN





ROBAT SHARAF. DCOR D'UNE SALLE COUPOLE

CLICH A. G.

rien de trop, aucune hsitation. Il est vident que leur constructeur tait parfai-
tement matre de sa technique, mais aussi que cette technique tait alors ce
point fixe qu'il n'avait la libert d'exercer sa fantaisie que dans l'appareillage
vari des parements (fig. 41). Ce type de vote, qu'il serait prfrable d'ap-
peler "en coupole sur arcs d'angle", car les demi-coupoles qui apparaissent en
arrire des arcs de tte des soit-disant trompes n'ont t construites qu'aprs
coup et ne concourent aucunement la stabilit de la construction, reprsente
d'ailleurs le type classique de la coupole iranienne. On le trouve partout en Iran
l'poque seldjukide, dans le Masdjid- Djum'a d'Isfahn (fig. 42),1) dans celui
de Kazwn,2) dans la Madrasa Haidary de cette mme ville,3) Zawr,4)

1. A Survey of Persian Art. t. IV. pl. 288 et 290. On peut dduire de la figure 42, qui reprsente extrieure-
ment le Gunbad- Sheb, que tout le systme de stalactites situ en arrire des arcs d'angle n'est que rem-
plissage.

2. idem. pl. 305.

3. idem. pl. 314.

4. Athar- Iran. 1936. fig. 198.

4

49


KHORASAN

FIG. 42. ISFAHAN. LA COUPOLE PRINCIPALE DU MASDJID- DIUM'A

CLICH A. G.

FIG. 43. ROBT SHARAF. ANGLE D'UNE SALLE COUPOLE

CLICH A. G.

50


KHORASAN

FIG. 44. ROBAT SHARAF. ANGLE D'UNE SALLE COUPOLE

CLICH A. G.

Ardistn,1) Gulpygn,2) Barsn,') Sangn pn (fig. 6), etc____et mme avant

cette poque, donc avant la construction de Robt Sharaf, dans le tombeau du
Samanide Ism'l, Bukhr4) et dans celui d'Arsln Djdhib(?)t Sangbast.5)
Nulle part on ne le voit plus nettement exprim qu' Robt Sharaf.

Le passage du plan carr au plan circulaire est autrement conu dans les deux
salles coupole qui se trouvent immdiatement au Sud des salles d'angle des
appartements. Aussi facilement, aussi habilement qu'il posa les coupoles dont
je viens de parler sur des arcs, avec autant de dsinvolture, pourrait-on dire, le
constructeur y remplaa ce dispositif par l'arrangement que reprsente la figure
43. C'est une amusette, mme pas un tour de force, un empilage de briques
assez astucieux mais qui n'a rien de la solidit d'un bon arc de quatre briques

1. Athar-lrn. 1936. fig. 192.

2. idem. fig. 133.

3. Myron B. Smith. Barsn, dans Ars ishmica. 1937. fig. 4 et 12.

4. E. Cohn-Wiener. Turan. pl. III.

5. A Survey of Persian Art. t. IV. pl. 260 B.

51


KHORASAN

FIG. 45. ROBAT SHARAF. L'IWAN DU FOND

CLICH A. G.


KBORSN

FIG. 46. ROBAT SHARAF. DTAIL DE LA FAADE DE L'WN DU FOND

CLICH A. G.

d'paisseur. Les lits de briques, en effet, s'affaissrent sous la charge, provo-
quant, dans chaque cas, la rupture de la vote la rencontre des deux encorbel-
lements.

Les deux dernires des douze coupoles du robt sont celles qui couvrent les
petites salles carres des appartements de la seconde cour (fig. 44). Elles ne
mesurent que quatre mtres de diamtre et leur auteur n'estima pas ncessaire
de passer des arcs sur les angles du carr. Il se contenta de les franchir au moyen
de je ne sais quoi, une ou deux pices de bois probablement, dont il ne fut pas
particulirement fier et qu'il habilla de pltre.

Le grand wn de la seconde cour, celui du fond du robt, est l'endroit le
plus dcor de l'difice. Sa faade, trs belle, trs noble, est demeure telle
qu' l'origine du monument (fig. 45). Mais tout l'intrieur a t revtu en l'an-
ne 549 H. (11 54-5) d'une nouvelle ornementation en pltre sculpt.

La faade se compose, comme le portail de l'entre, d'une haute arcade sur-
monte d'un panneau de broderie en briques tailles encadr d'une inscription

53


KHORASAN

en caractres kufiques monumentaux, galement excuts en briques tailles. La
partie suprieure de cette inscription a disparu, comme dans le cas de l'wn
d'entre, mais au dessous de son emplacement a subsist une inscription plus
petite, excute en caractres kufiques et en briques tailles (fig. 46). Elle nous
fournit le nom du rdacteur de la grande inscription, "cette inscription" dsig-
nant vraisemblablement le texte du bandeau qui couronnait les faades de la
seconde cour et sans doute aussi celles de la premire cour. En voici la trans-
cription et la traduction:

1* t*>

"Cette inscription a t rdige par'Al[]bd Abu Mansr As'ad, fils de Mu-
hammad le T'if, de Sarakhs. Que Dieu lui pardonne (ses fautes), ainsi qu' ses
parents!"

Dans les parties verticales de la grande inscription, qui seules ont subsist, on
peut lire, droite (fig. 45):

". Abu'l-Ksem ."

et gauche (fig. 47):

.....JJf^ ci ^.....

"... eux. Durant les mois de l'anne 8."

La date de la construction de l'difice, ou l'une des dates, se trouvait donc ici,
mais il n'en reste que le chiffre des units. Je dirai dans un instant pourquoi je
pense qu'elle tait 508 H. (1 1 14-5).

J'ai parl plus haut de l'intrieur de l'wn, propos de la restauration de
549 H., et j'ai donn, cette occasion, le texte de l'inscription en pltre sculpt
qui en fait le tour. En voici de nouveau la traduction, dont nous allons avoir
besoin:

"Durant la faveur du gouvernement du Sultn glorifi, roi des rois glorieux,
54


khorasn

FIG. 47. ROBAT SHARAF. DTAIL DE LA FAADE DE L'WN DU FOND

CLICH A. G.

matre des nuques des nations, souverain des Arabes et de T'Ad^em Que Dieu
prolonge sa dure! -. Muizz al-Duny wal-Dn, Abu' 1-Hrith Sandjar, fils
de MalekShh, Borhn Amlr al-Mu'menn Que Dieu glorifie ses victoires!
Par les soins de des Musulmans, reine des femmes des mondes, celle qui
honore la descendance d'Afrsiyb, Kutlugh Balk, Saiyid Turkn, fille du
Khkn glorieux Que Dieu fasse durer sa grandeur! Dans les mois de
l'anne 549 H." (fig. 48 et 49).

55


KHORASAN

FIG. 48. ROBAT SHARAF. INSCRIPTION INTRIEURE DE L'WAN DU FOND

CLICH A. G.

Le premier des personnages cits est Sultan Sandjar, fils de Malek Shh, le
dernier des "Grands Seldjuks". Il porte ici les titres qui lui ont t confrs par
le Khalife al-Mustarshid: "Mu zz al-Duny wal-Dn" et "Borhn Amlr al-Mu'-
menn".1) Il tait, en l'anne 549 H. (11 54-5), date de l'excution de l'inscrip-
tion, prisonnier des Ghuzz, mais continuait d'tre considr par eux comme le
souverain lgal. La khutba fut dite en son nom pendant toute la dure de sa
captivit et jusqu' sa mort, en 552 H. (1157).

Du second personnage cit, la haute dame "par les soins" de qui le robt fut
restaur en 549 H., on pourrait tout d'abord penser qu'elle tait la mre de
Sultn Sandjar, le titre de Saiyid qu'elle porte dans notre inscription tant l'un
de ceux que l'on donnait souvent aux reines-mres, mais il n'en est rien, car la
mre de Sandjar mourut en 5 1 5 H. (11 2 1-2)2). Elle n'tait d'ailleurs qu'une

1. Tarkh- Guzd. Edition Ed. Gibb Mmorial, p. 457 du texte et p. 101 de la traduction de E. G. Browne
et R. A. Nicholson.

z. idem. p. 101.

56


KHORASAN

FIG. 49. ROBAT SHARAF. INSCRIPTION INTRIEURE DE L'IWN DU FOND

CLICH A. G.

esclave turque, du nom de Tapar, qui n'est jamais compte au nombre des pou-
ses de Malek Shah1) et n'aurait pu porter le titre de "reine des femmes des mon-
des". Notre Saiyid Turkn, "fille du Khkn glorieux", "honneur de la descen-
dance d'Afrsiyb", est l'pouse de Sandjar, sa seule pouse connue, la clbre
Turkn Khtun, fille du Khkn Muhammad Arsln Khn b.Sulaimn, prince
de Transoxiane, l'un de ces "Afrsiyb Malik, de la postrit d'Afrsiyb"
dont parle le Tabakat- Nsir.2) Arsln Khn, alors qu'il n'tait encore que le
prince Muhammad Tegn, s'tait enfui au Khorsn au moment de la conqute
de la Transoxiane par Kadr-Khn Djibr'l. Aprs la dfaite de ce Karakhnide
par Sultn Sandjar il fut tabli seigneur de Samarkand avec le titre d'Arsln
Khn (495 H. (1102)). Il maria plus tard sa fille Sandjar.3)

Cette princesse est bien souvent mentionne par les historiens sous l'appel-

1. Voir E. de Zambaur. Manuel de gnalogie et de chronologie. Tableau R. Note 6.

2. Tabakat- Nsir. Traduction H. G. Raverty. t. II. p. 900.

}. W. Barthold, dans Encyclopdie de l'Islam. Article: Arsln Khn.

57


KHORASAN

lation de Turkn Khtun,!) mais jamais, ma connaissance, sous celle, d'ailleurs
parfaitement admissible, de Kutlugh Balk.2) Elle accompagnait Sandjar dans
ses dplacements, mme la guerre, et fut deux fois prisonnire, en 536 H.
(114 1), lors de la dfaite de Sandjar par les Kara-Khiti,3) et une autre fois, en
548 H. (1 1 5 3), en mme temps que son poux, lors de la rvolte des Ghuzz.
Les historiens iraniens nous disent que le Sultn demeura en captivit pendant
quatre annes et que pendant tout ce temps il ne fit aucun effort pour se librer,
afin de ne pas laisser Turkn Khtn aux mains de l'ennemi.4) Ce n'est qu'aprs
la mort de cette princesse, survenue au commencement de l'anne 5 5 1 H. ( 1 1 5 6),
qu'il s'y dcida. Il y parvint en Ramadn de la mme anne 551 H. et rentra
Marw o il mourut au commencement de l'anne 552 H. (11 57), l'ge de
72 ans.

Turkn Khtun, que notre inscription appelle probablement "Saiyid" en
raison de son ge, car elle semble avoir t l'pouse de Sandjar pendant plus de
cinquante annes, avait sans doute hrit de son pre, Arsln Khn, le got qu'il
avait pour les constructions et qui l'a rendu clbre en Asie centrale.5) C'est elle
qui, bien qu'en captivit, fit restaurer Robt Sharaf. Elle fit aussi, parat-il, r-
parer, sur la mme route de Sarakhs Nlshpur, Robt Mh, qui aurait gale-
ment souffert du brigandage des Ghuzz,

Reste essayer de dterminer la date de la construction de notre monument.

1. Le mot "Turkan," qui dsigne frquemment les reines turques, n'est pas un nom propre mais signifie
"reine, grande dame". La prononciation correcte est "Terken". (W. Barthold, dans Turkestn clown to the Mongol
Invasion. Ed. Gibb. Mmorial, p. 337. note 2).

2. "Kutlugh" et "Balk" sont des titres gnralement attribus aux princes et qui sont aussi bien fminins
que masculins. Nous connaissons une dynastie des Kutlugh Khns, dont Kutlugh Turkn Khtiin. veuve de
Kutb al-Dn Muhammad, qui rgna sur Kermn de 655 H. (1257) 681 H. (1282). Ses filles s'appelaient Urdu
Kutlugh et Yol Kutlugh.

To "Kutlugh" corresponds the Arab "Mubrak" and the Mongol "Oldjit." (Tabakat- Nsir. Ed. H.
G. Raverty. p. 865, en note).

Bak signifie "a lord, a great man. It is a title or surname, like Bak in Bak-Taghd. Alb in Alb-Tign, and
Balk in Balk-Tign." (idem. p. 49. note 7).

Balk Tigln est un prince de la dynastie ghaznawide.

3. "Ils s'emparrent de Turkn Khtun. qui tait Malik Djahn (reine de l'univers) et l'pouse de Sultn
Sandjar Aprs la conclusion de la paix, ils rendirent Turkn Khtn Sultn Sandjar." (Tabakat- Nsir.
Ed. H. G. Raverty. p. 154-5. Voir aussi p. 911 et 926 en note).

4. Ta'rkh- Guztd. Ed. Gibb Mmorial. Trad. E. G. Browne et R. A. Nicholson. p. 462. Voir aussi
Tabakat- Nsir. Ed. H. G. Raverty. p. 156. note 8.

5. Voir dans W. Barthold. Turkestn ... p. 319-320, rmunration des monuments publics dont la con-
struction lui est attribue.

58


KHORASAN

Nous avons vu que ce n'est pas la vtust qui motiva les travaux de rparation
et de restauration excuts en 549 H. mais, vraisemblablement, le fait de sa d-
vastation par les Ghuzz, en 5 48 H. Historiquement nous devons donc supposer
que la construction du robt a pu tre termine en cette mme anne 548 H.
L'difice ne nous fournit, en effet, aucune date de construction complte et les
noms divers que nous trouvons dans ce qui subsiste des inscriptions anciennes
ne nous apprennent rien. Ghiyth al-Dawl, Abu Rahmat Allh, Abu Sa'd Mu-
hammad, Abu'l-Hasan (ou Husain), Abu'l-Ksem, 'Allbdl Abu MansOr, sont
pour nous des inconnus. D'autre part, nous pouvons, la rigueur, rapprocher
notre robt, qui comprend plusieurs cours quatre wns, du premier difice
de ce type connu, la Madrasa de Khargird, au nom de Nizm al-Mulk, ministre
d'Alp Arsln et de Malek Shh de^ H. (1063-4) 485 H. (1092). Nous
pouvons donc penser que Robt Sharaf fut construit entre les annes 4 5 6 et
548 H. (1063-4 et 1153). Nous pouvons mme, la Nizmy de Khargird ayant
t vraisemblablement difie entre les annes 475 et 485 H. (1082-1092) *)
rduire cet espace de temps 475-548 H., mais cette datation est vidente
premire vue.

Pour parvenir plus de prcision, notre seule ressource est d'encadrer le ro-
bt, d'aussi prs que possible, au moyen de monuments dment dats, puis
d'exercer ce que la nature nous a donn de sens critique. Il nous faut malheu-
reusement carter de cette confrontation de nombreux difices de l'cole d'Is-
fahn qui n'ont rien voir avec le Khorsn et regretter la disparition de quel-
ques autres qui nous auraient mieux servis. Cependant, l'poque qui nous int-
resse, il s'est produit, entre l'Est et l'Ouest de l'rn, un change si considrable
de techniques architecturales et de formules dcoratives qu'il nous est possible
de tirer quelque profit de cette constatation. De plus il se trouve qu'au Khorsn
mme, dans le Khorsn seldjukide, en un temps o l'art brillant des Samanides
se modifiait rapidement, quelques monuments ont subsist qui nous fournissent
des renseignements prcieux.

A l'poque de la construction du robt, ainsi que je l'ai dit plus haut, l'archi-
tecture du Khorsn utilisait uniquement la brique, pour le dcor comme pour
Ta construction. Il ne s'y trouvait en pltre que les rosaces occupant des espaces

1. Dans l'inscription de fondation de cette madrasa, Nizm al-Mulk est qualifi de Rad Amr al-mu'menn.
titre qui ne lui aurait t octroy que peu de temps avant l'anne 480 H.

59


KHORASAN

FIG. 50. BASTAM. DCOR D'UN ARC DE LA MOSQUE DE 514 H.

CLICH A. G.

en forme de croix, mnags dans les jeux de briques. Mais en 549 H. (11 54-5),
dans le grand wn du robt, et mme en 547 H. (1 1 52), sur le tombeau de
Djall al-Dn al-Husain,') on couvrait certaines parties des murs au moyen d'un
revtement de pltre abondamment sculpt. Ce qui tait dj devenu une for-
mule dcorative la mode, et continua se dvelopper ensuite, s'labora donc
entre la date de la construction du robt et celle de sa restauration (549 H.). Or
en l'anne 5 14 H. (1 1 20-1) fut difie dans le cimetire de Bastm, prs de la
tombe de Shaikh Byazld, une mosque o nous trouvons le dcor sur rev-
tement de pltre son dbut. Dans la salle troite et longue, encore vote en
berceau, qui longe la salle centrale a subsist un arc dont le dcor un peu mala-
droit (fig. 50) est dj celui de l'arc de tte du grand wn de notre monument
(fig. 9). Il me parat bien indiquer que la mosque de Bastm est moins ancienne
que le robt original, qui ne comporte rien de semblable, et fixer 5 1 4 H. la
limite basse de l'espace de temps dans lequel nous devons chercher la date de

1. E. Cohn-Wiener. Turan. pl. XII-XIV.

60


la construction de notre monument. D'autres constatations semblent bien venir
en confirmation de cette vue. La mosque de Bastm possde des panneaux de
cette broderie, en jeux de briques trs saillantes (fig. 51), qui dcore encore les
faades du portail d'entre (fig. 3 et 17) et de l'wn axial (fig. 45 et 46) du
robt. Cette broderie, nous la trouvons aussi en 515 H. (11 19-20) dans la
Namzgh de Bukhr,1) en 505 H. (1 1 1 1-2) sur le minaret de Khosrgird,2)

1. E. Cohn-Wiener. Turan. pl. VI.

2. A Survey of Persian Art. t. IV. pl. 358 B.

61


KHORSN

FIG. 52. GUNABAD. DCOR DE LA COUR DU MASDIID- DJAMI'

CLICH A. G.

en 504 H. (1110-1) sur celui de Sw,1) vers 450 H. (1106-7) sur celui de la
mosque Djmi' de Dmghn,2) en 490 H. (1096-7) sur la tour de Mehmn-
dst, "shortly before 1076" (470 H.) sur leRobt-Malik (Transoxiane),J) entre
417 et 446 H. (1026-7 et 1054-5) sur le minaret de la mosque Djum'a de
Semnn,4) entre 417 et 420 H. (1026-7 et 1029-30) sur celui du Tari Khn
de Dmghn,5) en 4 17 H. (1026-7) sur le tombeau de Pr-'Alamdr, Dm-
ghn6) etc. Par contre ce vigoureux dcor a dj perdu de son nergie
Bukhr en 5 1 5 H. (11 2 1-2), sur le minaret de la mosque Kliyn,7) tombe
dans la monotonie Usgen en 547 H. (11 5 2), sur le tombeau de Djall al-Dn

1. A Survey of Persian Art. t. IV. pl. 358 A.

2. idem. pl. 359 A (et non B).

3. idem. t. II. p. 986, et t. IV. pl. 272 A.

4. idem. t. IV. pl. 360 A.

5. idem. pl. 359 B (et non A).

6. idem. pl. 339 B.

7. E. Cohn-Wiener. Turatt. pl. IV.


KHORASAN

FIG. 53. BASTAM. DCOR DE LA FAADE DE LA MOSQUE DE 514 H.

CLICH A. G.

al-Husain,1) et n'est plus que veulerie en 609 H. (1 2 1 2-3), Gunbd (fig. 5 2).

D'autre part, on trouve dans la mosque de Bastm et Robt Sharaf les
mmes croix mnages dans les jeux de briques et garnies d'ornements en pltre
sculpt (fig. 5 3). Ce dcor qui, ma connaissance, n'apparat tel au Khorsn
que dans ces deux monuments, nous le retrouvons plus tard, mais les croix sont
alors garnies d'lments de brique taills, comme sur un tombeau d'Usgen dat
de l'anne 582 H. (1186-7)2), ou de kshs, voire des deux la fois, comme

1. E. Cohn-Wiener. Turan. pl. XII.

2. idem. pl. XVI 2.

63


KHORASAN

SANGN BL. COUPOLE D'UN TOMBEAU

CLICH A. G.

Sangn Bl (fig. 54). Par contre, il existe en 49 1 H. (1097-8) sur le minaret de
Barsn,1) tel qu' Bastm et Robt Sharaf.

Nous sommes donc amens remonter sensiblement, par rapport la mos-
que de Bastm, la date haute possible de la construction du robt, mais non
jusqu' 417 H., bien entendu, ni mme jusqu' celle du minaret de Barsn,
491 H. Il existe en effet dans notre robt une forme architecturale parfaitement
caractristique, devenue classique, et qui fut emprunte aux monuments de l'-
cole d'Isfahn, le pilier niches plates superposes et colonnettes d'angle (fig.
37 et 45). Le plus ancien exemple dat s'en trouve dans la Djami' de Zawr,
dont la construction fut termine en l'anne 530 H. (103 5-6)2). Il en subsiste
d'autres qui sont vraisemblablement plus anciens, Gaz, 20 kilomtres au
Nord d'Isfahn (fig. 55), et dans la Djurn a d'Isfahn, sur la faade de lwn
Est de la cour,3) mais le Masdjid- Buzurg de Gaz n'est pas dat et le moment

1. M. B. Smith. Barsn, dans Ars ishmica. 1937. fig. 45-

2. Ahr- Iran. 1936. fig. 200 et 201.

3. idem. 1936. fig. 175.

64


KHORASAN

FIG. 55. GAZ (PRS D'ISFAHAN). PILIER DE L'IWAN SELDJUKIDE

clich a. g.

de la transformation de la mosque de Nizm al-Mulk en une mosque quatre
wns n'est pas exactement connu. Je pense que ces derniers travaux eurent pour
origine l'incendie de 5 1 5 H. (1 1 2 1-2) et qu'ils furent excuts au cours des an-
nes suivantes,1) mais cette datation manque encore de prcision. Les piliers en
question sont d'ailleurs, dans les deux cas, pour ainsi dire si srs d'eux-mmes
qu'ils ne sont videmment pas les premiers du genre. Il y en eut de plus anciens,
qui ont disparu.

I. Athar-lrn. 1936. p. 226.

5 65


KHORASAN

66


KHORASAN

FIG. 57. GULPAYGAN. INTRIEUR DE LA SALLE COUPOLE

clich a. g.

Cependant le pilier une niche plate et colonnettes d'angle existe en 481 H.
(1088-9) ^ l'intrieur et l'extrieur du Gunbad- Khk d'Isfahn (fig. 56).1)
A Barsln, en ou vers 491 H. (1097-8), l'arcade enveloppante de cette niche
s'tant leve considrablement, bien maintenue dans un renfoncement rectan-
gulaire, la place d'une niche suprieure existe, mais sa place seulement.2) A Gul-
pygn, c'est dire entre les annes 498 et 5 11 H. (1105 et 1118), dates du
rgne de Sultan Muhammad, fils de Malek Shah, deux ouvertures se superpo-
sent, parfaitement encadres (fig. 5 7). Les lments constitutifs du pilier de l'wn

1. A Survey of Persian Art. t. IV. pl. 289 et 290.

2. M. B. Smith, Barsln, dans Ars islamica. lyjy. fig. 15.

67


KHORASAN

sont alors runis, mais il n'y a d'iwns ni au Gunbad- Khk ni Gulpygan.
A l'poque de la construction de ces difices, la cour quatre Iwns n'a pas
encore apparu de ce ct de lrn. Les grandes mosques de type iranien sont
encore des mosques kiosques. C'est un peu plus tard que la Djum'a d'Isfahn
devint une mosque cruciforme, mais nous avons vu que les piliers de ses Iwns
n'en taient pas alors leur coup d'essai. C'est donc probablement sous le rgne
du Sultn Muhammad que, de l'assemblage et de l'arrangement d'lments
prexistants se constitua le pilier niches plates superposes et colonnettes
d'angle qui connut par la suite une si constante faveur.

Si l'on pense que cet vnement, car c'en est un, qui marque sans doute aussi
l'apparition de la cour quatre iwns dans la rgion d'Isfahn, ne se produisit
pas durant la premire anne du rgne de Sultan Muhammad mais quelque part
entre les annes 498 et 5 11 H. (1105 et 11 18), si l'on admet, comme je crois
logique de le faire, que Robt Sharaf fut construit avant la mosque de Bastm,
c'est dire avant l'anne 5 14 H. (1 1 20-1), et si l'on se souvient que la grande
inscription de couronnement de robt comportait une date de fondation qui a
disparu, sauf le chiffre des units, qui est 8, on en dduira que la date de la con-
struction du monument est 508 H. (1114-5). Ce n'est encore, assurment,
qu'une supposition, mais vraisemblable.

Ainsi" donc la construction de Robt Sharaf fut probablement termine en
l'anne 508 H. (11 14-5). Quarante annes plus tard, en 548 H. (1 1 5 3-4), il fut
sans doute saccag par les Ghuzz, puis, l'anne suivante, en 549 H. (1 1 54-5),
rpar, lgrement modifi et, ainsi que dut le penser la haute dame qui ordonna
ces travaux, embelli. Ensuite, devenu "Abgn," le diamant, comme l'appelle
Hamd Allh Mustawf, il priclita en mme temps que la route qui tait sa raison
d'tre, mesure que prenait plus d'importance celle de Meshhed Hert. Il prit
ou reprit, le nom de Robt Sharaf. Aujourd'hui, ce n'est plus qu'une ruine aban-
donne dans un dsert, repaire des loups, sans autre importance que pour les
historiens de l'art iranien.

LA NIZMY DE KHARGIRD

Je pensais, il y a quelques annes, que la plus ancienne mosque quatre wns
date, la Djmi' de Zawr (5 30 H. (1 13 5-6)), tant d'un sicle antrieure la

68


KHORASAN

plus ancienne madrasa Iwns multiples connue cette poque, la Mustansriy
de Baghdd (631 H. ( 1 2 3 3 -4))/) ce long espace de temps pouvait indiquer que
la madrasa n'a pas fourni la mosque le principe de la cour quatre Iwns. "Il
semble," disais-je alors, "que la mosque ait elle-mme dcouvert ce perfection-
nement et qu'elle en ait fait bnficier la madrasa."2) Mais voici que des dcou-
vertes rcentes viennent l'encontre de cette hypoyhse. La principale est celle
d'un monument qui n'est ni une mosque ni une madrasa mais un caravansrail,
ce Robt Sharaf dont je viens de parler, essentiellement compos de deux cours
quatre Iwns, construit antrierement la Djmi' de Zawr, probablement
termin en l'anne 508 H. (1114-5).3) D'autre part j'ai eu l'occasion de revoir
la Nizmy de Khargird.

Ce n'est mme plus une ruine, mais un amas de terre o il est bien difficile de
reconnatre autre chose qu'une cour et l'wn au fond duquel se trouve le mihrb
de l'difice. Cette fois cependant, venant de Robt Sharaf et y retournant, intri-
gu par une certaine disposition du plan de ce monument lac qui me paraissait
avoir une origine religieuse, j'ai rsolu de savoir dcidment si la Nizmy de
Khargird possdait originairement un, deux ou quatre Iwns, autrement dit, si
ce monument, dat par le nom clbre de son constructeur, Nizm al-Mulk,
pouvait tre, ou non, considr comme le plus ancien spcimen connu du type
de construction que caractrise la cour quatre wns. J'ai donc recherch, dans
le chaos de terre crue qui reprsente aujourd'hui les btiments anciens de la
madrasa et les ruines des constructions qui y ont t ajoutes au cours des sicles,
ceux des murs originaux qu'il tait possible de situer par rapport l'wn encore
debout. J'ai pu mesurer les cotes importantes qui figurent sur le plan ci-joint
(fig. 58).

L'angle Sud de la cour se trouve 5,30 m du parement extrieur du mur
gauche du grand wn et 5,90 m d'un morceau de mur long de onze mtres et

1. Gurgis Awad. The Mustansiryah College, dans Sumer. Vol. I. p. 15: "L'difice avait quatre iwans prin-
cipaux, destins l'usage des quatre rites orthodoxes Ibn Batuta dit: Les quatre rites sont reprsents dans
ce collge. Chaque rite a un iwan dans lequel il y a un emplacement pour l'enseignement, surmont d'un petit
dme en bois sous lequel le professeur, grave personnage en vtements noirs et turban, est assis sur un banc
recouvert de tapis. A sa droite et sa gauche sont assis deux rcitants qui rptent tout ce qu'il dit. Il en est
de mme dans chacun des quatre groupes." (Ibn Batuta. Paris. 1914. Vol. II. p. 109).

2. A. Godard. Les premires mosques d l'Iran, dans Athr- Iran. 1936. p. 208. note 2.

3. Voir ci-dessus.

69


KHORASAN

0 5 lo \5 2o METRES

1..............I ' I

FIG. 58. KHARGIRD. PLAN DE LA MADRASA SELDJUKIDE

perpendiculaire au ct de la cour. Ce mur est encore orn, l o mon dessin
l'indique, d'un fragment de dcor identique celui du parement intrieur des
murs de l'wn principal (fig. 58), c'est dire d'un dcor excut en briques
cuites et non tel que serait celui d'une pice d'habitation. Il semble donc bien

70


KHORSN

qu'il y ait eu originairement, sur le ct gauche de la cour, un wn semblable
au grand wn. Je n'ai pu mesurer sa largeur, puisqu'il n'en subsiste plus que
l'un des murs latraux, mais son emplacement indique que la cour tait carre
et nous pouvons, en consquence, dterminer cette cote, 6,64 m, un peu inf-
rieure celle de l'wn kibl. Il n'y a dans cette diffrence de largeur rien que de
trs normal, l'wn kibl devant tre, par tradition, plus monumental que les
autres. A Zawr, par exemple, l'wn kibl mesure 7,45 m de largeur et les
wns latraux 3,76 m.1) A Natanz l'wn kibl mesure 6,50 m et les wns lat-
raux 5,28 m.2) A Ardistn l'iwan kibl mesure 9,40 m et les wns latraux
6,60 m.3) Il en est de mme dans les difices suivants, que je n'ai pas mesurs
moi-mme mais dont je prends les cotes sur les plans ou l'chelle des plans
que j'indique en notes:

Masdjid- Djum'a, Isfahn (Iwn kibl = 13 mtres. wns latraux =
11 mtres/)

Masdjid- Shh, Isfahn (Iwn kibl = 15 mtres. wns latraux =
13 mtres.5)

Madrasa Mder- Shh, Isfahn. (Iwn kibl = 8,55 m. Iwns latraux =
6,20 m.6)

Masdjid- Malek, Kermn (Iwn kibl = 9,50 m. Iwns latraux = 6 m-
tres.7)

Masdjid- Djnn, Kermn (Iwn kibl = 10,50 m. Iwns latraux =
6,50 m.8)

Masdjid- Gawhar Shd, Meshed (Iwn kibl = 1 5 mtres. wns latraux
= 10 mtres).9)

Etc. .

Je ne connais qu'une exception cette rgle, dans la Ghiythy de Khargird,
mais cette madrasa possde une mosque indpendante de la cour et c'est pour

1. Voir le plan de ce monument dans Athr- Iran. 1936. fig. 143.

2. idem. 1936. fig. 56.

3. idem. 1936. fig. 141.

4. Voir A Survey of Persian Art. vol. II. fig. 328.

5. P. Coste. Monuments modernes de la Perse, pl. VIII.

6. Ch. Texier. Description de l'Armnie, la Perse et la Msopotamie, pl. 77.

7. A Survey of Persian Art. vol II. fig. 367.

8. idem. fig. 395.

9. idem. fig. 424.

71


KHORSN.

cette raison que tout caractre religieux a t volontairement enlev l'wn
kibl. Il n'est pas plus monumental que les autres et ne s'avantage pas d'un
mihrb.1) Ainsi donc, non seulement l'wn retrouv de la Nizmy de Khar-
gird peut tre moins large que l'wn kibl, mais encore il le doit. Il me semble
d'ailleurs aussi que l'paisseur des murs de cet wn latral (i ,80 m.), infrieure
celle des murs de l'wn kibl (2,20 m), indique que la porte de sa vote
tait infrieure celle de la vote du grand wn.

De ces constatations il se dduit bien qu'il y avait l, autour d'une cour car-
re, un grand wn, l'wn kibl, et, au centre du ct gauche, un autre wn, un
peu moins large. Cet autre wn ne pouvant se concevoir sans un troisime,
symtriquement plac par rapport au principal, et trois wns autour d'une cour
carre n'allant pas, en Irn du moins, sans un quatrime, oppos l'wn kibl,
nous pouvons, sans aucun doute, penser que la Nizmy de Khargird se com-
posait d'une cour carre, de quatre wns disposs sur les axes longitudinal et
transversal de la cour et de locaux d'habitation, dans les angles de l'difice
ainsi dtermin.

Il existe d'ailleurs sur le ct droit de la cour, comme le montre la figure 58,
un fragment de mur ancien qui me parat tre une partie du mur gauche de
l'wn droit. De mme, sur la ct de la cour oppos l'wn kibl, on voit en-
core, mais dans un tel embarras de constructions en ruine que je n'ai pu le si-
tuer exactement par rapport au grand axe de la madrassa, un autre pan de mur,
d'une longueur de 2,50 m, qui me semble avoir appartenu l'wn septentrio-
nal. Il m'a paru que sa distance de l'ax" principal de l'difice est sensiblement
infrieure la demi-largeur de l'wn kibl, infrieure mme la demi-largeur des
wns latraux, ce qui n'aurait rien d'tonnant, ni mme rien que de trs normal,
si cet wn avait t le vestibule d'entre de la madrasa. On remarque en effect
que, dans les difices religieux, l'ordre hirarchique des wns, bas sur l'impor-
tance de la place qu'ils occupent autour de la cour, se trouve parfois modifi.
Alors que l'wn kibl est toujours le plus monumental et qu'en principe l'wn
septentrional vient ensuite, les wns latraux n'arrivant qu'en troisime lieu,
l'wn septentrional, quand il sert de passage de l'extrieur la cour du monu-
ment, peut tre moins large que les wns latraux. L'wn septentrional de la

1. E. Herzfeld. Archaeolo$ic'al History of Iran. pl. XVII.

72


KHORSN

DjiWa d'Isfahn, par exemple, qui servait originairement de galerie d'accs
la cour de la mosque, mesure huit mtres de largeur alors que les wns lat-
raux en mesurent onze.1) Dans la Djmr de Kermn, pour la mme raison,
l'wn Nord mesure 6,00 m de largeur et les wns latraux 6,50 m,2) etc. .

A part le fragment de dcor qui se trouve encore sur le mur subsistant de
l'wn gauche et dont je viens de parler, il n'y a plus, dans la madrasa, d'autres
vestiges visibles de son ancienne ornementation qu' l'intrieur et l'extrieur
de l'wn kibl. En haut du mur gauche subsistent encore quelques parties du
revtement extrieur de cette partie du monument. Elles reproduisent exacte-
ment le mme jeu de briques en zigs-zags dont il reste quelques vestiges sous
l'inscription de Nizm al-Mulk (fig. 63), ce qui nous prouve que l'wn kibl,
et sans doute aussi les autres wns, taient beaucoup plus hauts que les parties
courantes des faades sur cour. 11 faut donc, en dfinitive, nous reprsenter la
Nizmy de Khargird comme un monument o, autour d'une cour carre, qua-
tre wns d'importance ingale dominaient de beaucoup les constructions un
tage qui les joignaient.

Robt Sharaf est un difice deux cours comportant chacune quatre wns.
La premire de ces cours, sorte de dpendance de la seconde, est rectangulaire.
L'autre est parfaitement carre. On y remarque ceci de trs tonnant que l'axe
principal du monument n'est pas dirig selon la kibla du lieu mais que cependant
l'wn du fond est plus large que les wns latraux, lesquels sont eux-mmes
plus larges que le quatrime wn, qui sert d'entre la seconde cour. L'wn
du fond mesure 5,26 m de largeur, les wns latraux 4,50 m et le quatrime
4,33 m. La largeur relative des wns a donc t dtermine selon la hirarchie
que nous venons de reconnatre dans les mosques et dans les madris. Or il
n'y a, logiquement, aucune raison pour que l'un des wns de ce caravansrail
soit plus large que les autres et il n'existe qu'une explication plausible de ce fait:
les premiers caravansrails quatre wns imitrent servilement les dispositions
de la madrasa. Plus tard, en effet, les wns des caravansrails auront le plus
souvent mme largeur. Les quatre wns de celui de Dehbd, par exemple, me-
surent uniformment 4,20 m de largeur.') Mme constatation Celesy, o les

1. A Survey of Persian Art. vol. II. fig. 328.

2. idem. fig. 395.

3. Ch. Texier. Description de l'Armnie, la Perse et la Msopotamie, pl. 87.

7}


KHORASAN

FIG. 59. PLAN D'UNE MAISON DE BAMIYAN (AFGHANISTAN)

Iwns mesurent 4,90 m. de largeur.1) Lorsqu'il s'y trouvera une diffrence, ce
ne sera plus la tradition religieuse qui la motivera mais la question de l'accs
la cour de l'difice. Trois des wns du caravansrail d'Amnbd mesurent
4 mtres de largeur et le quatrime, l'wn d'entre, 3,40 m.2) A Psangn, par
symtrie, l'wn d'entre et celui qui lui est oppos mesurent 5 mtres de lar-

1. Ch. Texier. Description de l'Armnie, la Perse et la Msopotamie, pl. 86.
Z. P. Coste. Monuments modernes de la Perse, pl. LXVI.

7 4


KHORASAN

geur. Les deux autres mesurent 5,50 m.1) Etc. .2) Nous pouvons donc penser
que le caravansrail quatre wns, lorsqu'il se constitua, adopta le plan de la
madrasa. Nous verrons qu'un peu plus tard la mosque l'imita aussi, mais dans
une autre rgion de l'rn, autour d'Isfahn.

Ce n'est pas tout ce que nous venons d'apprendre. Robt Sharaf possde deux
cours principales quatre wns, mais aussi deux petites cours quatre wns.
Il y a donc quatre cours quatre wns dans ce monument. Ce fait et l'excellence
de leur architecture semblant bien indiquer que la cour quatre wns tait alors
couramment employe, non seulement dans l'architecture monumentale des ma-
dris et des caravansrails mais aussi dans celle des simples maisons, car les deux
petites cours quatre wns de Robt Sharaf et les locaux divers qui les accom-
pagnent ne sont pas autre chose que deux maisons. Or je trouve dans l'un de
mes carnets de voyage le plan d'une maison dont les ruines existaient encore en
1923 sur l'emplacement de Bmiyn, dsert depuis l'poque de la destruction
de cette ville par Cingiz Khn, en l'anne 618 H. (122 i)J) J'y trouve aussi,
not sur place, que les maisons de l'endroit taient d'un type presque uniforme,
qu'elles sont toutes ruines mais que les restes de l'une d'elles permettaient d'en
relever le plan (fig. 59). On y reconnait quatre wns autour d'une cour. L'un
d'eux, dcor de niches plates, tait sans doute la pice d'appart. L'une des
chambres d'angle, avec ses trois petites fentres et sa porte ouvrant directement
sur l'extrieur, tait probablement la cuisine. Ainsi donc une cour quatre wns
et une pice ferme dans chaque coin du rectangle ainsi dtermin constituaient
la maison-type de Bmiyn l'poque de sa destruction par les Mongols. Sans
doute tait-elle aussi celle du Khorsn seldjukide, puisque nous en retrouvons
les dispositions caractristiques dans le Robt Sharaf. Elles y apparaissent en de
simples maisons mais galement comme lments essentiels d'une architecture

1. P. Coste. Monuments modernes de la Perse, pl. LXV.

2. Il est peut-tre intressant de remarquer que le caravansrail Mder- Shh, Isfahn, attenant la
madrasa Mder- Shh et fond en mme temps qu'elle pour lui procurer des revenus, a t conu comme un
pur difice religieux. L'wn Sud y mesure 5,80 m, l'wn Nord 5,40 m et les wns latraux 5 mtres.

3. Encyclopdie de l'Islam. Article: Bmiyn. "En 618 (1221), la ville fut dtruite par les mongols. Pendant le
sige, Miitiigen, petit-fils de Cingiz Khn. avait t tu. Pour le venger, le conqurant fit dtruire la ville de
fond en comble et massacrer tous ses habitants. L'emplacement reut le nom de Mo-Balik (ville mauvaise), ou,
d'aprs Rashd al-Dn, de Mo-Kurghn (forteresse mauvaise) et, quarante ans plus tard, au temps de l'historien
Djuwain, il tait encore inhabit." Il l'est toujours. On l'appelle maintenant Shahr- Gholgola, la ville des
sanglots.

75


KHORASAN

plus vaste et dj si perfectionne qu'il nous faut bien admettre qu'elle n'en tait
pas alors ses coups d'essai, ni l ni probablement dans la Nizmy de Khar-
gird, d'une quarantaine d'annes antrieure au Robt.

De mme que la mosque arabe, hypostyle, semble bien tre le rsultat de
l'adaptation de la maison arabe aux besoins de l'Islm, la maison quatre wns
du Khorsn semble donc bien se trouver l'origine du plan quatre wns de
la madrasa, puis, par l'intermdiaire de la madrasa, du caravansrail et de la
mosque. C'est ce que rsume le petit tableau suivant:

Maison du Khorsn
i

Madrasa

Caravansrail Mosque

De ces trois difices, la madrasa, le caravansrail et la mosque quatre wns,
issus directement ou indirectement de la maison du Khorsn, les uns, la madrasa
et le caravansrail quatre wns, sont vraisemblablement originaires du Kho-
rsn mme. L'autre, la mosque quatre wns, se constitua dans la rgion
d'Isfahn l'imitation de ces "Nizmy" que le ministre de Malek Shh fit
construire en plusieurs villes de l'rn1) et jusqu' Baghdd et Balkh, peut-tre
mme, plus prcisment, l'imitation de celle d'Isfahn, qui a malheureusement
disparu.

Il semble bien que les premires mosques quatre wans aient t le rsultat
de la simple adjonction de plan de la madrasa celui de la mosque iranienne
du temps de Nizm al-Mulk, la mosque-kiosque. "En avant du kiosque, qui
fut toujours conserv comme sanctuaire, on construisit quatre wns autour
d'une cour et, dans les intervalles demeurs entre cette cour et le mur d'enceinte,
on trouva des salles diverses dont la couverture fut soutenue par des murs, des
colonnes ou des piliers, selon les cas, le got des architectes ou les dimensions

i. "Vers le milieu du V-me sicle, Nizm fonda Nshpr une madrasa pour le clbre juriste Djuwain.
Quelques annes aprs, il en cra une autre Baghdd pour le fameux Shrz. alors l'apoge de sa popularit,
puis d'autres Basra, Isfahn, Balkh, Hert, Mossoul, ailleurs encore." M. van Berchem, dans Corpus
Inscriptionum Arabicarum. Egypte, p. 260.

76


ERRATUM
(page 77, ligne 16)

Au lieu de ... celle de l'arrangement des anciennes
mosques quatre Iwns et celle de la construction,
d'une seule venue, ....

lire .... celle de l'arrangement des anciennes
mosques kiosques en mosques quatre wns et
celle de la construction, d'une seule venue, ....


KHORASAN

de l'difice."1) C'est ce que nous constatons au Masdjid- Djum'a d'Isfahn et
c'est de la mme faon que furent constitues les mosques quatre Iwns d'Ar-
distn, Natanz, Gulpygn, Sw, etc. Cet arrangement, dont le succs fut
trs vif, fixa rapidemept le parti architectural de la grande mosque iranienne,
c'est dire de ce type d'difice que l'on a trs justement appel "mosque-ma-
drasa."2) Les nouvelles mosques furent construites selon cette formule nouvelle
qui dotait les difices religieux iraniens, jusqu'alors peu confortables, de vastes
espaces couverts, c'est dire des avantages de la mosque de plan arabe. La
plus ancienne actuellement connue est la Djami' de Zawr, qui est date de
l'anne 5 30 H. (113 5-6). On y trouve bien, en arrire de l'wn kibl, une vaste
salle coupole, souvenir de l'ancien kiosque. J'ai dit prcdemment, en recher-
chant le moment de la construction de Robt Sharaf, que c'est probablement
sous le rgne de Muhammad, fils de Malek Shh, que furent excutes les pre-
mires transformations de mosques kiosques en mosques quatre wns. Il
n'y aurait donc eu qu'une trentaine d'annes, au plus, entre les deux tapes de
la constitution des difices de ce type, celle de l'arrangement des anciennes mos-
ques quatre wns et celle de la construction, d'une seule venue, des mosques
quatre wns.

A l'poque seldjukide toutes les mosques-madrasas connues, rsultat d'ar-
rangement ou non, semblent bien se trouver dans la rgion d'Isfahn.3) Chose
curieuse, alors que le Khorsn fournit, par l'intermdiaire de la madrasa, la
cour quatre wns aux mosques de l'cole d'Isfahn, il semble qu'en retour
ce soit l'cole d'Isfahn qui ait fourni au Khorsn la mosque quatre wns.
Longtemps aprs que, dans l'Ouest de l'Irn, la grande mosque tait devenue
un difice cruciforme, le Khorsn continua de construire des mosques deux
wns seulement, l'wn kibl, au fond duquel se trouvait le mihrb, et un autre
wn, moins important, qui lui faisait face, au centre du ct oppos de le cour.

1. Athr- Iran. 1936. p. 208.

2. Encyclopdie de l'Islam. Article: Masdjid. t. III. p. 431.

3. La mosque quatre wns de Kermn qui est appele Masdjid- Malek a bien t difie par le seld-
jukide Malek Trn Shah, qui rgna de 477 H. 490 H. (1084-5 1096-7), mais elle a t depuis lors entirement
reconstruite. "Elle tait trs ruine," dit N. de Khanikoff, "et on la reconstruisait quand je la visitai (en 1858).
fe n'ai pu y trouver qu'un dbris d'un verset du Koran trac en caractres qu'on ne rencontre pas avant le
VlII-me sicle de l'Hgire." Mmoire.sur la partie mridionale de l'Asie centrale, p. 194. De l'poque seldjukide elle
n'aurait gard qu'un mihrb en pltre endommag et un minaret dcapit.

77


KHORASAN

On dirait que le Khorsn ait eu pendant longtemps scrupule de composer une
mosque la faon de ses plus ordinaires maisons. Ce qui lui paraissait admis-
sible pour une madrasa, qui n'tait en somme qu'une grande maison, et pour
un caravansrail, ne lui semblait peut-tre pas convenir la maison de Dieu.
C'est du moins ce que paraissent indiquer les grandes mosques de cette rgion
de lrn. Celle de ForOmad (fig. 6 5), vraisemblablement construite au commen-
cement du VH-me sicle de l'Hgire, celle de Gunbd, date de l'anne 609 H.
(1 2 1 2-3), celle de Zawzan (fig. 96), date de l'anne 616 H. (1 2 19), sont des
mosques deux Iwns. Celles, plus tardives, de Nshpr, de Sabzewr, etc. .
en sont aussi. D'autre part, la plus ancienne mosque khorasanienne quatre
Iwns que je connaisse, ou dont je me souvienne pour l'instant, est celle qui fut
construite Meshhed en l'anne 821 H. (1418) par l'pouse du Sultan Shh-
rukh, Gawhar Shd. Encore son architecte, Kiwm al-Dn, tait-il un homme de
Shrz! ')

De ce qu'taient les premires grandes mosques du Khorsn nous ne savons
pas grand'chose, si ce n'est, par les historiens, qu'un certain nombre d'entre
elles taient des difices hypostyles dont les colonnes taient parfois de bois.2)
Mais nous pouvons penser qu' ct de ces monuments d'instigation trangre
il y avait au Khorsn, comme nous savons qu'il y eut dans la partie Ouest du
pays, des difices dont le plan aussi bien que la construction taient purement
iraniens. Ils furent probablement, tout d'abord, de simples Iwns, semblables
l'wn kibl de la Nizmy de Khargird, et des salles coupoles prcdes du
haut wn cher au Khorsn et au Turkestn, quelques chose comme les salles
de prire des musalls de Turuk et de Meshhed.3) Devant ces difices, sur une
esplanade limite ou non par des murs, les fidles se rangeaient pour la prire,

1. Cependant, avant cette date fut construit Samarkand le monument quatre wns qui porte le nom
de Bb Shanm et qui est dat des annes 801 H. (1398) et 808 H. (1405). C'est une madrasa, il est vrai, mais
elle se prsente exactement comme une mosque quatre wns de l'Ouest et on l'appelle souvent "Mosque
de Bb Shanm." (Voir- E. Cohn-Wiener. Trn. pl. LXIV-LXVII). Plus tt encore, probablement, la grande
mosque piliers, construite Bukhr par Arsln Khn Muhammad b. Sulaimn, en 515 H. (1121-2), fut
transforme en mosque quatre wns par l'adjonction d'wns latraux.

2. "Abu Muslim, le fameux gnral et propagandiste des Abbasides, construisit des mosques Marw
et Nshpur. Cette dernire tait supporte par des piliers de bois, et nous trouvous parfois mention d'autres
mosques sur piliers de bois en Perse (par exemple al-Rubt, province de Djurdjn. Srf, sur le Golfe per-
sique, etc. .)." E. Diez, dans Encyclopdie de l'Islam. Article: Masdjid. vol. III. p. 440. J'ai tout lieu de croire
que la toiture de la vieille mosque de Shshtar tait primitivement porte par des colonnes de bois.

3. Voir plus loin.

78


KHORASAN

----

DAMIYAN

F

FIG. 60. PLAN D'UNE PETITE MOSQUEE DE BAMIYAN (AFGHANISTAN)

comme il le font encore devant nombre de mosques du Turkestn. "Cela est
particulirement usuel au Turkestn," dit E. Diez. "L'wn et les niches n'taient
en effet que des mihrbs proportions monumentales, il n'y avait donc pas be-
soin d'autre chose."1) J'ai d'ailleurs, mais ce n'est qu'une indication, car il s'agit
d'une trs petite construction, relev sur l'emplacement de la ville de Bmiyn,
dtruite par Cingiz Khn en l'anne 618 H. ( 1 2 2 1), le plan d'une petite mos:

1. E. Diez, dans Encyclopdie de l'Islam. Article: Masdjid. p. 441.

79


KHORASAN

FIG. 61. KHARGIRD. DTAIL DE L'INSCRIPTION DE LA MADRASA SELDJUKIDE

clich a. g.


KHORASAN

FIG. 62. KHARGIRD. DETAIL DE L'INSCRIPTION DE LA MADRASA SELDJUKIDE

clich a. g.

que qui n'tait autre chose qu'un Iwn dment orient, contenant le mihrb et
prcd d'une cour limite par des murs bas (fig. 60), une mosque kiosque,
encore un coup, semblable celle de Nrz,1) mais moins grande.

P.S.

Les murs de la seule partie de la Nizmy de Khargird qui soit encore debout,

1. Le Masdjid- Djum'a de Nrlz, dans Athr- rtt. 1936. p. 163-172.

6 81


KHORASAN

FIG. 63. KHARGIRD. DETAIL DE L'INSCRIPTION DE LA MADRASA SELDJUKIDE

clich a. g.

l'wn kibl, menacent ce point de s'crouler que le Service archologique a
pris la dcision d'en dtacher la prcieuse inscription au nom de Nizm al-Mulk,
sans doute la plus belle de l'Iran, et de la transporter au muse de Tehrn, o
elle se trouve maintenant.

Elle tait si compltement enduite de boue, provenent de la liqufaction des
murs en terre crue de l'difice, qu'on a cru pendant longtemps qu'elle tait, elle
aussi, en terre crue et qu'on ne pourrait la dposer sans la rduire en poussire,
mais elle a t excute en terre cuite, taille en de bonnes briques jaunes. Elle
se compose d'une partie basse, l'inscription elle-mme, d'une partie haute, uni-
quement ornementale, et d'lments intermdiaires, les hampes des lettres, qui
joignent la partie basse la partie haute (fig. 6 1). La partie basse mesure 0,3 4 m
de hauteur. Elle est forme d'une suite de grandes briques dont la largeur, d-
pendant de celle des lettres ou des groupes de lettres, varie de 0,40 m o, 20 m.
Leur paisseur est de o, 1 1 m, mais les lettres qui y ont t tailles n'ayant que
0,075 m ^ s'ensuit qu'elles reposent sur un fond rectangulaire de

82


KHORASAN

0,03 5 m d'paisseur. Les ornements de la partie suprieure ont t galement
taills dans des briques deo,4omx o,4omx 0,11 m, mais en utilisent toute
l'paisseur. Leur surface est donc rduite aux limites de leur contour extrieur,
sans doute afin de laisser toute libert d'volution au dcor en pltre sculpt qui
remplit les vides, entre la partie basse et le haut du bandeau. Quant la forme
des ornements floraux, elle est variable selon les cas, selon qu'ils sont ports par
deux hampes (fig. 61 et 63), par une hampe seulement (fig. 63), ou ne sont pas
ports (fig. 61 et 63). La hauteur des lments ports est uniformment de
0,315 m et celle des morceaux de hampes intermdiaires de o, 13 5 m.

L'inscription, ainsi constitue de trois lments superposs qui mesurent
o, 3 4 m, o, 13 5 m et o, 31 5 m, a donc une hauteur totale de 0,79 m, soit, avec
les joints de scellement, 0,80 m. Le texte important qu'elle nous a conserv a
t parfaitement lu par E. Herzfeld.1)
La voici, telle qu'elle se trouve maintenant au Muse de Tehrn:

......j* i^l

......Jlflj c
m

(je*.....ja^i >ji j 4i jlu i j^l ^.......

if a)

.....4) jjJI Jo^ OxJI J^VI JUJI ^JU

"Que Dieu (nous) garde du diable! (fig. 62)*) ... le juste, Nizm al-Mulk,
Kiwm al-Dn 'Al b.Ishk, Rd Amlr al-Mu'menn. Que Dieu dure dans
sa gloire ternelle! (fig. 63) Par la main du Shaikh, soutien (de la religion),
le glorieux, al-Saiyid Sadd al-Dawl ..."

LES MOSQUES DE FOROMAD ET DE ZAWZAN

Formad, l'ancienne Fariymad, se trouve une douzaine de kilomtres de la
route de Shhrud Sabzewr, au N.E. d"Abbsbd, au N.O.de Mazlnn.

1. E. Herzfeld. A. M. I. t. VIL p. 84-5.

2. Formule souvent place devant une citation koranique.

83


KHORASAN

FIG. 64. FORUMAD. VUE GNRALE

clich a. g.

Cette localit, qui n'est plus qu'un gros village (fig. 64), fut autrefois le chef-lieu
du district de Djuwain. Hamd Allah Mustawf le dit nettement.1) Ykt, en
623 H. (1225), n'en parle pas, la ville principale du Djuwain tant, de son
temps," Azdwr.2) C'est donc l'poque mongole que Fanymad prit de l'im-
portance. Le Strange crit, "according to Mustawf," que c'est au VlII-me si-
cle H. (XlV-me A.D.) que "the capital of the Juvayn district had changed to
Fariyumad."3) Cependant Mustawf ne dit pas cela. Cependant aussi Azdwr,
que Ykt dcrit comme une ville populeuse, possdant de belles mosques,4)

1. Djuwain is a district that former ly was included in that of Bayhaq, but which is now counted as sepa-
rate. Its chief town is called Fariymad". (Nuzhat al-Kulub. Trad. G. le Strange. p. 148).

2. Djuwain est un "canton vaste et florissant sur le chemin que suivent les caravanes en allant de Bestham
Niabour. Les habitants du Khoraan le nomment Gouian et les Arabes ont form de cela le nom de Djouen.
Il est limitrophe au Behaq, du cot de la Kibla, et Djadjerm au nord. Son chef lieu est Azadvar, ville situe
sur la frontire occidentale de ce canton." (C. Barbier de Maynard. Dictionnaire gographique, historique et littraire
de la Perse. p. 180).

3. G. le Strange. The Lands of the Eastern Caliphate. p. 392.

4. Idetn.

84


FIG. 65. FORUMAD. PLAN DE LA MOSQUE

85


KHORASAN

FIG. 66. FORUMAD. VUE GNRALE DE LA MOSQUE

clich a. g.

Mustawfl ne la nomme qu'en tant que "village" situ sur la route de Djdjarm
Nshpur.1) D'autre part il cite les "other large places" du district, Bahrbd,
Arukzr, Dilband et Khurshh,2) parmi lesquelles ne se trouve pas Azdwr.
Il est donc probable qu'une assez longue priode de temps s'est coule entre
l'poque de l'abandon d'Azdwr au profit de Fariyumad et l'anne 740 de
l'Hgire (1340 A.D.), date de l'achvement du Nuzhat al-Kulb. La grande et
somptueuse mosque de Fariyumad, vraisemblablement difie lorsque la ville
devint le chef-lieu de la rgion, aurait pu nous fournir des assurances ce sujet,
mais elle ne comporte plus aucune date de construction et ses inscriptions ne
mentionnent le nom d'aucun personnage connu. Cependant, comme nous al-
lons le voir, sa caractristique architecture khorasanienne nous oblige la rap-
procher le plus possible d'difices bien dats qui appartiennent au Vl-me sicle
de l'Hgire (Xll-me A.D.). Nous pouvons donc penser qu'elle n'est pas de

1. Nuzhat al-Kulub. Trad. G. le Strange. p. 169.

2. idem. p. 149.

86


KHORASAN

FIG. 67. FORUMAD. L'WAN PRINCIPAL DE LA MOSQUE

clich a. g.

beaucoup postrieure l'poque de la composition du Mu'djam al-Buldn et, par
mesure de prcaution, dater du VH-me sicle de l'Hgire (XlII-me A.D.) la
mosque de Forumad ainsi que, du mme coup, le dplacement de la capitale
du Djuwain, d'Azdwr Fariymad.

La mosque de Forumad est maintenant une ruine dont le plan n'est plus
intelligible en entier (fig. 65). Nous ignorons les dispositions de ses parties secon-
daires, mais l'essentiel nous est parvenu: deux hauts Iwns se faisant face, de

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KHORASAN

FIG. 68. FORUMAD. DTAIL DE L'IWAN PRINCIPAL

clich a. g.

part et d'autre d'une cour borde d'arcades basses (fig. 66). Ces arcades, autre-
fois, donnaient accs des galeries latrales dont la largeur est reprsente par
la distance qui spare le mur Est de la cour de celui qui longeait une sorte de
ravin et dont la partie basse, en soutnement, est encore visible (fig. 67). Nous
n'en savons rien d'autre. La moiti d'une coupole en briques de terre crue, indi-
que sur le plan par un cercle en pointills, subsiste bien l'Est du vestibule
d'entre, mais elle est relativement moderne. Symtriquement au vestibule d'en-
tre, par rapport l'wn septentrional, il y avait une autre salle, longue et vo-
te en berceau, mais deux seulement de ses murs sont encore debout. Nous
ignorons, en somme, peu prs tout des dpendances de cette mosque, mais
il nous est vident qu'elle tait deux Iwns," typiquement khorasanienne.

Elle fut assez ngligemment btie. Sans raison apparente, sans raison proba-
blement, les axes des deux wns ne sont pas dans le prolongement l'un de l'autre
et il s'ensuit que les arcades qui les flanquent ne sont pas de mme largeur. Les
murs latraux de l'iwn kibl, percs de quatre larges baies, taient trop faibles,
ainsi qu'il apparat de suite la seule vue du plan, et des accidents se produisi-

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MORASAN

FIG. 69. FORUMAD. L'ARC DE TTE DE L'WN PRINCIPAL

clich a. g.

rent auxquels on tenta de remdier en bouchant les ouvertures antrieures. De
larges fissures, des dcollements et mme d'assez considrables dplacements de
maonneries (fig. 68) s'ensuivirent, qui expliquent l'tat actuel du monument
sans qu'il soit ncessaire d'en rendre responsable l'ennemi mortel des difices
iraniens, le tremblement de terre. Entre les arcs de tte et les arcs intermdiaires
des wns, qui ne sont mme pas aussi solidement construits que ceux des arca-
des de la cour, doubles quoique ne portant rien, les lments des votes sont
libres, sans liaison avec leur renfort naturel, les arcs (fig. 69). En consquence,
les arcs ont subsist et les votes se sont croules. Le constructeur ne valait pas
le dcorateur, ou, plus probablement, l'architecte du monument tait plus dco-
rateur que constructeur. C'est ce qu'on peut dire aussi de l'auteur du Masdjid-
Gawhar Shd de Meshhed, Kiwn al-Dn Shlrz, ce que l'on remarque d'ail-
leurs dans presque tous les monuments de l'Iran, et non seulement en Iran mais
dans tout le monde islamique. Je l'ai dj dit quelque part, l'idal du vritable
technicien, construire pour l'ternit, fut toujours tranger l'Islam: il ne s'in-
tresse pas la dure de ses uvres. Bien plus, il prouva toujours une sorte

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KHORASAN

i

j'

FIG. 70. SEMNAN. LA KHANEKAH D"ALA' AL-DAWL

clich a. g.

d'horreur sacre pour l'ide de dure: "La preuve de Dieu est dans le caractre
prissable de ce qui n'est pas Lui." L'architecture islamique, en rn, est dco-
rative, remarquablement ingnieuse dans ses moyens, subtile, aisment gran-
diose ou charmante, son gr, savante dans la plus humble bourgade du pays,
mais peu soucieuse de dure. L'poque mongole installa d'normes coupoles en
briques cuites,1) parfois mme de doubles coupoles (fig. 70) et de hauts mina-

1. Voir le tombeau d'al-Hasan b. Kaikhosraw. dans Athr- Iran. 1936. fig. 42.

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KHORASAN

FIG. 71. FORUMAD. L'WAN PRINCIPAL

clich a. g.

rets sur des murs et des socles de terre crue.1) Les fondations sont rarement suf-
fisantes. Celles des minarets sont dtermines par cette formule simpliste: Pri-
mtre de la fondation = hauteur de l'difice, comme si la rsistance du sol aux
pressions tait toujours et partout la mme. Les monuments de l'poque safa-
wide sont couverts de carreaux de faence maille colls au pltre qui n'ont
aucune raison de demeurer en place et ne tardent pas s'crouler. L'Immzd

1. Voir celui du Masdjid- Djmi' d'Abarkuh, dans Athr- Iran. 1936. fig. 38.

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KHORASAN

E; 1Li\ v!" ,'i v ; ^ 1 ; % t ^ - ^

FIG. 72. FORUMAD. DTAIL DE LA FAADE DE L'WAN PRINCIPAL

clich a. g.

Yahy, Warmn, n'est rien d'autre qu'une masse de terre entoure d'une
mince pellicule de briques cuites. C'est, par suite des tassements de cette terre,
de la conscutive dislocation du parement protecteur et de l'infiltration des eaux
de pluie, un btiment en dcomposition que l'on rapetasse tant bien que mal et
qui se rsoudra un jour en un tas de boue. Mais le dcor en pltre sculpt de l'int-
rieur est beau, l o l'on en voit encore quelque chose entre les crevasses et
les coules de terre. Les kashis des monuments safawides sont beaux quand
ils viennent d'tre restaurs. Le Minr 'Alam tait aussi beau que son nom l'in-
dique, mais il s'est croul quand la municipalit d'Isfahn s'est avise de faire
passer un petit ruisseau dans son voisinage.

L'Iran, qui eut le gnie des formes nobles et du dcor le plus magnifique, se-
rait l'un des quelques muses de l'architecture du monde s'il s'tait souci de
construire bien. Assurment le sens profond de la mystique musulmane n'est
pas perceptible chaque musulman, et, pour en revenir notre mosque de
Forumad, son architecte n'en fut probablement pas affect, mais la posie, dont

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KHORASAN

FIG. 73. FORUMAD. DTAIL DE LA FAADE DE L'WAN PRINCIPAL

clich a. g.


KHORASAN

FIG. 74. FORUMAD. DTAIL DE LA FAADE DE L'IWAN SEPTENTRIONAL

clich a. g.


KHORASAN

FIG. 75. FORUMAD. DTAIL DE LA FAADE SEPTENTRIONALE

clich a. g.

l'me iranienne est intoxique, n'est que variations sur ce thme, d'origine reli-
gieuse: "Le temps est un glaive" (Sa'd).

"N'attache pas ton cur ce monde de dcombres," dit encore Sa'd.
"Avant que nous fussions, rien ne manquait ce monde.
Quand nous ne serons plus, il sera tel qu'il a toujours t," ajoute Khavym.
A quoi bon? conclut le maon.

Mais c'est faire uvre pie, c'est particulirement honorer Dieu que de parer

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KHORSN

FIG. 76. FORUMAD. DTAIL DE LA FAADE SEPTENTRIONALE

clich a. g.

une mosque et, en vrit, il a t dpens plus de temps, plus d'ingniosit, plus
de talent pour orner celle de Forumad que pour difier son gros-uvre. Elle
est entirement couverte, intrieurement, d'un dcor en pltre sculpt, et, ext-
rieurement, d'une ornementation en terre cuite qui peut compter parmi les plus
beaux morceaux de l'art dcoratif iranien.

La faade de chacun des deux wns se composait, autrefois, d'une haute ar-
cade surmonte d'un panneau surmont lui-mme d'une inscription horizontale,
le tout l'intrieur d'un riche bandeau d'encadrement. Au dessus de colonnes
d'angle, l'arcade de l'wn kibl (fig. 71) est entoure d'une gorge orne d'une
inscription en pltre sculpt. Le panneau dcoratif (fig. 72) est un assemblage
d'hexagones excuts par parties l'atelier, en mosaque de petits lments de
brique taills. Il est bord d'un troit galon en terre cuite moule, puis d'un
galon plus large et en forme de gorge, dont le dcor, en pltre sculpt, a disparu.
Au dessus de cette brillante ornementation, rien n'existe plus, mais les parties
verticales du bandeau d'encadrement continuent de monter, indiquant ainsi
qu'il y avait une inscription au dessus du panneau dcoratif, comme Robt

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KHORASAN

FIG. 77. FOROMAD. DCOR D'UNE COLONNE

clich a. g.

Sharaf (fig. 46), et que c'est seulement au dessus de cette inscription que le ban-
deau se retournait horizontalement.

Le bandeau lui-mme se compose de quatre bandes parallles excutes soit
en mosaque d'lments de brique taills, soit en terre cuite moule (fig. 73). La
bande principale est une suite d'hexagones excuts par parties l'atelier et as-
sembls sur place.Dans les fonds sont logs des ornements en terre cuite mou-

1. Chaque hexagone mesure 0,42 m de largeur el se compose de quatre lments carrs.

7

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KHORASAN

FIG. 78. FOROMAD. MUR LATRAL DE L'WAN PRINCIPAL

clich a. g.

le. Au centre de chaque hexagone il y avait peut-tre un cabochon demi-sph-
rique, comme on en voit l'intrados des arcs de tte des wns (fig. 68 et 89),
ou, plus problement, des toiles en terre cuite moule, analogues celles
qui ornent le centre des hexagones du bandeau septentrional (fig. 74). Les deux
petites bandes voisines sont formes d'lments rectangulaires mouls. ') La qua-
trime bande est une broderie, souvenir du dcor des inscriptions kufiques de

1. Chacun de ces rectangles mesure 0,185 X 0.095 m-

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KHORSN

FIG. 82. FOROMAD. LE MIHRAB

clich a. g.

que celle de l'wn kibl, est aussi un arrangement d'hexagones excuts par
parties,1) au moyen de petits lments de brique taills. Dans les fonds, ainsi
qu'au centre de chaque hexagone, se trouve un ornement en terre cuite moule.
L'autre bande est galement un arrangement d'hexagones, mais beaucoup plus
petits, ou, plus prcisment, un assemblage de carrs portant chacun un hexa-
gone. Ces carrs, comme aussi les quatre galons, sont en terre cuite moule.

1. Chaque hexagone se compose de six parties.

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KHORASAN

FIG. 83. FOROMAD. DTAIL DU MIHRAB

clich a. g.

Les deux wns sont flanqus de parties de murs qui n'atteignent pas leur
hauteur mais dominent les faades latrales de la cour, sortes de contreforts,
mais destins plutt satisfaire l'oeil qu' assurer effectivement la stabilit des
grands arcs (fig. 66 et 75). Ils sont orns, au Nord, comme le sont les faades
des wns (fig. 75 et 76) et c'est l qu'apparaissent, en clair sur la figure 76, les
seuls points d'mail, de couleur turquoise, qui subsistent dans le monument.
Les niches plates taient sans doute surmontes d'inscriptions puis couronnes

102


KHORASAN

FIG. 84. FOROMAD. DTAIL DU MIHRAB

clich a. g.

d'un bandeau horizontal identique ceux qui les bordent verticalement. Au
Sud c'est la maonnerie nue qui apparat droite de l'wn (fig. 72). A gauche,
cette maonnerie est couverte d'un mauvais dcor en pltre, soit que le dcor
en terre cuite n'ait pas t excut, soit, plus probablement, qu'il soit tomb
puis ait t remplac tant bien que mal.

Quelques parties des colonnes d'angle des wns ont gard leur revtement
de terre cuite moule (fig. 77).

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Full Text

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ATHARANNALES DU IRAN SERVICE ARCHOLOGIQUE DE L'IRAN TOME IV JOH. ENSCHED EN ZONEN, HAARLEM

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IMPRIM AUX PAYS-BAS PAR JOH. ENSCHED EN ZONEN HAARLEM

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KHORASAN

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KH O R AS A N Lors d un voyage au Khorasan ') dont le but principal tait d'examiner les tra vaux qui venaient d tre excuts et de dcider de ceux qui devaient tre entre pris pour tenter de sauver de la ruine l'inquitante mosque de Gawhar Shad, j'ai visit des monuments en cours de rparation et de restauration, j'en ai cher ch d autres o il n'y a plus rien,2 ) d autres encore o il n'y eut jamais rien, Burzinan, par exemple ,3 ) et j'ai pu tudier quelques difices encore inconnus. J'ai donc revu d'anciens amis et fait des connaissances nouvelles Il m'a sembl que plusieurs d'entre eux, Roba~ Sharaf, les mosques de Formad et de Zawzan la Ni~amy de Khargird les mu~allas deTuruketdeMeshhedsegroupaient tout naturellement pour nous fournir abondamment de rense i gnements sur l'origine et le processus de l'volution des anciennes mosques de l'Est iranien. C'est de cela surtout qu'il va tre question. ROBAT SHARAF Roba~ Sharaf4 ) est situ entre Meshhed et Sarakhs six kilomtres au Sud du lieu dit Shrlagh 5 ) dans une vaste rgion ravine, jaune et dsertique en cette saison de l'anne mais o paissent de nombreux troupeaux de moutons durant le printemps et au dbut de l't L'difice apparat, qui le cherche, dans une sorte de cuvette lunaire o l'on se prend douter si jamais quelqu'un a pu vivre 1. En Septembre 1940. 2 L'anci e n roba~ d e Za'faran, dont parlent N. de Khanikoff (Moirc rnr la partie 111ridio11ale de l'Asece11trale. Paris. 1861. p 88-89), Curzon (Persia a11d the Persim, Question. t l.p. 268), W. Jackson (Fro111 Coustautiuople to the Ho111e of 0111ar Khayya111. p. 227), Fraser, Truilhier,.Ferrier Eastwick, etc ... et celui de Mazinan (N. de Khanikoff, idem, p. 86, W. Jackson ide111, p. 208, Curzon, idem, t.I. p 272, Cl e rk, O'Donovan, Ferrier, etc ) n'existent plus. 3 W Jackson, cherchant identifier le site de Burzin Mitro" (Adhur Burzin Mihr), l'un des trois princi paux temples du feu d e l Iran, remarque que Houtum-Schindler "is inclined to suggestthe village of Burzinan, near the north Western limit of th e Nishapur province." From Co11sta11ti11ople to the Ho111e of Omar Khayyam. p 21 J 4 Nous devons de connatre ce monument M. Mawlawi, administrateur de s biens fonciers du Sanctuaire de 'Imam Rila, qui nous l a signal, ainsi qu' M Ma]:imd Rad ag e nt du S e rvice archologique Meilihed, qui en fit un premier examen et en reconnut l'importance. 5. Shrlagh se trouve sur le route carrossable de Meilihed Sarakhs, prs de 150 kilomtres de Meilihed. 7

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KHORASAN FIG. I. R OBAT SHARAF. VUE GNRALE CLICH A G en une telle solitude (fig. 1). L'endroit semble le lieu d'habitation le plus mal choisi du monde mais l mme, autrefois passait la route de Nshapur Marw, la grande route du Khorasan, et il fallait bien que sur cette route, de place en place, en cette rgion inhabite, en un temps o ne cessaient au Khorasan la guerre ni la circulation des bandes armes, les voyageurs, les agents du Sulran et le Sulran lui-mme pussent trouver chaque soir un lieu de repos assur. Robat Sharaf tait l'un de ces gtes d'tape (fig. 2). Il ne s'est pas toujours appel du nom qu'il porte aujourd'hui. L'historien I:famd Allah Mustawf alKazwn, dcrivant les grandes routes de l'Iran de son temps,') parle ainsi du tronon Nshapur-Sarakhs de celle qui joignait Nshapur Marw et Balkh : ''De Nshapur il ya 7 farsakhs jusqu' Deh Bad o la route de Herat s'embranche main droite De Deh Bad, tournant gauche il y a 5 farsakhs jusqu'au village de Khakistar puis 3 farsakhs jusqu'au I. Le N11zhat al-~u/i;b fut crit en l'ann e 740 H (1340). 8

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1 --+ : ..... ROBAT >jjARAF K HORASAN ::: -- F IG. ~PLAN DE ROBAT SHARAF

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KHORASAN robat de Sangbast, 1 ) 6 farsakhs jusqu' Robt Ma.hi') et 7 farsakhs jusqu' Ro bat Tran (ou Nran). Ensuite, en 7 farsakhs, on franchit deux passes d'un demi farsakh de longueur chacune et l'on arrive Robat Abgn. Sarakhs se trouve 6 farsakhs au del."J) Le Robat Abgn de l'poque mongole, soit le II cristal", le II diamant", sans doute en raison de sa beaut, ne peut tre quel' actuel Roba~ Sharaf. La distance qui le spare de Sarakhs, par Shrlagh et la route carrossable, est d'un peu plus de quarante kilomtres alors que la route d'autrefois, plus directe, mesurait bien 6 farsakhs, soit environ 3 4 kilomtres. 4 ) Il est probable qu' l'poque de sa construction, plus de deux sicles avant la composition du Nuzltat al-~ulb, il portait encore un autre nom. Ce nom, nous ne le connatrons sans doute jamais certainement, mais je dois mentionner, ce sujet, une intressante hypothse de Ma}:rmd Rad. Rad sup pose que Sharaf peut tre le nom du constructeur de l'difice. "Je ne connais, 1. Ses ruines et celles de l'difice qui est probablement le tombeau de son fondateur, Arsln Qjadhib, existent encore Selon la Go3raphie de I:Jafi:e Abr (folio 208 du manuscrit en possession de I:Jjilii I:Jusain Aga Malek, Tehrn), Arsln Qjadhib fut nomm gouverneur de Ts par le Sul\n Ma~md de Ghazna en l'anne 390 H. (1000) et conserva ce poste durant tout le rgne de ce souverain. (Communication de M. KhnMalek.) 2. Rob\ Mhi existe encore, sur la rive gauche de la rivire de Meilihed Je ne l'ai vu que de loin et ne peux dire ce qu'il a de commun avec l'difice original, mais voici ce qu'en d_it la Gosraphie de I:Jfi~ Abr: Firdawsi, ayant achev dcrire le Shh-nm, comptait sur la rcompense que lui avait promise le Sul\n Ma~md de Ghazna mais s'en trouva frustr par suite des intrigues du wazir Al)med b.I:Jasan al-Maimandi et quitta la cour. Aprs un certain temps Sul\n Ma~md rsolut de rparer cette injustice, mais la somme d'ar gent considrable qu'il envoya au pote ne parvint Ts, o il demeurait, qu' aprs sa mort Firdaws n'avait qu'une fille, qui refusa cette aubaine tardive Sul\n Ma~md fit alors construire, au moyen de cet argent et en mmoire de firdawsi, un roba\ sur la route de Ts Sarakhs, prs de Ch. On l'appela Roba\ Cah De Sang base Roba\ Cah il y a 5 farsakhs. Cette construction fut excute en l'anne 410 H. (1019-20). (Folio 177 du manuscrit de I:Jag_j4fi I:Jusain Aga Malek.) Roba\ Cah serait devenu Roba\ Mahi. Le fait que, selon I:Jamd Allah Mustawf, la distance qui spare le roba de Sangbast de Rob\ Mhi est de 6 farsakhs alors que, selon I:Jfi~ Abr, celle qui spare le roba\ de Sangbast de Roba\ Cah est de 5 farsakhs n'indique pas que Roba\ Mahi n'est pas Roba\ Cah. Les distances, autrefois, ntaient pas mesures mais estimes au jug, au pas ou au temps, et 5 farsakhs pouvaient aussi bien tre compts pour 5 que pour 6 farsakhs. D'autre part, si la date de la construction de Rob\ Cah qui est indique par I:Jafi:e Abr est exacte, Fir dawsi ne serait pas mort en 411 H., comme on le dit gnralement mais au plus tard en 410 H 3. Nuzhat aI-tuliib. Edition E J. W. Gibb Memorial. Traduction G. le Strange. p. 169 4 I:Jamd Allah Mustawfi explique, en tte de la section Ide la division III du Nuzhat al-K.uliib, que le far sakh correspondait, de son temps, environ 12000 coudes communes. Il dit aussi que 20 farsakhs sparen\ Semnn de Damg.hn (p. 168 de la traduction G. le Strange). Or la route de Semnn Damg.hn par Robt Ahn, qui est encore celle de notre temps, mesure 113 kilomtres. Il s'ensuit que l'on peut considrer le far sakh d'I:Jamd Allah Mustawfi comme mesurant 5650 mtres, ce qui correspond une coude normale de 0,47 m. 10

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KHORASAN FIG. 3. ROBAT SHARAF. L'ARC DE TTE DE L'WAN DU FOND CLICH A. G. m'crivait-il de Meshhed, qu'un homme qui ait pu construire un monument de cette importance l'poque seldjukide, c'est Sharaf al-Dn Abu Taher b. Sa'd al-Dn b.'Al al-~umm. Ce personnage vint de ~umm au Khorasan en 481 H. ( 1088) et fut pendant quarante annes le gouverneur de Marw." Il devint wazr de Sul~an Sang.jar en 5 1 5 H. ( 1 1 2 1). ') Or il est bien vrai que seul un puissant personnage ait pu difier un tel monument. Il est galement certain que la sret 1. E de Zambaur. Ma1111el de 3alo3ie et de cl1ro11olo3ie, p. 224. I I

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KHORASAN FIG. 4. ROBAT SHARAF. LA PAROI DE FOND DU MME WAN CLICH RD de la route de Marw Nshapur tait pour Sultan San_djar de la plus grande importance et que les robats et les grands caravansrails qui jalonnent encore les anciennes routes de l'Iran ont t, pour la plupart, construits par les souve rains eux-mmes, leurs ministres ou d'autres dignitaires de leur entourage. Il est donc possible que notre robat se soit appel ds son origine comme il l'est encore de nos jours. L'poque de la plus grande puissance de Sharaf al-Dn alIS:umm, celle de son lvation au wazrat, correspond d ailleurs assez bien la date probable de la construction de l'difice 508 H. (1114-5), comme on le verra plus loin. Il semble bien que le monument n'ait subi depuis lors que peu de modifica tions. La principale est celle dont on trouve les traces indiscutables dans l'wan du fond. On y a plac aprs coup, au dessous de la retombe des arcs une I 2

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Kli.ORASAN longue inscription qui bute mal dans les colonnes d'angle (fig. 3). De plus on remarque que les murs de l'wan, derrire l'inscription nouvelle, comportent un dcor destin tre vu (fig. 4). Il n'y a donc pas doute quant la ralit de cette adjonction. L'inscription en question est aussi, de toutes celles du roba~ la seule qui ait t compose en caractres arrondis Expose aux intempries depuis que la vote de l'wan s est croule, depuis plusieurs sicles, peut tre elle n est pas entirement lisible, mais il se trouve que les parties essentielles nous en ont t conserves Elles nous fournissent, entre autres renseignements le nom du sou verain sous le rgne de qui et la date laquelle une restauration del' difice a t effectue En voici la transcription et la traduction: .. r.-1 01..a,.J ctL dl. J.~ ..:_,J~1..,t0i.-lll_, ~;..ul r .t\;i .il J\1 ~I_, ~)\ lf.JWI ~L; :o1. ~I _, .... .... 0_,;-t;. _, ct).~I .il ;. _;li "Durant la faveur du gouvernement du Sultan glorifi roi des rois glorieux matre des nuques de nations souverain des Arabes et de l"A.djem ~e Dieu prolonge sa dure! -... Mu'izz al-Dunya wal-Dn Abu'll:farith San.djar, fils de Malek Shah, Borhan Amr al-Mu'menn ~e Dieu glorifie ses victoires! -Par les soins de ... des Musulmans reine des femmes des mondes, celle qui honore la descendance d Afrasiyab, ~utlugh Balka Saiyid Turkan, fille du Kha~an glorieux ~e Dieu fasse durer sa grandeur! Dans les mois del' anne 5 4 9.'' (fig. 48 et 49.) Ainsi donc, c est en l anne 5 49 H. ( 1154-5), sous le rgne de Sul~an San.djar, que furent excutes la grande inscription de l'wan du fond du roba~ ainsi que cl' autres adjonctions et modifications dont je vais parler. Dans les figures 4 et 5, qui reprsentent la paroi de fond du mme wan, on voit nettement que le dcor actuel a t superpos un autre dcor plus en rap13

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KHORASAN FIG. 5. ROBAT SHARAF. LA PAROI DE FOND DU MME IWAN CLICH A. G. port que lui avec l'architecture gnrale de l'difice et qui consiste en un jeu de briques apparentes entre lesquelles on distingue non seulement l'habituel orne ment des joints de l poque seldjukide mais aussi des toiles en pltre sculpt. L'appareillage des briques est semblable celui dont il reste quelque chose dans l'wan droit de la premire cour (fig. 3 o), dans la partie haute de certaines salles coupole (fig. 40 et 4 1) ainsi que dans les demi-coupoles qui ornent si heureu sement les faades sur cour du monument (fig. 3 8). Il appartient bien l'difice original, etc' est cela qui nous intresse, mais il ne dtermine aucune date, car ce jeu de briques en zigs-zags, trs couramment utilis au Khorasan, peut y tre trouv toutes poques. On le voit Sangbast, l'intrieur du prsum tom beau d'Arslan Qjadhib, ') ainsi que dans un difice de Sangan bala (fig. 5 4) ') qui comporte et a toujours comport des points d'mail d'un bleu violet orn I. Voir E. Diez. Cliurasa11iscl1e Ba11de11k111iiler, pl. 17 et 18. 2. Donald N Wilbcr. The two structures at Sangan, dans Bulletin of the A111erican lnstitute for Persian Art and Arcl111eQ/o3y. Juin 1937 p. JJ-37 14

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KHOR.ifSAN FIG. 6. SANGAN PAN. LA COUPOLE DU MASJ2lIDGUNBAD CLICH A G. de fleurs qui sont des fragments de carreaux de revtement du VII me sicle de l'Hgire. ') On le voit ornant la vote d'un charmant petit difice de Sangan pan qui est dat de l anne 5 3 5 H. ( 1 1 40-1) (fig. 6), et mme le portail d'accs de la rue la cour de ce mme monument, construit l'an dernier. On le voit aussi Khargird, dans la madrasa de Ni'.?am al-Mulk (fig. 6 3), dans la Khane~ah de Reshkar, qui est date de l'anne 8 35 H. ( 14 5 4-5) (fig. 7), Gunabad, o il reprsente une rparation moderne (fig. 8), et ailleurs Du point de vue composition gnrale, l'ancien dcor tait, au dessus de la baie d'accs la salle coupole postrieure constitu par un panneau central 1. Il existe sur la route de TurbatI:Jaidar Khaf et Taiyabad deux localits qui portent actuellement le nom de Sangan, ou San_d(an. L une, celle des "deux structures" de Wilber se trouve entre TurbatI:Jaidar et Reshkar On l'appelle Sangan bala. L autre, qui se trouve quatre farsakhs au del de Khaf, e s t Sangan pain, ou Sangan de Khaf De Sangan bala, I:Jamd Allah Mustawf dit ceci qui servira peut-tre l'identification des deux structures, lesquelles ne sont d'ailleurs que les extrmits d'un seul btiment dont le centre a disparu : "Du sanctuaire de Zhy (TurbatI:Jaidar) Sangjan il y a 15 farsakhs. ~ub al-Oin I:Jaidar a t inhum Zaw et Shah Sangjan Sangjan." (Nuzhat al-~ulb. Trad. le Strange, p 149.)

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KHORASAN FIG. 7. RESHKAR. LA COUPOLE DE LA KHANE~AH CLICH A G. dcor de briques en zigs-zags et de rosaces en pltre sculpt, entre deux niches plates dont la section fut modifie en 5 49 H. (fig. 4). La baie, qui tait originai rement en forme d'arc, devint alors rectangulaire dans la partie antrieure de son paisseur et fut pourvue d'un bandeau d'encadrement en pltre. L'intrados des grands arcs de tte et de fond fut galement orn d un nouveau dcor en pltre sculpt (fi.g. 9). Mais de si petits travaux n'auraient pas justifi la pompeuse inscription de 16

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KHORASAN FIG. 8. GUNABAD. MASJ2l!Dl2IAMI' CLICH RD 5 49 H. Le dcor du portail conduisant de la premire la seconde cour fut aussi modifi, sur toute la surface du porche et jusqu' une certaine hauteur des pidroits. On aperoit, dans les parties o le revtement de pltre a disparu, l'ordinaire dcor des murs du robar (fig. 3 1). Ce n'est pas tout J'avais pens tout d'abord que les mosques de la premire et de la seconde cour avaient t toutes deux ajoutes aprs coup Il me semblait que le plan du monument, si parfaitement symtrique en toutes ses parties, s'en trouvait dsquilibr et que leur dcor tait moins ancien que celui des parties certainement originales de l'difice. Ce n'tait qu'en partie exact Les murs de refend sont anciens c est dire que les mosques existrent bien ds l'origine, mais leur dcor a t renou vel en 5 4 9 H. On remarque dans la mosque de la seconde cour, et particu lirement bien autour d'un coinon subsistant de la salle a coupole (fig. 3 4), que le premier dcor tait semblable celui des murs ordinaires du robt mais qu'un enduit a ensuite recouvert le tout, sur lequel fut sculpt et peint le dcor actuel. ~ant la mosque de la premire cour, il en va un peu diffremment.

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KHORSN FIG. 9 ROBAT SHARAF. DCOR DE L'ARC DE TTE DE L'IWAN DU FOND CLICH A G Elle existait l'origine, mais n'tait alors qu'une sorte de cul de sac ouvrant dans la galerie qui longe la faade Sud de la cour, ou une petite pice analogue celle qui lui fait pendant, de l'autre ct de l'axe longitudinal de l'difice. En 5 49 H. on barra la galerie au moyen d'un mur (fig. 2), augmentant ainsi la sur face du mas.diid et l'isolant Puis on y construisit un mihrab (fig. 3 6) analogue celui de la salle vote en berceau de la mosque principale (fig. 35). On la rendit ainsi un peu moins rudimentaire. 18

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KHORASAN Pour une raison que le plan n'explique pas mais qui peut tre trouve, comme nous allons le voir, dans l'poque de la restauration du monument, la faade Sud de la premire cour fut reconstruite, vraisemblablement aussi en 5 4 9 H. Si l'on ne reproduisit pas ses dispositions originales, telles qu'elles se trouvent encore sur les faces Est et Ouest de la mme cour (fig. 2 7), c'est sans doute parce qu'on pensa faire mieux, en quoi d'ailleurs on se trompa (fig. 28 et 29). Ainsi donc, sauf de quelques reconstructions, celle de la faade Sud de la pre mire cour et d'autres, moins importantes, que je mentionnerai chemin faisant en visitant le roba, il ne s'est gure agi, en 5 49 H., que de rparer le monument et de le dcorer plus richement qu'il ne l'tait primitivement On peut dire que tout le dcor en revtement de pltre sculpt date de cette poque, le dcor en jeux de briques apparentes, rehauss d'empreintes sur les joints et de quelques rosaces en pltre, reprsentant le dcor original. Ces travaux furent excuts, comme nous l'apprend la grande inscription de l'wan du fond, en l'anne 549 H. (1154-5). Or c'est en 548 H. que se pro duisit la terrible rvolte des tribus Ghuzz au cours de laquelle Sulan San4iar fut fait prisonnier. J'emprunte E. G. Browne sa description des "deplorable ravages wrought in what was previously one of the most flourishing parts of Persia by the barbarous Turcoman tribe of the Ghuzz, about the end of the year A. H. 548 (beginning of A. D. 1154)."1 ) Ces Ghuzz, dont les pturages se trouvaient dans le voisinage de Balkh, payaient un tribu annuel de 2 4 .000 moutons la cuisine de Sulan SanJiar. La duret et l'avidit des serviteurs chargs de le recouvrer ayant provoqu des disputes suivies d'. elfusion de sang, Kumadi, le gouverneur de Balkh, se plaignit San4iar de l'insolence des Ghuzz et lui demanda de les placer sous son autorit, promettant de les ramener promp tement l'obissance et de porter le montant de leur redevance 3 0.000 mou tons. Kuma4i ayant t battu par les Ghuzz et chass de leur territoire, San4iar se laissa persuader par son entourage de se rendre lui-mme sur place et de rejeter les excuses ainsi que l'indemnit de 100.000 dinars et de 1000 esclaves turcs que les Ghuzz effrays offraient alors Lorsque le Sulan parvint dans le voisinage de leurs campements, ils s'avancrent vers lui en suppliants, accom pagns de leurs femmes et de leurs enfants, implorant son pardon et lui offrant J. A literary History of Persia, t. Il. p. 384 et suivantes.

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KHORASAN FIG. 10. ROBAT SHARAF. L'UN DES ANGLES DE L'ENCEINTE CLICH A. G. un "kalah" d'argent par famille.') De nouveau San.djar fut pouss par ses amrs rejeter ces propositions. Une bataille s'ensuivit o les Ghuzz, dsesprs, se prcipitrent avec un tel emportement qu'ils mirent compltement en droute l'arme de San.djar, le firent prisonnier et l'amenrent en captivit Marw, sa propre capitale. Ils pillrent la ville pendant trois jours et torturrent ses malheureux habitants pour en obtenir l'indication des endroits o ils avaient cach leurs biens. Rejoints par de nombreux soldats dbands et d'autres malfaiteurs, ils se dirigrent ensuite vers Nshapr o, ayant rencontr une certaine rsistance au cours de laquelle plusieurs des leurs furent tus, ils se livrrent un si terrible massacre qu"'on ne pouvait voir les morts dans la grande mosque parce qu ils disparaissaient dans le sang qui couvrait le sol." Ils incendirent la mosque Mutarris, dont les btiments pouvaient contenir deux mille personnes, et, la lueur de ce brasier, continurent leurs ravages. Ils campaient en dehors de la 1. C'est dire un lingot d'argent Le Ta'i-kl!Guzd parle d'un "maun" d'argent, soit de deux livres d'ar gent de douze onces chacune. (H. G. Raverty. TabakatNa!r, t. I. p. 155 note 7 ) 20

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KHORASAN ville et venaient chaque jour y tuer, torturer, piller et dtruire Ils agirent de la mme faon dans le Khorasan tout entier. Anwar crivait en 5 50 H. ( 1155), c'est dire pendant la captivit de San.djar: la mosque principale de chaque ville, sans toit ni portes, est l curie de leurs chevaux. Nulle part on ne pourrait lire la khurba, car il n'y a plus, dans tout le Khorasan, ni prtre ni minbar. Voil ce qui se passait en l'anne 548 H. (115 3-4) dans la rgion de l'Iran qui nous intresse. Il est probable que notre robar, sur le chemin mme des bandes affoles de meurtre et de pillage qui, ayant saccag Marw, s'en allrent saccager aussi Nshapur, n'chappa pas la dvastation puis fut restaur l'an ne suivante. Robar Sharaf, en sa solitude actuelle, est encore tonnamment riche. Du de hors, avec ses hauts murs lisses et ses tours en saillie (fig. 1 o), il a bien l'air de ce qu'il tait un robar c'est dire une sorte de forteresse, mais l'intrieur c'est presque un palais. Devant son unique porte passait la grande route du Khorasan et, del' autre ct de cette route, il y a maintenant les ruines d une enceinte carre contenant celles d'un vaste ab-an bar citerne vote o l'on emmagasinait l'eau des pluies (fig. 1), car il ne se trouve aux alentours ni rivire, ni source, ni vestiges de~anats ou de canaux, et l'eau de la rgion de Shrlagh est une drogue imbuvable. Robar Sharaf est un difice deux cours, chaque cour comportant quatre wans en croix. Trois d'entre eux servaient de passage, de l'extrieur la pre mire cour, de la premire cour la seconde et de la seconde la premire. Les cinq autres taient les vestibules de salles coupole. Leur utilit? Aucune, si ce n'est dcorative. On peut dire, en effet, que dans les madaris, en principe composes, comme on le sait, de locaux d'habitation disposs autour d'une cour, des wans taient utiles, voire ncessaires, parce que l'un d'eux tait, le plus souvent, utilis comme mosque, un autre comme vestibule d'entre, et que tous servaient au travail, sortes de salles de classe, et au repos des matres et des lves qui trouvaient sous leurs votes un abri contre le soleil et la pluie. Mais dans les caravansrails, et dans le Robar Sharaf en particulier, il y avait de nom breuses et larges galeries o l'on pouvait dormir son aise et se reposer dans la lumire de son choix, dans la quasi-obscurit ou le plein jour. Aucun besoin d'wans. Il semble vident qu'ils faisaient dj au commencement du VI-me sicle de !'Hgire, partie des lments traditionnels de l'architecture religieuse et hospitalire de l'ran. 2 I

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22 KHOR.S.N FIG. 1z. ROBAT SHARAF. L'ENTRE DU MONUMENT CLICH A. G. 1 ROBT S_!.1AAAF 1 ..... t 1 1 i 1 ~~""---------t-. ------Jcill i ----~-----~, ... -~f' i FIG. 11. ROBAT SHARAF. PLAN DE L 'AVANT-CORPS ,.._.

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KHORASAN FIG. 13. ROBAT ~tl.ARAF. DTAIL DE L 'IWAN D'ENTRE CLICH: A G La premire cour du robat destine sans doute aux moins hupps de ses htes, ne comporte que quelques chambres. L une d'elles a t utilise comme mosque. Tout le reste est galeries. La seconde cour est plus confortable. Ses quatre faades sont doubles d'un large couloir qui dessert les wans, un certain nombre de chambres votes en coupole ou en berceau, une mosque et, du ct Nord, deux vastes et luxueux appartements. Si nous ne nous trouvions pas l en un point de la route o chaque soir des voyageurs devaient pouvoir trou-23

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KHORASAN FIG. 14. SANGBAST. DTAIL DE LA CONSTRUCTION DU MINARET CLICH A. G. ver refuge nous pourrions penser que notre robar tait un manzel royal, un relai royal, uniquement, mais dans cette rgion sans eau, inhabite et qui ne sem ble pas l'avoir t autrefois moins que nous ne la voyons maintenant, il fallait bien que cette forteresse isole ait t ouverte tout venant. Peut-tre la pre mire cour l'tait elle seulement, la seconde tant rserve l'usage du souverain et de hauts personnages en voyage. Ce magnifique difice fut construit en briques cuites, faades, dcor et inscrip tions y compris Ces briques taient gnralement apparentes, sauf dans les par ties basses de la plus grande des deux mosques (fig. 3 4) et de quelques salles coupole (fig. 40, 4 1 44) qui ont t couvertes d'un mince et s imple enduit de pltre. Qgelques vestiges de cet enduit, mais surtout l'appareillage des brique s plus ordinaire ou moins soign en ces endroits, nous l'apprennent. En 5 49 H. ainsi que je l'ai dit prcdemment, certaines parties du monument furent rev tues d'un dcor en pltre sculpt. La pierre n'intervint qu peine dans la con struction, et seulement dans les fondations et les parties basses du gros uvre. 24

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KHORASAN FIG. 15. BASTAM. TOMBEAU DANS LA COUR DU SANCTUAIRE DE SHAIKH BAYAZD CLICH A. G. J'examinerai maintenant le roba~ en dtail. Sur le mur d enceinte, absolument lisse, font saillie des tours demi-circulaires (fig. 1 o) et polygonales qui ont pour fonction de renforcer les angles du monu ment, un groupe de deux tours vers le premier tiers de chacun des longs cts et, l'arrire, une excroissance justifie par l'emplacement de la salle coupole axiale. Le portail d'entre se trouve sur le ct Sud del' difice,') au centre d'un 1. Pour simplifier, j'appellerai dornavant faad e Sud la faade Sud Est, et les autres en consquence

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KHORASAN FIG. 16. ROBAT SHARAF. TRAVE DE LA FAADE DE L"AVANT-CORPS CLICH A G large avant-corps richement dcor flanqu de grandes niches trilobes en plan aussi bien qu'en lvation (fig. 1 1 et 1 2). Sur le retour del' avant-corps, l'Est, il y a un mi~rb Alors que l'appareillage du parement extrieur des murs Est, Nord, Ouest de l'enceinte et de ses tours est tout fait ordinaire (fig. 1 o), celui de l'avant-corps et du mur Sud reprsente dj ds l'extrieur, le dcor des murs intrieurs que nous appellerons le dcor courant des murs du robt (fig. 1 3 ). Il est simple, mais ingnieux, effectif et trs gnralement employ en lrn l'poque seldju kide. Au Khorsn, comme au Turkestn, l'ornement imprim sur les joints ver ticaux a le plus souvent la hauteur de deux briques d'o l'appareillage trs particulier quel' on remarque dans notre monument mais qui ne le date pas car on le rencontre dj Sangbast (fig. 1 4), c'est dire un sicle plus tt, et on le trouve encore Bastm l'poque mongole (fig. 1 5). Cependant certaines par ties de l avant-corps celles qui seraient ornes de kashs l'poque suivante, sont pourvues d'un dcor analogue mais moins haut, n'intressant qu'une seule 26

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KHORSAN hauteur de brique, qui produit un effet de pointillage plus serr, encadre admi rablement les niches trilobes et prcise ainsi le parti architectural de la faade (fig. 1 6). Cependant aussi, les colonnettes d'angle sont dcores un peu diffremment quoique toujours au moyen d'ornements imprims ou sculpts sur les joints ou dans les intervalles plus ou moins larges mnags cet effet entre les briques (fig. 1 3). Comme on le voit dans la figure 1 7, et mieux encore sur la faade analogue, de l'wan du fond (fig. 4 5), le bandeau inscription qui encadrait le haut portail d'entre, mais dont il ne reste plus que les parties verticales, se retournait hori zontalement au dessus des constructions latrales de l'avant-corps et en consti tuait le couronnement Cette grande inscription, parfaitement monumentale, excute en briques tailles et en saillie sur le fond du bandeau, n'est malheu reusement plus qu'une ruine On peut lire: droite, .......... .a>~ 1 .J J_ 1 ..:,li..... Gh. h 1 D l' ... _1yaLaawe .... et gauche {fig. 18), ..la..., y.l .il c..?'J ... Ra~mat Allah Abu Sa'd Mu~ammad ... C'tait donc une inscription historique, mais de ce Ghiyath al-Dawl et de cet Abu Sa'd Mu~ammad nous ne savons rien et n'apprenons rien ici, mme pas quel fut leur rle dans la construction du monument. L'espace compris entre l arc du portail et le bandeau inscription comporte un trs beau dcor de broderie excut en briques saillantes et bord d'un galon trs dcoratif qu'il est trs curieux de rencontrer au Khorasan cette poque (fig. 1 7 et 1 8). Il est pour ainsi dire inconnu dans l'architecture seldjukide de l'cole d'l~fahan et fort rare dans les autres rgions de l'Iran. Je n'en connais qu'un exemple, mais beaucoup moins nettement exprim, dans la Qiabaly de Kerman (fig. 19).

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KHORASAN FIG. 17. ROBAT SHARAF. L 'WAN D 'ENTRE CLICH A G

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KHORAS.fN FIG. 18. ROBAT SHARAF. DTAIL DE LA FAADE DE L'WAN D'ENTRE CLICH A. G.

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30 KHORASAN FIG. 19. KERMAN. INTRIEUR DE LA QIABALIY CLICH A. G. FIG. io. ROBAT SHARAF. INSCRIPTION DU PORCHE D'ENTRE CLICH A G.

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KHORASAN FIG. i1. ROBAT SHARAF. VOTE EN ARC DE CLOTRE CLICH A. G La porte d'entre du robat je veux dire la porte en bois ne se trouvait pas au nu de la faade du portail, mais prs de cinq mtres en retrait, dans le pas sage qui conduit la premire cour. La partie basse du porche ainsi constitu tait orne du dcor courant des murs du robat. La figure 20 reprsente ce qui subsiste de l inscription qui en faisait le tour. C'est la fin d un texte historique: <\:.? _j. 4.:_. .wl ~; J L; _j. lkl 1 ..1-....... ... Qge Dieu daigne l'accepter d eux!" Je pense que ce texte ornement d'un bandeau excut en pltre postrieure ment l'poque de la construction de l'difice, a remplac une inscription en briques tailles dont le tort fut peut-tre, aux yeux des Ghuzz, de porter le nom de San.djar ou aux yeux du restaurateur de 5 4 9 H. de mentionner le nom du premier donateur Sharaf al-Dn al-Is:umm ou autre. Passe la porte, on entre dans un large couloir qui fait suite au porche et con -

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FIG. u. SCHMA DE LA CONSTRUCTION D'UNE VOTE EN ARC DE CLOTRE KHORASAN :0-\; ,,, ,,\.,,, ...... ~~--~,,,,,,,,,,,,,,, ; \ j ~N: ,,,,,,,,,,,,,,, :-,,;,,,,~, FIG. 23. SCHMA DE LA CONSTRUCTION D'UNE VOTE EN ARC DE CLOTRE duit dans la premire cour. Dans ce couloir on rencontre d'abord, gauche, la porte de la mosque de cette partie du monument, boyau de 3 m, 60 de largeur et, depuis les travaux de 5 49 H d'environ 14 mtres de longueur. On ren contre ensuite deux baies gui ouvraient originairement, celle de gauche comme' celle de droite, sur la galerie gui longe la faade Sud de la cour et aboutit deux salles couvertes de votes remarquables gui ont la forme gnrale de nos "votes en arc de clotre" mais en diffrent totalement par leur construction (fig. 2 1 ). Chez nous, la vote en arc de clotre dfinie par Choisy comme con stitue par le "prolongement des quatre murs d'enceinte se courbant progressi vement au dessus du vide,"') se construit sur une vritable vote auxiliaire en bois. Mais l'Iran, faute de bois, ou de bois en suffisance, n'a jamais opr de cette faon. Il aurait pu se servir d'arcs diagonaux et il l'a fait parfois, mais il avait horreur des complications d'excution qu'ils entrainent Il s'en passait, le plus souvent, comme il se passait de votes auxiliaires et mme, lorsqu'il le fallait, de cintres de bois ces cintres de bois sans lesquels, parat-il, de telles votes sont inconstructibles. Je me suis expliqu longuement ce sujet dans une tude consacre aux votes iraniennes gui paratra peut-tre un jour quelque part, en des temps meilleurs. Je ne reviendrai donc pas sur la question de principe. Je 1. Histoire de l'architecture, t 1. p. 124.

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/ ,,, KHORASAN FIG. 24. COUPOLE DU KHORASAN CLI C H A. G. ,,, / ' /~ FIG. 2 5 SCHMA DE LA CONSTRUCTIO N D'UNE VOTE E N B E RCEAU TERMINE P A R D E U X DEMI VO TES EN AR C DE CLOTRE 33

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KHORASAN FIG. 26. ROBAT SHARAF. PASSAGE ENTRE LA PREMIRE ET LA SECONDE COUR CLICH A. G dirai seulement ici, sommairement, comment furent excutes celles de Robat Sharaf. Au moyen d'un arc en bois ou d'arcs en pltre arm de roseau, si l'on n'avait pu, en cette rgion dsertique du Khorasan, se procurer le bois ncessaire l' ta blissement d'un cintre, les maons chargs du travail construisirent deux arcs d'une paisseur de trois briques chacun, un peu moins d'un mtre de distance l'un del' autre, ainsi que la figure 2 2 l'indique. Puis ils excutrent dans le vide, leur habitude, le remplissage de l'espace intermdiaire. Ayant ainsi obtenu un arc d'un mtre environ de largeur, qui offrait donc une certaine rsistance aux efforts latraux, ils appuyrent quatre demi-arcs contre cette espce de pont (fig. 2 3). Aprs avoir excut le remplissage du second pont d'un mtre de lar geur ainsi constitu, ils n'eurent plus qu' btir les quatre angles de la vote, opration trs simple que les maons les moins habiles de l'Iran excutent cou ramment dans le vide, mme en briques de terre crue (fig. 2 4). Le rsultat de 34

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KHORASAN FIG. 27. ROBAT SHARAF. PILIER D'UN WAN LATRAL DE LA PREMIRE COUR CLICH A. G. cette opration est parfaitement dcoratif, comme la figure 2 I le montre bien, la croix tant appareille autrement que les angles. Cette sorte de vote est sur tout employe dans la province de Kerman. On conoit d'ailleurs sa commodit, la simplicit de sa construction et qu'on en puisse couvrir des salles aussi longues qu' on le dsire (fig. 2 5). Elle est peu prs inconnue en Europe. Cependant on en trouve les lignes 35

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KHORASAN FIG. 28. ROBAT SHARAF. PARTIE RESTAURE DE LA PREMIRE COUR CLICH A. G. caractristiques en Espagne, Tolde, dans la petite mosque de San Cristo de la Luz qui date du X-me sicle A.D., soit du IV-me de l'Hgire. La salle de prire de cette mosque se compose de trois nefs de trois traves c'est dire de neuf carrs qui mesurent environ deux mtres de ct chacun et sont couverts de neuf'' coupoles" diffrentes, dont celle-ci.' 'L'une d'elles se compose du mme arceau qui se rpte quatre fois, par paires parallles et entrecroises, chaque paire tant parallle l'une des parois du tambour."') Mais ce qui reprsente en ran un syst~e de construction n'est San Cristo de la Luz qu'une fantaisie dcorative Il ne faut pas voir ici autre chose qu'une fortuite rencontre de formes et, surtout, bien se garder de rapprocher ce systme de construction de celui de l'architecture gothique. Ricard dit des votes de San Cristo qu'elles ont t "ralises au moyen d'une ossature organique sur laquelle se sont poss des pan neaux de remplissage en matriaux lgers. L'avantage de ces coupoles nerves, continue-t-il, est de diminuer les pressions de rpartir celles-ci sur l'ossature seu-1. P. Ricard. Pour co111pre11dre l'art musulma11 da11s l'Afrique du Nord el en Espag11e, p. I 10.

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KHORASAN FIG. i9. ROBAT SHARAF. DTAIL DE LA FIGURE PRCDENTE CLICH A. G. lement et de transmettre les pousses en quelques points dtermins des sup ports murs ou piliers. Elments primordiaux sans doute, de la merveilleuse combinaison gothique des formerets doubleaux ogives liernes, tiercerons etc .... les nervures musulmanes se sont enchev tres, s arcboutant les unes aux autres, formant un lacis rigide et indformable. Ce qui ne s'applique aucune ment au cas de la vote iranienne Voici, en effect ce que l'on pourrait dire de celle-ci en reprenant peu prs les termes de Ricard: Certaines votes iranien-37

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KHORASAN FIG. 30. ROBAT SHARAF. FOND D'UN WAN LATRAL DE LA PREMIRE COUR CLICH A. G. nes ont t ralises au moyen d'arcs chargs de faciliter le travail du maon et contre lesquels, non sur lesquels, a t maonn le remplissage. L'avantage de ces votes n'est pas de diminuer les pressions, ni de rpartir celles-ci sur l' ossa ture seulement, puisque l'ossature est noye dans la maonnerie> n'est pas davantage de transmettre les pousses en quelques points dtermins des sup ports, murs ou piliers, puisque leur maonnerie pousse sur tout leur primtre. Leur avantage est de pouvoir tre construites dans le vide, sans l'aide de char pentes auxiliaires\1 Elles n'ont donc rien voir avec la merveilleuse combinaison gothique des formerets, doubleaux, ogives, liernes, t,iercerons, etc.:.:; Lorsque les arcs scftexc~~$s_en briques et que le remplk1kg~h'a que l'~:isiur d'une brique ita:t, &B't c'irtq centimtres environ,ils ont seulement de commun avec les nervures gothiques que leur'' lacis rigide'' s'oppose, dans une certaine mesure, la dformation des votes. La faade Nord de la premire cour du roba~ n'est qu'un mur orn en son centre du portail de l'wan d'accs la seconde cour (fig. 2 6). Les faades Est 38

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KHORASAN FIG. 31. ROBAT SHARAF. DTAIL DE LA FIGURE 26 CLICH A G. et Ouest sont encore, bien qu'en mauvais tat de conservation, celles du temps de la construction del' difice. La figure 2 7 en reprsente une partie ce qui sub siste de la pile Nord de l'wan Est Elle est, en plan identique aux autres piles anciennes de la premire cour et peu prs, mais moins riche, semblable celles de la seconde cour (fig. 3 8). Elle se compose de deux pilastres montant de fond et encadrant deux niches en deux tages L'une de ces niches, celle du bas, est trilobe; l'autre, dont la partie suprieure n'existe plus et n'a subsist nulle part 39

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KHORASAN FIG. p ROBAT SHARAF. INSCRIPTION DU PORCHE DE L'WAN D 'ACCS LA SECONDE COUR CLICH A G. dans cette cour, tait probablement surmonte d'un arc bris, comme le sont les niches suprieures des piles de l'wan du fond de la seconde cour (fig. 4 5). Partout se trouve le dcor mural que nous avons remarqu l'extrieur du mon _ument, sur l'avant-corps, ainsi que dans la galerie d'accs et dans la mosque. La faade Sud, celle que l'on a derrire soi quand on pntre dans la cour, fut sans doute dtruite, ou gravement endommage par les Ghuzz, en 40

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KHOR.ASAN FIG. 33. ROBAT SHARAF. INSCRIPTION DU PORCHE DE L'lWAN D'ACCS LA SECONDE COUR CLICH A G. 5 48 H., et reconstruite en 5 49 H. Elle le fut assez mal et c est probablement ce qui explique son tat de dlabrement actuel (fig. 2 8) ainsi que le manque de finesse de son plan et de son dcor (fig. 2 9). Cependant on y remarque le mme appareillage des briques et, en gnral le mme dcor des joints. Chacun des deux wans latraux de cette premire cour donne accs, comme d ailleurs tous les wans du robar qui ne sont pas des passages une salle carre vot e en coupole Leur mur de fond est perc d une baie de communication assez basse au dessus de laquelle il y avait une niche plate flanque de colon nettes octogonales encastres La figure 3 o reprsente la seule des niches de cette espce qui ait subsist Elle a t bouche, sans doute la suite du dsastre qui a motiv la reconstruction de la faade Sud, en guise de consolidation. On voit au nu du remplis s age de la niche, un fragment d'inscription en caractres kufi ques dont voici la transcription: ~\ (5-1 y et la traduction: Oeuvre de Abu'l-I:1-s ... (I:Jusain ou l:Iasan). 41

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KHORASAN FIG. 34. ROBAT SHARAF. ANGLE DE LA SALLE COUPOLE DE LA MOSQUE DE LA SECONDE COUR CLICH RD Cette inscription, remploye videmment, nous donne sans doute le nom de l'un des ouvriers de l'difice original. Les salles coupole en trs mauvais tat de conservation sont du type '' coupole sur trompes d'angle" dont il se trouve des exemplaires mieux conservs dans la seconde cour et dont je parlerai plus loin. Le portail d'accs de la premire cour la seconde est particulirement fastueux Plus exactement il a t enrichi en 5 49 H., ce qui ne signifie pas qu'il l'ait t heureusement. On remarque en effet, dans la figure 26, que le dcor nouveau s'arrte une certaine hauteur des pidroits et que l'ancien, visible au dessus, lui est bien suprieur en qualit Ce portail dont toute la partie haute a disparu, se prsentait autrefois comme les autres sous la forme d 'un haut rectangle dans lequel ouvrait, comme l entre mais moins profondment, un porche perc aussi d une arcade jadis pourvue d une porte en bois commandant l'accs la seconde cour. 42

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KHORASAN FIG. 35. ROBAT SHARAF. Mlf:IRAB DE LA MOSQUE DE LA SECONDE COUR CLICH RAD De l'ancien dcor, dans la partie basse, les colonnettes d'angle d.es pidroits ont subsist telles quelles, mais les panneaux qui les joignent, autrefois orns du dcor courant des murs du robar, ainsi qu'on le voit par les dchirures du rev tement de pltre (fig. 3 1), ont t couverts d'une ornementation dont le dessin n'est pas, en somme, mauvais mais qui est si mou, par la faute du matriau utilis, qu'on ne voit pas bien ce que le monument y a gagn. Il en est de mme de l'intrieur du porche, de ce simili-jeu de briques en pltre qui garnit ses parois 43

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KHORSN FIG. 36. ROBAT SHARAF. MH:IRAB DE LA MOSQUE DE LA PREMIRE COUR CLICH A G latrales A droite et gauche sont les restes d'une inscription en caractres kufiques excute en pltre, comme le reste. A droite (fig. 3 2): r:>) \ 04"" JI .il "Bismillah al-Ra9man al-Ra9m." A gauche (fig. 3 3): Texte koranique Au fond du porche, au dessus de l'arcade, il y a un essaim de niches et de stalactites, galement en pltre sculpt. Passe la porte on s'engage dans une galerie o l'on rencontre gauche comme dans celle del' entre une porte de mosque. Del' autre ct, une autre porte tait celle d'un poste de garde ou d'une loge de portier. Plus loin on trouve, galement comme dans le premier passage, deux baies, l'une droite et l'autre gauche, qui donnent accs la galerie qui fait le tour de la seconde cour. La mosque se compose de deux salles autrefois votes, l'une en berceau et 44

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KHOR.ASAN FIG. 37. ROBAT SHARAF. FAADE COURANTE DE LA SECONDE COUR CLICH A G l'autre en coupole. Primitivement, ces deux salles n'taient ornes que du dcor mural habituel. Il couvre encore les murs de la premire (fig. 3 5) et couvrait autrefois ceux de la salle coupole, comme on le voit dans la figure 3 4, aux endroits o le revtement de pltre, ajout lors de la restauration de 5 49 H., a disparu. Cette figure 3 4 reprsente l une des quatre trompes, ou sortes de trom pes, qui portaient la coupole. Sa forme peut tre considre comme originale. Son dcor seul fut modifi. Ces trompes portaient quatre des huit cts du tambour au dessus duquel la coupoles' lanait. Le mil~rab de cette salle est en fort mauvais tat de conservation, mais voici celui de la salle vote en berceau (fig. 35) Il est pour ainsi dire identique celui de l'autre mosque (fig. 36) et fut certainement excut comme lui en 5 49 H sur l'ancien mur. Dans les deux cas l'inscription d'encadrement reproduit le verset 2 56 de la surate 2 et l'inscrip tion horizontale est la profession de foi musulmane: "Il n'y a de dieu que Dieu. Mu~ammad est le prophte de Dieu.'' Les cotes de largeur totale sont les mmes, 2, 10 m et pareillement les cotes de largeur des niches, 0 ,98 m. 45

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Kli.ORASAN FIG. 38. ROBAT SHARAF. PILIER COURANT DE LA SECONDE COUR CLICH A. G. Les faades sur cour, dont une seule subsiste en entier, se composaient, com me celles de la premire cour, de lourds piliers relis l'autre par des arcades surmontes de demi-coupoles (fig. 37). Je ne pense pas que l'art musulman ait jamais cr plus harmonieuse architecture que celle-l. C'est assurment l'un de ses chefs d' uvre, tant en raison des heureuses proportions de l'ensemble que par l'lgance du dcor. Cependant il faut imaginer ces faades courantes sur montes de la haute inscription en briques tailles qui encadre le portail des 46

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KHORASAN wans et se retourne comme on le voit parfaitement amorc dans la figure 4 7. Il faut aussi se reprsenter la partie basse des faades dgage des monceaux de terre et de briques, dbris de l'difice lui-mme, qui la cachent aujourd'hui. Les piliers courants sont semblables ceux de la premire cour, deux pilastres encadrant chaque fois deux niches en deux tages, mais leurs angles antrieurs sont orns de colonnettes (fig. 3 8). Ceux des wans (fig. 4 5) ne diffrent d'ail leurs des piliers courants qu'en ce que leurs niches sont plates et non demi-cir culaires, ce qui, par le jeu des ombres, produit une impression de masse plus puissante. Les chambres votes en berceau qui occupent la partie du plan symtriquement place par rapport la mosque et celles que dgagent les galeries Est et Ouest de la cour sont extrmement simples. Par contre, les appar tements qui se trouvent de part et d'autre de l'wan de fond sont vritablement palatiaux. Je donne en dtail le plan de l'uri d'eux (fig. 39). De la galerie Nord on pntre dans une petite cour autour de laquelle ouvrent quatre wans. Il y a donc, dans ce roba~ seldjukide, deux autres cours quatre wans, soit, en somme, quatre cours quatre wans. Ce fait remarquable semble bien indiquer ,-+ '-----~+-~ __ .,,, FIG. J9 ROBAT SHARAF. PLAN D'UN APPARTEMENT 47

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KHORASAN FIG. 40. ROBAT SHARAF. ANGLE D'UNE SALLE COUPOLE CLICH A. G. que ce type de plan, la cour quatre wans, tait alors couramment employ, et non seulement dans l'architecture des caravansrails et des madaris mais aussi dans celle des simples maisons, car les deux appartements de Robat Sharaf ne sont pas autre chose que deux maisons.') On y voit des pices fermes dans les angles, mais au Nord seulement car l'wan Sud, o se trouve l'entre, est peu profond. L'wan Est donne accs une salle carre de plus de sept mtres de largeur ette grande salle est vote en "coupole sur trompes d'angle" (fig. 40) de mme que celle qui lui est symtrique, l'angle Nord-Ouest du rabat celle qui se trouve sur l'axe del' difice, au fond du plan, et quatre autres salles auxquelles donnent accs les wans Est et Ouest de la premire et de la seconde cour. Sept des douze coupoles du monument sont donc du mme type. Le dessin et la construction en sont d'une puret et d'une simplicit parfaites. Rien de cach 1. Voir, en confirmati o n, la plan d'une m a i son relev sur le site de la ville de Bmiyan, en Afghani s tan, dtruite par C ingis-Khan e n l'anne 618 H (1u1) (fig. 59).

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KHORASAN FIG. 41. ROBAT fj_ARAF DCOR D'UNE SALLE COUPOLE CLICH A G. rien de trop, aucune hsitation. Il est vident que leur constructeur tait parfai tement matre de sa technique, mais aussi que cette technique tait alors ce point fixe qu'il n'avait la libert d'exercer sa fantaisie que dans l'appareillage vari des parements (fig. 41). Ce type de vote, qu'il serait prfrable d'ap peler "en coupole sur arcs d'angle", car les demi coupoles qui apparaissent en arrire des arcs de tte des soit-disant trompes n'ont t construites qu aprs coup et ne concourent aucunement la stabilit de la construction, reprsente d'ailleurs le type classique de la coupole iranienne. On le trouve partout en Iran l'poque seldjukide, dans le Mas.djidQjum'a d'l~fahan (fig. 4 2), ') dans celui de Is:azwn, 2 ) dans la Madrasa f:Iaidary de cette mme ville, i) Zawar, 4 ) 1. A Survey of Pmia11 Art. t. IV. pl. 288 et 290. On peut dduire de la figure 42, qui reprsente extrieure ment le Gunbad$a~eb, que tout le systme de stalactites situ en arrire des arcs d'angle nest que rem plissage 2 ide111. pl. 305. 3. ide111. pl. 314. 4 A!l!arlrn. 1936. fig. 198. 4 49

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KHORASAN FIG. 41 I~FAHAN. LA COUPOLE PRINCIPALE DU MAS.QIID .QIUM'A CLICH A. G FIG. 43. ROBAT SHARAF. ANGLE D 'UNE SALLE COUPOLE CLICH A. G.

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KHORASAN FIG. 44. ROBAT SHARAF. ANGLE D'UNE SALLE COUPOLE CLICH A. G. Ardistan, 1 ) Gulpaygan, 2 ) Barsian,1) Sangan pain (fig. 6), etc .... et mme avant cette poque, donc avant la construction de Roba~ Sharaf, dans le tombeau du Samanide Isma'il, Bukhara4 ) et dans celui d'Arslan Qiadhib(?), Sangbast.j) Nulle part on ne le voit plus nettement exprim qu' Roba~ Sharaf. Le passage du plan carr au plan circulaire est autrement conu dans les deux salles coupole qui se trouvent immdiatement au Sud des salles d'angle des appartements. Aussi facilement, aussi habilement qu'il posa les coupoles dont je viens de parler sur des arcs, avec autant de dsinvolture, pourrait-on dire, le constructeur y remplaa ce dispositif par l'arrangement que reprsente la figure 4 3 C'est une amusette, mme pas un tour de force, un empilage de briques assez astucieux mais qui n'a rien de la solidit d'un bon arc de quatre briques I. A/b.arlriin. 1936. fig. 192. 2. idem. fig. 133. 3. Myron B. Smith. Barsian, dans Ars islamica. 1937. fig. 4 et 12. 4 E. Cohn-Wiener Turan. pl. III. 5. A Survey of Persian Art t. IV. pl. 260 B. 5 I

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KHORASAN FIG. 45. ROBAT SHARAF. L'WAN DU FOND CLICH A G.

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KHORASAN FIG. 46. ROBAT SHARAF. DTAIL DE LA FAADE DE L'IWAN DU FOND CLICH A. G. d'paisseur Les lits de briques, en effet, s'affaissrent sous la charge, provo quant, dans chaque cas, la rupture de la vote la rencontre des deux encorbel lements. Les deux dernires des douze coupoles du robat sont celles qui couvrent les petit~s salles carres des appartements de la seconde cour (fig. 4 4). Elles ne mesurent que quatre mtres de diamtre et leur auteur n'estima pas ncessaire de passer des arcs sur les angles du carr. Il se contenta de les franchir au moyen de je ne sais quoi, une ou deux pices de bois probablement, dont il ne fut pa s particulirement fier et qu'il habilla de pltre. Le grand wn de la seconde cour, celui du fond du robat est l'endroit le plus dcor de l'difice Sa faade, trs belle trs noble, est demeure tell e qu l'origine du monument (fig. 45). Mais tout l'intrieur a t revtu en l'an ne 5 49 H. ( 1154-5) d'une nouvelle ornementation en pltre sculpt. La faade se compose, comme le portail de l'entre d'une haute arcade sur monte d'un panneau de broderie en briques tailles encadr d'une inscription 53

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KHORASAN en caractres kufiques monumentaux, galement excuts en briques tailles. La partie suprieure de cette inscription a disparu, comme dans le cas de l'wa.n d'entre, mais au dessous de son emplacement a subsist une inscription plus petite, excute en caractres kufiques et en briques tailles (fig. 46). Elle nous fournit le nom du rdacteur de la grande inscription "cette inscription dsig nant vraisemblablement le texte du bandeau qui couronnait les faades de la seconde cour et sans doute aussi celles de la premire cour En voici la trans cription et la traduction: .oil.fa ~y-11 t.ll)JI Lf..lA J J_yw> 0 1 0 ,~ Je ~l.:DI .i-J.o, J.f> .i-..Jl_,I ., ci_! "Cette inscription a t rdige par 'Al(a.]ba.d Abu Man~r As'ad, fils de Mu9ammad le 'fa.'if, de Sarakhs ~e Dieu lui pardonne (ses fautes), ainsi qu' ses parents!" Dans les parties verticales de la grande inscription, qui seules ont subsist, on peut lire, droite (fig. 45) : Abu'l-IS:a.sem ... et gauche (fig. 4 7): ....... ~I.J!I .... ..... 0G )Jt:., J .. .. ... eux. Durant les mois de l'anne 8." La date de la construction del' difice, ou l'une des dates, se trouvait donc ici, mais il n'en reste que le chiffre des units Je dirai dans un instant pourquoi je pense qu'elle tait 508 H. ( 111 4-5). J'ai parl plus haut de l'intrieur de l 'wa.n, propos de la restauration de 5 49 H et j'ai donn, cette occasion le texte de l inscription en pltre sculpt qui en fait le tour. En voici de nouveau la traduct i on, dont nous allons avoir besoin : "Durant la faveur du gouvernement du Sul~a.n glorifi, roi des rois glorieux, 54

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KHORASAN FIG. 47. ROBAT SHARAF. DTAIL DE LA FAADE DE L'IWAN DU FOND CLICH A. G. matre des nuques des nations, souverain des Arabes et de l"Agjem ~e Dieu prolonge sa dure! -... Mu'izz alDunya wal-Dn, Abu' 1-lj:arith Sangjar, fils de Malek Shah, Borhan Amr al-Mu'menn ~e Dieu glorifie ses victoires! Par les soins de des Musulmans, reine des femmes des mondes, celle qui honore la descendance d'Afrasiyab, l):utlugh Balka, Saiyid Turkan, fille du Kha~an glorieux ~e Dieu fasse durer sa grandeur! -... Dans les mois de l'anne 549 H." (fig. 48 et 49). 55

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KHORASAN FIG. 48. ROBAT SHARAF. INSCRIPTION INTRIEURE DE L 'IWAN DU FOND CLICH A G. Le premier des personnages cits est SuWin San.d.jar, fils de Malek Shah, le dernier des "Grands Seldjuks". Il porte ici les titres qui lui ont t confrs par le Khalife al-Mustarshid: Mu'izz al-Dunya wal-Dn" et "Borhan Amr al-Mu' menn". ') Il tait, en l'anne 549 H. (1154-5), date de l'excution de l'inscrip tion prisonnier des Ghuzz, mais continuait d tre considr par eux comme le souverain lgal. La khurba fut dite en son nom pendant toute la dure de sa captivit et jusqu' sa mort, en 5 5 2 H. ( 1 1 57). Du second person,nage cit, la haute dame "par les soins" de qui le robar fut restaur en 549 H., on pourrait tout d'abord penser qu'elle tait la mre de Sulran San.d.jar, le titre de Saiyid qu'elle porte dans notre inscription tant l'un de ceux que l'on donnait souvent aux reines-mres mais il n en est rien, car la mredeSan.d.jar mourut en 515 H (1121-2)'). Elle n'tait d'ailleurs qu'une 1. Ta'r/ili-i Guzd Edition Ed. Gibb Memorial. p. 457 du texte et p. 101 de la traduction de E. G. Browne et R. A. Nichol s on 2 ide m p 101.

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KHORASAN FIG. 49. ROBAT SHARAF. INSCRIPTION INTRIEURE DE L'IWAN DU FOND CLICH A. G. esclave turque, du nom de Tapar, qui n'est jamais compte au nombre des pou ses de Malek Shah') et n'aurait pu porter le titre de "reine des femmes des mon des". Notre Saiyid Turkan, "fille du Kha~an glorieux", "honneur de la descen dance d' Afrasiyab", est l'pouse de San.d.jar, sa seule pouse connue, la clbre Turkan Khatun, fille du Kha~an Mu9ammad Arslan Khan b.Sulaiman, prince de Transoxiane, l'un de ces "Afrasiyab Malik, de la postrit d'Afrasiyab" dont parle le TabakatNii~ir. 2 ) Arslan Khan, alors qu'il n'tait encore que le prince Mu9ammad Tegn, s'tait enfui au Khorasan au moment de la conqute de la Transoxiane par l):adr-Khan Qj.ibra'l. Aprs la dfaite de ce l):arakhanide par Sultan Sangjar il fut tabli seigneur de Samar~and avec le titre d'Arslan Khan (495 H. (1102)). Il maria plus tard sa fille Sangjar.J) Cette princesse est bien souvent mentionne par les historiens sous l'appel-1. Voir E de Zambaur. Manuel de galogie et de chronologie. Tableau R. Note 6. i TabakatNifir. Traduction H. G. Raverty. t. Il. p. 900. ,. W. Barthold, dans Encyclopdie de l'Islam. Article_: Arsln Khn. 57

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KHORASAN lation de Turkan Khatn, ') mais jamais, ma connaissance, sous celle, d'ailleurs parfaitement admissible, de ~utlugh Balka. ') Elle accompagnait Sangjar dans ses dplacements mme la guerre, et fut deux fois prisonnire, en 5 3 6 H. ( 1 f4 1), lors de la dfaite de Sangjar par les ~ara-Khitai, i) et une autre fois, en 5 48 H. (II 5 3), en mme temps que son poux, lors de la rvolte des Ghuzz. Les historiens iraniens nous disent que le Sultan demeura en captivit pendant quatre annes et que pendant tout ce temps il ne fit aucun effort pour se librer, afin de ne pas laisser Turkan Khatn aux mains de l'ennemi.4 ) Ce n'est qu'aprs la mort de cette princesse, survenue au commencement del' anne 5 5 1 H. ( 1 1 5 6), qu'il s'y dcida Il y parvint en Ramalan de la mme anne 5 5 1 H. et rentra Marw o il mourut au commencement de l'anne 5 52 H. ( 11 57), l'ge de 72 ans. Turkan Khatn, que notre inscription appelle probablement "Saiyid" en raison de son ge, car elle semble avoir t l'pouse de Sangjar pendant plus de cinquante annes, avait sans doute hrit de son pre, Arslan Khan, le got qu'il avait pour les constructions et qui l'a rendu clbre en Asie centrale. 5 ) C'est elle qui, bien qu'en captivit, fit restaurer Robat Sharaf. Elle fit aussi, parat-il, rparer, sur la mme route de Sarakhs Nshapr, Robat Mah, qui aurait gale ment souffert du brigandage des Ghuzz. Reste essayer de dterminer la date de la construction de notre monument. 1. Le mot "Turkan," qui dsigne frquemment les reines turques, n"est pas un nom propre mais signifie "reine, grande dame" La prononciation correcte est 'Terken". (W Barthold, dans Turkestii11 dow11 to the Mo1130I l11vasio11. Ed. Gibb. Memorial. p 337. note z). z ~utlugh" et "Balka" sont des titres gnralement attribus aux princ e s et qui sont aussi bien fminins que masculins. Nous connaissons une dynastie des ~utlugh Khans, dont ~utlugh Turkan Khatn, veuve de ~ub al-Dn Mu~ammad, qui rgna sur Kerman de 655 H (1257) 681 H. (1 z8z). Ses filles s'appelaient Urd ~utlugh et Y ol ~utlugh. To ~utlugh" corresponds the Arab "Mubarak" and the Mongol Olgjait." (TabakatNa,ir. Ed. H G Raverty p. 865, en note) Bak signifie "a lord, a great man. lt is a title or surname, like Bak in Bak-Taghdi, Alb in Alb-Tign, and Balka in Balka-Tign (idem. p. 49. note 7). Balk Tign est un prince de la dynastie ghaznawide 3. "Ils s'emparrent de Turkan Khatn, qui tait Malik Qiahn (reine de l'univers) et l'pouse de Sulan Sangjar ... Aprs la conclusion de la paix, ils rendirent Turkn Khtn Sulan Sangjar." (TabakatN,,,ir. Ed. H. G Raverty. p 154-5. Voir aussi p. 911 et 9z6 en note) 4 Ta'rkl!Guzd. Ed. Gibb Memorial. Trad. E G. Browne et R A Nicholson. p 46z. Voir aussi TabakatNa,ir. Ed. H G Raverty. p. 156. note 8 5 Voir dans W Barthold. Turkestii11 ... p 319-po, l'numration des monuments publics dont la con struction lui est attribue.

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KHORASAN Nous avons vu que ce n'est pas la vtust qui motiva les travaux de rparation et de restauration excuts en 5 49 H. mais, vraisemblablement, le fait de sa d vastation par les Ghuzz, en 5 48 H Historiquement nous devons donc supposer que la construction du robt a pu tre termine en cette mme anne 5 48 H. L'difice ne nous fournit, en effet aucune date de construction complte et les noms divers que nous trouvons dans ce qui subsiste des inscriptions anciennes ne nous apprennent rien. Ghiyth al-Dawl, Abu Ra~mat Allh, Abu Sa'd Mu ~ammad, Abu'l-J:Iasan (ou J:Iusain) Abu'l-Js:sem, 'Alibd Abu Man~r sont pour nous des inconnus. D'autre part, nous pouvons, la rigueur rapprocher notre robt, qui comprend plusieurs cours quatre wns, du premier dific e de ce type connu, la Madrasa de Khargird, au nom de Ni~m al-Mulk ministre d'Alp Arsln et de Malek Shh de.456 H. (1063-4 ) 485 H. (10 92) Nous pouvons donc penser que Robt Sharaf tut construit entre les annes 4 5 6 et 5 48 H. ( 106 3-4 e t I r 5 3). Nous pouvons mme, la Ni~ my de Khargird ayant t vraisemblablement difie entre les annes 4 7 5 et 485 H. (1082-ro92) ') rduire cet espace de temps 4 7 5-5 48 H., mais cette datation est vidente premire vue. Pour parvenir plus de prcision, notre seule ressource est d'encadrer le ro bt, d'aussi prs que possible, au moyen de monuments dment dat s puis d'exercer ce que la nature nous a donn de sens critique. Il nous faut malheu reusement carter de cette confrontation de nombreux difices d e l cole d'I~ fahn qui n'ont rien voir avec le Khorsn et regretter la disparition de quel ques autres qui nous auraient mieux servis Cependant, l 'poque qui nous int resse, ils' est produit, entre l'Est et l Ouest de l'rn un change si con s id rable de techniqu e s architecturales e t de formules d corati ves qu'il nous est possibl e de tire r que lque profit de c e tte constatation D e plu s il se trouve qu'au Khors n mme, dans le Khorsa.n seldjukide, en un temps o l'art brillant des Samanides se modifiait rapidement, quelques monuments ont sub s ist qui nous fournissent d e s r e nseignements prcieux. A l'poque de la construction du ro b t, ainsi que j e l 'a i dit plus haut l archi tectur e du Khorasan utili s ait uniqu e ment la brique, pour le d cor comm e pour Ta c onstru c ti o n Il n e s'y trouva it e n pltr e que l es rosaces occupant d e s espace s 1. D a n s l'inscripti o n de fond ation d e ce t t e m a d r asa, Ni'.fam al-Mulk es t q u a lifi d e Rali Ami r a l mu'menin titre qui ne lui aurait t octroy que peu de t emps av ant l'anne 480 H. 5 9

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KHORASAN FIG. 50. BAS'fAM. DCOR D'UN ARC DE LA MOSQUE DE 514 H CLICH A. G en forme de croix, mnags dans les jeux de briques. Mais en 5 49 H. ( 1154-5), dans le grand wan du robat et mme en 5 4 7 H. ( 1 152), sur le tombeau de Qj.alal al-Dn al-l:fusain, ') on couvrait certaines parties des murs au moyen d'un revtement de pltre abondamment sculpt. Ce qui tait dj devenu une for mule d
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KHORASAN FIG. 51. BAS'fAM. DCOR DU MUR POSTRIEUR DE LA MOSQUE DE 514 H. CLICH A. G la construction de notre monument. D'autres constatations semblent bien venir en confirmation de cette vue. La mosque de Bastam possde des panneaux de cette broderie, en jeux de briques trs saillantes (fig. 5 1 ) qui dcore encore les faades du portail d'entre (fig. 3 et 7) et de l'iwan axial (fig. 4 5 et 46) du robat Cette broderie, nous la trouvons aussi en 5 1 > H ( 1 1 1 9-20) dans la Namazgah de Bukhara, ') en 505 H ( 111 1-2) sur le min,uet de Khosrugird, 2 ) 1. E Cohn-Wiener. T1m111. pl. VI. 2. A Survey of Persia11 Art t IV. pl. 358 B. 61

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KHORJfSJfN FIG. 52. GUNABAD. DCOR DE LA COUR DU MAS.QIID.QIAMI' CLICH A. G en 504 H. (1110-1) sur celui de Saw,') vers 450 H. (1106-7) sur celui de la mosque Djami' de Damghan, 2 ) en 490 H. ( 1096-7) sur la tour de Mehman dst "shortly before 1076" (4 70 H.) surleRoba~Malik (Transoxiane) ,!) entre 417 et 446 H. (1026-7 et 1054-5) sur le minaret de la mosque Qjum'a de Semnan,4 ) entre 417 et 420 H. (1026-7 et 1029-30) sur celui du Tari Khan de Damghan 5 ) en 4 1 7 H. ( 1o26-7) sur le tombeau de Pr' Alamdar Damghan6) etc .... Par contre ce vigoureux dcor a dj perdu de son nergie Bukhara en 515 H.(1121-2), sur le minaret de la mosque Kaliyan,7) tombe dans la monotonie Usgen en 5 4 7 H ( 1152), sur le tombeau de Qjalal al-Dn I. A Survey of Persia11 Art t IV. pl. 3 58 A 2. idem. pl. 359 A (et non B). 3. idem. t IL p. 986, et t. IV. pl. 272 A. 4 idem. t IV. pl. 360 A. 5 idem. pl. 359 B (et non A). 6. idem. pl. 339 B. 7. E. CohnWiener. Turan. pl. IV.

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KHOR.S.N FIG. 53. BASTAM DCOR DE LA FAADE DE LA MOSQUE DE 514 H. CLICH A. G. al-I;:Iusain, ') et n'est plus que veulerie en 609 H. ( 1212-3), Gunabad (fig. 5 2). D'autre part, on trouve dans la mosque de Bastam et Robat S~araf les mmes croix mnages dans les jeux de briques et garnies cl' ornements en pltre sculpt (fig. 5 3). Ce dcor qui, ma connaissance, n'apparat tel au Khorasan que dans ces deux monuments, nous le retrouvons plus tard mais les croix sont alors garnies d'lments de brique taills, comme sur un tombeau d'Usgen dat de l anne 582 H. ( 1186-7)2), ou de kashs, voire des deux la fois, comme 1. E. Cohn-Wiener. Turan. pl. XII. z idem. pl. XVI z.

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KHORASAN "'""'-~ ~ .... .....: ___ -,.: -FIG. 54. SANGAN BALA COUPOLE D'UN TOMBEAU CLICH A G. Sangan Bala (fig. 5 4). Par contre, il existe en 4 9 r H. ( r o 9 7-8) sur le minaret de Barsan, ') tel qu' Bas~am et Roba~ Sharaf. Nous sommes donc amens remonter sensiblement, par rapport la mos que de Bas~am, la date haute possible de la construction du robt, mais non jusqu' 4 r 7 H., bien entendu, ni mme jusqu' celle du minaret de Barsan, 49 r H. Il existe en effet dans notre roba~ une forme architecturale parfaitement caractristique, devenue classique, et qui fut emprunte aux monuments de l' cole d'l~fahan, le pilier niches plates superposes et colonnettes d'angle (fig. 3 7 et 4 5). Le plus ancien exemple dat s'en trouve dans la Qj.ami' de Zawar, dont la construction fut termine en l'anne 5 30 H. (103 5-6)2). Il en subsiste d'autres qui sont vraisemblablement plus anciens, Gaz, 20 kilomtres au Nord d'l~fahan (fig. 5 5), et dans la Qj.um'a d'I~fahan, sur la faade de l'Iwan Est de la cour,3 ) mais le Mas.djidBuzurg de Gaz n'est pas dat et le moment 1. M. B. Smith. Barsian, dans Ars islamica. 1937. fig. 45. 2. A!b_rr. 1936. fig. 200 et 201. 3. idem. 1936. fig. 175.

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KHOR.fS.fN FIG. 55. GAZ (PRS D'l$FAHAN). PILIER DE L'WAN SELDJUKIDE CLICH A. G. de la transformation de la mosque de Ni=?am al-Mulk en une mosque quatre wans n'est pas exactement connu. Je pense que ces derniers travaux eurent pour origine l'incendie de 5 1 5 H. ( 1 121-2) et qu'ils furent excuts au cours des an nes suivantes,') mais cette datation manque encore de prcision. Les piliers en question sont d ailleurs, dans les deux cas, pour ainsi dire si srs d'eux-mmes qu'ils ne sont videmment pas les premiers du genre. Il y en eut de plus anciens qui ont disparu. 1. A!l!arriin. 1936. p. u6.

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KHORASAN -s.-:, ~ --; 1 ', ) I 1 ,, :, : ,, ------~ ----, :, 1\ ,, '1 '' l~FAHAN i MA~Q,JDQ.JuM'A : GuNeAo-E. TK .3, 4 5 ,...TA.&i ,, 1 i l I l .,, 1 I 1 1 1 ,. ,( ,, ___ .../ ______ -..1 A G FIG. 56. 1$FAHAN. MASQIIDQIUM'A. PLAN DU GUNBADKHAK 66 ) >

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KHORASAN FIG. F GULPAYGAN. INTRIEUR DE LA SALLE COUPOLE CLICH A. G. Cependant le pilier une niche plate et colonnettes d'angle existe en 481 H. (1088-9) l'intrieur et l'extrieur du GunbadKhak d'l~fahan (fig. 56).1 ) A Barsan, en ou vers 491 H. (1097-8), l'arcade enveloppante de cette niche s'tant leve considrablement, bien maintenue dans un renfoncement rectan gulaire la place d'une niche suprieure existe, mais sa place seulement. 2 ) A Gul paygan, c'est dire entre les annes 4 98 et 5 1 1 H ( 1 1 o 5 et 1 1 18), dates du rgne de Sul~an Mu~ammad, fils de Malek Shah, deux ouvertures se superpo sent, parfaitement encadres (fig. 5 7). Les lments constitutifs du pilier de l'wan 1. A Survey of Persian Art t IV. pl. 289 et 290. 2. M B Smith, Barsin, dans Ars islamica. 1937. fig. 15.

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KHORASAN sont alors runis, mais il n'y a d wans ni au GunbadKhak ni Gulpaygah. A l'poque de la construction de ces difices, la cour quatre wans n'a pas encore apparu de ce ct de l Iran. Les grandes mosques de type iranien sont encore des mosques kiosques. C'est un peu plus tard que la Qjum'a d'l~fahan devint une mosque cruciforme, mais nous avons vu que les piliers de ses wans n'en taient pas alors leur coup d'essai. C'est donc probablement sous le rgne du Sultan Mu~ammad que de l'assemblage et de l'arrangement d lments prexistants se constitua le pilier niches plates superposes et colonnettes d'angle qui connut par la suite une si constante faveur Si l'on pense que cet vnement, car c'en e s t un qui marque sans doute aussi l apparition de la cour quatre iwans dans la rgion d'l~fahan, ne se produi s it pas durant la premire anne du rgne de Sultan Mu~ammad mais quelque part entre les annes 4 98 et 5 1 1 H ( 1 1 o 5 et 1 1 1 8), si l'on admet, comme je crois logique de le faire, que Robat Sharaf fut construit avant la mosque de Bastam, c est dire avant l'anne 5 1 4 H ( 1 1 2 o -1 ) et si l'on se souvient que la grande inscription de couronnement de rabat comportait une date de fondation qui a disparu sauf le chiffre des units, qui est 8 on en dduira que la date de la con struction du monument est 508 H. ( 1114-5). Ce n'est encore, assurment, qu'une supposition, mais vraisemblable. Ainsi' donc la construction de Robat Sharaf fut probablement termine en l'anne 508 H. ( 1114-5). ~arante annes plus tard en 5 48 H. ( 1 1 5 3-4), il fut sans doute saccag par les Ghuzz, puis, l'anne suivante, en 549 H (1154-5), rpar, lgrement modifi et, ainsi que dut le penser la haute dame qui ordonna ces travaux embelli. Ensuite, devenu "Abgn," le diamant, comme l'appelle I:Iamd Allah Mustawf, il priclita en mme temps que la route qui tait sa raison d tre, mesure que prenait plus d'importance celle de Meshhed Herat. Il prit ou reprit, le nom de Robat Sharaf. Aujourd hui, ce n est plus qu une ruine aban donne dans un dsert repaire des loups, sans autre importance que pour les historiens de l'art iranien. LA NIZAMIY DE KHARGIRD Je pensais, il y a quelques annes que la plus ancienne mosque quatre wans date la Qjami' de Zawar (5 30 H ( 1135-6)), tant d'un sicle antrieure la 68

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KHORASAN plus ancienne madrasa wans multiples connue cette poque, la Mustan~riy de Bag~dad (6 3 1 H. ( 12 3 3-4)), ') ce long espace de temps pouvait indiquer que la madrasa n'a pas fourni la mosque le principe de 1~ cour quatre wans. "Il semble," disais-je alors, "que la mosque ait elle-mme dcouvert ce perfection nement et qu'elle en ait fait bnficier la madrasa." ') Mais voici que des dcou vertes rcentes viennent l'encontre de cette hypoyhse. La principale est celle d'un monument qui n'est ni une mosque ni une madrasa mais un caravansrail, ce Roba~ Sharaf dont je viens de parler, essentiellement compos de deux cours quatre wans, construit antrierement la .Qjami' de Zawar, probablement termin en l'anne 508 H. ( I 114-5).i) D'autre part j'ai eu l'occasion de revoir la Ni~amy de Khargird. Ce n'est mme plus une ruine, mais un amas de terre o il est bien difficile de reconnatre autre chose qu'une cour et l'wan au fond duquel se trouve le mi~rab de l'difice. Cette fois cependant, venant de Roba~ Sharaf et y retournant, intri gu par une certaine disposition du plan de ce monument lac qui me paraissait avoir une origine religieuse, j'ai rsolu de savoir dcidment si la Ni~amy de Khargird possdait originairement un, deux ou quatre wans, autrement dit, si ce monument, dat par le nom clbre de son constructeur, Ni~am al-Mulk, pouvait tre, ou non, considr comme le plus ancien spcimen connu du type de construction que caractrise la cour quatre wans. J'ai donc recherch, dans le chaos de terre crue qui reprsente aujourd'hui les btiments anciens de la madrasa et les ruines des constructions qui y ont t ajoutes au cours des sicles, ceux des murs originaux qu'il tait possible de situer par rapport l'wan encore debout. J'ai pu mesurer les cotes importantes qui figurent sur le plan ci-joint (fig. 58). L'angle Sud de la cour se trouve 5, 30 m du parement extrieur du mur gauche du grand wan et 5 ,90 m d'un morceau de mur long de onze mtres et 1. Gurgis Awad. The Mustan~iryah College, dans Sumer. Vol. I. p. 1): L'difice avait quatre iwans prin cipaux, destins l'usage des quatre rites orthodoxes ... Ibn Batuta dit: Les quatre rites sont reprsents dans ce collge. Chaque rite a un iwan dans lequel il y a un emplacement pour l'enseignement, surmont d'un petit dme en bois sous lequel le professeur, grave personnage en vtements noirs et turban, est assis sur un banc recouvert de tapis. A sa droite et sa gauche sont assis deux rcitants qui rptent tout ce qu'il dit. Il en est de mme dans chacun des quatre groupes (Ibn Batuta. Paris 1914. Vol. Il. p. 109). 2. A Godard. Les premires mosques de l'Iran, dans A!l!Jirriin. 1936. p. 208. note 2. J Voir ci-dessus.

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KHORASAN ~--------------_.. ___________ : 1 ; : : : ~; 1 : : i JI. : 1 ------, s,:10--1-i::.c2,2c;:co4--l-,,04-~ : 1 1 1 1/)-!~~t t----~~ -_'t.oFlNe~eNTS 101:!NTiquec, : ;._ <.Eux oe l:i~AN PRiNCiPAL 1 -------r-t ----r------1 1 --------------... t__ --------------1 1 1 1 ---------------7 ~--------;.;~--' 1 : 1 1 : b~ L ------r -.--F: 7 ---_J 1 N m 1 1 1 1 1 KHARGIRD : : 1 MADRA)A )ELD.JUKIDE : i : : i~ i 1 2o MTRE', t--'-~ ........ ........ ~-'--+-'........ -'-+-''-'-........ -1 0 5 10 IS FIG. 58. KHARGIRD. PLAN DE LA MADRASA SELDJUKIDE perpendiculaire au ct de la cour. Ce mur est encore orn l o mon dessin l'indique, d un fragment de dcor identique celui du parement intrieur des murs de l'wan principal (fig. 58), c'est dire d'un dcor excut en briques cuites et non tel que serait celui d'une pice d habitation. Il semble donc bien 70

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KHORASAN qu'il y ait eu originairement, sur le ct gauche de la cour, un wan semblable au grand wan. Je n'ai pu mesurer sa largeur, puis'qu'il n'en subsiste plus que l un des murs latraux, mais son emplacement indique que la cour tait carre et nous pouvons, en consquence, dterminer cette cote, 6,64 m, un peu inf rieure celle de l'wan ~ibl. Il n'y a dans cette diffrence de largeur rien que de trs normal, l'wan ~ibl devant tre, par tradition, plus monumental que les autres. A Zawar, par exemple. l'wan ~ibl mesure 7, 4 5 m de largeur et les wans latraux 3, 76 m. 1 ) A Natanz l'wan ~ibl mesure 6, 5 o met les wans lat raux 5,28 m.2 ) A Ardistan l'iwan kibl mesure 9,40 met les wa.ns latraux 6,60 m.J) Il en est de mme dans les difices suivants, que je n'ai pas mesurs moi mme mais dont je prends les cotes sur les plans ou l'chelle des plans que j'indique en notes: Masgj.idQj_um'a, l~fahan (wan ~ibl = 1 3 mtres wa.ns latraux= 1 1 mtres, 4 ) Masgj.idShah, l~fahan (wan ~ibl = 1 5 mtres. wans latraux = 13 mtres.5) Madrasa MaderShah, I~fahan. (wan ~ibl = 8, 5 5 m. wans latraux= 6,20 m.6 ) Masgj.idMalek, Kerman (wan ~ibl = 9, 50 m. wans latraux= 6 m tres.7) Masgj.idQj_ami', Kerman (wan ~ibl= 10,50 m. wans latraux= 6,50 m.8 ) Masgj.idGawhar Shad Me~hed (wan ~ibl = 1 5 mtres. wans latraux = 10 mtres).9 ) Etc .... Je ne connais qu'une exception cette rgle, dans la Ghiyathy de Khargird, mais cette madrasa possde une mosque indpendante de la cour et c'est pour 1. Voir le plan de ce monument dans A!h_iirrii11. 1936 fig. 143. z. idem. 1936. fig. '.j6. 3 idem. 1936. fig. 141. 4 Voir A Swvey of Persia11 Art. vol. Il. fig. 328. ) P Coste. Mo1111me11ts modemes de la Perse. pl. Vlll. 6. Ch. Texier. Descriptio11 de l"Armie, la Perse et la Msopotamie. pl. 77. 7. A S11rvey of Persia11 Art. vol Il. fig. 367. 8. idem. fig. 39'.i 9. idem. fig. 4Z4. 71

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KHORASAN. cette raison que tout caractre religieux a t volontairement enlev l'wan ~ibl. Il n'est pas plus monumental que les autres et ne s'avantage pas d'un mi~rab. ') Ainsi donc, non seulement l'wan retrouv de la Ni'.?amy de Khar gird peut tre moins large que l'wan ~ibl, mais encore il le doit. Il me semble d'ailleurs aussi quel' paisseur des murs de cet wan latral ( 1 ,80 m.), infrieure celle des murs de l'wan ~ibl ( 2, 2 o m), indique que la porte de sa vote tait infrieure celle de la vote du grand iwan. De ces constatations il se dduit bien qu'il y avait l, autour d'une cour car re, un grand iwan, l'iwan ~ibli, et, au centre du ct gauche, un autre iwan, un peu moins large. Cet autre iwan ne pouvant se concevoir sans un troisime, symtriquement plac par rapport au principal, et trois iwans autour d'une cour carre n'allant pas, en Iran du moins, sans un quatrime, oppos l'iwan ~ibl, nous pouvons, sans aucun doute, penser que la Ni'.?amy de Khargird se com posait d'une cour carre, de quatre iwans disposs sur les axes longitudinal et transversal de la cour et de locaux d'habitation, dans les angles de l'difice ainsi dtermin Il existe d'ailleurs sur le ct droit de la cour, comme le montre la figure 58, un fragment de mur ancien qui me parat tre une partie du mur gauche de l'iwan droit. De mme, sur la ct de la cour oppos l'iwan ~ibl, on voit encore, mais dans un tel embarras de constructions en ruine que je n'ai pu le situer exactement par rapport au grand axe de la madrassa, un autre pan de mur, d'une longueur de 2, 50 m, qui me semble avoir appartenu l'iwan septentrio nal. Il m'a paru que sa distance de l'axe principal de l'difice est sensiblement infrieure la demi-largeur de l'wan ~ibli, infrieure mme la demi-largeur des wans latraux, ce qui n'aurait rien d'tonnant, ni mme rien que de trs normal, si cet iwan avait t le vestibule d'entre de la madrasa. On remarque en effect que, dans les difices religieux, l'ordre hirarchique des iwans, bas sur l' impor tance de la place qu'ils occupent autour de la cour, se trouve parfois modifi. Alors que l'iwan ~ibli est toujours le plus monumental et qu'en principe l'iwan septentrional vient ensuite, les wans latraux n'arrivant qu'en troisime lieu, l'wan septentrional, quand il sert de passage de l'extrieur la cour du monu ment, peut tre moins large que les iwans latraux. L'iwan septentrional de la 1. E. Herzfeld Archaeologicl History of lra11. pl. XVII. 72

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KHORASAN Djum'a d'l~fahan, par exemple, qui servait originairement de galerie d'accs la cour de la mosque, mesure huit mtres de largeur alors que les wans lat raux en mesurent onze.') Dans la Qjami' de Kerman pour la mme raison, l'wan Nord mesure 6,oo m de largeur et les wans latraux 6, 50 m,2) etc .... A part le fragment de dcor qui se trouve encore sur le mur subsistant de l'wan gauche et dont je viens de parler, il n'y a plus, dans la madrasa, d'autres vestiges visibles de son ancienne ornementation qu' l'intrieur et l'extrieur de l'wan ~ibl. En haut du mur gauche subsistent encore quelques parties du revtement extrieur de cette partie du monument. Elles reproduisent exacte ment le mme jeu de briques en zigs-zags dont il reste quelques vestiges sous l'inscription de Ni?m al-Mulk (fig. 6 3), ce qui nous prouve que l wan ~ibl, et sans doute aussi les autres wans, taient beaucoup plus hauts que les parties courantes des faades sur cour. Il faut donc, en dfinitive, nous reprsenter la Ni?my de Khargird comme un monument o, autour d une cour carre, qua tre wans d'importance ingale dominaient de beaucoup les constructions un tage qui les joignaient. Robt Sharaf est un difice deux cours comportant chacune quatre wa.ns. La premire de ces cours, sorte de dpendance de la seconde est rectangulaire. L'autre est parfaitement carre. On y remarque ceci de trs tonnant que l'axe principal du monument n'est pas dirig selon la ~ibla du lieu mais que cependant l'wan du fond est p~us large que les wa.ns latraux, lesquels sont eux-mmes plus larges que le quatrime wan, qui sert d'entre la seconde cour. L'wan du fond mesure 5,26 m de largeur, les wans lateraux 4,50 met le quatrime 4, 3 3 m. La largeur relative des wans a donc t dtermine selon la hirarchie que nous venons de reconnatre dans les mosques et dans les macla.ris. Or il n'y a, logiquement, aucune raison pour que l'un des wans de ce caravansrail soit plus large que les autres et il n'existe qu'une explication plausible de ce fait: les premiers caravansrails quatre wans imitrent servilement les dispositions de la madrasa. Plus tard, en effet, les wans des caravansrails auront le plus souvent mme largeur. Les quatre wans de celui de Dehbd, par exemple, mesurent uniformment 4, 2 o m de largeur. 3) Mme constatation Celesy, o les I. A Survey of Persian Art. vol. II. fig. 328. i. idem. fig. 395. 3. Ch. Texier. Description de l'Armnie, la Perse et la Msopotamie. pl. 87. 73

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KHORASAN BAMIYAN 0 ,o ,-.,e'Tfl.~~ t--~-..____.__..,__--+_.....____. _.__.__ .... 5 FIG. 59. PLAN D'UNE MAISON DE BAMIYAN (AFGHANISTAN) wans mesurent 4 ,90 m. de largeur.') Lorsqu'il s'y trouvera une diffrence ce ne sera plus la tradition religieuse qui la inotivera mais la question de l'accs la cour de l'difice. Trois des wans du caravansrail d Amnabad mesurent 4 mtres de largeur et le quatrime, l'wan d'entre, 3,40 m.') A Pasangan, par symtrie l'wan d'entre et celui qui lui est oppos mesurent 5 mtres de lar-1. Ch. Texier. Descriptio11 de l'Armnie, la Perse et la Msopotamie. pl. 86 2 P Coste. Mo11uments modernes de la Perse. pl. LXVI. 74

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KHORASAN geur. Les deux autres mesurent 5, 5 o m.') Etc .... 2 ) Nous pouvons donc penser que le caravansrail quatre wans, lorsqu'il se constitua, adopta le plan de la madrasa. Nous verrons qu'un peu plus tard la mosque l'imita aussi, mais dans une autre rgion de l'Iran, autour d'I~fahan. Ce n'est pas tout ce que nous venons d'apprendre. Robat Sharaf possde deux cours principales quatre wans, mais aussi deux petites cours quatre wans. Il y a donc quatre cours quatre iwans dans ce monument. Ce fait et l'excellence de leur architecture semblant bien indiquer que la cour quatre wans tait alors couramment employe, non seulement dans l'architecture monumentale des ma daris et des caravansrails mais aussi dans celle des simples maisons, car les deux petites cours quatre wans de Robat Sharaf et les locaux divers qui les accom pagnent ne sont pas autre chose que deux maisons. Or je trouve dans l'un de mes carnets de voyage le plan d'une maison dont les ruines existaient encore en 192 3 sur l'emplacement de Bamiyan, dsert depuis l'poque de la destruction de cette ville par Cingiz Khan, en l'anne 618 H. (1221).1 ) J'y trouve aussi, not sur place, que les maisons del' endroit taient d un type presque uniforme, qu'elles sont toutes ruines mais que les restes de l'une d'elles permettaient d'en relever le plan (fig. 59). On y reconnait quatre wans autour d'une cour L'un d'eux, dcor de niches plates, tait sans doute la pice d'appart. L'une des chambres d'angle, avec ses trois petites fentres et sa porte ouvrant directement sur l'extrieur, tait probablement la cuisine. Ainsi donc une cour quatre iwans et une pice ferme dans chaque coin du rectangle ainsi dtermin constituaient la maison-type de Bamiyan l'poque de sa destruction par les Mongols. Sans doute tait-elle aussi celle du Khorasan seldjukide, puisque nous en retrouvons les dispositions caractristiques dans le Robat Sharaf. Elles y apparaissent en de simples maisons mais galement comme lments essentiels d une architecture 1. P. Coste Monuments modemes de la Perse. pl. LXV. i. Il est peut-tre intressant de remarquer que le caravansrail MaderShah, I~fahan, attenant la madrasa MaderShah et fond en mme temps qu'elle pour lui procurer des revenus, a t conu comme un pur difice religieux. L'iwan Sud y mesure 5,80 m, l'iwn Nord 5,40 met les iwans latraux 5 mtres. 3. Encyclopdie de l'Islam. Article: Bamiyan. "En 618 (1221), la ville fut dtruite par les mongols Pendant le sige, Mtgen petit-fils de Cingiz Khn, avait t tu. Pour le venger, le conqurant fit dtruire la ville de fond en comble et massacrer tous ses habitants. L 'e mplacement reut le nom de Mo-Bali~ (vill e mauvaise), ou, d'aprs Rafil!_id al-Oin, de Mo-~urghn (forteresse mauvaise) et, quarante ans plus tard, au temps de l'historien Qiuwain, il tait encore inhabit Il l'est toujours. On l'appelle maintenant ShahrGholgola, la ville des sanglots. 75

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KHORASAN plus vaste et dj si perfectionne qu'il nous faut bien admettre qu'elle n'en tait pas alors ses coups d'essai, ni l ni probablement dans la Ni~amy de Khar gird, d'une quarantaine d'annes antrieure au Roba~. De mme que la mosque arabe hypostyle, semble bien tre le rsultat de l'adaptation de la maison arabe aux besoins de l'Islam, la maison quatre wans du Khorasan semble donc bien se trouver l'origine du plan quatre wans de la madrasa, puis, par l'intermdiaire de la madrasa du caravansrail et de la mosque. C'est ce que rsume le petit tableau suivant: Maison du Khorasan 1 Madrasa 1 Caravansrail 1 1 Mosque De ces trois difices, la madrasa le caravansrail et la mosque quatre wans, issus directement ou indirectement de la maison du Khorasan, les uns, la madrasa et le caravansrail quatre wans, sont vraisemblablement originaires du Kho rasan mme. L'autre, la mosque quatre wans, se constitua dans la rgion d'l~fahan l'imitation de ces "Ni~amy" que le ministre de Malek Shah fit construire en plusieurs villes de l'Iran') et jusqu' Baghdad et Balkh, peut-tre mme, plus prcisment, l'imitation de celle d'Isfahan, qui a malheureusement disparu. Il semble bien que les premires mosques quatre wans aient t le rsultat de la simple adjonction de plan de la madrasa celui de la mosque iranienne du temps de Ni~am al-Mulk, la mosque-kiosque. "En avant du kiosque, qui fut toujours conserv comme sanctuaire, on construisit quatre wans autour d'une cour et, dans les intervalles demeurs entre cette cour et le mur d'enceinte, on trouva des salles diverses dont la couverture fut soutenue par des murs, des colonnes ou des piliers, selon les cas, le got des architectes ou les dimensions 1. "Vers le milieu du V-me sicle, Ni;am fonda Niliapr une madrasa pour le clbre juriste .Qjuwain. ~elques annes aprs, il en cra une autre Baghdad pour le fameux Shraz, alors l'apoge de sa popularit, puis d'autres Ba~ra, l~fahan Balkh, Herat, Mossoul, ailleurs encore." M van Berchem, dans Corpus lnscriptionum Arabicarum. Egypte. p. 260.

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ERRATUM (page 7 7 ligne 1 6) Au lieu de .... celle de l'arrangement des anciennes mosgues guatre wans et celle de la construction, d'une seule venue, .. .. lire .... celle de l'arrangement des anciennes mosgues kiosgues en mosgues guatre wans et celle de la construction, d'une seule venue,

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KHORASAN de l'difice."1 ) C'est ce que nous constatons au Mas.djidQjum'a d'l~fahan et c'est de la mme faon que furent constitues les mosques quatre wns d'Ar distn Natanz, Gulpaygan, Sw, etc .... Cet arrangement, dont le succs fut trs vif, fixa rapidemept le parti architectural de la grande mosque iranienne, c'est dire de ce type d'difice que l'on a trs justement appel "mosque-ma drasa." 2 ) Les nouvelles mosques furent construites selon cette formule nouvelle qui dotait les difices religieux iraniens, jusqu'alors peu confortables, de vastes espaces couverts, c'est dire des avantages de la mosque de plan arabe. La plus ancienne actuellement connue est la Dimi' de Zawr, qui est date de l'anne 5 3 o H. ( I I 3 5-6). On y trouve bien, en arrire de l'wn ~ibl, une vaste salle coupole, souvenir de l'ancien kiosque. J'ai dit prcdemment, en recher chant le moment de la construction de Robar Sharaf, que c'est problablement sous le rgne de Mu~ammad, fils de Malek Shh, que furent excutes les pre mires transformations de mosques kiosques en mosques quatre wans. Il n'y aurait donc eu qu'une ~rentaine d'annes, au plus, entre les deux tapes de la constitution des difices de ce type, celle de l'arrangement des anciennes mos ques quatre wns et celle de la construction, d'une seule venue, des mosques quatre wns. A l'poque seldjukide toutes les mosques-madrasas connues, rsultat d'ar rangement ou non, semblent bien se trouver dans la rgion d'l~fahan.J) Chose curieuse, alors que le Khorsan fournit, par l'intermdiaire de la madrasa, la cour quatre iwns aux mosques de l'cole d'l~fahan, il semble qu'en retour ce soit l'cole d'l~fahn qui ait fourni au Khorsn la mosque quatre wns. Longtemps aprs que, dans l'Ouest de l'lrn, la grande mosque tait devenue un difice cruciforme, le Khorsn continua de construire des mosques deux wns seulement, l'wn ~ibl, au fond duquel se trouvait le mi~rb, et un autre wn, moins important, qui lui faisait face, au centre du ct oppos de le cour. 1. A!.b.rT,. 1936. p. 208. 2 Encyclopdie de l"Islm. Article: Maslijid t. III. p. 4 3 1. 3. La mosque quatre wans de Kerman qui est appele MaslijidMalek a bien t difie par le scld jukide Malek Tran Shah, qui rgna de 477 H 490 H. (1084-5 1096-7), mais elle a t depuis lors entirement reconstruite "Elle tait trs ruine," dit N. de Khanikoff, "et on la reconstruisait quand je la visitai(en 1858). Je n'ai pu y trouver qu'un dbris d'un vers e t du Koran trac en caractres qu'on ne rencontre pas avant le VIII-me sicle de !'Hgire." Mmoire sur la partie mridio11ale de l'Asie centrale. p 194. De l'poque seldjukide elle n'aurait gard qu'un mi~rab en pltre endommag et un minaret dcapit. 77

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KHORASAN On dirait que le Khorasan ait eu pendant longtemps scrupule de composer une mosque la faon de ses plus ordinaires maisons. Ce qui lui paraissait admis sible pour une madrasa, qui n'tait en somme qu'une grande maison, et pour un caravansrail, ne lui semblait peut-tre pas convenir la maison de Dieu. C'est du moins ce que paraissent indiquer les grandes mosques de cette rgion de l'ran. Celle de Formad (fig. 6 5), vraisemblablement construite au commen cement du VII-me sicle de l'Hgire, celle de Gunabad date de l'anne 609 H. (12 12-3), celle de Zawzan (fig. 96), date de l'anne 616 H. ( 12 19), sont des mosques deux Iwans. Celles, plus tardives, de Nshapr, de Sabzewar, etc ... en sont aussi. D'autre part, la plus ancienne mosque khorasanienne quatre wans que je connaisse, ou dont je me souvienne pour l'instant, est celle qui fut construite Meshhed en l'anne 8 2 1 H. ( 1418) par l'pouse du Sulran Shah rukh, Gawhar Shad Encore son architecte, ~iwam al-Dn, tait-il un homme de Shraz 1 ) De ce qu'taient les premires grandes mosques du Khorasan nous ne savons pas grand'chose, si ce n'est, par les historiens, qu'un certain nombre d'entre elles taient des difices hypostyles dont les colonnes taient parfois de bois. 2 ) Mais nous pouvons penser qu' ct de ces monuments d'instigation trangre il y avait au Khorasan, comme nous savons qu'il y eut dans la partie Ouest du pays, des difices dont le plan aussi bien que la construction taient purement iraniens Ils furent probablement, tout d'abord, de simples wans, semblables l'wan ~ibl de la Ni~amy de Khargird, et des salles coupoles prcdes du haut wan cher au Khorasan et au Turkestan quelques chose comme les salles de prire des mu~allas de Turuk et de Meshhed.3 ) Devant ces difices, sur une esplanade limite ou non par des murs, les fidles se rangeaient pour la prire, 1. Cependant, avant cette date fut construit Samar~and le monument quatre wans qui porte le nom de Bibi Shanm et qui est dat des annes 801 H (1398) et 808 H (1405). C'est une madrasa, il est vrai, mais elle se prsente exactement comme une mosque quatre iwans de l'Ouest et on l'appelle souvent "Mosque de Bb Shanim." (VoirE Cohn-Wiener. Triin. pl. LXIV-LXVII). Plus tt encore, probablement, la grande mosque piliers, construite Bukhara par Arslan Khan Mu]:iammad b. Sulaiman, en 515 H. (1121-2), fut transforme en mosque quatre wans par l'adjonction d'wans latraux. z. "Ab Muslim, le fameux gnral et propagandiste
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KHORASAN ---1 r-'--------j i_ ______ __, OAMIYAN A G FIG. 60. PLAN D'UNE PETITE MOSQUE DE BAMIYAN (AFGHANISTAN) comme il le font encore devant nombre de mosques du Turkestan "Cela est particulirement usuel au Turkestan dit E. Diez L wan et les niches n'taient en effet que des mi~rabs proportions monumentales, il n'y avait donc pas be soin d'autre chose .''') J'ai d'ailleurs, mais ce n'est qu'une indication, car il s'agit d'une trs petite construction relev sur l'emplacement de la ville de Bamiyan, dtruite par Cingiz Khan en l'anne 6 18 H. ( 1221 ), le plan d une petite mos: 1. E Diez dans Encyclopdie de l'Jsliim. Article : Mas 4iid p 441. 79

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KHORSN FIG. 61. KHARGIRD. DTAIL DE L 'INSCRIPTION DE LA MADRASA SELDJUKJDE CLICH A G

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KHORASAN FIG. 6i. KHARGIRD. DTAIL DE L'INSCRIPTION DE LA MADRASA SELDJUKIDE CLICH A. G. que qui n'tait autre chose qu'un wan dment orient, contenant le mi~rab et prcd d'une cour limite par des murs bas (fig. 60), une mosque kiosque, encore un coup, semblable celle de Nrz, ') mais moins grande. P.S. Les murs de la seule partie de la Ni~amy de Khargird qui soit encore debout, I. Le MastljidQium 'a d e Niriz, dans A/.b_ifrriin. 1936 p 163-17i. 6

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KHORASAN FIG. 63. KHARGIRD. DTAIL DE L'INSCRIPTION DE LA MAD RASA SELDJUKIDE CLICH A. G. l'wn ~ibl, menacent ce point de s'crouler que le Service archologique a pris la dcision d'en dtacher la prcieuse inscription au nom de Ni~m al-Mulk, sans doute la plus belle de l'Iran, et de la transporter au muse de Tehran, o elle se trouve maintenant. Elle tait si compltement enduite de boue, provenent de la liqufaction des murs en terre crue de l'difice, qu'on a cru pendant longtemps qu'elle tait, elle aussi, en terre crue et qu'on ne pourrait la dposer sans la rduire en poussire, mais elle a t excute en terre cuite, taille en de bonnes briques jaunes. Elle se compose d'une partie basse, l'inscription elle-mme, d'une partie haute, uni quement ornementale, et d'lments intermdiaires, les hampes des lettres, qui joignent la partie basse la partie haute (fig. 6 1 ). La partie basse mesure o, 3 4 m de hauteur. Elle est forme d'une suite de grandes briques dont la largeur, d pendant de celle des lettres ou des groupes de lettres, varie de 0,40 m o, 20 m. Leur paisseur est de o, 1 1 m, mais les lettres qui y ont t tailles n'ayant que o ,07 5 m de saillie, il s'ensuit qu'elles reposent sur un fond rectangulaire de 82

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KHORASAN o o 3 5 m d paisseur. Les ornements de la partie suprieure ont t galement taills dans des briques de 0,40 m X 0,40 m x o II m, mais en utilisent toute l'paisseur Leur surface est donc rduite aux limites de leur contour extrieur, sans doute afin de laisser toute libert d'volution au dcor en pltre sculpt qui remplit les vides, entre la partie basse et le haut du bandeau ~ant la forme des ornements floraux, elle est variable selon les cas, selon qu ils sont ports par deux hampes (fig. 61 et 6 3), par une hampe seulement (fig. 6 3), ou ne sont pas ports (fig. 6 I et 6 3). La hauteur des lments ports est uniformment de o, 3 I 5 met celle des morceaux de hampes intermdiaires de o I 3 5 m. L'inscription, ainsi constitue de trois lments superposs qui mesurent o 3 4 m, o, I 3 5 m et o 3 I 5 m, a donc une hauteur totale de o, 79 m, soit, avec les joints de scellement, 0,80 m. Le texte important qu'elle nous a conserv a t parfaitement lu par E. Herzfeld ') La voici telle qu'elle se trouve maintenant au Muse de 'fehran : ...... ~}k~I -4 .l~ yl ...... ..ulilj ~I ... ""' J.)WI .... .. jcct .... ~l..ul j-JI J .)\ Jll,I )1 ~,.I ~J ~I CJ. c.5 .. .. .iJ _,..JI ..1"..L... ~I ~\/1 ~\ ~\ c.5..u" "~e Dieu (nous) garde du diable! (fig. 62)') .. le juste Ni~am al-Mulk, Kiwam alDn ... 'Al b.Ishak Rad Amr al-Mu menn. ~e Dieu dure dans sa gloire ternelle! (fig. 6 3) ... Par la main du Shaikh, soutien (de la religion) l e glorieux al-Saiyid Sad d al-Dawl ... LES MOSQUES DE FOROMAD ET DE ZAWZAN Forumad, l'ancienne Fariyumad, se trouve une douzaine de kilomtres de la route de Shahrud Sabzewar, au N E d"Abbasabad au N.O.de Maznan. 1. E H e rzfeld A M I t. VII. p 84-5. z. Formul e s ouvent plac e d e vant un e citati o n k o r a niquc.

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KHORASAN FIG. 64. FORMAD. VUE GNRALE CLICH A. G. Cette localit, qui n'est plus qu'un gros village (fig. 64) fut autrefois le chef-lieu du district de Qjuwain f:Iamd Allah Mustawfi le dit nettement.') Ya~t, en 623 H. (1225), n'en parle pas, la ville principale du Qjuwain tant, de son temps, Azadwar. 2 ) C'est donc l'poque mongole que Fariymad prit de l'im portance. Le Strange crit, "according to Mustawf," que c'est au VIII-me sicle H. (XIV-me AD.) que "the capital of the Juvayn district had changed to Fariymad."J) Cependant Mustawf ne dit pas cela. Cependant aussi Azadwar que Ya~t dcrit comme une ville populeuse, possdant de belles mosques, 4 ) 1. Qiuwain "is a district that formerly was included in that of Bayhaq, but which is now countcd as sepa rate. lts chief town is called Fariymad" (Nuzhat al-~ulub. Trad. G le Strange p. 148). 2. Qiuwain est un "canton vaste et 0orissant sur le chemin que suivent les caravanes en allant d e Bestham Niabour Les habitants du Khoraan le nomment Gouian et les Arabes ont form de cela le nom de Djouen. Il est limitrophe au Behaq du cot de la Kibla, et Qjadjerm au nord Son chef lieu est Azadvar ville situe sur la frontire occidentale de ce canton (C. Barbier de Maynard Dictio1111aire 5ographique, historique et littraire de la Perse. p. 180). 3G. le Strange The La11ds of the Eastern Caliphate. p 392. 4. Idem.

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---.. ----------FORUMAD s 1 1 1 1 KHORSAN 1 T 1 1 1 1 ~ --+--__ L _____ j ________ 1 1 ----;-. i ----t-~ ~ N.rn -CON~TAUCTiN ORic"-iN.->.LE -CON~OLiDATiON MUR.S MODER.NE!>. FIG. 65. FOROMAD. PLAN DE LA MOSQUE

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KHORASAN FIG. 66. FORMAD. VUE GNRALE DE LA MOSQUE CLICH A. G. Mustawf ne la nomme qu'en tant que "village" situ sur la route de Qja.djarm Nshapr. ') D'autre part il cite les II other large places" du district, Ba~rabad, Arkazr, Dilband et Khrashah, 2 ) parmi lesquelles ne se trouve pas Azadwar. II est donc probable qu'une assez longue priode de temps s'est coule entre l'poque de l'abandon d'Azadwar au profit de Fariymad et l'anne 740 de l Hgire ( 1340 AD.), date de l'achvement du Nuzhat al-.[::.ulb. La grande et somptueuse mosque de Fariymad, vraisemblablement difie lorsque la ville devint le chef-lieu de la rgion, aurait pu nous fournir des assurances ce sujet, mais elle ne comporte plus aucune date de construction et ses inscriptions ne mentionnent le nom d aucun personnage connu. Cependant comme nous al lons le voir, sa caractristique architecture khorasanienne nous oblige la rap procher le plus possible d'difices bien dats qui appartiennent au VI-me sicle de l'Hgire (XII-me A.D.). Nous pouvons donc penser qu'elle n'est pas de 1. N11zhat al-[:::ulub. Trad. G. le Strangc p. 169. 2. idem. p. 149. 86

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KHOR.fSAN FIG. 67. FORMAD. L'IWAN PRINCIPAL DE LA MOSQUE CLICH A. G. beaucoup postrieure l'poque de la composition du Mu'djam al-Buldan et, par mesure de prcaution, dater du VII-me sicle de !'Hgire (XIII-me A.D ) la mosque de Forumad ainsi que du mme coup le dplacement de la capitale du Qjuwain, d'Azadwar Fariyumad La mosque de Forumad est maintenant une ruine dont le plan n'est plus intelligible en entier (fig. 6 5). Nous ignorons les dispositions de ses parties secon daires mais l'essentiel nous est parvenu: deux hauts wans se faisant face, de 87

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KHORASAN FIG. 68. FOROMAD. DTAIL DE L 'IWAN PRINCIPAL CLICH A G part et d'autre d'une cour borde d'arcades basses (fig. 66). Ces arcades, autre fois, donnaient accs des galeries latrales dont la largeur est reprsente par la distance qui spare le mur Est de la cour de celui qui longeait une sorte de ravin et dont la partie basse, en soutnement, est encore visible (fig. 67). Nous n'en savons rien d'autre. La moiti d'une coupole en briques de terre crue, indi que sur le plan par un cercle en pointills subsiste bien l'Est du vestibule d'entre, mais elle est relativement moderne Symtriquement au vestibule d'en tre, par rapport l'wan sep~entrional, il y avait une autre salle, longue et vo te en berceau, mais deux seulement de ses murs sont encore debout. Nous ignorons, en somme, peu prs tout des dpendances de cette mosque, mais il nous est vident qu'elle tait deux wans," typiquement khorasanienne. Elle fut assez ngligemment btie. Sans raison apparente, sans raison proba blement, les axes des deux wans ne sont pas dans le prolongement l'un del' autre et il s'ensuit que les arcades qui les flanquent ne sont pas de mme largeur Les murs latraux de l'iwan ~ibl, percs de quatre larges baies, taient trop faibles, ainsi qu'il apparat de suite la seule vue du plan, et des accidents se produisi-88

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KHORASAN FIG. 69. FORMAD. L'ARC DE TTE DE L'IWAN PRINCIPAL CLICH A. G. rent auxquels on tenta de remdier en bouchant les ouvertures antrieures De larges fissures des dcollements et mme d assez considrables dplacements de maonneries (fig. 68) s ensuivirent, qui expliquent l'tat actuel du monument sans qu'il soit ncessaire d'en rendre responsable l'ennemi mortel des difices iraniens le t r emblement de terre Entre les arcs de tte et les arcs intermdiaires des wans, qui ne sont mme pas aussi solidement construits que ceux des arca des de la cour doubles quoique ne portant rien les lments des votes sont libres, sans liaison avec leur renfort naturel les arcs (fig. 69). En consquence les arcs ont subsist et les votes se sont croules. Le constructeur ne valait pas le dcorateur, ou, plus probablement, l'architecte du monument tait plus dco rateur que constructeur. C'est ce qu'on peut dire aussi de l auteur du MasgjidGawhar Shad de Meshhed, ~iwan al-Dn Shraz, ce que l'on remarque d 'ail leurs dans presque tous les monuments de l'Iran et non seulement en Iran mais dans tout le monde islamique. Je l'ai dj dit quelque part, l'idal du vritable technicien, construire pour l'ternit, fut toujours tranger l Islam: il ne s 'intresse pas la dure de ses uvres. Bien plus il prouva toujours une sorte 89

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KHORASAN FIG. 70. SEM NAN. LA KHANE~AH D"ALA' AL-DA WL CLICH A. G. d'horreur sacre pour l'ide de dure: "La preuve de Dieu est dans le caractre prissable de ce qui n'est pas Lui." L'architecture islamique, en Iran, est dco rative, remarquablement ingnieuse dans ses moyens, subtile, aisment gran diose ou charmante, son gr, savante dans la plus humble bourgade du pays, mais peu soucieuse de dure. L'poque mongole installa d'normes coupoles en briques cuites,') parfois mme de doubles coupoles (fig. 70) et de hauts mina-1. Voir le tombeau d'al-l;lasan b. Kaikhosraw, dans A!b.rlrn. 1936. fig. 42.

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KHORAS.fN FIG. 71. FORUMAD. L 'IWAN PRINCIPAL CLICH A. G. rets sur des murs et des socles de terre crue. ) Les fondations sont rarement suf fisantes. Celles des minarets sont dtermines par cette formule simpliste: Pri mtre de la fondation= hauteur de l'difice, comme si la rsistance du sol aux pressions tait toujours et partout la mme. Les monuments d~ l'poque safa wide sont couverts de carreaux de faence maille colls au pltre qui n'ont a~1cune raison de demeurer en place et ne tardent pas s'crouler. L'lmamzad 1. Voir celui du MasftiidQjmi' d'Abar~h, dans A!l!Jirra11. 1936. fig. 38. 91

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KHORASAN FIG. 7i. FOROMAD. DTAIL DE LA FAADE DE L'lWAN PRINCIPAL CLICH A. G Ya~y, Warmn, n'est rien d'autre qu'une masse de terre entoure d'une mince pellicule de briques cuites. C'est par suite des tassements de cette terre, de la conscutive dislocation du parement protecteur et de l'infiltration des eaux de pluie, un btiment en dcomposition que l'on rapetasse tant bien que mal et quise rsoudra un jour en un tas de boue. Mais le dcor en pltre sculpt de l'int rieur est beau, l o l'on en voit encore quelque chose entre les crevasses et les coules de terre Les kashis des monuments safawides sont beaux quand ils viennent d'tre restaurs. Le Minar 'Alam tait aussi beau que son nom l'in dique, mais il s'est croul quand la municipalit d'l~;fahan s'est avise de faire passer un petit ruisseau dans son voisinage. L'Iran, qui eut le gnie des formes nobles et du dcode plus magnifique, serait l'un des quelques muses de l'architecture du monde s'il s'tait souci de construire bien. Assurment le sens profond de la mystique musulmane n'est pas perceptible chaque musulman, et, pour en revenir notre mosque de Formad, son architecte n'en fut probablement pas affect, mais la posie, dont 92

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KHORASAN FIG. 73. FOROMAD. DTAIL DE LA FAADE DE L'WAN PRINCIPAL CLICH A. G

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KHORASAN FIG. 74. FORMAD. DTAIL DE LA FAADE DE L 'IWAN SEPTENTRIONAL CLICH A. G

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KHORASAN FIG. 75. FORIJMAD. DTAIL DE LA FAADE SEPTENTRIONALE CLICH A. G l'me iranienne est intoxique, n'est que variations sur ce thme, d'origine reli gieuse: "Le temps est un glaive (Sa'd). "N'attache pas ton cur ce monde de dcombres," dit encore Sa'd. "Avant que nous fussions rien ne manquait ce monde ~and nous ne serons plus il sera tel qu'il a toujours t," ajoute Khayyam. A quoi bon? conclut le maon Mais c'est faire uvre pie, c'est particulirement honorer Dieu que de parer 95

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KHORASAN CLICH A. G. une mosque et, en vrit, il a t dpens plus de temps, plus d'ingniosit, plus de talent pour orner celle de Formad que pour difier son gros-uvre. Elle est entirement couverte, intrieurement, d'un dcor en pltre sculpt, et, ext rieurement, d'une ornementation en terre cuite qui peut compter parmi les plus beaux morceaux de l'art dcoratif iranien. La faade de chacun des deux wans se composait, autrefois, d'une haute arcade surmonte d'un panneau surmont lui-mme d'une inscription horizontale, le tout l'intrieur d'un riche bandeau d'encadrement. Au dessus de colonnes d angle, l'arcade de l'wan ~ibl (fig. 71) est entoure d'une gorge orne d'une inscription en pltre sculpt. Le panneau dcoratif (fig. 7 2) est un assemblage d'hexagones excuts par parties l'atelier, en mosaque de petits lments de brique taills. Il est bord d'un troit galon en terre cuite moule, puis d'un galon plus large et en forme de gorge, dont le dcor, en pltre sculpt, a disparu. Au dessus de cette brillante ornementation, rien n'existe plus, mais les parties verticales du bandeau d'encadrement continuent de monter, indiquant ainsi qu'il y avait une inscription au dessus du panneau dcoratif, comme Roba~ 96

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K!iORAS.N FIG. 77. FOROMAD. DCOR D 'UNE COLONNE CLICH A. G. Sharaf (fig. 46), et que c'est seulement au dessus de cette inscription que le ban deau se retournait horizontalement Le bandeau lui-mme se compose de quatre bandes parallles excutes soit en mosaque d'lments de brique taills, soit en terre cuite moule (fig. 7 3). La bande principale est une suite d'hexagones excuts par parties l'atelier et assembls sur place.') Dans les fonds sont logs des ornements en terre cuite mou-1. Chaque hexagone mes ure 0,4: m de l,1rgeur et se compose de qu atre lments carrs. 7 97

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KHORASAN FIG. 78. FORUMAD. MUR LATRAL DE L'IWAN PRINCIPAL CLICH A, G. le. Au centre de chaque hexagone il y avait peut-tre un cabochon demi-sph rique, comme on en voit l'intrados des arcs de tte des wans (fig. 68 et 89) ou, plus problement, des toiles en terre cuite moule analogues celles qui ornent le centre des hexagones du bandeau septentrional (fig. 7 4). Les deux petites bandes voisines sont formes d'lments rectangulaires mouls.') La qua trime bande est une broderie, souvenir du dcor des inscriptions kufiques de 1. Chacun de ces rectangles mesure 0 ,185 X 0,095 m.

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KHOR.fS.N FIG. 82. FOROMAD. LE Mlf:IRAB CLICH A G que celle de l'wan ~ibl, est aussi un arrangement d'hexagones excuts par parties, 1 ) au moyen de petits lments de brique taills. Dans les fonds, ainsi qu'au centre de chaque hexagone, se trouve un ornement en terre cuite moule. L'autre bande est galement un arrangement d'hexagones, mais beaucoup plus petits ou, plus prcisment, un assemblage de carrs portant chacun un hexa gone. Ces carrs, comme auss1 les quatre galons, sont en terre cuite moule. J. Chaque hexagone se compose de six parties. I O I

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KHORASAN FIG. 83. FOROMAD. DTAIL DU Mil:IRAB CLICH A. G. Les deux wans sont flanqus de parties de murs qui n'atteignent pas leur hauteur mais dominent les faades latrales de la cour, sortes de contreforts, mais destins plutt satisfaire l' oeil qu' assurer effectivement la stabilit des grands arcs (fig. 66 et 75). Ils sont orns, au Nord, comme le sont les faades des wans (fig. 7 5 et 76) etc' est l qu'apparaissent, en clair sur la figure 76, les seuls points d'mail, de couleur turquoise, qui subsistent dans le monument. Les niches plates taient sans doute surmontes d'inscriptions puis couronnes 102

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KHORASAN FIG. 84. FOROMAD. DTAIL DU Mil:lRAB CLICH A. G. d'un bandeau horizontal identique ceux qui les bordent verticalement Au Sud c'est la maonnerie nue qui apparat droite de l'wan (fig. 72). A gauche, cette maonnerie est couverte d'un mauvais dcor en pltre, soit que le dcor en terre cuite n'ait pas t excut, soit, plus probablement, qu'il soit tomb puis ait t remplac tant bien que mal. ~elques parties des colonnes d'angle des wans ont gard leur revtement de terre cuite moule (fig. 77). 103

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KHORASAN FIG. 85. FORMAD. DTAIL DU Mif:iRAB CLICH A. G. La partie basse des faces latrales de l'wan ~ibl est orne du dcor courant des murs de Robat Sharaf (fig. 78). Mme appareillage des briques et mme orne ment imprim sur les joints verticaux. Les baies demeures libres sont bordes de voussures o sont loges des inscriptions en caractres kufiques. On remarquera qu'il se trouve en cet endroit deux inscriptions superposes et spares l'une de l'autre par un enduit de terre (fig. 79) La seconde appartient sans doute l'po que des travaux de consolidation de l'wan au cours de laquelle les deux baies 104

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KHORASAN FIG. 86. FOROMAD. DTAIL DU Mll;IRAB CLICH A G. antrieures ont t bouches. La premire est contemporaine de la cqnstruction de l'difice. On remarquera aussi, en comparant les caractres de l'criture, que ces deux poques, celle de la construction du monument et celle desa rparation, sont trs voisines l'une del' autre Au dessous de la retombe del' arc de tte court, sur les trois cts de l'wan, une somptueuse inscription en caractres arrondis (fig. 80). Immdiatement au dessus d'elle, entre l'arc de tte et celui qui limite la zne des stalactites, on voit une autre inscription, mais en caractres kufiques. 105

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K_Jj_ORASAN FIG. 87. FOROMAD. DTAIL DU MH:IRAB CLICH A. G Puis part le dcor de la vote en pltre et dont le principe dcoratif est encore l hexagone (fig. 8 1 ). Le fond de l wan est occup par le riche mi~rab dont je donne ici une vue q'.ensemble (fig. 82) et quelques dtails (fig. 83 87) ainsi que par un norme essaim des stalactites au centre duquel il y a une inscription qui nous fait con natre le nom de l'un des excutants du monument, le sculpteur, probablement (fig. 88): "Travail de'Al." 106

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KHORASAN FIG. 88. FOROMAD. DTAIL DU FOND DE L'IWAN PRINCIPAL CLICH A G Les autres inscriptions de la mosque reproduisent des textes religieux. Cependant il y avait une date la fin du bandeau d'encadrement de la niche du mil:irab. Il n'en subsiste que ceci: ... dans les mois de ... Le reste a disparu. L'wan septentrional est beaucoup moins profond que l'wan ~ibli. Un ban deau inscription fait le tour de ses parois sous la retombe des arcs. Un arc intermdiaire limite une masse importante de stalactites. L'intrados de l'arc de tte est aussi richement dcor que celui de l'autre wan Toutefois le dcor de la vote est diffrent Entre l'arc de tte et l'arc intermdiaire, trs rapprochs l'un del' autre, on ne trouva pas la place d'une inscription mais tout juste la largeur d'une niche plate encadre d'une gorge inscription (fig. 89). Au dessus de cette niche la vote est dcore d'un semble-jeu de briques en pltre. Les faades latrales de la cour et le parement intrieur des arcades taient autrefois revtus l' ornements en pltre sculpt, mais on ne voit rien de sembla ble sur la face postrieure. Sans doute n'y eut-il jamais rien, ce qui confirme 107

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KHOR.S.N FIG. 89. FORMAD. LA VOTE DE L'WAN SEPTENTRIONAL CLICH A. G. l'impression fournie par le plan que ces arcades ne servaient pas simplement de clture la cour mais donnaient accs des galeries couvertes en charpente et terrasse. De leur dcor sur cour il ne reste que fort peu de chose, peine de quoi nous permettre de supposer que ces arcades, encadres, comme les autres, de gorges ornes d'inscriptions taient spares les unes des autres par des sortes de pilastres ou de bandeaux verticaux qui aboutissaient probablement un bandeau de couronnement horizontal. Ces pilastres taient orns d'un dcor analogue celui des bandeaux d'encadrement des grands wans, mais en pltre Au dessus des arcs et limits par les pilastres et le bandeau de couronnement on voit encore de hauts panneaux dont l'ornement a partout et compltement disparu (fig. 90). Du parement intrieur des arcades sur cour les figures 90 et 9 1 donneront une ide suffisante. La figure 9 2 reprsente l'paisseur de l'une des baies libres de l'wan kibl. Le passage d'entre est extrmement simple, soit qu'il n'ait jamais t dcor, soit qu'il ne le soit plus. I08

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KHORASAN FIG. 90. FOROMAD. LES ARCADES D'ANGLE DE LA COUR CLICH A. G. La faade postrieure est de nouveau assez riche (fig. 9 3). Le porche est com pos l'instar des wans (fig. 94), mais le dcor des ailes, de proportions plutt vagues, est en outre plutt grossier (fig. 9 5). Essayons maintenant de dater approximativement l'difice. Le principe du dcor des faades au moyen d'un revtement de plaques de terre cuite moules ou tailles l'atelier, de mme que l'encadrement des baies au moyen d'inscrip tions en pltre sculpt, nous le connaissons bien. Nous avons vu ailleurs des votes couvertes d'un large dcor gomtrique o sont logs des ornements floraux, rosaces et autres, et pareillement cette criture arrondie aux hampes vases qui apparat dj Rabat Sharaf en 5 49 H ( 1 1 5 4-5). Nous voyons aussi Rabat Sharaf, galement en 5 49 H., et en d'autres monuments du mme temps, le semble-jeu de briques mnageant de petits espaces orns de rosaces ou de fleurettes tailles dans le pltre qui dcore la vote de l'wan septentrional et les parois de l'wan ~ibl de Formad. De mme l'ornementation de l'intrados des grands arcs. De mme le caractre trs particulier des masses de stalactites qui 109

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KHORASAN FIG. 91. FOROMAD. DTAIL DES ARCADES D'ANGLE DE LA COUR CLICH A G. occupent les fonds des iwans de Formad. Etc ... Nous retrouvons tout cela en quelques monuments bien dats ou datables du Turkestan, d'o venait alors la lumire, et du Khorasan. Comparez les figures 7 3 et 7 4 la planche XVla d'E. Cohn-Wiener dans Turan, les figures 72, 74, 90, 94 aux planches XII, XIII et XV du mme ouvrage, la figure 8 1 aux planches XIII et XIV du mme ouvrage, II 0

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KHORSN FIG. 92. FOROMAD. DTAIL D'UNE ARCADE DE L'IWAN PRINCIPAL CLICH A G. la figure 80 aux figures 48, 49 de la prsente tude et aux planches VIIIe, XIII, XIVb de Turan, les figures 89, 9 11 9 2, 94, 9 5 aux figures 5, p de la prsente tude et aux planches VIIIa.c.d, XVIb de Turan, les figures 72, 89 la figure 9 de la prsentetudeetla planche VIII de Turan. Remarquant que les monuments dont nous venons de rapprocher la mosque de Formad, le tombeau de Qjall al-Dn al-J:Iusain, Usgen, celui de Sulran I I I

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KHORASAN FIG. 93. FORMAD. LA FAADE POSTRIEURE DE LA MOSQUE CLICH A. G. Sangjar, Marw, le tombeau anonyme d'Usgen et Robat Sharaf sont respecti vement dats de 5 4 7 H. ( 1 152 A.D .), des annes qui suivirent la mort de Sangjar, c'est dire d'environ 552 H.(1157 A.D.), de 582 H.(1186-7 A.D.) et de 5 49 H. ( 1154-5), date de la rparation et de la restauration de Robat Sha raf, nous pourrions tre tents d'en conclure que la mosque de Formad fut constru i te aussi durant le VI-me sicle de !'Hgire (XII-me A.D.) Nous le pourrions mme d'autant mieux que nous trouvons Robat Sharaf et For mad le mme dcor original des murs (fig. 5 et 78) sous le mme dcor contem porain d'une rparation. A Robat Sharaf on voit les deux dcors superposs (fig. 5 et 3 1). A Formad l'un d'eux correspondant la premire inscription du tour des baies libres, se trouve sur la paroi gauche de l'wan ~ibl (fig. 78). L autre, correspondant la seconde inscription, couvre encore la paroi droite du mme wan. Mais il y a la phrase de Ya~t, cite au dbut de cette tude Disons donc que notre mosque fut probablement construite durant le VII-me sicle de Hgire (XIII-me A.D.). 1 1 2

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KHORASAN FIG. 94. FORUMAD. L'IWAN D 'ENTRE CLICH A. G De l'immense mosque de Zawzan 1 ) il reste moins encore que de celle de Fo-1. Inscrite l'inventaire des monuments historiques de l'lrn le 10 Fvrier 1940 (20 Bahman I Jl8). Zawzan se trouve au Sud et une soixantaine de kilomtr e s de Khwf Ykt l appelle "une petite Ba~ra" en raison de l'importance de son commerce (C. Barbier de Meynard Diction11aire sosraphique de l'lrii11. Article : Zewzen) I:lamd Allh Mustawf la cite, au dbut du VIII-me sicle H. (XIV-me A D .), comme l'une des trois villes principales du district de Khwf, les autres tant Salm (Salmak), et Sangjn (Sangn pain) (Nuzhat al-~ulub Trad. G le Strange p. 15 2). Zawzan est aujourd'hui reprsente par les collines de dcombres qui entourent les ruines de la mosque (fig. 105). A l'Ouest du grand wn se trouve un village qui a conserv le nom de l'endroit 8 1 1 3

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KHORASAN FIG. 95. FORUMAD. DTAIL DE LA FAADE POSTRIEURE DE LA MOSQUE CLICH A G. rmad: deux wans, l'un en face de l'autre, 4 5 mtres l'un de l'autre (fig. 96). Rien d'autre, si ce n'est, par des vestiges d'arcs visibles droite et gauche de l'wan ~ibl (fig. 97), l'indication que des arcades, en un seul tage, bordaient la cour, comme Formad. Encore ne savons-nous rien de leur forme de leur dcor, ni mme de la largeur de la cour. Cependant il est vident que nous sommes, Zawzan comme Formad, en prsence d'une mosque du type khorasanien deux wans. De plus, cette mosque est date de l'anne 6 1 6 H. I I 4

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ZA"'1ZAN KHORASAN 1 1 -------T ---1 1 l!; 1 1 "Il L-~ : : 1 : : ... ,,,. FIG. 96. ZA WZAN. PLAN DE LA MOSQUE

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KHORASAN FIG. 97. ZAWZAN. TRACES D'ARC CONTRE L'IWAN PRINCIPAL CLICH A. G. ( 1219 A.D.) et l'on y trouve, largement employ, l'mail outremer et bleu turquoise. Elle est donc le plus ancien monument iranien connu dont le dcor extrieur ait utilis des maux de deux couleurs.') L'wan ~ibl mesure intrieurement 1 3, 3 o m de largeur et 2 7, 90 m de pro-I. Le bleu turquoise ayant t seul utilis dans la mosque de Formad, cette constatation serait, si nous ne savions que cette localit ne devint une ville importante qu'aprs 623 H une raison de plus de dater l'difice de la fin du VI-me ou du dbut du VII-me sicle de !'Hgire. l I 6

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KHORASAN FIG. 98. ZAWZAN. L 'WAN PRINCIPAL CLICH A. G. fondeur. Ses longs cts sont pourvus de tribunes (fig. 96) desservies, comme l'indique le plan, par des couloirs conduisant l'arrire de l'difice, o se trou vaient des escaliers. Prs du mi}:irab, la paroi de fond de l'iwan est perce d'une baie de 2, 70 m de largeur. De plus, l'axe de la mosque fait un angle de 80 de grs avec la direction Nm-S, c'est dire que sa ~ibla est tout fait incorrecte. Ces trois surprenantes dispositions, les tribunes, la porte dans le mur ~ibl, voi sine du mi}:irab, et cette ~ibla fausse peuvent sans doute s'expliquer par le fait que la mosque tait celle du palais de Malek Zawzan') et qu'elle fut construite postrieurement lui. Le bizarre primtre extrieur de l'iwan prouve en effet que la mosque tait attenante d'autres btiments et que ces btiments existaient 1. Malek Zawzan (l):awam al-Oin Mu aiyid al-Mulk Ab Bakr b 'Ali al-Zawzani) fut un personnage important du rgne du Khwarezmfil]ah 'Ala' al-Oin Mu):iammad b Takafil!, qui rgna de 596 617 H. (1199 u20-1 A .0.). En l'anne 607 H. (1210 A 0 .), quand la province de Kerman fut conquise au nom du Khwarezmfil]h, Malek Zawzan en devint le gouverneur. Il mourut quelques annes plus tard (TabakatNa1ir. Trad. H G. Raverty. p. 281. n. 5,282-3 et n. 8 et 9). Selon le Nuzhat al-1):ulb (Trad. G le Strange. p. 152), il construisit Zawzan "a mighty palace",

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FIG. 99. ZAWZAN. DTAIL DU BANDEAU D'ENCADREMENT DE L'IWAN PRINCIPAL CLICH A G.

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KHORASAN FIG. 100. ZAWZAN. DTAIL DU BANDEAU D'ENCADREMENT DE L'WAN PRINCIPAL CLICH A. G.

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KHORASAN FIG. 101. ZAWZAN. DTAIL DU BANDEAU D 'ENCADREMENT DE L'WAN PRINCIPAL CLICH A G FIG. 102. ZAWZAN. L'INSCRIPTION DU FOND DE L'WAN PRINCIPAL CLICH A. G.

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KHORASAN FIG. 103. ZAWZAN. DTAIL DE L'INSCRIPTION DU FOND DE L 'WAN PRINCIPAL CLICH A. G quand elle fut construite. En consquence, cet difice est, du point de vue reli gieux, mal implant parce qu'il fut difi selon les lignes gnrales du palais, lequel faisait, au bas de la chaine de hauteurs qui borde la plaine de Zawzan, nettement face la plaine. La porte voisine du mil).rab s'explique par le fait que la palais se trouvait en arrire de la mosque, comme l'indiquent aussi les cou loirs de dgagement des tribunes. Les tribunes elles-mmes s'expliquent par la prsence des habitants du palais aux crmonies religieuses. La vote de l'wan s'est croule. Elle mesurait cependant au dpart, environ 2,50 m d'paisseur (9 ou 10 briques. Voir la figure 98) Son sommet se trou vait une vingtaine de mtres au dessus du sol. Sil' on ajoute cette cette hauteur l'espace qui sparait l'arc de tte du bandeau inscription horizontal la hauteur de ce bandeau et la largeur du dispositif ornemental qui dcore les piliers et devait comme de coutume, se retourner au dessus de l'inscription, il nous faut imaginer la faade de l'wan ~ibl de Zawzan s'levant une trentaine de mtres I 2 I

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KHORASAN FIG. 104. ZAWZAN. LA DATE DE LA MOSQ.UE CLICH RAD au dessus du niveau de la cour. C'est une belle hauteur, mais la faade en question 'est pas seulement imposante par ses dimensions. Elle n'est pas grande la faon de la nef de Saint Pierre de Rome, dont I' oeil ne mesure l'normit que lorsqu'il s'y trouve une foule runie, ou comme la faade du Mas.djidGawhar Shad, petit dcor agrandi. Elle est grande par sa composition mme. J'en donne ici quelques dtails (fig. 99, 100, 101 ). On n'a pas couvert sa vaste surface en doublant simplement ou en triplant les dimensions ordinaires des traditionnels I 22

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KHORASN FIG. 105 ZAWZAN. L'WAN SEPTENTRIONAL CLICH A. G. lments de ce genre de construction, on a multipli ces lments en leur gardant leurs dimensions normales, ce qui augmente considrablement l'effet de gran deur, mais n'est pas la porte de tous les talents. Le pilier gauche de cette faade a gard quelques parties d'une inscription monumentale en caractres kufiques que terminait une indication historique: ... dans le mois de regjeb ... La date de l'anne a disparu, mais on la trouve sur la paroi de fond de l'wan. Il y a l un magnifique panneau dcoratif de plus de 1 3 mtres de largeur et de plus de 5 mtres de hauteur. Les photographies que j'en donne (fig. 1 o 2-1 o 4) en font connatre les lignes, mais c'est la couleur qui importe surtout ici, c'est dire la rpartition et la proportion des masses d'mail outremer et bleu turquoise sur le fond rose des briques.') Elle comporte I. Dans la partie de ce panneau que reprsente la figure I OJ, l'intrieur du mdaillon central, les caractres de la grande inscription ainsi que les ornements placs au dessus et une sur deux des briques des quatre petits bandeaux horizontaux sont de couleur outremer. Le remplissage des autres mdaillons, les ornements interm diaires et les autres briques des petits bandeaux sont de couleur turquoise. On voit d ailleurs parfaitement dans l'ombre (fig. 104) les parties couvertes d'mail bleu turquoise se dtacher en clair. I 2 J

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KHOR.fS.fN FIG. 106. ZAWZAN. DTAIL DU BANDEAU D'ENCADREMENT DE L'IWAN SEPTENTRIONAL CLICH A. G. une inscription en caractres kufiques, revtue d'mail outremer, prcieuse et chatoyante mais de dessin assez barbare et difficilement lisible. .il (J ...... ~\fi clr ~\fi L.\11 r_j. "Par l'ordre du Soleil des nations, le plus grand, Flambeau de la nation ... ~e Dieu soit satisfait de lui!" 124

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KHORISIN La date se trouve la fin, sur une ligne verticale, en caractres arrondis (fig. 104). .J ... ,~ ........ .,r-.....,...... '' ... six cent seize.'' Le second wan est en fort mauvais tat de conservation (fig. 1 o 5). Le dcor de sa faade sur cour, semblable celui de l'wan ~ibl, a presque compltement disparu (fig. 106). Le fond tait orn de stalactites dans sa partie suprieure, au dessus d'une large baie qui servait d'accs public la mosque. LES MU$ALLAS DE TURUK ET DE MESHHED') Les mosques du vendredi taient le plus souvent, celles des grandes villes sur tout, incapables de contenir l'ensemble des fidles astreints la prire en com mun, c'est dire tous les musulmans mles, adultes et de condition libre. A plus forte raison ne pouvaient-elles recevoir la population musulmane entire, lors des ftes du ~urban, du Firr et des grandes prires en commun qui avaient lieu en temps d'pidmies ou de trop longue scheresse. La prire tait dite, ces joursl, sur de vastes terrains libres appels '' mu~alla,'' gnralement situs aux abords des villes. '' Oratoires en plein vent,'' dit Georges Marais. 2 ) Le mu~alla, le ''lieu de runion de la multitude," comme se dfinit lui-mme celui de Meshhed, est donc un vaste terrain libre, clos ou non, quel' on choisissait et abandonnait selon que se modifiaient le chiffre de la population et la superficie des villes '' A Bukhara,'' dit E. Diez, ''c'est l'origine le rigistan, la place devant la citadelle, qui fut utilis comme mu~alla. Comme, pendant le rgne du Samanide Man~r b. N (3 50-66 = 96 1 -76), le rigistan tait devenu trop petit pour loger les fidles les jours de fte, on installa en 971 ap. J.C. en dehors des murs de la ville un nouveau lieu de prire ... A Herat galement le manque de place semble avoir I. De ces deux monuments, dont j'ai relev les plans en Septembre 1940, (fig. !07 et I08), l'un, celui de Meilihed, aurait t construit "sur le modle" de l'autre Khanikoff, parlant du mu~alla de Meilihed, dit en effet que "ce monument ... a t construit sur le modle du Moussallah de Tourouk, achev en 837 de l'h gire" (N. de Khanikoff, dans Mmoire sur la partie 111ri1/io11ale de l'Asie centrale. Paris 1861. p. I08). Ces renseigne ments ont t emprunts au Ma/la' al-Sh_ams. t Il. p 46. Les deux difices sont cependant, comme leurs plans l'indiquent, aussi diffrents que possible, l'un de l'autre. z. G Marais. Man11el d'art 11111sul111a11. t. Il. p. 489. 125

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KHORASAN MU">ALLA DE TURUt< FIG. 107. TURUK. PLAN DU MU$ALLA t la raison du choix d'un emplacement situ au Nord-Ouest de la ville, appel depuis lors mu~alla ... '' ') Le mu~alla de Meshhed est un verger situ un kilo mtre environ de la Darwaz pan. Celui de 'f uruk est un morceau de plaine quelques kilomtres au S.O. de Meshhed. Celui de Yazd, au centre de la ville, est une vaste esplanade aujourd'hui borde des btiments divers d'une madrasa. 2 ) Celui de Hamadhan est une colline nue, au Sud de la ville actuelle. Celui d'Is--. fahan se trouvait en dehors les murs de la ville, prs de la porte de Torc. De tels 1. Encyclopdie de l'Jslm. Supplment p 172. 2 Voir son plan dans A!l!,rlrn. 1938. fig. 45.

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KHORASAN FIG. 108. MESHHED. PLAN DU MU~ALLA emplacements, rarement utiliss et susceptibles d'tre brusquement dsaffects, ne se couvrirent pas de monuments importants et c'est ce qui explique, en dpit du grand nombre des mu~allas mentionns par les crivains musulmans, la raret des difices qui nous sont parvenus sous ce nom. C'est ce qui explique aussi que le mu~alla n'ait pas "inspir un type spcial d'architecture"') et que ceux que nous connaissons se prsentent sous les formes les plus diverses Celui de Man~ura, prs de Tlemcen, est "un quadrilatre de murs perc de deux portes sur chacune des faces N.E., S .O. et N.O. Un mihrab se creusait au milieu du mur S.E." 2 ) "Dans toutes les villes du Maroc le mu~alla est un vaste emplacement avec un mur pourvu d'un mi}:irab; on y trouve aussi un endroit surlev pour le kha~b."3 ) A Menama, la capitale de l'le de BaJ:irain, "des mu~allas et des mas_gjids ... sont des lwans plusieurs nefs composs de ranges de piliers ogives, courant paralllement au mur de la ~ibla ... Le mur de la ~ibla n'a pas de niche de prire."4 ) A Herat l'difice que l on appelait mu~alla "avait l'aspect d'une madrasa normale autour d'une cour d'environ 70 mtres de ct "j) A l~fahan c'tait une sorte de "mosque piliers." 6 ) I. E. Diez, dans Encyclopdie de l'Islam. Supplment p. 17z. z G. Marais, dans Manuel d'art musulma11. t Il. p 489. 3 A J Wensinck, dans Encyclopdie de l'Islam. t Ill p 797. 4. E. Diez dans Encyclopdie de l'Islam. Supplment. p 171. 5 idem. p. 17z. 6 idem.

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KHORASAN FIG. 109. TURUK. LE MUSALLA CLICH A. G. Le mu~alla de 'furuk') se compose d'une salle coupole prcde du haut wan cher l'Est iranien, au fond de laquelle se trouve le mi~rab. Celui de Meshhed2 ) est un haut et profond wan flanqu de deux salles coupole. Diez parlant de ce dernier difice, explique que 11 le peuple est en rangs, debout devant cette ~ibla monumentalise et y fait la prire en commun". 3 ) Or il parle ailleurs4 ) de monuments du Turkestan, la mosque Kaliyan et la mosque Labi-Khas I. Inscrit l'inv e ntaire des monuments historiques de l Iran, le 10 Fvrier 1940 (20 Bahman I p8). Bibliographie: E. Diez. Churasanische Baudeukmiiler. p 77 -E. Diez, dans E11cyclopdie de l'Tsliim. Supplment p 172 -J. P Ferrier Voya3es et ave11tures e11 Perse. t. 1. p. 259 San' al-Dawl Ma/la' al-Sh_ams. t Il. p. 46 -C. E. Yate Khurasan and Sistan, p. 39. 2. Inscrit l inventaire des monuments historiques de l'Iran, le 6 Janvier 1932 (15 Deh 1)10). Bibliographie: R. Byron The Road to Oxiana. p. 1 30 G. N Curzon. Persia a11d tire Pmia11 Q11estio11. t. I. p. 174 -E Diez Churasa11ische Baudenkmiiler. p 76-77 -E. Diez dans E11cyclopdie de l'Tsliim. Supplment p. 171-2 -H. Glck et E. Diez Die Kunst des Islam. p. 548 -N de Khanikotf. Mmoire sur la partie mridionale de l'Asie centrale. Paris 1861. p. I08 -A. U. Pope dans A Survey of Persia11 Art. Vol. II. p. nn-3 -P Sykes. History of Persia. t II. p 213 -P Sykes. Historical Notes on Khurasan dans J. R. A. S. Octobre 1910. p. 1152-4. 3. E. Diez, dans E11cyclopdie de l'Tsliim. Supplment. p 172. 4 idem. Article : Mas.4jid. t. III. p 441. I 28

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Kli.ORASAN FIG. 110. TURUK. LE MU$ALLA CLICH A G "qui, tous deux, possdent de grands wans d'entre, mais n ont pas de cour. Lors des grandes prires communes dit-il "la foule se range devant ces mosques. Cela est particulirement usuel au Turkestan." D autre part le monument de Bukhara que Cohn-Wiener appelle "Moschee Namasga", est install sur une plateforme lgrement surleve, devant une esplanade, "lieu de runion de la multitude Il se compose d'un haut wan donnant accs une salle carre flan que de deux salles moins hautes, votes et largement ouvertes analogues celles du mu~alla de Meshhed. 1 ) Les monuments de Turuk et de Meshhed ne diffrent donc des mosques du Turkestan ni par le parti de leur plan ni par leur aspect. Ils ont t construits, comme la Moschee Namasga" de Bukhara sur des mu~allas et nous devons, en dfinitive, nous reprsenter les mu~allas comme de vastes emplacements le plus souvent libres de toute construction mais parfois orns d'difices de formes diverses, sans caractre particulier, depuis le simple enclos de murs, et mme le simple mur ~ibl jusqu la madrasa et la mosque. 1. E Cohn-Wien e r Tura11. pl. VI. 9

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130 KHORASAN FIG. 111. TURUK. L'INSCRIPTION DU MU$ALLA CLICH A G FIG. m MESHHED. LE MU$ALLA CLICH A. G

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KHORASAN FIG. 113. MESHHED. DTAIL DE LA FAADE DU MU$ALLA CLICH A. G. IJ I

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KHOR.fS.fN FIG. 114. MESHHED. DTAIL DE LA FAADE DU MUSALLA CLICH A. G. Le monument de Turuk est un bel difice, soigneusement construit mais dont le haut des maonneries qui contrebutent l'wan ainsi que les murs des angles postrieurs du plan sont trop faibles. En consquence, la vote de l wan s'est croule, de mme que quelques parties de murs, l'arrire del' difice (fig. I 09 et I I o). Par contre, la co~pole bien paule par deux vastes alvoles en forme de demi octogones est parfaitement saine Le Marla' al-Shams et Khanikoff sa suite, donnent comme date de sa construction l'anne 8 3 7 H. ( I 4 3 3-4). Il ne 132

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KHORASAN FIG. 115. MESHHED. DTAIL DE LA FAADE DU MU$ALLA CLICH A. G s'y trouve plus aucune indication de ce genre, mais il est possible que les infor mateurs de $ani' al-Dawl l'aient trouve la fin de la grande inscription de l'wan, dont il ne subsiste plus que ceci: ., ....... UI "bd.JI i_,-li _, "ljJI J~I y. \Il ~I 11 par la sollicitude de son frre, le plus glorieux, honneur des humbles, modle des gens vertueux ... (fig. 1 1 1) Les caractres de l'criture s'accordent bien cette date. Le grand wan du mu~alla de Meshhed est flanqu de salles coupoles qui devinrent peut-tre les "chapelles latrales pour les femmes" dont parle Diez') mais qui furent certainement dans l'esprit du constructeur, alors charg des difficiles travaux de consolidation du Mas.djidGawhar Shad de Meshhed, les ncessaires contreforts de l'difice (fig. 1 1 2). Mieux dfendue contre ses propres I. Dans Encyclopdie de l'Jsliim. Supplment. p. 172.

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KHORASAN FIG. 116. MESHHED. LA GRANDE INSCRIPTION INTRIEURE DU MU~ALLA CLICH A. G pousses que ne l'tait celle de Turuk, la vote de son wan est en excellent tat de conservation. Sa faade est orne d'un magnifique dcor en mosaque de kashs du temps de Shah Sulaiman $afaw (fig. 1 1 3). Les deux grands bandeaux inscriptions sont, l'un et l'autre, dats de l'anne 1087 H. ( 1676-7 A.D.). (fig. 1 1 4 et 1 1 5). Le nom de l'crivain se trouve la fin du bandeau rectangulaire (fig. 115): "L'a crit, en honorant Dieu, Mul:iammad I:Iusain, fils de 'lnayat Allah."') L'intrieur du monument est revtu de pltre, sculpt par endroits. La cou leur n'y apparat que sur le mil:irab principal et dans la grande inscription qui 1. Cl.Huart, dans Les callisraphes et les miniaturistes de l'Orient musulman (p 230), parle d'un Mu~ammad }:lu sain, fils de Mawlana' lnayat Allh de Tabriz qui vcut l'poque ~afawide Mais cet crivain fut l'lve de Mir Saiyid A~med, qui mourut en l'anne 986 H (1578), et, d autre part il fut le seul calligraphe charg de la secrtairerie du prince sous le rgne de Shah Isma'il Il" (984-5 H. = 1576-8 A.D.). Il s'agit donc d'un autre Mu~ammad }:lusain, fils de 'lnayat Allah 134

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KHORASAN fait le tour de l'wan la naissance de la vote Cette inscription, galement excute en mosaque de kashs, est aussi l' uvre de Muryammad J::lusain, fils de 'lnayat Allah (fig. 1 16). A l'intrieur du miryrab, un bandeau inscription dat de l'anne 1086 H. (1675-6 AD.), donne le nom de l'crivain: "Muryammad Rila al-lma ... La fin du dernier mot n'existe plus mais il est vident qu'il s'agit l dece Muryammad Rila al-Imam al-I~fahan gui crivit tant d'inscriptions pour les monuments d'l~fahan, de {5:umm et la fin de sa vie pour ceux de Meshhed. ') Au bas du parement intrieur de l'arc de tte de l'wan il y a, de chaque ct, dix lignes d'un pome persan en caractres nasta'l~ jaunes sur fond bleu: l.b lj 0~ Lr~f:"j ..:,1 C' L.::>I J J\;J J~ l_r=ll ~:? JI...,. li. Jl.. ~1 ; 0L. )! il~ .. -I l; J-:!J~ ~y. l...::.A.I J,...l.'.:. La:, )s J~ $" L,; JL.j Gl.d? il?'~-..G 1 '51~ ~ly; j\JC~ o...'.:. 0l.:L JJr> ._;_Fj 4~ d1' 0lG' J 4 ~ 0L. j J:9 fa ., y?. '} '5..ul c.s> ~ J) )~1 c:ll, Y-1 Gll.. c.?.b. ~j (.>)~ r. ~J..l.c r ) ~) 4-:" u-ij le j ifl;.. r 0~\ y. ~J;. _r.-!, r~ r..r _j!:,_ '5~ :-> ..!.$~(' J~I t~ c.?.b. y 11 Au temps de Shah Sulaiman, le fortun, dont la libralit a donn l'ordre au monde, dont la cour est la sphre cleste et les toiles la suite, qui possde la dignit d'Alexandre et la respectabilit de Kobad, avec l'assitance de celui qui 1. Voir A G Mu~ammad Rila al-lmam, dans A!l!arTra11. 1938. p. 267-274. 13 5

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KHORASAN FIG. 117. MESHHED. DTAIL DU MII:IRAB DU MUSALLA CLICH A. G. donne des ordres qu'on ne peut manquer d'excuter et l'appui du constructeur du Beital-I;faram, par l'inspiration de celui qui ne meurt pas, par l'ordre du prince de haut rang, Abu $ali~, ce chef de la religion Puisse son pouvoir durer ter nellement! par le travail et l'effort de Hadjdj Malek, ce fut termin. Comme il se donna beaucoup de peine et fut trs nergique, le ~u~alla fut achev en peu de temps. Je me suis plac dans le vaste espace de la pense, cherchant une infor mation au sujet de la date. L'antique sagesse dit l'oreille de mon cur: ''Cette 136

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KHORASAN construction est le lieu de runion de la multitude." Oeuvre de Hadjdj Shu.dja', d'I~fahan. L'a crit Mu}:iammad l:fusain, de Meshhed." ') La valeur numrique du chronogramme est 1087. Hadjdj Malek n'est donc pas le "matre de l'uvre,"2 ) mais un homme de confiance du donateur, Abu $ali}:i, le $adr al-Dn, charg par lui de la conduire des travaux. Le constructeur du monument est "Hadjdj Shu.dja', maon d'I~ fahan," dont on trouve une autre fois le nom, libell de la mme faon, dans un mdaillon du mi}:irab (fig. 117), l'auteur de l'une des restaurations de la mos que de Gawhar Shad, Meshhed.1 ) LE MLAHANGAN La tour d'Ahangan, une vingtaine de kilomtres au Nord de Meshhed, peut tre range dans un groupe de monuments funraires qui compte, en ran, la tour de Radkan Est,4) celle de Keshmar, >) celle de {5:al 'atNader, 6 ) mais dont I' origine7) ainsi que le reprsentant le plus clbre, le GrMr, 8 ) se trouvent au Turkestan. 1. D aprs Sykes. "Historical Notes on Khurasan," dans/. R. A. S Octobre 1910. p. 1153. 2. H Gliick et E. Diez. Die K,mst des Islam. p 548. 3Un mdaillon situ au bas du minaret gauche de cet difice, comporte cette indication: "Oeuvre du misrable, de l'humble Halfutii ShusJia', maon d'l~fahan En 1088." C'est vraisemblablement le mme Shu4j', maon d'l~fahan, qui travaillait dans le MasgjidShah d'I~fahan en 1078 H. (1667-8). Voir A!J!arIran. 1937. p. 114-5. 4 Inscrit l'inventaire des monuments historiques de l'Iran, le 6 fanvier 1932 (15 Deh IJio) Plan par E. Diez dans Ch11rasa11ische Ba11de11k111iiler. fig. 18. Reproduit dans A S11rl'ey of Persia11 Art. t. Il. fig. 358. Photographies dans E. Diez. Ch11msa11iscl1e pl. 6-8 et dans A S11rvey pl. 347A. 5. Inscrit !'Inventaire des monuments historiques de l'Iran, le 6 fanvier 1932 (15 Deh IJIO). Photographie dans E. Diez C/111rasa11ische ... pl. 6. 6. Inscrit l'inventaire des monuments historiques de l'Iran, le 10 Fvrier 1940 (20 Bahman 1)18). Le "Tombeau de Nadir" est une tour semblable celles de Radkan Est et de Keilimar, mais de proportions beaucoup plus considrables, autour de laquelle Nadir Shah fit construire "de petites chambres". Sykes l'ap pelle "The TreasureHouse of Nadir Shah" et en donne une bonne photographie dans son History of Persia. t. II, en face de la page 264. C.E. Yate, dans Kh11rasan a11d Sistan (p. 157), le dcrit comme suit:" ... the Mak bara-i-Nadir or Nadir's tomb, built under Nadir's orders, though never used as his mausoleum. This is a simple but not inelegant edifice of red sandstone. The central chambcr, which was once domed, is encirclcd by a number of small chambers, and below it is an extensive ccllar." 7. Voir un dessin du minaret de far Kurgan (Turkestan) dans A S11rvcy of Persia11 Art. t Il. fig. 363. "Pro bably built toward the end of the eleventh or beginning of the twelfth century." (A. U. Pope, dans A S11rvey of the Persian Art. t li. p 1027.) 8. Voir E. Cohn-Wiener. Tura11. pl. LXX. 137

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KHORASAN -' MJL-E FIG. 118. PLAN DE LA TOUR DE AHANGAN C est une construction de brique, octogonale intrieurement, circulaire ext rieurement et orne de huit demi-colonnes sur son pourtour (fig. I I 8). Elle est couverte d une coupole simplement dcorati ve, et d'un toit qui est la couverture mme de l'difice Elle est pourvue d une porte et de deux fentres Pas de couleur l'intrieur mais, extrieurement, le mur, les demi-colonnes et le toit sont dcors de kashs. Ceux de la partie basse, c'est dire jusqu'au bandeau inscription, et de la partie haute jusqu au dpart des godrons ont gnralement la forme de fleurs, mais aussi d'toiles et de croix (fig. II 9). Ils ont totalement disparu jusqu' hauteur d'chelle mais quelques uns d'entre eux sont encore en place dans la partie haute. Ils sont de couleur gnrale outremer et bleu turquoise, disposs alternativement outremer turquoise outremer turquoise, etc .... La porte tait encadre de kashs rectangulaires dont rien n'a subsist, sauf leur empreinte dans le mortier (fig. I 20). Les colonnes portent un ban deau qui tait autrefois dcor d'une inscription en kashs rectangulaires mais dont il ne reste pas le moindre fragment. Au dessus de cette frise montent 138

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KliORASAN FIG. 119. DTAIL DU MUR DE LA TOUR DE AHANGAN CLICH A G. des groupes de deux petits pilastres triangulaires qui portent les massifs godrons de la toiture, non arrondis comme Radkan, Keshmar, }S:al'atNader et au Turkestan, mais triangulaires aussi (fig. 1 2 1). Ces godrons sont dcors de dou bles lignes de couleurs unies, normales l'arte, outremer, bleu turquoise et brique naturelle. La pierre tombale, massif paralllpipde de calcaire gris qui occupe encore le centre du monument, est vraisemblablement celle du personnage pour lequel il IJ9

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140 KHORASAN FIG. 120. LA TOUR DE AHANGAN CLICH A. G.

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KHORASAN FIG. 121 LA PARTIE SUPRIEURE DE LA TOUR DE AHANGAN CLICH A. G fut construit, car l criture qui la couvre est identique celle de l'inscription en pltre qui court la base de la coupole (fig. 1 2 2). Les inscriptions de la tombe, trs mal excutes et de plus, uses et ronges par le temps, sont illisibles. On y reconnat seulement quelques parties de textes koraniques, mais les habitants de l endroit prtendent que leurs grands parents y ont lu Ahangan" et "~amar al-Mulk". On dit encore que l occupante du tombeau s appelait Gawhar Ta.dj et qu' elle tait une sur, ou une parente, de Gawhar Shad pouse du Sul~an I 4 I

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KHORASAN FIG. m. LA VOTE DE LA TOUR DE AHANGAN CLICH A. G Shahrukh. D'autres assurent que le mil fut construit pour une certaine Ahangan Khatn dont ils ne savent rien de plus. Tout cela, bien entendu, n'est pas sr et mme ne contient probablement pas une parcelle de vrit. Cependant ils' agit dans tous les cas d'une femme, non d un homme. Il semble que la tradition locale soit ferme sur ce point. Le dcor fminin ds fleurs d'mail qui dcorent l'difice parat bien la confirmer. L poque de la construction du monument ne pouvant tre que mongole ou timuride et les fleurs qui le dcorent extrieurement tant plutt timurides que mongoles, je pense que l'on peut, provisoirement, se reprsenter le MlAhangan comme le tombeau d'une dame qui mourut l'poque timuride CONCLUSION Dans l'Ouest de 1:Iran les premires mosques de type iranien furent, le plus souvent, des cahaqa~s sasanides peine modifis, contenant le mi~rab et dis-142

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KHORASAN poss au Sud d'esplanades libres. J'ai parl dj longuement de ces monuments ,') mais ce que je n'ai pas dit, parce que je n'en tais pas encore certain cette poque, c'est que tous les cahaqa~s sasanides actuellement connus,') se trou vent dans la partie Ouest de l'ran et que cette concidence n'est pas le fait du hasard.1 ) Nous connaissons aussi, Nrz, dans le Fars, une mosque qui ne fut tout d'abord qu' un simple wan, emprunt aux monuments sasanides du Fars, 4 ) et, dans le voisinage d l~fahan, quelques difices de mme destination qui repro duisent exactement les dispositions de la galerie coupole centrale d'IwanKark_ha (Khuzistan) Nous pouvons donc penser que le cahaqa~, la galerie cou pole, centrale et l'wan sasanides se trouvent l'origine des premires mosques iraniennes de l'Ouest, mais que c'est l'lment monumental le plus courant de l'architecture prislamique de cette rgion de l'ran le cahaqa~, qui y fut le plus couramment utilis comme lment monumental essentiel des nouveaux difices Dans l'Est, l'lment monumental le plus courant de l'architecture ancienne est assurment l'wan. Il devint tout naturellement un mihrab monumental, et comme, selon la juste observation deDiez "il n'y avait pas besoin d'autre chose", la mosque iranienne de l'Est, ct d'difices de plan arabe, ne fut tout d'abord pas autre chose. La petite mosque de Bamiyan dont la figure 60 reprsente le plan n'est, exactement, que cela. 5) Devant ce mi~rab monumental, comme devant le kiosque de l'Ouest, les fidles s'alignaient et priaient en plein air. Dans les mosques plus considrables l'wan, toujours conserv comme lment principal de la composition, fut utilis de deux faons diffrentes, soit comme Nrz profond wan au fond duquel se trouve le mi~rab, soit comme vestibule monumental d'une salle couverte en coupole et contenant le mi~rab. 6 ) 1. Voir: Les anciennes mosques de l'Iran dans A!h_iit-rii11. 1936. p. 187-210.Historique du MasgjidQjum a d'l~fahan, dans A!h.iirrii11. 1936. p. 213-282. Les monuments du feu, dans A!h.iirrii11. 1938. p. 7 80 Les anciennes mosques de l'Iran. 2me article (non encore publi) 2. Sauf un, le monument de BazHr, prs de Roba sefid (Khorasn), qui n 'e st d'ailleurs pas un pur cahr-a~. Voir A Godard. Les monuments du feu, dans A!h.iirriin. 1938. p. 53-58. 3 C es difices, isols et uniquement composs de quatre piliers portant une vote en coupole, se trouvent Ate~bJh, Borz, Qjerr, Faraili-Bend Firzbad, JS:a~rShrin, Kazern, Khairabad, Naanz, Neisar, TnSabz, Yazdekhwast. 4 Voir: Le MasgjidQjum'a de Nriz dans A!h.iirrii11. 1936. p 163-172. 5. En 1923 on en voyait encore plusieurs exemplaires sur le site abandonn de l'ancienne ville 6 Contrairement ce que l on voit dans l'Ouest, dans le mme cas, la faade de l'iwn du Khorsn domin e considrablement la coupole Comparer par exemple, l'difice de TurbatShaikh Qjm (E Diez Ch11rasa11isc/1e Baude11kmiiler. pl. 35) aux monuments de la rgion d 'I~fahn. I4J

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KHORASAN FIG. 123. TURBATJ:IAIDARI. LA MOSQUE VOISINE DU TOMBEAU DE SHAIKH JS.OTB AL-DIN J:IAIDAR CLICH A. G La premire solution a fourni le type de la grande Qiami' du Khorasan. La seconde fut plutt employe, au Khorasan du moins, par des mosques de desti nation un peu diffrente, mosques funraires ou mosques de mu~allas. A la vrit, le Khorasan ne cessa jamais de construire des mosques un Iwan. Nous en avons pour preuve celle de Tn, ') qui fut probablement difie au VII-me sicle H. (XIII-me A.D.), celle de JS:ain, date de l'anne 770 H. ( 1368), 2 ) celle qui fut construite ct du tombeau de Shaikh JS:o~b al-Oin I:Iai dar, TurbatI:Iaidari sous le rgne de Shah Safi ( 1o38-1 o 5 2 H. = 162 9-164 2 A.D.) (fig. 1 2 3).3) d'autres encore Mais ds le dbut du VII-me sicle H., 1. Actuellement Firdaws. z. Le MasQjidQjami' de JS.an a t inscrit l'inventaire des Monuments historiques de l'Iran le zo Dcembre 1937 (z9 Adhar 1316), sous le no. z95. Bibliographie : C. E. Yate. Khurasan and Sistan. p. 63. P. M Sykes. Ten thousand miles in Persia. p. 406. E Herzfeld Reisebericht. p. q4. 3 Il y a une vue d ensemble de ces monuments dans P. M. Sykes. A History of Persia. t. IL p. z9z. Ils ont t inscrits l'inventaire des Monuments historiques de l'Iran le 6 Janvier 19p (15 Deh 1310), sous le no. 175. 144

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KHORASAN en 609 H. ( I 2 I 2) Gunbd, ') en 6 I 6 H. ( 1213-2 3) Zawzan (fig. 96) et vers le mme temps Formad (fig. 6 5), nous voyons constitue la grande mos que Qjami' du Khorsn. C'est la mosque-wn, mais dans laquelle, afin d'augmenter l'importance monumentale de l'difice, un second wn a t con struit face au premier, sur le ct septentrional de la cour. Cette mosque deux wns demeura le type de la grande Qjami' du Khorsn jusqu' l'apparition de la mosque quatre wns, qui fut introduite dans l'Est iranien par les archi tectes de l'Ouest de l'Iran, de Shrz, d'l~fahn, de Tabrz, etc .... que les sou verains timurides se plaisaient employer. 2 ) Encore voyons-nous au Khorsn, aprs l'introduction de la mosque quatre wns, de grandes mosques deux wns se construire Nshpr (en 899 H. = I 49 3-4 A.D.),l), Sabzewr, Gurgn, dans la province voisine (en 8 5 9 H. = I 4 5 4 A.D.), 4 ) etc .... 1. Le Mas4iidQimi' de Gunbd a t inscrit l'inventaire des Monuments historiques de l'lrn le 10 Fvrier 1940 (20 Bahman 1318) sous le no J25 2. Peu de temps aprs que Tmr et tabli sa souverainet sur la Transoxiane et fait de Samar~and sa capitale, en 771 H. ( 1369), plusieurs monuments furent construits Shah Zind, prs de cette ville. L'un d'eux, le tombeau de "Tschudschuk Bika Aka," soeur de Timr, dat de l'anne 77J H. (1371) (E. Cohn-Wiener. Tura11. p. 25), est !'oeuvre de Ustad 'lzz al-Oin et de Ustad $hams al-Oin, sans doute ce Shams al-Oin de Tabriz dont un fils, en 855 H. (1451), convertit un tombeau de Meilihed en une mosque, l actuel MasdiidShah. L'architecte de la mosque I:la4rat A~mad Yassav (801 H. = 1397 A.0.), "Turkestan Shahr", est Khwaf4 I:lusain, de Shraz (E. Cohn-Wiener Tura11. p 29). Le tombeau de Timr, le Gr Amr, dat de l'anne 807 H. (1404), fut construit par Mu~ammad Ma~md, d 'l~fahn. L'architecte du MasdiidGawhar Shad fut ~iwm al-Oin, de Shraz. Ce serait lui, selon R Byron, qui aurait aussi construit la mosque du Mu~alla et celle de Gawhar Shad, Bukhara. Le mme ~iwam al-Oin commena la construction de la madrasa timuride de Khargird. C'est un autre Shraz, Ghiyth al-On, qui termina les travaux, en l'anne 848 H (1444-5) et, sans doute, construisit le MasdiidMawlana de Tiybd, en la mme anne 848 H La mode subsista longtemps au Khorsn d'employer des architectes de l'Ouest de l'lrn, puisque c'est un lsfahanais,Has4ili Shudia', qui fut sous le rgne de Shah Sulaimn, appel au secours de la mosque de Gawhar Shad, Meilihed. Il data ces travaux de l'anne w88 H. (1677-8) et construisit le Mu~alla de Meilihed, qu'il termina en w87 H. (1676-7). C'est Kama! al-Oin Ma~md, de Yazd, qui construisit en 1015 H (1606-7), le dme d'or du Sanctuaire de l'imam RiQ, Meshhed. Etc ... 3. Cette mosque a t inscrite l'inventaire des Monuments historiques de l'rn le 12 Novembre 1938 (21 Abn 1317), sous le no. 317. 4. Le Mas4iidQiami' de Gurgan (autrefois Astarbad) a t inscrit l'inventaire des Monuments histo riques de l'Irn le 9 Juillet 1932 (18 Tir 1311), sous le no. 181. L'histoire de ce monument est peu prs rsume par les inscriptions quise trouvent sur le cadre de la porte du minbar. Rabino, dans Maza11dara11 and Astarabad (p. 73 et p. 25-26 du texte persan), dit qu'il y en a deux, l'une date de l'anne 1018 H. et l'autre de 1157 H., mais il y en a trois, l'une sur le panneau rectangulaire, date de 859 H. (1455), une autre sur les parties horizontales du bti, date de I018 H. (1609-10), et la troisime sur le 10 145

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r----------1 1 1 1 1 RAIY KHORASAN 1 ~ 2o ...-.c .-Qt,:) ,__~ .......... ~~+->-~--~--, FIG. 124. RAIY. PLAN D 'UNE MADRASA SELDJUKIDE La mosque deux wans est typiquement khorasanienne. Celle dont l'l ment architectural essentiel est l'wan, vestibule plus ou moins profond d'une salle vote en coupole, l'est aussi, mais plutt en raison du caractre particulier de sa haute faade que de son plan. La combinaison de l'wan et de la salle coupole n'est, en effet, probablement pas originaire du Khorasan. Nous la con naissons dans l'Ouest l'poque sasanide, particulirement nette dans le ~al' Dukhtar de Frzabad ') ainsi que dans les palais de Damghan, 2 ) Frzabad, 3 ) Sarwistan,4), ~a~rShrn.5) Elle appartient bien la tradition architecturale panneau triangulaire, de 1157 H. (1744). Celle qui nous intresse ici dit ceci: "Fut construit durant les jours du gouvernement du Sultan le plus grand, prince des rois des Arabes et de l"AQjem, Mu'in al-Oin Abu l-~asem Baber Bahadur -Qye Dieu le Trs haut fasse durer son royaume et son sultanat! Par l'effort de l'Amr le plus juste al-Khairat Mu~affar al-Dunya wal Dn Baba l:'[usain Khandan Ab 'Abdallah. Le 6 Dhu'l-~a'd 859.' 1. Voir: Aurel Stein. An archaeological Tour in the Ancien/ Persis. Plan 4 2 Voir : O. Reuther. Sasanian architecture, dans A Survey of Persian Art Vol I. fig. 166. 3. idem. fig. 150. 4. idem. fig. 151. 5. idem. fig. 153.

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KHORASAN FIG. 125. RAIY. RESTE DE LA FAADE SUR COUR DE LA MADRASA SELDJUKIDE CLICH A. G. iranienne, mais elle ne semble pas avoir pass directement de l'architecture sasanide l'islamique On ne la trouve ni dans l'Est ni dans l'Ouest de l'ran avant l'poque seldjukide, durant laquelle elle fut, pour ainsi dire, rinvente. Voici comment. On sait qu'avant le rgne de Mu~ammad, fils de Malek Shah, les kiosques des grandes mosques de l'Ouest n'taient pas prcds d'wans. On sait aussi que durant le rgne de Malek Shah la madrasa khorasanienne quatre iwans fut introduite l~fahn ') La mosque l'adapta, telle quelle, son plan, crant ainsi la mosque quatre iwans (fig. 1 28). Du point de vue qui nous intresse ici, le rsultat de cet arrangement fut que tout naturellement la salle coupole se trouva prcde de l'wan mridional de la madrasa et qu'ainsi fut mise la mode ou 1. Le Service archologique de l'Iran a dcouvert et dgag Raiy, en 1937, un difice qui semble bien tre une madrasa quatre iwans d'environ le mme temps (fig. 124-126). Il possde un mi~rab (fig. 127). Cepen dant il est orient Nord-Sud, et non selon la ~ibla du lieu. D'autre part les iwans Nord et Sud sont gaux et moins larges que ceux de l'Est et de l'Ouest, disposition contraire la rgle, gnralement observe de la hirarchie des iwans dans les difices religieux. 147

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148 KHORASAN FIG. 126. RAIY. DCOR DE LA MADRASA SELDJUKIDE CLICH A G. FIG. 127. RAIY. MU;:IRAB DE LA MADRASA SELDJUKIDE CLICH A G,

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KHORASAN A A : MOSQUEEr<105QUE 5 C = MADRASA ; QUATRE '\X/ANS MOSQU!= QUATRE 1 '\X/ANS. FIG. 128. SCHMA DE LA CONSTITUTION DE LA MOSQUE-MADRASA 1, .. ... FIG. 129. BAMIYAN (AFGHANISTAN). PLAN D'UNE MOSQUE 149

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KHORASAN plus exactement, remise la mode l'ancienne combinaison de l'iwan vestibule d'une salle coupole. Elle apparat Robat Sharaf ds le dbut du VI-m sicle de l'Hgire. On la trouve aussi dans les ruines d'une autre mosque de Bamiyan (fig. 129) dont le plan est celui de la mosque que le Turkestan construisit cou ramment jusqu' l'poque timuride, et mme aprs. Devant ces monuments et non l'intrieur, faute de place, les fidles se rangeaient et se rangent encore pour la prire Au Khorasan, ce type d'difice fut utilis comme mosque de mu~alla Turuk, en 8 37 H. ( 14 3 3-4), selon Khanik~ff, ou comme mosque funraire TurbatShaikh Qiam (Mas.djid~ali. VIII-me sicle H.)') et Taiyabad (Mas.djidMawlana. 848 H. ( 1444-5). Sans doute le fut-il plus tt, peut-tre aussi pour de plus grands monuments, mais nous l'ignorons, pour l'instant En somme, le Khorasan semble bien avoir employ jusqu' l'poque timuride deux types principaux de mosques. L'un, la mosque-wan, qui devint, sous sa forme deux iwans, la grande mosque Qiami' du Khorasan, et l'autre, essen tiellement compos d'une salle coupole prcde d'un iwan trs lev, qui fut celui des mosques de moindre importance, mosques de mu~alla et mosques funraires. Puis apparut, trois sicles aprs qu'elle avait t cre dans la rgion d'I~fahan, la grande mosque quatre wans qui rgne encore de nos jours sur l'Est comme sur l'Ouest de l'Iran. Andr Godard I. Ce monument, selon Khanikoff, aurait t construit en l'anne 730 H. On n'y lit rien de semblable. Cependant la porte en bois du Masfl.iidi):ali est date de l'anne 733 H (1332-3).

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BADR NESHAND

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BADR NE SHAN D L'difice, encore inconnu, que je prsente sous le nom actuel de son emplace ment, Badr Neshand, ') m'a t signal par cette phrase d'une notice consacre par M Siroux MasgjidSulaiman: ') 11 Ce sanctuaire (MasgjidSulaiman) n'est pas unique en ces parages o les dgagements gazeux sont frquents. Il existe, dit-on, un autre site tout proche et analogue."J) Je dois d'avoir pu l'at teindre la grande obligeance de M. Hobson, directeur administratif des Fields. Badr Neshand se trouve dans le plus important des champs ptrolifres exploits par l' Anglo-lranian Oil Co., au nord et une vingtaine de kilomtres de MasgjidSulaiman par la route mais une distance beaucoup moindre vol d'oiseau. Il en est donc tout proche, ainsi que le dit M. Siroux. Il lui est aussi analogue, tant par sa corn position gnrale que par sa construction et date comme lui de l'poque arsacide. Mais les raisons de la construction de ces deux monu ments semblent bien avoir t diffrentes, encore qu'en fin de compte ils aient pu tre utiliss de la mme manire. MasgjidSulaiman, au bas de collines voi sines, tire son origine de la prsence en ce lieu de gaz s'chappant naturellement du sol. La grande majorit des fidles assistant aux crmonies qui s'y drou laient le voyaient du haut en bas. Badr Neshand est au contraire, un sommet amnag, un haut-lieu (fig. 1 30). Sa raison d'tre l'endroit qu'il occupe est videmment qu'il domine un paysage immense et qu'on le voit de fort loin (fig. 1 3 1). Il ne semble pas que le feu ait t pour quelque chose dans le choix de son emplacement mais que ce monument soit justement l'un de ces lieux d'adoration 1. "Badr Neiliand" signifie littralement "qui montre des pierres," c'est dire "l'endroit ou l'on voit des pierres celles de notre monument 2 Prs de MaidanNaft (Khuzistan). MasgjidSulaiman a t inscrit l 'Inventaire des monuments histo riques le 20 Dcembre 1917 (29 Adhar 1316). Bibliographie: E Herzfeld. Archaeolo5ical History of lrau. p 93 E. Herzfeld Archaeologische Mitteil1m5e11 a11s Iran. t 1 p 71-2. E Hcrzfeld, dans Naft 1929 M Mercier et A. Seguin. Le culte du feu da11s ses rapports avec les ''feux ternels" et le "uaphte," p 23-24 M. Siroux MasgjidSulaiman dans A!lJ.iirriiu 1938. p 157-60 Sir Aurel Stein. An archaeological Journey in Western Iran, dans The 5eo5raphical / ounial. Octobre 1938. P 326 A Godard. Les monuments du feu, dans A!b.arlriin 1938. p 49-51. 3 M. Siroux loc. cit. p. 160.

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BADR NESHAND FIG. 130. BADR NESHAND. LE HAUT-LIEU CLICH A. G. FIG. 131. BADR NESHAND. LA VUE QYE L'ON A DU HAUT-LIEU CLICH A. G,

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BADR NESHAND r=-------: __ ---------_ ,. .. ____ ,.., ____ ... ,--.. __ : ~---------. ---r~.~.-."f~.-~;: : : ~_,..._.;.;~;:;~::.:. .. ---~ --~ --+. __ -; ___ 2, : : ,. p;:;. ...... -~ i i TEA~'>~E INf"'R:1euRe... ~-------,_ ,:-, ""' .1'=--~h-~_ 1 1 V c:o ...... ,,.,._, XY -... __ __,, .... ,...,~----: : /, ~-t~-----_ _, L ~-E'>ADR NE~,;;;ND L L-------FIG. 132. BADR NESHAND. PLAN DU HAUT-LIEU CLICH A. G. ''hauts et purs'' o les anciens iraniens avaient coutume d'offrir des sacrifices aux dieux.') On y sacrifiait sans doute au feu mais au mme titre et ni plus ni moins qu'au soleil, la lune, la terre, l'eau et aux vents. De plus, il n'y a pas Badr Neshand de ces effondrements du sol et de ces cavits que l'on remarque MasgjidSulaiman et d'o surgissaient les gaz, mais quelque chose de sembla ble la terrasse que Gobineau crut reconnatre au sommet d'un piton qui domine la petite ville de Demawend. 2 ) Si donc on entend par "temple du feu" un difice consacr au culte du feu, symbole essentiel de Ahura Mazda, Badr Neshand ne semble pas avoir t un temple de cette sorte, ni mme un temple, du moins selon le sens qu'Hrodote attribue ce mot. J) Disons qu'il tait un "haut-lieu", mme s'il devint un temple du feu par la suite 4 ) Badr Neshand comme Mas.djid Sulaiman, se compose d'une srie de ter rasses et de plateformes diversement agences (fig. 132). La terrasse suprieure de prs de I oo mtres de longueur sur 70 de largeur environ, est limite par I. Hrodote. Clio 131. 2. A. de Gobineau. Histoire des Perses. t. I. p. 31-3. Il y a seulement, au sommet de ce piton, des strates rocheuses trs rgulires qu un romancier peut en effet confondre avec une construction cyclopenne ". 3. Voir A!l!arlran 1938. p. 11. 4. Le temple du feu, c'est dire un difice public o la demeure du feu et le lieu des crmonies religieuses se trouvent runis dans une enceinte unique, n apparat pas avant la fin de l'poque parthe 155

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BADR NESHAND FIG. 133. BADR NESHAND. LE MUR DE SOUTNEMENT DE LA TERRASSE SUPRIEURE CLICH A. G de puissants murs de soutnement renforcs de redans identiques ceux de Mas.dj.idSulaiman (fig. 1 3 3 et 134). Mme construction en blocs de pierre bruts ou peine rgulariss de dimensions trs diffrentes et empils sans mor tier. Sur cette terrasse, galement comme M as.dj.idSulaiman, il y a une plate forme carre lgrement surleve au dessus du sol et dtermine par des murs en pierre blanche taille. Cette plateforme, d'une vingtaine de mtres de cts, est dsaxe dporte de la mme faon qu' Mas.dj.idSulaiman vers l'un des longs cts de la terrasse, comme pour laisser libre un vaste lieu de runion des fidles. Mais, tandis qu' Mas.dj.idSulaiman ce qu'il y avait sur la plateforme a t enlev pour faire place un cimetire musulman, les ruines d'un petit bti ment carr ont subsist Badr Neshand Dans l amas de pierres qui le repr sente aujourd'hui on reconnat encore en place, des restes de son assise inf rieure pierres blanches, comme celles des murs de la plateforme, soigneusement tailles et dont plusieurs se trouvent prcisment au centre des cts del' difice. Elles nous apprennent que nous avons pas affaire un btiment ouvert, com pos de quatre piliers portant une coupole ou une toiture en charpente, mais 156

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BADR NESHfND FIG. 134. MAIDANNAFT. LE MUR DE SOUTNEMENT DE MASQ!IDSULAIMAN CLICH A G. un pavillon clos, construit en pierres rgulirement appareilles, datant certaine ment de l'poque arsacide. Ce qu'il tait, au centre de sa plateforme, en si belle place, face la foule des fidles? Sanctuaire, dpt du matriel du culte, lieu de runion des prtres? Saint des saints ou sacristie? Le seul certain est qu'il tait arsacide, non sasanide, et qu'on ne dcouvre parmi ses ruines aucune trace de feu ou de fume. Peut-tre nous permet-il de penser qu' Mas.djidSulaiman, dont la composition gnrale reproduit exactement celle de notre haut-Heu, la plateforme carre situe sur la terrasse suprieure portait un dicule semblable celui de Badr Neshand et non, comme E. Herzfeld l'a pens') et comme je l'ai suppos aussi, 2 ) un Cahaqa~ sasanide. Deux grands escaliers dont l'un, celui de l'ouest, mesure 17 mtres en projection horizontaleJ) et l'autre 1 2, 50 m, (fig. 135), conduisaient la terrasse haute. 1. E Herzfeld. A. M. I. t I. p. 71-2. 2. A!l!JrTriin 1938. p 50. 3. Les marches mesurant, en moyenne, 0,40 m de largeur et 0,27 m de hauteur, il s'ensuit que cet escalier comptait une quarantaine de marches et environ 11 mtres de hauteur Au bas des marches le terrain naturel continue descendre jusqu' se trouver une trentaine de mtres en contrebas de la terrasse suprieure, au 157

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BADR NESHAND ---~~--7 FIG. IJ5 BADR NESHAND. ESCALIER DE LA TERRASSE SUPRIEURE CLICH A G. Ils ne se trouvent, ni l'un ni l'autre, sur l'un de ses axes Peut-tre le premier a-t-il t dsax pour la mme raison que le petit difice dont je viens de parler et sa plateforme l'ont t, afin de ne pas encombrer le lieu de runion des fidles. Cela est possible ~ant l'escalier du Nord, on peut seulement remarquer que lorsqu'on gravissait l'escalier de la terrasse infrieure puis celui de la terrasse suprieure, qui se trouvent dans le prolongement l'un del' autre, on se dirigeait en droite ligne vers le lieu des sacrifices, si toutefois les crmonies du culte se drou laient bien sur la plateforme, en avant de l'dicule, comme on peut l'imaginer. La terrasse infrieure, au nord de la terrasse suprieure, est lgrement en pente, ce qui a permis l'tablissement d'une plateforme partant du niveau mme du sol, au bas du mur de la terrasse haute, et mesurant, vers le milieu du terrain, o elle droit e t la distance d une centaine de mtres de son angle N.O. Du cot Est le mur de soutnement de la ter rasse bordait un ravin pic, ce qui explique que ce mur, indiqu presque entirement en pointills dans mon dessin (fig. 1 p), ait pour ain s i dire disparu. Du cot Nord, au contraire, le terrain descend en pente douce. L'escalier qui se trouve sur cette face ayant 12,50 m de longueur en projection horizontale il c o mportait une tentaine d e mar c hes et avait 8 mtres environ de hauteur L'escalier conduisant du terrain naturel la terrasse infrieure mesurait environ 4 mtres de hauteur.

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BADR NESHAND s'arrte, une cinquantaine de centimtres de hauteur. Il s'en dtache, en A de mon dessin (fig. 1 3 2), une sorte d'estrade o ne subsiste aucun reste ou trace de construction. Cette estrade se trouvant sur le ct et, dans l'autre direction, sur l'axe de la terrasse infrieure, on peut peut-tre supposer que cette terrasse tait aussi un lieu de runion des fidles et que sur l'estrade se tenait un prtre charg de prparer la foule aux crmonies qui avaient lieu plus haut, prdicateur, chan tre ou sacrificateur. Peut-tre les crmonies publiques avaient-elles lieu en deux temps, partie sur la terrasse basse, partie sur celle d'en haut. Ainsi donc il semble bien qu' Badr Neshand nous soyons en prsence d'un "haut-lieu" compos de terrasses et de plateformes sur lesquelles se droulaient, alors qu'une dynastie parthe gouvernait l'ran, les traditionnelles crmonies u culte de l'ancienne Perse. Le feu n'y jouait pas un rle prpondrant et l'on n'y trouve ni autels, ni statues ou images de dieux d'aucune sorte En outre le seul difice de l'endroit, le petit btiment carr dont j'ai parl, n'est aucunement la cella d'un temple grcisant et le monument tout entier ne peut avoir rien de commun avec le temple "extrmement riche", consacr Bel ou Anahita que le sleucide Antiochos III tenta de piller en Elymade') et que pilla le parthe Mi thridate I. ') Tout, au contraire, s'y accorde au rcit d'Hrodote: Les Perses "n'ont pas l'usage d'lever des statues de dieux ni des temples ni des autels ... Leur coutume est de monter sur les plus hautes montagnes pour offrir des sacrifices Zeus, i) dont ils donnent le nom toute l'tendue circulaire du ciel. 4 ) Ils sacrifient au soleil, la lune, la terre, au feu, l'eau, aux vents. Ce sont l les seuls dieux qui ils sacrifient de toute antiquit; mais en outre ils ont appris, des Assyriens et des Arabes, sacrifier aussi Aphrodite Ourania (Anahita) ... Ils ne dressent pas d'autels, ils n'allument pas de feu quand ils doivent offrir un sacrifice; ils n'usent ni de libations, ni de flte, ni de bandelettes, ni d'orge sacre."Veulent-ils sacrifier l'un ou l'autre des dieux, ils conduisent la victime en un lieu pur et invoquent ce dieu. Puis la victime est immole et un mage 1. A. Bouch-Lcclercq Histoire des Sleucides. t. 1. p. 223. z. Idem. p. 364. 3. Hrodote. Histoires. Collection des universits de France. t I. p 130. note z: 'Hrodote identifie ici le dieu suprme des Perses, Ormuzd ou Ahuramazda, au dieu suprme du panthon hellnique." 4. Idem note J= "Les Perses appliquaient au ciel la dsignation Dyaus, voisine du nom de Zeus. Hrodote en a conclu, semble-t-il, qu'ils confondaient leur dieu suprme et le ciel. Cela est inexact; les Perses tenaient le ciel pour une uvre d'Ahuramazda". 159

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BADR NESHAND chante une sorte de litanie sacre car la rgle est chez eux de ne pas offrir de sacrifices sans qu'un mage n'y assiste.') Sans doute, en cette partie montagneuse de l'Elymade, voisine du Fars o les traditions achmnides se sont conserves pendant le temps de la domination parthe sur l'Iran, prparant la rvolution sasanide, les mmes traditions se sont elles conserves aussi, mais habilles la mode hellnistique. ~ant la date du monument lui-mme il est aussi difficile de la dterminer exactement que de parler certainement du culte qui s'y pratiquait Nous avons bien pour nous permettre de proposer une datation approximative, un rensei gnement assez sr dans la comparaison de Badr Neshand avec Mas.djid Sulai man. Nous avons vu que la composition gnrale et la construction de ces deux monuments sont ce point semblables qu'on peut les dater tous deux del' poque arsacide et que cette estimation se trouve confirme par les nombreuses pices de monnaie qui ont t trouves sur le site de Mas.djid-Sulaiman, mais, l'intrieur de cette priode de temps, qui couvre quatre sicles entiers, comment allons-nous disposer nos deux difices? Mas.djidSulaiman est un monument assez excep tionnel pour qu on ne le range pas automatiquement parmi les temples du feu tels que Pausanias les a dfinis et tels que nous les connaissons ordinairement. C'est de toute antiquit, sans doute, qu'un phnomne aussi impressionnant que le feu "brlant sans aliment ni cendre" a t considr comme surnaturel, divin, etc' est de toute antiquit aussi que le site de Mas.djidSulaiman dut tre rput le lieu ou l'un des lieux des manifestations de la puissance divine. Le monument qui y fut construit l'poque arsacide peut donc aussi bien appartenir au com mencement qu' la fin de cette poque. Nous pourrions mme, si nous ne dispo sions pour en juger que de l'architecture de l'difice penser qu'il peut avoir t difi l'poque sleucide Badr Neshand, qui devrait tre considr comme antrieur Mas.djidSulaiman sil' on admettait qu'un haut-lieu doit tre nces sairement plus ancien qu'un temple du feu peut donc parfaitement lui tre postrieur Disons provisoirement, dans l'attente de dcouvertes nouvelles et des prcisions historiques qui ne manqueront pas d'en procder, qu'en raison de l'identit de leur architecture et du grand nombre des pices de monnaie du premier sicle de l're chrtienne qui ont t trouves Mas.djidSulaiman, nous pouvons dater nos deux monuments de la seconde moiti de l'poque arsa-1. Hrodote. Clio. 1 p-2. 160

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BADR NESHANDE FIG. 136. BADR NESHAND. LE MUR DE SOUTNEMENT D'UNE TERRASSE VOISINE DU HAUT-LIEU CLICH A. G. cide. Etant bien entendu, cependant, que nous parlons ainsi de l'poque arsa cide officielle, c'est dire de l'espace de temps compris entre les annes 2 5 5 av. J.C. et 2 2 6 ap.J.C., car, en fait, l'Elymade demeura un tat feudataire des Sleu cides de Syrie jusque vers l'anne 1 7 4 de l're sleucide, date laquelle le Parthe Mithridate I ( I 70-140 av.J.C.) soumit Kamnaskirs I, dynaste indigne de l'Elymade. On suppose que Mithridate le remplaa par un prince de sa maison et que le pouvoir fut ensuite rendu la famille des Kamnaskirs. Ce n'est que plus tard, dans la seconde moiti du premier sicle de l re chrtienne, que les Kamnaskirides furent remplacs leur tour par une dynastie de princes portant des noms arsacides, dont cet Orods I et cet Orods II auxquels appartiennent les pices de monnaie trouves Mas.djidSulaiman. L 'poque arsacide en Elymade, daterait donc du milieu du premier sicle de l're chrtienne l'av nement au trne du sasanide Ardashir I, qui marque la fin de ce petit royaume .') La dure de l'utilisation de Mas.djidSulaiman et de Badr Neshand est aussi incertaine que le moment de leur construction. Nous savons seulement que 1. J de Morgan Ma1111el de 1111111ismatiq11e orie11tale. p 195 et suivantes Il

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BADR NESHAND Mas.djidSulaiman tait en activit l'poque sasanide et qu'on ne dcouvre Badr Neshand aucune trace de feu ou de fume ni aucun vestige de construc tion postrieure l'poque hellnistique. Cependant, au nord et 3 oo mtres environ des grandes terrasses il y a une autre plateforme, amnage sur une autre hauteur, mais moins importante. Elle peut dater, si l'on en juge de l'aspect de ses murs de soutnement (fig. 136), du mme temps que le monument voisin, mais les ruines qui la couvrent semblent tre moins anciennes Alors qu'aucun mortier n'intervient dans la construction de la terrasse, les murs ruins en ques tion sont forms de caillasse monte au pltre et cette faon de btir ne peut tre que sasanide ou musulmane. Or il ne semble pas qu'il s'agisse de constructions musulmanes car elles n'auraient pu tre que des habitations de paysans et des paysans ne se seraient pas installs en un pareil endroit, sans terres cultivables, presque sans eau. D'autre part le plan dont tmoignent les murs qui ont subsist est trop monumental pour qu'on y puisse reconnatre celui de simples maisons d'habitation. Il y a l, occupant toute la surface de la terrasse, et sans doute en remplacement d'une construction arsacide, les restes d'un vaste et profond wan central ouvrant dans la direction du haut-lieu et bord, de chaque ct, d'un large dgagement donnant accs trois chambres, ou loges, ou stalles, dont celles du fond au moins taient entoures de murs des quatre cts. Cette peu ordi naire construction indique peut-tre qu' l'poque sasanide il y avait l une d pendance du monument voisin devenu temple du feu: demeure des prtres, car il n'y a rien de semblable o pouvant en tenir lieu sur les terrasses principales, sanctuaire, voire mme rduit du feu. J'ajoute qu'aux alentours de ce dernier difice, sur les pentes voisines, on remarque les vestiges d'un groupe assez important de maisons, petite bourgade bien tonnante dans ces montagnes arides, brles, et qui semble n'avoir pu exister qu'en dpendance des monuments religieux. Une eau rare, peut-tre plus abondante autrefois mais qui n'a jamais pu irriguer quelque parcelle de terre ara ble que ce soit, sourd de quelques failles situes au bas du haut-lieu. Badr Neshand n'est encore pour nous que terrasses et murs en ruines approxi mativement dats. Ce qu'tait au juste ce monument et la dure de son utilisa tion demeurent, comme on vient de le voir, dans le domaine des suppositions. Il m'a paru cependant utile de le faire connatre, tel quel. Andr Godard

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LE TOMBEAU DE BABA {5:ASEM ET LA M ADRASA IMAMI

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LE TOMBEAU DE BABA ~ASEM ET LA MAD RASA IMAM! L'occasion de reparler ici de deux trs intressants monuments d'li/ahan, le tom beau de Baba ~asem') et la Madrasa lmam,2 ) m'est fournie par un article de Mary Crane publi dans Ars islamica (Vol. VII. p. 96-IOo) et intitul "A four~ teenth-century mihrab from lsfahan." Dans cet article Mary Crane critique une datation de la Madrasa Imam (71 5, 72 5 ou 7 3 5 H.) que je n'ai propose qu'avec prcaution, en spcifiant bien qu'elle est base sur un document tout fait incertain, et fixe 7 5 5 H. ( 1354 A.D.) la date de l'achvement du monu ment. A la vrit, comme on le voit, l'cart n'est pas considrable et pourrait tre considr comme ngligeable dans la plupart des cas, mais il se trouve que cette date dtermine peu prs le moment de l'abandon, l~fahan, du dcor maill gomtrique au profit d'un style floral plus libre et qu'elle est assez importante pour l'histoire de l'architecture iranienne. Je rsume la question. L'inscription de fondation du tombeau de Baba ~asem nous apprend qu'en l'anne 7 4 1 H. ( 1340-1 ), Sulaiman Abu'l-l:Iasan Talut al-Damg.b.an acheva de construire plusieurs difices, le tombeau du thologien Baba ~asem al-l~fahan et d'autres ou un autre, qu'il ne dsigne pas Il dit seulement qu'il a achev "ces difices", comme si ces difices taient sous les yeux des passants. Or, tout prs du mausole du thologien se trouve la Madrasa lmam, dont l'architecture indique assez que les deux monuments sont du mme temps. J'ai pens qu'ils pou vaient tre ceux dont parle l'inscription de 7 4 1 H. Comme, d'autre part, la date, dtriore puis mal rpare qui se trouve dans la madrasa peut tre lue ainsi: 7. 5, le chiffre des dizaines tant douteux, j'ai pens aussi que ce chiffre des dizaines ne pouvait tre que 1, 2 ou 3, et que ''la madrasa aurait donc t con struite en 7 2 5 H. ( 1 3 2 5), dix ans prs, en plus ou en moins J) 1. l~fahn, dans A!l!iirr-ii11. 1937. p. 38-43. i idem. p. 37. 3. idem.

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LE TOMBEAU DE BABA ['.:.ASEM ET LA MADRASA IMAMl A cela Mary Crane oppose que "plusieurs centaines de mtres"1 ) sparent les deux difices et qu'en consquence il ne peut tre question de la madrasa dans l'inscription du tombeau, que les deux salles dont se compose le monument suf fisent justifier le ces difices" de l'inscription, 2 ) que le style des ornements et les couleurs du dcor des deux btiments sont trs diffrents les uns des autres, 1 ) que d'ailleurs la Madrasa lmami est deux fois date de l'anne 7 5 5 H. ( 1354)4 ) et qu'ainsi la date de sa construction se trouve dfinitivement rgle. Au risque de chagriner Miss Crane je dois constater que la distance qui spare le Tombeau de Baba ~asem de la Madrasa Imami n'est pas de' 'plusieurs centaines de mtres", mais exactement de 13,45 m, et qu'il est donc tout fait possible que les deux difices, si voisins l'un de l'autre, aient fait partie d'un mme ensemble de monuments, 5) que les deux salles dont se composait autrefois le Tombeau de Baba ~asem ne peuvent pas plus reprsenter des difices qu'une maison de sept chambres ne peut reprsenter sept maisons, que les ornements du tombeau sont ce point semblables ceux du mi~rab de la madrasa qu'A.U. Pope s'est senti saisi du besoin de les attribuer au mme artiste 6 ) que les couleurs des maux du tombeau sont "light blue, dark blue, and white, with a sparing use of yellow (manganese brown)," c'est dire celles de la planche en couleurs du Survey of Persian Art qui reprsente le mi~rab de la madrasa,7) que l'une des dates trouves dans la Madrasa lmami, dont j'eus bien soin de ne pas faire tat dans ma notice ,8 ) n'appartient pas cet difice, 1. "'Moreover, the madrasa lies several hundred meters to the west of the mausoleum ... Ars islamica. Vol. VII. p 98. note J 2 2. '"A blockcd-up portal in the east wall of the tomb chamber of the mausoleum of Baba ~asim was disco v e red. Through the courtesy of the Service des Antiquits this was opened revealing a small square chamber immcdiately adjoining the tomb chamber; this was apparently one of several, of no architectural interest and of uncertain fonction, but belonging to the p e riod of the tomb chamber. This, then, accounts for the reference in the mausol eum inscription to '"these edifices" and dissociates the mausoleum from the question of the maclra sa's date idem. p. 98 3. idem. p. 99-100 4 idem. p. 99. 5. Ils sont maintenant spars l'un de l autre par une ruelle de deux mtres environ de largeur et une paisseur de petites maisons modernes 6. Voir A Survey of Persian Art. Vol. Il. p. 1328-9. 7. idem. Vol. IV. pl. 420. 8 Voir A!h_arIran. 1937. p. 37. 166

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LE TOMBEAU DE BB [:::.SEM ET LA MADRASA IMMl que l'autre date est, comme je l'ai dit, le rsultat d'une mauvaise rparation, et qu'en dfinitive la question de la date de la construction de la Madrasa lmam reste ouverte On peut d'ailleurs la pousser un peu plus loin que je ne l'ai fait. Le Tombeau de Baba ~asem se composait originairement de deux salles cou vertes de coupoles de dimensions peu prs gales et disposes l une sur plan carr et l'autre sur plan octogonal (fig. 1 37). On passait alors de l'une l'autre au moyen d un couloir coud. La premire salle, pourvue d un mi~rab, ') pou vait tre une salle de prire et la seconde le tombeau proprement dit ou encore, ainsi que l'a propos M. $ahba, conservateur des monuments historiques de la rgion d'l~fahan, la premire salle pouvait contenir la tombe du saint homme la seconde, comme en d autres tombeaux de personnages religieux, tant rser ve au lecteur du ~or'an ou aux darwshs cehell nishn, c est dire aux dar wshs qui demeurent quarante jours au mme endroit. La premire hypothse parat bien tre la plus satisfaisante mais n est peut-tre pas la bonne, car il arriva que le monument fut gravement endommag Baba ~asem tait sunnite-et qu'une seule des deux salles fut rpare en 1044 H. ( 16 3 4-5), par un marchand de fruits qui n tait peut-tre pas trs riche un certain A~a Khan, fils de A~a Qjalal. 2 ) Sans doute devons-nous penser que c'tait celle qui couvrait la tombe Pendant longtemps notre mausole ne se composa plus que de la salle au mi~rab puis il y a une soixantaine d'annes, en 1297 H. ( 1880), on construisit dans la salle octogonale en ruines, ainsi que l'indique la figure 138, une salle rectangulaire qui devint le tombeau d'un crivain du nom de Khatb On le pourvut d une porte, actuellement bouche, qui ouvrait directement sur la rue, et l'on en pera une autre dans la paroi Est du tombeau de Baba ~asem. On plaa dans l'espce de petit vestibule de ce "Tombeau de Khatb" une inscrip tion dont voici le texte et la traduction: 1. Voir A!l!iirl,-iin. 1937. fig. 13. z. idem. p 41-42. l! JL... .. )

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LE TOMBEAU DE BABA ~ASEM ET LA MADRASA IMAM! 1 1 1 1 ----~:~-_:.~a: t-:.-:.. :_---.: : : ---,-' 1 ', 1 / \ 1 / 1 \ 1 : ,' \: 11 \1 \1 .;:__ -t -~11 1 1 1\ ,: \ /: 1 \ / 1 1 \ / 1 : \\ / : / : ',.... 1 ,,/' -~_:. -----------------+---_,,,, -----ISFAHAN TOMBEAU DE BABA r
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LE TOMBEAU DE BABA f>_ASEM ET LA MADRASA IMAM! ISFAHAN TOMBEAU oe: BABA EM ESTAT Acruec. -CON.:,T~UCTION oAre: /41 H MODFCATiONS DATE~ 129/ H ................ ~0+----+-------<"---i?)---+ .. --+!!---+-'"-~1.----;8 ..... T"'IR.) FIG. 138. l$FAHAN. TOMBEAU DE BABA ~ASEM. PLAN ACTUEL "'G Le rsultat de cet arrangement n'est pas trs heureux Le petit vestibule tra pzodal est ridicule. La porte de communication entre les deux tombeaux est mal place La coupole, perce en son centre d un mis rable trou d clairage,') n est pas circulaire mais plus longue qu e large d'environ trent e centim t res. Elle est, de plus, beaucoup trop basse, atteignant peine le niveau du bas des 1. On l e voit la gauche de la figure 14i.

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LE TOMBEAU DE BABA ~ASEM ET LA MADRASA IMAM! FlG. 139. l~FAHAN. COUPOLE DE LA MADRASA DE SHAH MA.!:lMOD ADJACENTE AU MASQIIDQIUM'A CLICH A G arcades qui assuraient l'clairage de la salle octogonale originale.') C'est d'ail leurs cette diffrence de hauteur entre la nouvelle salle et l'ancienne qui m a per mis de retrouver le plan de cette partie de l'difice. Au dessus du Tombeau de Khatib on voit en effet se prolonger l architecture de la salle octogonale (fig. 1. Ces arcades taient peu prs semblables celles de la coupole de la madrasa de Shah Ma~mud, adja cente au MasgjidQjum'a d'I~fahan (fig. 139).

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LE TOMBEAU DE BABA ~ASEM ET LA MADRASA IMAMl j -~--.. 1~ FIG. 140 l~FAHAN. TOMBEAU DE BABA ~ASEM. PARTIE SUBSISTANTE DE LA SALLE OCTOGONALE 1 40, 141 et 142). On voit mme sur un mur la trace de l'un des arcs de la c~u pole ancienne. Le Tombeau de Baba ~asem se compose donc aujourd'hui de deux parties, l'une date de l'anne 7 4 1 H. ( 1 3 40-1 ), et l'autre qui est devenu~ le Tombeau de Khatb, mais l'ensemble ne reprsentait autrefois, alors que l'auteur de l' inscription parlait de "ces difices"., qu'un seul monument. 0Eels sont "ces difices"? Rien ne s'oppose ce qu'ils soientle Tombeau de Baba ~asem et la Madrasa lmam, ni la distance qui les spare, 1 3, 4 5 m, ni les "several" salles du tombeau, qui taient deux De plus A.U. Pope a tout fait raison quand il crit: "ln the fourteenth century') the patterns are noble and robust. The sprandels') and remains of the mi9rab in the Mausoleum of Baba Q!sim ( 1340(741)), or the Rabenou mi9rab (c'est le mi9rab delaMadrasalmam),J) which must be approximately contemporary, are the outstanding exam ples of this type. 'Umar ash-Shaykh has inscribed his name in rectangular Kfic 1. Plus prcisment dans la premire partie de ce sicle 2. Voir A Survey of Persia11 Art. Vol. IV pl. 417. J idem. pl. 402.

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LE TOMBEAU DE BABA ~ASEM ET LA MADRASA TMAMT FIG. 141. l$FAHAN. TOMBEAU DE BABA f>ASEM VESTIGES DE LA SALLE OCTOGONALE CLICH A. G. letters in the faence mosaic of the northeast wan vault of a madrasa near the Masjid-i Jami' in l~fahan (c'est la Madrasa Imam), and the style of the work is so close to that of the portal of the nearby Mausoleum of Baba ~sim as to sug gest strongly that he was the artist responsible for both." ') Tout cela est parfai-1 Voir A Survey of Persian Art. Vol. Il. p 1328-9.

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LE TOMBEAU DE BABA .f:CASEM ET LA MADRASA IMAM] FIG. 142. ISPAHAN. TOMBEAU DE BABA ~ASEM. VESTIGES DE LA SALLE OCTOGONALE CLICH A. G. FIG. 143. ISPAHAN. MADRASA IMAMI. MDAILLON LA VOTE DE L'IWAN SEPTENTRIONAL

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LE TOMBEAU DE BABA ~ASEM ET LA MADRASA TMAM tement juste.') Mary Cra.ne, quoique disant le contraire, a d'ailleurs raison aussi quand elle crit: ''In the mausoleum the scale of the ornament is large and bold; floral elements appear, in the form of stylized trefoil palmettes; the large-scale scrollwork displays strong thick stems, and the foliations are rather small, short, and stubby. In the madrasa the scale of the patterned elements is smaller, the stems of the scrollwork thinner, and the drawing more delicate, the foliations freer and more graceful ... "2 ) Mais elle parle ainsi d'une partie du dcor de la Madrasa Imam qui fut excute sous le rgne de Shah Ma9mud, c'est dire entre les annes 7 5 9 et 776 H. ( 1 3 88-1 3 7 5), comme je l'expliquerai dans un instant L'coinon de l'wan nord de la madrasa qu'elle cite en exemple,3 ) le voici l'poque de Shah Ma9mud (fig 144).4 ) Il n'y a rien de semblable surie mihrab de la madrasa. Comparez ces dtails aux lments dcoratifs du mme mi9rab et du tombeau (fig. 145): ils se divisent nettement en deux groupes appartenant deux poques diffrentes, celle du tombeau et celle du rgne de Shah Ma9mud. L'architecture de la madrasa, sche, mince, lance, semblable celle du tombeau, n'a pas l'ampleur des formes de la madrasa adjacente au Mas.djid: Djum'a d-l~fahan, plus jeune d'une trentaine d'annes. Les lourdes inscriptions des arcs de la cour de la Madrasa Imam, semblables celles du mi9rab du mme difice et celles du tombeau, n'ont rien voir avec celles du temps de Shah Ma9mud.5 ) Mais alors, qu'est-ce que cette date de 7 5 5 H. que Mary Crane a lue la fin d'une inscription de la cour de la madrasa? ~e l'on m'excuse, mais il me faut rpter encore ce que j'ai dit dj des datations et des identifications bases sur des racontars. 6 ) Il ne faut pas plus accepter pour authentique a priori ce qu'on lit sur un monument qui a subi l'preuve d'une demi-douzaine de sicles d'exis tence, de multiples rparations, autant d'altrations, qu'il ne faut croire ce qu'on 1. A ceci prs que le nom de l'architecte, ou du dcorateur, "'Umar ash-Shaykhi" n est pas exact. Le mdaillon de l'iwn Nord dont parle Pope porte en effet: "Oeuvre de Mu~ammad b.'Omar al-Shaikh." (fig. 143). Un autre mdaillon, dans la petite salle carre du mi~rb, nous fournit le mme nom mais un peu diffremment libell : "Oeuvre de Mu~ammed 'Omar al-Shaikh 2 Ars islamica. t. VII. p. 100. 3. idem fig. 4. 4. idem. fig. 9. 5. Voir A!l!arrii11. 1936. fig. 157 et 158. 6. A S11rvcy of Persia11 Art The architecture of the Islamic Period. Compte-rendu dans Ars islamica. Vol. VIII. p. 5.

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LE TOMBEAU DE BABA J:(ASEM ET LA MADRASA IMAM! FIG. 144. 1$FAHAN. PORTE SECONDAIRE DE LA MADRASA DE SHAH MAI:IMOD, ADJACENTE AU MAS.QIID.QIUM A CLICH A. G

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LE TOMBEAU DE BABA ~ASEM ET LA MADRASA IMAM! FIG. 145 1$FAHAN. TOMBEAU DE BABA J5:ASEM DTAIL DE LA FAADE CLICH A. G. en dit. Il arriva simplement qu'un ouvrier, charg de rparer l'endroit dtrior o se trouvait la date de l'achvement de l'difice et bien embarrass d'avoir le faire, trouva une autre date dans le monument et la reproduisit sans contrler son authenticit plus que Mary Crane ne le fit elle-mme. Le chiffre des centaines ne pouvait tre autre que "sept". Celui des units peut avoir appartenu l'in scription originale. Oyant au chiffre des dizaines, il est celui de l'autre date. 176

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LE TOMBEAU DE BABA ~ASEM ET LA MADRASA lMAMl FIG. 146. I$FAHAN. DTAIL DU DCOR D'UN MONUMENT MUZAFFARIDE DISPARU CLICH A, G. Mais cette autre date? Le groupe des monuments muzaffarides ') dont faisaient partie le Tombeau de Baba ~asem et la Madrasa lmami ne se composait pas de ces seuls difices. Il en comprenait au moins un autre qui a dispar~, auquel appartenait le fragment de kash dat de l'anne 7 5 5 H ( 1 3 5 3) qui fut rem ploy dans l'wan ~ibl de la madrasa. 2 ) D'autres fragments du dcor de cet difice disparu ont t trouvs dans le Tombeau de Baba ~asem lors de sa restau ration rcente La figure 146 reprsente l'un d'eux. Apports auprs du frag-1 Te les appelle muzalfarides parce que leur architecture est bien celles des monuments muzalfarid es parce que l'poque muzalfaride commence en l'anne 713 H. (IJIJ), avec le rgne de Mubariz al-Oin Mu~ammad b al-Mulfar, et bien que les Muzalfarid es n'aient possd I~fahan qu en 759 H. (1358), quand, aprs la mort d Abu Is~a~ lngj, Sul~an Ma~md devint gouverneur, quasi-souverain d'I~fahan et d'Abar~h. i Voir l'article de Mary Crane, figure 6. L es deux premiers mots du bandeau appartiennent au verset 8 de la surate 4 8 du ~or'an. Viennent e nsuite un e rparation que reprsente l a lon g u e ur d es mots l es c i e ux et la terre, puis une autre rparation ou l'on peut lire en caractres plus petits, le mot "se nn et la date: 755. Le mot suivant, rasulh," dans les caractres du dbut, appartient au verset 9 de la surate 48. Entre les deux parties de la surate 48, t o ut est remploi.

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LE TOMBEAU DE BABA K.ASEM ET LA MADRASA TMAM ment dat de 7 5 5 H., ces morceaux de kash se sont rvls identiques lui. Mme gamme de couleurs, mmes tiges de fleurs d'un dessin trs libre, tantt de couleur turquoise et tantt de couleur verte De plus, le fragment remploy comporte une boucle de kha comble d'une couleur noire-brune, combinaison dcorative et couleur qui ne se retrouvent ni dans le Tombeau de Baba ~asem ni dans la Madrasa lmam. Nul doute, par consquent. Je dirai maintenant pourquoi je pense qu' une partie du dcor maill de la madrasa fut excute durant le rgne de Shah Ma}:imud, c'est dire entre les annes 759 et 776 H. (13581375). On trouve, dans ce monument, la fois les noms des Douze Imans et ceux des Khalifes Abu Bakr, 'Omar et 'Othman. Ce n'est pas particulier aux constructions de Shah Ma}:imud, puisqu'on peut faire la mme constatation dans le dcor muzaffaride des grandes mosques de Yazd et de Kerman, c'est dire hors des limites du gouvernement de Ma}:imud, mais ce tmoignage extraordinaire de tolrance religieuse semble tre le fait de l'autorit personnelle des souverains muzaffarides et explique qu'on ne trouve rien de semblable dans le Tombeau de Baba ~asem ni dans les parties anciennes du dcor de la madrasa qui appartiennent bien l'poque muffazaride, comme je l'ai dit plus haut, mais sont antrieurs la domination directe d'un Muzaffa ride sur lsfahan. Le Tombeau de Baba ~asem est en effet purement sunnite. On y trouve les noms des Khalifes Abu Bakr, 'Omar, 'Othman, mais non ceux de I:Iusain, de I:Iasan, ou des Douze Imams, rien, du moins dans les parties originales de l'difice, qui ne soit purement orthodoxe. Le mi}:irab de la madrasa est orn de deux bandeaux inscriptions, l'un, rectangulaire, qui reproduit les versets 18-2 2 de la surate 9 du ~or'an, l'autre bordant la niche, qui est une suite de phrases mu sulmanes essentielles, parmi lesquelles la profession de foi : "Il n'y a de dieu que Dieu. Mu}:iammad est le prophte de Dieu." Sur la paroi de fond de l'wan Nord il y a une rosace entoure de dix mdaillons carrs orns d'inscriptions en carac tres kufiques carrs. Chaque mdaillon porte le nom de l'un des dix Mubash shara'): Abu Bakr, 'Omar, 'Othman, 'Al, Tal}:ia, Zubair, Sa'd, Sa'd, 'Abd al Ra}:iman, Abu 'Ubaid. Le tout est entour d'une troite bordure, compose de caractres kufiques carrs, o sont mentionns ainsi qu'il suit les noms du Pro phte Mu}:iammad et des Douze Imams: 1. C'est dire ceux auxquels le Prophte a promis le Paradis.

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LE TOMBEAU DE BABA ~ASEM ET LA MADRASA IMAM! "O Dieu! Accorde ta bndiction Mu9ammad al-Mu?tafa, 'Ali al-Murtala, f:iasan al-Rila, f:iusain al-Shahid, 'Ali Zain al-'Abedin, Mu9ammad alBa~ir, Qja'far al-$adi~. Msa al-Ka~im, 'Ali Musa al-Rila Mu9ammad al-Ta~i, 'Ali al-Na~i, f:iasan al-'Askari, Mu9ammad al-Mahdi. Sur lui et sur eux le salut!' En divers endroits des mdaillons carrs portent les noms de Allah, Mu9am mad 'Ali, f:iasan et f:iusain. De la mme faon le parement intrieur de l'arc qui entoure le mi9rab de la madrasa au nom de Shah Ma9md, adjacente au Mas.djidQjum 'a, comporte trois mdaillons hexagonaux, l'un au sommet et les deux autres aux reins del' arc, dont deux, celui du sommet et celui de droite, sont originaux. Le troisime, qui a disparu, a t rcemment remplac par un mdaillon copi sur son symtrique, celui de droite, et n'a donc pas de valeur historique Le mdaillon de droite, le premier des trois dans l'ordre de la lecture, porte les noms de Mu9ammad, Ab Bakr et 'Omar. Le second, au sommet de l'arc, porte ceux de 'Othman et de 'Ali. D autre part il y a, dans la partie muzaffaride de l'Imamzad Isma'il, l?fahan, une porte en bois sculpt (fig. 147) dont la partie suprieure porte cette inscrip tion: ~, 0 ., ~J'JI J ~I J1; 01..--;1_, -"'11 h..~ uL..'11 _, J~ _;.~ r--'11 ~)L J.r ~I k jkll Lf ..t; 'JI 0w1 (i ) a-L Lf .:U1 _, ~I ., ., ., -" JU.fJI (a-LJ) Je J_...u1 ., d.!_,...u1 cY iJ--;1 ~u1 ~--;1 J,1~1 "A ordonn d'excuter cette porte (de clture),') en vue de son pardon et de sa rcompense future, durant les jours du gouvernement du Sulran le plus grand, matre des sulrans des nations, propagateur de la justice et de la bienfaisance celui qui rpand la scurit et la sauvegarde, ombre de Dieu sur les terres, ple 1. Les mots entre parenthses n'ont pu tre lus d'une faon certaine.

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LE TOMBEAU DE BABA 1>.ASEM ET LA MADRASA IMAM[ FIG. 147-I~FAHAN. PORTE EN BOIS DANS L'IMAMZAD ISMA'IL CLICH ~AHBA du droit et de la religion, S.hah Mal)mud, fils du Sultan le plus grand, Mul)am mad, fils de Mu~affar ~e Dieu maintiennesonroyaume!-lePahlawanleplus grand, $al)eb al-Akram, Ta.dj al-Dawl wal-Dn 'Ali (Tarshah) al-Khorasan, de ses bien propres Sur les panneaux ouvrants de la mme porte (fig. 1 48) on lit les sentences suivantes: "Il n'y a de dieu que Dieu." "Mul)ammad est le prophte de Dieu." "La gloire est Dieu." "Le pouvoir est Dieu." et, autour des losanges, l'invocation en l'honneur de Mul)ammad et des Douze 180

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LE TOM.BEAU DE BABA ~ASEM ET LA MADRASA IMAM! FIG. 148. DTAIL DE LA MME PORTE CLICH ~AHBA Imams qui se trouve au fond de l'wan septentrional de la Madrasa lmami, iden tiquement rdige: "O Dieu! Accorde ta bndiction Mul).ammad al-Mu~rafa, 'Ali al-Murta~a, J:Iasan al-Rida, J:Iusain al-Shahid, 'Ali Zain al-'Abedin, Mul).ammad alBa~ir, Qja'far al$adi~, Musa al-K~im, 'Ali Musa al-Rida, Mul).ammad al-Ta~i, 'Ali al-Na~i, J:Iasan al-'Askar Mul).ammad al-Mahdi. Sur lui et sur eux le salut!'' Cette volontaire runion de noms, dont les uns sont honnis des Sunnites et les autres excrs des Shi'ites, ne se rencontrant habituellement ni avant, ni aprs, mais seulement pendant l'poque muzaffaride, ') elle semble bien indiquer 1. Cependant il y a des exceptions. L'architecte du GrMir, Samar~and, l'isfahanais Mu~ammad b. Ma~md, parvint introduire plusieurs fois la formule ~hi'ite, "'Ali wali Allah," dans le monument sunnite qu il construisait en l'y crivant au moyen de caractres kufiques carrs. (Communication de M. Ta~i Mu~tafawi.) D'autre part A~raf l'afghan, sunnite, sans doute parce que la madrasa de Shah Mal)md adjacente au MasgjidQium'a d~fahan et communment appele "$of 'Omar," passe pour avoir t construite par le Khalife umaiyade 'Omar b 'Abd al-'Aziz, restaura cet difice en 1139 H. (1726-7) et y plaa un bandeau inscription o apparaissent, sous les noms de $iddi~. Dhu' 1-Nrain et Fark, ceux d'Ab Bakr, O!hman et Omar. (Voir A!brIran. 1936. p. 243-4.)

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LE TOMBEAU DE BABA ~ASEM ET LA MADRASA IMAM que les parties du dcor de la madrasa lmam o on la trouve sont contempo raines de la domination directe d'un Muzaffaride sur I~fahan, c'est dire post rieures l'anne 7 5 9 H. ( r 3 58) Nous en trouvons d'ailleurs la confirmation dans l'difice lui-mme. On sait que les souverains iraniens ont toujours aim voir leurs noms rpts dans les monuments de leur temps et non seulement dans le texte des inscrip tions de fondation mais aussi d'autres faons. C'est ainsi que dans l'inscription du portail du Mas.djid'Al d'l~fahan, construit durant le rgne de Shah Is ma'il et dat de l'anne 928 H. (r 52 r-2), on trouve reproduits les douze ver sets du {5:or'an qui contiennent le nom d'Isma'il. ') Pour la mme raison, la grande inscription qui orne le parement intrieur de l'arc de tte de la madrasa adja cente au Mas.djidQjum'a d'l~fahan, date de l'anne 768 H. ( r 3 66-7), com mence ams1: "Louange Dieu, digne de louanges (ma~md), le Sublime, l'Excellent, qui assista son esclave alMortela dans la construction des lieux de prire ... Pour la mme raison, le centre de la coupole de la salle du mi~rb de la Ma drasa lmam fut orn de la partie du verset 8 r de la surate r 7 qui contient le Il h -d" 2) mot ma.mu : "[Qyant la nuit, si tu la consacres des prires supplmentaires], il se peut que ton Seigneur t'accorde une place digne de louanges (ma~md)."i) On peut donc, si l'on admet comme authentique le chiffre des units de la date inscrite dans la cour, continuer de penser que la construction de la Madrasa 1. Voir "J~fahan," dans A!b_arrii11. 1937. p. 71. z Je dois cette observation et la prcdente M. $ahba. 3 C'est au cours de ces veilles que les Musulmans adonns la vie spirituelle prouvent leurs extases. "On emploie, dans le langage de ces hbmmes, le mot "mekam", place, pour un des d e grs de cc rapprochement de Dieu (M. Kasimirski. Le Kora11. t. 1. p u7. note 3.)

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LE TOMBEAU DE BABA l):.ASEM ET LA MADRASA IMAMl lmami fut termine en 7 2 5 H., dix ans prs, en plus ou en moins, sauf la partie du dcor maill qui fut excute sous le rgne du Muzaffaride Shah Ma~md, entre les annes 7 5 9 et 776 H. ( 1 3 5 8-1 3 7 5 ). Sil' on prfre ne pas tenir compte de cette date, "dtriore puis mal rpare il reste que le Tombeau de Bab 15,:asem, le gros-uvre de la Madrasa lmami et une partie de son dcor sont con temporains l'un de l'autre, la madrasa tant seulement un peu plus vieille que le tombeau. Si l'on s'tonnait que Sulaimn Abu'l-f:Iasan Talut al-Damghani ait pu, en 7 4 1 H. donner comme "achevs" des difices dont l'un ne l'tait pas entire ment, je rpondrais qu' Abu'l-f:Iasan s'est simplement un peu trop press et que nous constatons le mme fait en de nombreux autres monuments iraniens. Je n'en donnerai pour preuve que le plus clbre d'entre eux, le Mas_ijidShah d'I~fahan, qu'une inscription du portail d'entre dclare termin ,') que Shah Sulaiman dit avoir termin 2 ) et qui ne le fut jamais Andr Godard 1. VoirA!l!.iir-riin.193 7 p 110. 2. idem. p 113.

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LES MONUMENTS DU FEU Le dais monumental assyrien sous lequel le roi donnait ses audiences, le "kiosque" que nous voyons reprsent sur les bas-reliefs de Khorsabad et de ~oyun.dji~, ') passa tout naturellement en Perse lorsque se constitua l'archi tecture achmnide. Il y devint l'apadana, la salle d'apparat du Roi des Rois, qui n'est pas autre chose qu'un immense kiosque. Cette observation n'est pas nouvelle. On la trouve dj, en 1890, incluse en cette phrase de Perrotet Chipiez: "Ce qui a toujours eu le plus d importance dans l'ensemble des constructions royales (de la Perse), c'est le kiosque, pavillon isol dont les lments trs simples peuvent, volont, s'agrandir aux pro portions d'un difice colossal, ou se rduire celles d'un lgant dicule". 2 ) On la trouve aussi, formule, dans }'Histoire de l'architecture de Choisy: Les kiosques colonnes de l'Assyrie "sont des dpendances presque obliges des palais et les principaux ornements des parcs royaux ... Les bas-reliefs mon trent le roi donnant ses audiences ou recevant les hommages dans ces pavillons dont la tradition s'est conserve chez les sultans. Selon toute apparence, la salle du trne de Khorsabad tait un kiosque sur colonnes; telles seront les gigantesques salles d'audience des rois de Perse". i) Comme son prototype assyrien, l'apadana employa la colonne, de plus en plus haute, et les poutres de bois, de plus en plus longues, que l'on alla chercher, ainsi que l'avaient d'ailleurs fait les Assyriens, jusque dans les montagnes du Liban et de l'Alburz. "La salle du trne en Perse," poursuit Choisy, "est un kiosque assyrien, mais mis l'chelle des salles hypostyles de l'Egypte: un kiosque grandi au point de ne pouvoir chapper la lourdeur gyptienne que par une structure poutres normes Et le bois fait dfaut. Il faudra se procurer grands frais des cdres dans le Liban, leur faire franchir des chaines de montagnes: l'im-1. A Khorsabad, au bord d'une rivire (Botta. Monun1ei11s de Ninive. T Il. pl. 114), sur un lot, au milieu d 'un lac, et, JS:oyun.dji~. parmi les arbres d 'un parc royal (Layard The Mo11urne111s of Nineveh, pl. 40) 2 G Perret et Ch Chipiez. Hisioire de l'arl dans I'anliqui1. T V La Perse p. 663. J A. Choisy. Hisioire de l'archi1eclure. T. 1. p. 109. 7

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LES MONUMENTS DU FEU possible semble avoir tent les grands rois; par un dfi aux lois ordinaires, ils ont dcrt la construction des pays boiss sur un sol o tout s'y refusait" ') "Fantaisie royale", dit Darmesteter, "caprice d'un dilettante tout puissant et qui a le got du grandiose".) Cette immense architecture de charpente rgna du Vlme au IVme sicle avant l're chrtienne puis disparut en mme temps que la dynastie achmnide. Dans l'architecture voftte qui est donc, faute de bois, la vritable architecture de l'Iran, le kiosque, dsormais li la tradition architecturale du pays par l'im portance considrable que lui avaient donne les souverains achmnides, devint un difice dont les lments furent aussi trs simples et qui pouvait, tout comme le kiosque assyrien et comme l'achmnide, "s'agrandir aux pro portions d'un difice colossal ou se rduire celles d'un lgant dicule" (fig. l ). ~atre piliers et une vote, c'est assurment, dans le principe, l'une des plus simples btisses du monde et il serait bien inutile d'en aller chercher l'origine au loin. Elle fut invente partout o le problme de sa construction se posa. Dans les pays o ne manquait pas le bois, des votes d'artes ou en arcs de clotre la couvrirent. L'Orient construisit des coupoles, c'est dire, de toutes ks votes, ceJles qui s'excutent le plus aisment sans cintres, et sut de trs bonne heure, bien avant l'Occident, en couvrir des salles carres. On trouve cette astucieuse combinaison ralise dj en Egypte vers le XVme sicle avant l're chrtienne, dans un tombeau en briques crues de la ncropole de Drah Abu'l Neggah.J) En Assyrie, un bas-relief bien connu de }S:oyun.dji~ reprsente une ville o des difices rectangulaires sont surmonts de coupoles, hmisphriques ou surhausses dont la construction ncessitait v idemment l'emploi d'lments intermdiaires chargs d'assurer le passage du plan carr des salles intrieures au plan circulaire de leur couverture.. 41) Mais ces primitives coupoles gyptiennes et assyriennes taient, comme dit Choisy rduites aux 1. A Ch~1t<;y. idem p. 110. i. J Da~tt-Cii.rf, itttil u,r ,. __ ,& i. Ane. p. 1:S.. ) H~nn ~ Un tumt--o roupo&e SIR" peedcnltlfs.. d.ms Ba,//hi,, ,& r llll!ldd ffe""'I Jf ""'~ do Caire.. T Vl WJC. ?. p. 1 n -1n. 4 A LYN. M~ imte p. ? Rcprodwt pv Pttrot et Oii(1i2 d.ms H/lmr r& l'rllffl i&nis l'r1111~ T Il. L'A,:.;ync. Fig. 4J 1-tdici'".tpputncnt i b. ,e sme de ti.l!.,,lm.lllX o ~""b bit re~ltt b ~,~u tt1.trep,m r~ de Sl!:lll palls de~---8

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1 LES MONUMENTS DU FEU ---~--;---+ ... ,, / 1 J 1 / \ I 1 I ,, \' 1 "'-+-~ .::>+---, 1 ', \ 1 1 ,, 1 -++--+-. -+--+-1 ,, 1 1 ,, ,, 1 -+--~.-+-. + t-1 \ i /1 1 1 1\ 1 ,, 1 1 ', / 1 -~-~-' t ./ ---t--FI RfABAD .. ,-r:a ,iff'-;~-,~ 1 1 ', 1 1 1 1, \I 1 t-t + ++ 1 :,~~1-~:: : :.! ...... ___ J ... 1 ATESHtLLA 011t YAZD t
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LES MONUMENTS DU FEU troites dimensions et aux dispositions simples que comporte une excution en briques crues. Grce l'emploi de la brique cuite et surtout du mortier de chaux, les Perses inaugurrent la coupole large ouverture') et jamais ne reculrent devant la difficult de raccorder la coupole avec un plan rectangu laire. 2 ) A l'aide de quatre trompes d'angles ils transformrent un plan carr en un plan octogonal, trs voisin du cercle et sur ce plan octogonal construisi rent facilement la vote. La coupole sur trompes d'angles, encore couramment employe par l'architecture iranienne, lui appartient en propre. Le kiosque assyrien, iranis de cette faon, devint l'norme Cahar-Kapu, "les ~atre portes" du palais de Khosraw II ~a~r Shrin, 3 ) le petit pavillon quatre colonnes de Ta~Bostan, 4 ) mais servit surtout de dais, plus encore que d'abri, au feu sacr, symbole de Ahura Mazda, le plus grand des dieux. Le plus souvent isol, au centre du vaste temenos des temples, il fut, en ran gnralement dsign sous le nom de cahaqa~, "les quatre arcs", mais aussi sous ceux de cahar-kapu, comme ~a~rShrin, ou cahar-darwaz, "les quatre portes". On le trouve ainsi, c'est dire isol, Frzabad, l'ancienne Gur, Bak, Farashbend, Qjerr, Natanz, Kazern, Atesh~h, Neisar, etc .... ~ant au Cahar-Kapu de ~a~rShrin, les uns, dont G. L. Bell5 ) et E. Herzfeld,6 ) le considrent comme tant un temple du feu alors que d'autres, dont je suis, pensent reconnatre en cet difice, relativement trs ferm et peu prs coll l'un des murs d'une cour, l'une des salles d'audiences du palais (fig. 1 ) Des cahaqa~s qui furent certainement des ateshgahs, les uns sont connus et d'autres ne le sont pas encore, mais avant que d'en parler je crois utile de remarquer qu'ils ne furent gnralement que parties de compositions plus vastes I. Les coupoles du palais d Ardamir Frzabad ont un diamtre de 13,30 met s'lvent u mtres au dessus du sol. La grande salle de Sarwistan mesure 12,80 m en largeur. 2. A. Choisy. Histoire de l'architecture. T. I. p. 120. J Son plan est, intrieurement, un carr de 16,15 m de ct 4 Trois des quatre chapiteaux des colonnes de ce petit difice ont t retrouves, deux sur place et le troisime dans le village de Bisutn Celui que j'ai mesur a o,88 m en hauteur et 0,90 m en largeur. Celui que Flandin et Coste ont reprsent et cot dans leur Voya5e e11 Perse (Perse ancienne. pl. 17bis) mesure 0,90 m en largeur et o m 917 en hauteur Les deux chapitaux analogues d'l~fahan, dont la hauteur n'est que de o m 605 et la largeur 0,76 m, appartiennent une construction du mme genre 5. G. L. Bell. Palace and Mosque al Ukhaidir. p. 51-54 et 90-94. pl. 64. 6. E Herzfeld Archaeolosical History of Iran. p. 88. 10

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LES MONUMENTS DU FEU et qu'il nous faut, en consquence, examiner tout d'abord ce qu'avaient t autrefois les temples et les sanctuaires du feu. A la vrit on se heurte de suite au passage clbre d'Hrodote: "Ils n'ont d'images aucunes, temples ne autels, et par leur loi n'est permis d'en faire btir, ainois (mais) tiennent pour fols ceux qui veulent ce faire Ils montent sur hautes montagnes quand ils veulent sacrifier Jupiter, et appellent toute la rondeur du ciel Jupiter. Ils sacrifient davantage au soleil, la lune, la terre, au feu, l'eau et aux vents, et de toute antiquit le font ainsi".') Strabon dit la mme chose>) et Xnophon galement. Mais Darius I, dans l'inscription de Bsutun, crit, d'aprs L. W. King et R C. Thompson: "The temples which Gaumta, the Magian, had destroyed I restored ... ".J) Comment imaginer que Darius ait pu reconstruire des difices qui n'avaient jamais exist? Il y a l un malentendu que M. Dieu lafoy s'est attach dissiper dans un trs beau chapitre de son ouvrage intitul L'acropole de Suse.4 ) Les Perses, en effet, ne possdaient pas de temples, au sens grec du mot, c'est dire qu'ils ne possdaient pas de "constructions dura bles leves l'image matrielle de la divinit, comportant au dedans la statue divine et au dehors, vis vis de la statue, l'autel o s'accomplissaient les sacrifices". Ils n'avaient rien de semblable. Ils s'assemblaient "sur les lieux hauts et purs,r o les mages chantaient les hymnes sacrs et immolaient aux dieux des bufs et des chevaux. D'autre part on connat les pyres qui sont reprsents sur les bas-reliefs achmnides; l'un d'eux surmonte le tombeau de Darius I. "C'est au feu et l'eau que les Perses offrent leurs sacrifices les plus solennels", dit encore Strabon. Or ce feu divin, qui devait tre conserv dans toute sa puret, fut ncessairement abrit ds l'poque o on l'alluma, c'est dire ds avant le rgne de Darius. Il y avait donc cette poque des difices affects au culte perse mazden, et ce sont prcisment les "ayadana" dont parle Darius Bsutn, qui avaient t dtruits par Gaumata et qu'il rebtit. Ces ayadanas, dont les traducteurs ont fait des temples, taient, littralement, des "lieux 1. Hrodote. 1. 131. D'aprs une jolie traduction du XVme sicle. 2. Strabon. XV. Ch. III. 13. "Nous dirons donc que les Perses n lvent leurs dieux ni statues ni autels, qu'ils sacrifient sur les hauts lieux ciel ouvert, le ciel tant pour eux ce qu'est pour nous Jupiter ... 3 The &ulptures and Inscriptions of Darius the Great on the Rock of Behist in Persia. p. 1 3. 4. M Dieulafoy L'acropole de Suse. T IV. p. 390-419. I I

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LES MONUMENTS DU FEU d'adoration", des sanctuaires du feu o seuls les plus purs des prtres pntraient, une fois par jour et pendant une heure, pieds nus, sans manteaux et le bas de la figure couvert. "L' yadana tait la demeure secrte du feu divin, l' ora toire inviolable o les prtres l'entretenaient et le priaient". En somme il n y avait pas de temples dans la Perse d'Hrodote, mais des lieux d'assemble en plein air sur les hauts lieux, et des ayadanas, qui ne sont pas des temples.') M. Dieulafoy a dcouvert les restes d'un de ces difices dans la plaine de Suse, quelques kilomtres l'est de l'ancienne cit (fig. 2). FIG. z. PLAN DE L'AYADANA DE SUSE, D'APRS M DIEULAFOY L 'ACROPOLE DE SUSE. T. IV. FIG. z64. 1. Selon Littr le temple est un difice public consacr la divinit chez les peuples qui ont un culte". Chez les Romains c'tait un "lieu dcouvert consacr par les augures" L'ayadan, qui n'est pas un difice public, ne serait donc pas correctement dsign par le mot temple" Le mot "sanctuaire" qui galement selon Littr, signifie lieu ferm et consacr par la religion" lui convient davantage. J'appelerai donc "sanctuaires du feu" les difices du type ayadana et "temples du feu" les difices publics o les crmonies du feu avaient lieu en plein air, ceux de Frzbd, TakhtSulaimn, Bk, etc ... I 2

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LES MONUMENTS DU FEU C'est un beau monument, dont la composition, d'une franchise admirable, accuse nettement l'endroit essentiel, le saint des saints, qu'une double enceinte protge contre toute profanation, l'teshgh proprement dit, "le lieu du feu", au centre duquel brlait le feu divin et ternel. Des salles et des galeries rpar ties autour d'une cour servaient de porche au vestibule de la chambre du feu, de magasins divers, pour le bois, l'eau, l'huile, les parfums, ainsi que de locaux d'habitation pour les prtres Le porche, avec ses deux autels et son emmarche ment, tait sans doute l'oratoire du sanctuaire, les officiants occupant le haut du perron, car les crmonies du feu devaient avoir lieu en plein air, et les assistants se tenant dans la cour. Il semble que l'on doive rapprocher de ce monument, attribu par Dieulafoy au rgne d' Artaxerxs II, un certain nombre d'difices qui furent appels temples du feu pour la mme raison que l'on a traduit "ayadan" par "temple", mais qui, strictement interdits au commun des fidles, sont nettement les lieux de conservation et d'adoration du feu d'une catgorie leve, les sanctuaires o les feux plus modestes de la rgion venaient, certains jours, se purifier. Aucune crmonie publique n'y avait lieu. Le temple du feu, c'est dire le lieu des crmonies publiques du feu, est mentionn pour la premire fois par Pausanias, durant le Il me sicle de l're chrtienne. Un sicle et demi auparavant, Strabon crivait qu'il y avait alors en Cappadoce, son pays, une infinit d'difices consacrs aux divinits de la Perse, servis par la nombreuse tribu des mages et que, l'usage du couteau tant interdit dans les sacrifices, les victimes y taient abattues au moyen d' nor mes btons en forme de pilons. On y voyait en outre des pyroethes dont certains taient trs importants Au milieu de la chambre du feu se trouvait un autel o le feu ternel, entretenu par les mages, brlait sur un monceau de cendres .') Des difices religieux qui taient de vritables temples existaient donc en Perse l'poque de la domination parthe. L'un d'eux nous est connu, celui de Kengawar. Ils durrent, part des monuments du feu, jusqu' environ la fin de la dynastie arsacide. C'est en effet Pausanias qui parle le premier d'un temple "dans lequel existe une petite chambre spciale, close et couverte, o le feu ternel brle sans flammes sur un autel charg de cendres." 2 ) Dans ces 1. Livre XV. lll. 14. 15. 16. 2 Elide. V. 27.

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LES MONUMENTS DU FEU monuments nouveaux, qui contenaient la demeure du feu divin et o les fidles assistaient aux crmonies du culte, le feu habita un local sombre et bien clos, dissimul parmi les salles cartes des dpendances Par contre, l'autel en plein air autel des manifestations publiques d'un culte officiel et sans rival, se dveloppa en importance comme en dimensions. Il quitta terre, se hissa sur un haut soubassement qui permit la foule assemble de l'apercevoir de loin et s avantagea d'un dais presque uniquement dcoratif, le cahaqa~. Des sicles passrent, pendant lesquels la formule architecturale du temple zoroastrien ne subit pas grands changements. Puis vint l'Islam. Tout homme du livre" eut le droit de garder et de pratiquer sa religion moyennant le paie ment de la fiiizy et il est bien entendu que la doctrine de Mu~ammad dut ses succs la conqute des mes plus qu' celle des corps, mais en fait et sans tant de manires l'autoritaire Islam prit la gorge les fidles de Zoroastre, convertit par la force ceux d'entre eux qui ne s'exilrent pas et dtruisit leurs temples. Or chaque groupement humain avait son ateshgah, au moins un. Qjamkaran, l'un des "quarante villages" de }S:umm, en possdait sept.') A regarder la carte del' Alburz on remarque au ba s des pentes l o apparaissent les sources tant d'Ateshgah d'Atesh~h, d'Ateshgird et d'Ateshkad que l'on imagine un Iran d autrefois tout illumin et brillant des innombrables feux de ses pyres. L'Islam les jeta bas. Ceux qui furent oublis, ou pargns, d'ailleurs moins nombreux qu'on ne le croit, les quelques temples du feu qui, "trois sicles aprs la conqute arabe, existaient encore dans presque chaque province de la Perse ',') priclitrent, sans emploi ou comme le racontait Browne il y a une cinquantaine d annes, tombant de plus en plus dans une "very ruinous condition, the Muhammadans not suffering it to be repaired" ') De plus en plus "il a fallu que l'atech-gah se rapetisst et redescendt presque au niveau du sol, qu 'il se cacht dans une cour svrement ferme devant les pas et les yeux de quiconque n'est pas un fidle" 4 ) Et c est bien ainsi, en effet, que l'on trouve le plus important temple du feu de Yazd, aprs bien des dtours et non sans peine parmi les btiments d une cole o l'on vous conduit I. Houtum Schindler Eastern Persian Irak. p. 76. 2 E. G Browne A literary History of Persia. T I. p 206. 3 E G Browne. A Year amon5st the Persians. p 4o8. 4. G Perrotet Ch. Chipiez Histoire de l'art dans l'antiquiti. T. V p. 651. 14

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LES MONUMENTS DU FEU sans grce, car, ainsi que disait dj Tavernier au XVIIme sicle, "il n'y a jamais eu de peuples plus jaloux de cacher les mystres de leur religion que les Gaures". ') Le feu y est traditionnellement conserv dans un grand vase de mtal, l'ateshdan, pos sur un socle de pierre trs bas qui l'isole du sol, l'indispensable adosht, au centre d'une chambre qui s'claire au moyen d'une large baie grille sur une salle de runion des fidles (fig. 3). Deux portes donnent accs FIG. 3. YAZD. TEMPLE DU FEU de cette salle une galerie qui fait le tour de la chambre du feu. C'est donc un temple rduit au strict minimum, o l'teshgh proprement dit, autrefois si jalousement cach au public, n'en est plus distant que del' paisseur d'une grille Des trente mtres qui devaient jadis sparer le feu sacr de l'infidle et du fidle en tat d'impuret, il n'est plus question, comme il n'est plus question de plein air, de feu brillant et clair sous la vote du ciel, ni d'ailleurs de plu sieurs catgories de feux, l'un purifiant l'autre. Les crmonies rituelles se droulent maintenant dans la chambre du feu, devant la foule assemble de l'autre ct de la grille. Un autre temple de Yazd, dont la construction n'tait pas encore termine quand je l'ai visit mais qui se prsentait dj comme une gaie et banale villa blanche en bordure d'une des nouvelles avenues de la ville reproduit peu prs les mmes dispositions. Le feu, qui n y avait pas encore t apport, 1. Les six voyages de J. B. Tavernier ... Paris. 1679. p. 48o. C'est le commencement du chapitre intitul : De la religion des Gaures qui sont les descendants des anciens Persiens adorateurs du feu.

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LES MONUMENTS DU FEU devait y tre aussi conserv dans une petite salle carre adjacente un hall public et double d'une galerie sur ses trois autres cts L'accs de cette galerie est galement command par deux portes ouvrant dans le hall. Teheran, dont la population zoroastrienne est beaucoup moins nombreuse que celle de Yazd,') possde un tem le du feu qui est un petit pavillon TEHERN FIG. 4 TEHERAN. PLAN D'UN TEMPLE DU FEU I. La province de Yazd compte actuellement 10000 Zoroastriens Il y en a 3100 dans celle de Kermn, 1750 Tehern et peu prs deux milliers qui sont rpartis entre d autres centres dont les plus importants sont Meilihed, I~fahan, Hamadhan et Shraz. Soit aut total, pour tout l'Iran, 168oo Zoroastriens environ. En 1937 (ip6 H ) il y avait exactement 1961 enfants zoroastriens dans les coles de la province de Yazd, 292 dans les coles de Teheran et 659 dans celles de Kerman. A rapprocher de ce passage de E. G. Browne (A literary History of Persia. T. I. p 206-207) : "De nos jours, selon les statistiques soigneusement tablies de Houtum Schindler (Die Parsen in Persien, dans Z.D.M 1882. Vol. XXXVI. p 54, 88), le nombre total des Zoroastriens qui se trouvent en Perse atteint seulement le chiffre de 8500" Dans son Mmoire sur la parti e 111ridio11ale de l'Asie centrale (p 193) Khanikolf raconte qu' la fin du XVIlme sicle Kirman seule contenait 12000 familles zoroastriennes", puis ajoute qu'en 1858, lors de son passage dans cette ville, il n 'en restait plus que "70 Kirman et 2 300 dans les villages voisins".

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LES MONUMENTS DU FEU colonnes situ dans un jardin de la ville (fig. 4 et 5). Il se compose, comme ceux de Yazd dont je viens de parler, d'une chambre du feu carre, adjacente une salle de prire et dont les trois autres cts sont entours d'une galerie. La salle de prire mesure environ I o mtres de longueur et un peu moins de six mtres de largeur Voici maintenant les exemples assez diffrents de deux autres temples du feu modernes qui ont t visit en 1937 par Maxime Siroux, architecte du Gouvernement iranien. On en trouvera plus loin la description complte.') FIG. 5 TEHERAN. TMPLE DU FEU CLICH A. G. 1. Voir p. 83 et suivantes.

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LES MONUMENTS DU FEU L'un, Sharfabad, petit village voisin d'Ardakan, est le rsultat du remanie ment d un btiment coupole qui ne date probablement que de l'poque islamique (fig. 50). L'autre, situ Taft, 36 kilomtres l'ouest de Yazd, s'apparente assez curieusement au temple du feu des Parsis de l'Inde, le dadgah dcrit ci-aprs. Il possde en effet, comme le dadgah, une salle des crmonies du culte qui ouvre par de larges baies sur la cour de l'difice. Cependant, craintif et resserr comme l'taient tous les temples du feu modernes de l'Iran jusqu'aux annes dernires, il n'a pas, comme le temple indien, un corps de btiment spcialement affect la conservation du feu, mais un simple rduit adjacent la salle de prire (fig. 5 1). Ce temple n'est d'ailleurs, ainsi que le spcifie bien M. Siroux, qu'un difice trs modeste. J'ajoute, pour expliquer l'analogie que je viens de signaler, que le charmant petit pays de Taft est, parat-il, trs frquent par les Parsis de l'Inde en mal de la mre patrie. De nos jours encore le dadgah se compose de deux parties bien distinctes, "la maison de prire", o sont admis les fidles exempts de souillure, et "l'en droit du feu". La maison de prire, gnralement spare de l'ateshgah par une cour, est un difice perc de larges portes tenues grandes ouvertes pendant la dure des offices. Cependant la lecture des livres saints et le sacrifice sym bolique ont lieu le plus souvent en plein air, dans la cour protge, ou non, par un velum L'endroit du feu est, au contraire, rigoureusement clos "Seuls les prtres qui viennent d'accomplir les rites purifiants peuvent y pntrer aux heures des prires. Encore doivent ils tre nu pieds, sans manteau, la bouche et les mains couvertes, pour viter au bois et au feu lui-mme toute souillure sacrilge". Au centre brle le feu dans une cuve ou un bassin de pierre ou de mtal isol du sol au moyen de l' adosht. C'est encore, dans le principe, le temple du feu du temps des Sasanides. ') En somme, au temps de Darius le Grand, et mme un peu plus tt, lorsque se construisaient ces ayadanas que dtruisit Gaumata le mage et que Darius rebtit, la religion mazdenne comportait l'adoration du feu divin en des 1. M Dieulafoy L 'acropole de Suse. T. IV. p. 395-398 et fig. 238. Voir aussi J Dieulafoy. Le tour du monde. 1382me livraison. p 12: "Une enceinte dresse avec soin entoure un emplacement rectangulaire aux extrmits duquel s'lvent deux maisons blanches L'une est le temple du feu, o les mobeds entrent seuls ; l'autre comprend un salon ajour par des portes-fentres se dgageant sur une galerie extrieure. On nous introduit dans cette pice, rserve aux fidles ... Il s'agit du ddgh d'Aden.

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LES MONUMENTS DU PEU difices soigneusement clos, secrets, ferms, o ne pntraient que les prtres et qui n'taient pas des temples. Elle comportait aussi le culte public des dieux et des sacrifices sanglants clbrs en des emplacements consacrs, sur les hauts lieux. Pas de temples, par consquent, mais des sanctuaires du feu et des lieux d'assemble en plein air. Dans une seconde priode, qui correspond en gros l'poque de la domi nation parthe, le feu continue d'tre gard et entretenu au fond des sanctuaires, les pyroethes des Grecs. Mais une sorte de temple apparat, d'aspect hellnistique et tel qu'il existe encore Kengawar, o les mages immolent des animaux et clbrent les dieux. Ces deux types d'difices taient encore totalement distincts l'un de l'autre l'poque o crivaient Strabon et Isidore de Charax, c'est dire dans les premires annes de l're chrtienne Dans une troisime priode, qui est surtout sasanide, le sanctuaire, rserv au feu le plus pur, continue d'exister et d'tre inaccessible au commun, mais dans le temple, devenu temple du feu, les fidles, runis autour d'un autel en plein air et gnralement surmont d'un cahaqa~, assistent maintenant aux crmonies officielles du feu ainsi qu'aux sacrifices symboliques substitus aux sacrifices sanglants. C'est sous le rgne des derniers souverains parthes que la demeure du feu et le lieu des sacrifices furent runis dans une enceinte unique. L'un des plus intressants temples du feu dont il reste quelque chose de plus qu'un cahar-ia~ isol est celui que le premier souverain sasanide, Ardashir, fit construire Qjr, ou Gr (actuellement Fruzabad), dans le Fars.') J. Ce monument a t inscrit l'Inventaire des monuments historiques le 20Dcembre 1937(29Adhar1316). Bibliographie: Firdaws. Le livre des rois. Traduction J. Mohl. T.V. p. 242 Ibn-al-Balkhi. Frsnnra. Edition G. le Strange et R. A. Nicholson. (Gibb Memorial. New series. Vol. 1) p. 138 Ibn al-Fa~ih Kitiib al-Buldn, dans De Goeje. Bibliotheca geographorum arabicorum. V. p. 198 Al-I~\akhr. Masiilik al-nramlik, dans De Goeje Bibliotheca geographorum arabicorum. I. p. n3 Kanranrak. Traduction Th. Noldeke p 48 AI Mas'di. Les prairies d'or. Traduction C. Barbier de Meynard T. IV. p 78. AI.-Tabar. Traduction franaise de H. Zotenberg T. II. p 71 Al-Tabari. Traduction allemande de Th. Noldeke. p. II -C. Barbier de Meynard. Dictionnaire gosraphique, historique et li11raire de la Perse. p. 174-176 -J. Dieulafoy La Perse, la Chalde et la Susiane, dans Le tour du monde. 1886. lme semestre p. 81 -M Dieulafoy L'art antique de la Perse. T IV p 79-84. pl. XIX-XX. E. Flandin et P. Coste. Voyase en Perse. Perse ancienne p. 36-39. Perse moderne. pl. LXXXVII. E. Flandin. Relation du voyase en Perse. T. II. p 339-344. E. Herzfeld. Archaeological History of Iran. p. 90. Cl. Huart. Art: Frz-abad, dans Encyclopdie de I' lslm. -Ugo Monneret de Villard; The Fire Temples, dans Bulletin of the American lnstitute for Persian Art and Archaeology. Vol. V. no. 4 (Dcembre 1936) p. 176. G. Perrotet Ch. Chipiez Histoire de l'art dans l'antiquit. T. V La Perse. p. 645 et suivantes. Sir Aurel Stein. An archaeolosical Tour in the ancient Persis. (Reprinted from Iraq. Vol. III. no. 2) p. 119no. G. le Strange. The Lands of the Eastern Caliphate. p. 255.

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LES MONUMENTS DU FEU "Qjr, dit Ab IsJ:ia~ alI~takhr, ') a t btie par Ardashr sur un terrain couvert d'eau stagnante. Ce roi avait fait le vu de construire une ville et un pyre l endroit o il triompherait d un ennemi auquel il faisait la guerre et ce fut prcisment Qjr qu'il remporta la victoire Il desscha d abord le sol en facilitant l'coulement des eaux puis btit la ville qu'il nomma Qjr. Elle a presque l tendue d'I~takhr de Shapr et de Darabgird; elle est entoure d'un rempart de terre bien conserv et d'un foss Elle a quatre portes: l'est Bab Mihr, l'ouest Bab Bahram, au nord Bab Hormuz et au sud Bab Ardashr Au centre de la ville est un difice semblable une plateforme, appel Tirbal par les Arabes et connu par les Persans sous les noms d wan et de Kiya Khurr. Il a t construit par Ardashr et l'on dit qu'il tait si haut que du fate on pouvait voir la ville entire et ses environs. Le roi difia un aqueduc qui ame nait l'eau de la montagne oppose jusqu' l'autel du feu construit sur le sommet de la plateforme Le Tirbal est un difice bti en pierres et mortier. La plus grande partie en a t utilise par les habitants pour leur propre usage; une petite partie seulement a survcu". 2 ) Un peu plus tard, au dbut du Vlme (Xllme) sicle, Ibn al-Balkh dans sa description de Frzabad, parle aussi de son temple du feu: Ardashr "fonda la ville de Frzabad qui existe actuellement et dont la forme est ronde comme celle du cercle trac au compas. Au milieu de la cit, l o serait la pointe du compas, le roi a tabli une terrasse dont le nom est wa.nGerd et que les Arabes appellent Tirbal. Sur cette plateforme il a cr des ombrages (sayha) et au milieu construisit un grand difice coupole appel GunbadKrman. J) La hauteur des quatre murs de ce btiment jusqu la naissance de la coupole, mesure soixante-quinze gez Ces murs sont en blocs de pierre. La grandiose coupole qui se trouve au dessus a t construite en briques cuites L'eau de la montagne, que l'on a fait venir d'une distance d'un farsakh, mon tait jusqu' ce btiment en jaillissant. Il y a l deux tangs, l'un dit: Bmpr (le vieux hibou) et l'autre Bm .djawan (le jeune hibou) Un pyre a t bti auprs de chacun d'eux".4 ) 1. Al-l~~khri vcut dans la premire moiti du IVme (Xme ) sicle. 2. Al-l~~khri. Edit i on De Goeje p 123 C. Barbier de Meynard Dictionnaire p. 175. 3 O!ie l'on ne doit pas traduire par Coupole de Kirmn" L'i est long. 4 Ibn al-Bal khi. Fiirsniima. Edition Gibb Memorial. p. 138. 20

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LES MONUMENTS DU FEU Voil les plus anciennes et, en mme temps, les meilleures descriptions que nous possdions du temple du feu de Gr. A la vrit nous serions heureux d'en avoir d'analogues de bien des monuments de l'lrn dont nous ne con naissons que d'informes restes pars sur le sol, mais, ceci dit, on peut bien avouer que c'est un assez joli galimatias et qu'il y a quelque difficult s'y retrouver. Il est hors de doute qu'al-I~takhri et Ibn al-Balkhi ont confondu deux difices voisins l'un de l'autre, la haute tour, connue actuellement sous le nom de "minr", qui se trouve au centre mme, gomtrique, de la ville (fig. 6 et 7) et la ruine aujourd'hui appele "TakhtNishin" mais autrefois, comme nous venons de le voir, Tirbl, lwnGerd, Kiy Khurr ou GunbadKirmn. ~e voir en cette plateforme qui a un sommet, alors que le fait d'une plateforme est prcisment de n'en pas avoir, et que penser de ce sommet d'une plateforme qui est un difice, tirbl, iwn et gunbad? Comme, de plus, Dieu lafoy n'a pas vu TakhtNishin, et, tromp par le mot "tirbl" traduit par "tour", applique au minr tout ce qui a t dit de l'autre monument,') comme, Firzbd, toute ancienne btisse est appele tehgh, le palais d' Ardashir aussi bien que le minr, TakhtNishin, ~al' Dukhtar et la ruine qui se trouve en face, de l'autre ct de la rivire, on pouvait se demander, il y a peu de temps encore, si l'on arriverait jamais dcrire d'une manire plausible ce monument devenu quasi-lgendaire. Mais, outre que l'on peut gnralement se fier sincrit des dessins de Coste, E. Herzfeld a ingnieusement reconnu en "tirbl" le mot grec "tetrapylon" et, tout rcemment, Sir Aurel Stein nous a donn, dans son Ancient Persis, de prcieux renseignements complmentaires, de telle faon qu'il semble prsent possible de reconstituer avec quelques chances d'exactitude le parti gnral et mme certains dtails particuliers de l'difice Si l'on pense, en effet, qu'un tetrapylon ne peut tre ni une plateforme ni une tour et qu'au lieu de "sommet de la plateforme" il faut lire "plateforme suprieure", les choses vont dj mieux. Si l'on se souvient aussi de ce qu'est 1. '"Si l'on s en rapporte aux traditions locales conserves par l'lstakhari, voyageur persan du dixime sicle, la tour de Firouz-Abd ne serait autre que l Atech-Ga, lev Djour par Ardchir Babgan, le fondateur de la dynastie sassanide". J Dieulafoy La Perse, la Chalde et la Susiane, dans Le Tour du monde. 1257me livraison. p. 81. 2 I

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 6 VUE ARIENNE DE FIRUZABAD CLICH ERICH SCHMIDT un temple du feu tel qu'il vient d'tre dfini, le reste s'arrangera tout seul en suivant Coste sur le terrain.') Il y a reconnu d'abord une vaste plateforme dalle et rectangulaire, de 82,10 m sur 66,10 m de cts, au centre de laquelle "s'levait carrment" jusqu' 8,86 m de hauteur un massif de maonnerie dont chaque face mesu rait 26, 10 m de longueur "Nous avons donc cherch, sur ce second plateau (qui est le sommet de la plateforme d'al-I~khr), s'il n'aurait pas servi lui-mme de soubassement ou de socle un monument qui l'aurait surmont. A la vrit rien, en fait de murs ou de dbris d'architecture encore scell, n'est venu confirmer cette ide. Mais cinq mtres des quatre faces du massif nous avons remarqu que les assises du sol se terminaient et se croisaient angles droits de manire former, au moyen de ces angles rentrants, un carr de 16, 1 o m de cts" qui se trouve donc nous fournir le plan de la salle coupole ainsi que l'paisseur des points du tetrapylon. Le dessin de ces piliers nous est 1. E. Flandin et P. Coste Voyage en Perse. Perse ancienne. p 36-39. Perse moderne pl. LXXXVII. 22

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 7. VUE ARIENNE DE FIROZABAD CLICH ERICH SCHMIDT donn par une observation de Sir Aurel Stein : "Au centre de chaque face du sou bassement il y a sur une longueur d 'au moins 3 6 pieds une frappante absence de solide maonnerie permettant de supposer qu 'il y avait des ouver tures dans les murs" .') Ces 3 6 pieds approximatifs, soit environ 1 1 mtres, correspondant l'ouverture des baies du tetrapylon, nous pouvons nous reprsenter le plan du t:irbal qui couvrait l'autel des crmonies publiques du temple de Firzabad comme l'indique la figure 8. A quelques pas de l, continue Coste, 2 ) se trouve un autre monument "bien plus considrable par ses proportions. Sa base carre avait 9 mtres de ct; sa hauteur tait de 3 3 mtres environ". C'est le minar. "Au milieu des fissures, des trous et autres accidents produits a et l par la vtust on distingue des traces dont la direction continue, partant du bas et s'levant pro gressivement suivant la mme obliquit et contournant les quatre faces, parat 1. A ncien/ Persis. p uo. 2 A une centaine de yards, d i t Aurel Stein 23

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LES MONUMENTS DU FEU indiquer celle d'un plan inclin ou d'un escalier qui aurait autrefois conduit au sommet Les habitants donnent encore cette ruine le nom d'atech-gah. Sa forme et son lvation n'ont d'ailleurs rien qui doive surprendre si l'on s'arrte l'ide que c'est un pyre". Voil qui est trs clair. De plus, Ardashr, comme le dit al-I~akhr, avait construit un aqueduc qui amenait l'eau de la montagne jusqu' l'autel du feu install sur la terrasse suprieure, sous le tetrapylon, et cette eau "tombait ensuite dans un grand rservoir en pierre et en ciment"') dont Sir Aurel Stein mentionne, l'est et environ 50 yards de TakhtNishn, la dpression bien marque et les ''lin es of cemented coarse masonry along parts of the edges'' 2 ) Ce vaste bassin, que l'on voit assez bien sur la photographie arienne du site (fig. 7), tait peut-tre ce "tank Barn of Gr, which I~akhr mentions as being situated alongside one of the most famous fire-temples of Iran". i) Ibn al-Balkh parle d'ailleurs de deux bassins, Bm pir et Bm .dj_awan, et dit qu'un pyre avait t construit auprs de chacun d'eux. Une seconde d pression tant nettement visible prs du minar, sur place4 ) et mme sur la photographie arienne (fig. 7), il se peut que ces deux restes de bassins marquent bien les emplacements du jeune et du vieux hibou et qu'lbn alBalkhi confirme ainsi l'hypothse, d'ailleurs fort raisonnable, de Coste et de Dieulafoy, savoir que le minar tait un pyre Si l'on ajoute tout cela qu'il y avait, d'aprs le mme auteur, des ombrages sur la plateforme et que, selon Firdawsi, Ardashir fonda Gur un temple du feu autour duquel "s'tendaient des jardins, une place et des difices qui formaient un tablissement norme", 5) nous pouvons nous reprsenter le monument de Firzabad comme une vaste composition qui comprenait, au centre d'une plateforme rectangulaire leve de deux mtres au dessus du sol extrieur, un haut soubassement surmont d'un cahaqa~ abritant un autel du feu. Autour de cette plateforme se trouvaient les difices dont parle Fir dawsi, c'est dire les dpendances du temple, la demeure du feu, les dpts divers, de bois, d'huile, etc .... et les locaux d'habitation des prtres. A l'est 1. Lib. clim. p 63. 2. Ancient Persis. p. 120. 3. Idem p. 120. 4. Idem. p 120 5. Le livre des rois. Traduction J. Mohl. T.V. p. 243. 24

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LES MONUMENTS DU FEU il y avait un vaste bassin o s'coulaient les eaux amenes de la montagne au moyen d'un aqueduc et quelques pas" de l, au sud du cahaqa~, se dres sait une haute tour, sorte de zigurat, le second pyre dont parle Ibn al-Balkh. Cette tour, au sommet de laquelle, aux heures de la prire, apparaissait le feu sacr, n'est pas une dpendance surprenante d'un temple du feu. Nous verrons tout l'heure plusieurs autres de ces sortes de phares, l'un en haut d'un col, entre Mal:iallat et Roba~Turk, un autre sur une avance de la montagne de JS.umm, un troisime au dessus de Kashan, un quatrime l'entre d'une gorge qui conduit dans la plaine de Fasa, un cinquime au dessus de Shahrestanek, dans l' Alburz, plus de 3 ooo mtres d'altitude, trois autres dans la valle de Qjerr dans le Fars, deux autres encore dans la plaine de Shahriyar, non loin de Teheran, etc .... ~ant au ~irbal, il est bien, d'aprs les auteurs anciens, le cahaqa~ tel que nous le connaissons: quatre piliers et une coupole. On nous dit la hauteur des piliers, que la vote tait construite en briques cuites au four et que l'difice tait appel GunbadKrman. Comme, de plus, nous connaissons son plan peu prs certainement (fig. 8), il serrble bien qu'il n'y ait pas doute son 1a Zo ..,;,T> FIG. 8. FIROZABAD. PLAN DU CAHAR-Ais: DU TEMPLE DU FEU

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LES MONUMENTS DU FEU sujet. Cependant il s'agit ici d'une vote de 16, IO m de diamtre alors que celles du palais royal voisin ne mesurent que 1 3, 3 o m et celle de Sarwistn 1 2 ,80 m. La question peut donc se poser de savoir si les constructeurs de coupoles du temps d'Ardashr avaient pu maonner dans le vide, une hauteur aussi considrable, une coupole aussi gigantesque que celle dont il est question Coste n'a pu se rsoudre l'admettre Ayant remarqu un ft de colonne encastr dans le mur d'un lmmzd voisin il en prit l'ide d'une restauration qu'il n'a pas publie mais qui figure dans le recueil de ses dessins originaux .') Il imagina une salle quatre colonnes couverte en charpente et, sur chaque face de l'difice, un portique deux colonnes qui en raison de la grande paisseur des murs, devaient tre doubles en profondeur. Soit donc 20 colonnes Il attribuait d ailleurs le monument l'poque achmnide mais surtout cause de sa construction en pierres appareilles et parce qu'il avait dcouvert, sur les dernires assises en place, des 11 refouillements en queue d'aronde" Or, disait -il, "on ne parat pas s'tre servi de ce procd dans la construction des Sassanides". Ce qui est parfaitement exact. Cependant, sous Ardashr, on n tait pas encore bien loin de l poque parthe qui, en Perse mme, avait couramment bti en pierres d appareil ancres et l'on avait fort bien pu construire encore de pareille faon sous le premier Ssnide. A un changement de rgime politique ne correspond pas ncessairement un change ment immdiat et radical des procds de construction en usage. L' architec ture islamique de l'rn en est une preuve excellente. De plus, tant de colonnes en un espace en somme restreint n est gure admissible, et, tout compte fait en dpit des cotes intrieures du btiment, il semble que le tirbl ait b ien t comme le dit Ibn al-Balkh un difice coupole, un cahq~ semblable aux nombreux cahq~as qui abritrent jadis le feu sacr sur la terre d rn. Alors que le tirbl de Frzbd, peu peu dmont par les habitants du voisinage ne nous est connu que par les rcits des voyageurs et les traces qu 'il a laisses sur les ruines de son soubassement, c'est presque uniquement sous la forme de cahq~s isols que nous sont parvenus quelques anciens temples du feu. Rien en eux -mmes, ou dans leurs environs, ne nous fait connatre les monuments dont ils sont les derniers vestiges, si ce n est peut-tre, qu'un 1. Elle a t reproduite par Pcrrot et Chipiez dans leur Histoire de l'art dans l'antiquit. T V. fig. 406.

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LES MONUMENTS DU FEU cahaqa~ n'est en somme que le dais d'un autel qui dpend ncessairement d'une chambre du feu, laquelle implique l'existence d'un local destin l'habi tation du ou des prtres en charge, de dpts et de dpendances diverses. Le feu, en effet, brle en plein air, et c'est ainsi que nous le voyons reprsent sur les bas-reliefs qui surmontent les tombeaux royaux achmnides, sur les dariques et sur les monnaies de Sasanides. C'est en plein air aussi qu'il brlait sur les autels de Na~shRustam, Pasargade, Harsin, TangKaram, ainsi que sous les coupoles des cahaqa~s, mais il n'y flambait pas sans cesse et, dans l'intervalle des crmonies du culte, devait tre conserv et purifi nouveau dans un local bien clos et obscur, tout le moins l'abri des rayons du soleil. La chambre du feu tait insparable de l'autel des crmonies et lorsqu'on ne la retrouve pas auprs des cahaqa~s subsistants, ce n'est aucunement parce qu'il n'y en avait pas autrefois, mais parce qu'il n'y en a plus. C'est parce que l'autel et son dais taient en gnral les lments dcoratifs des monuments du feu, partant les plus soigneusement construits, et qu'ils ont mieux rsist que le reste aux preuves du temps et la malice des hommes. Mais, alors que les temples nous sont le plus souvent parvenus sous la forme de cahaqa~s isols, il faut prendre garde que les cahaqa~s isols, mme quand ils sont d'authentiques ateshgahs, ne sont pas tous des restes de temples. Certains d'entre eux ont t ce que, faute d'un meilleur mot, j'appellerai des signaux. Gnralement placs sur des hauteurs, en vue d'agglomrations humaines importantes ou marquant des cols, ils sont, pour cette raison, assez facilement reconnaissables. Il n'y a d'ailleurs, pratiquement, que des diffrences de proportions et de dispositions entre ces deux sortes de monuments. L'un, le temple, dans sa ville ou son village, possdait une clientle de fidles laquelle l'autre, souvent peu prs inaccessible, ne pouvait prtendre, et avait, en consquence, des dpendances et un personnel plus nombreux. Il tait clos de murs alors que l'espace infini s'tendait autour ou devant le feu des montagnes. De plus le cahaqa~ tait, dans le temple, l'ornement d'une cour rgulire entoure de dpendances bien ranges tandis que le signal logeait tant bien que mal les siennes l'abri des intempries, voire en un creux de rocher. A la vrit nous ne connaissons qu'un petit nombre de cahaqa~s ayant appartenu des temples, c'est dire des organisations urbaines, car les

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 9. CARTE DE LA VALLE DE .QJERR (FARS) monuments ont toujours eu souffrir des hommes plus que des sicles. Tout au plus ceux de Frzabad, Natanz, Kazern et celui de Bak, qui est relative ment moderne, appartiennent-ils cette catgorie. D'autres, les difices de Farashbend, Atesh~h, Qjerr, ~umm, Neisar furent des signaux. Il en est d'ailleurs, tel celui de Qjerr, qui furent certainement des signaux et, sans doute, en mme temps des temples. Des cahaqa~s de Natanz') et de Farashbend2 ) je n'ai rien de plus dire 1. Inscrit l'inventaire des monuments historiques le 9 juillet 1932 (18Tir1311). Bibliographie: A. Godard. A!l!arIran. 1936. p. 79-82. 2 Inscrit l'inventaire des monuments historiques le 6 Janvier 1932 (15 Deh 1310). Bibliographie : J. Dieu lafoy. La Perse, la Chalde et la Susiane, dans Le tour du monde. 1886. 2me semestre p. 94. M. Dieulafoy. L 'art antique de la Perse. T IV. p 77-78. Fig 56-57. pl. XVIJI. E Flandin. Relation du voyage en Perse. T 11. p. 3 3 3. E. Herzfeld Reisebericht, dans Z D M .G. 1926. p. 256. E Herzfeld Archaeological History of Iran. p. 92. Cl. Huart. LaPersea11tiqueet la civilisation iranienne. p. 270. fig. 15-16. G. Perrotet Ch. Chipiez. Histoire de l'art dans l'antiquit, T. V. La Perse. p. 568 et 588.

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 10. LE CAHAR-TAI$: DE KAZERON CLICH A G qu'on ne l'a dj fait. Le premier, situ dans ~n fond et sur un haut soubasse ment, est bien le reste d un temple; l'autre, au sommet d'une longue pente et dont le feu, pour les habitants de la valle qu'il domine, devait paratre briller dans le ciel, est un signal. Les cinq autres monuments, de Kazerun, Qjerr, Atesh~uh, ~umm et Neisar, auxquels il convient d'ajouter celui de Sharestanek sont encore inconnus. Celui de Kazern a t dcouvert l'an dernier par M. Siroux, qui nous devons la note, les photographies et les dessins cijoints.') C'est un petit cahaqa~ en ruines (fig. 10) qui n'est pas situ Kazern mme mais une dizaine de kilomtres avant d'y arriver, gauche de la route de Shraz au Golfe persique Il se trouve l'entre de la plaine qui conduit de Kazern Farashbend par Qjerr et o nous savons que Mihrnars, ministre J. Voir p 1 H et suivantes.

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LES MONUMENTS DU FEU de Bahram V Gur, construisit quatre ateshgahs (fig. 9). ') E. Herzfeld dit qu'il les a retrouvs, 2 ) que deux d'entre eux sont grands et les deux autres petits. L'un des petits serait le cahaqa~ de Farashbend, bien connu, mais du second il ne nous est rien dit Or la construction du cahaqa~ de Kazern est en tous points identique celle du palais de Sarwistan, dont on peut attribuer la construction au ministre de Bahram V. On y remarque la mme perfection dans l'emploi du moellon retaill et les deux difices donnent la mme curieuse impression d'une architecture plutt modele que btie pice pice. Sans doute le cahaqa~ de Kazern est-il le second des deux petits ateshgahs con struits par Mihrnars dans la valle de Qjerr. Bti sur le fond de la plaine et entour de petites collines en demi-cercle, il n'est pas visible de loin et n'est donc pas un signal. Ainsi que le propose M. Siroux,J) il doit tre considr comme le cahaqa~ d'un temple du feu de village. J'ai d'ailleurs retrouv une partie de son mur d'enceinte l'intrieur duquel on voit encore un vaste puits en belle maonnerie de pierre et, tout auprs, une dpression dans le sol qui correspond sans doute l'emplacement d'un bassin dtruit (fig. 1 1 ) L'un des deux grands cahaqa~s se trouve Qjerr Isol, haut plac et visible des deux branches de la valle, il est videmment un signal, mais, tout p1 L.e. DtiiTFlUt-re_ l ,5o 1 N r ~~PuT!l-.r..:..:.:::::_, __ l..---~-.J a,..,:,:,iN (?) t
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LES MONUMENTS DU FEU ~, j FIG. u. LE CAHAR-TA~ DE QIERR CLICH A G FIG. 13. LE CAHAR-TA~ DE QIERR CLICH A G 3 I

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LES MONUMENTS DU FEU proche de l'ancienne ville de Qierr, dont on voit encore les restes sur les pentes voisines, il a sans doute aussi servi de temple (fig. 1 2 et 1 3). L'autre difice, le quatrime des teshgahs de Mihrnars, se trouve quelques farsakhs au S.O. de celui de Qierr en un endroit appel TnSabz et parat lui ressembler absolument. J'ai consacr la question des quatre cahaqa~s de la valle de Qierr une petite tude que l'on trouvera plus loin.') L'difice d'Atesh~h, que le Nuzhat al-~ulb place Namswar, "dont les produits agricoles ressemblent ceux de Natanz" et que j'ai longtemps cherch aux environs de cette petite ville, s'en trouve en ralit distant d'environ 1 2 5 kilomtres vol d'oiseau et du double de ce compte par la route "Le roi Qiamshd, le Pshdadian" dit J:Iamd Allah Mustawf al-~azwn, "fonda Namswar et s'y construisit un grand palais dont on peut encore voir les ruines. Plus tard le roi Gushtsp y difia un tefil!gh" 2 ) Namswar est aujourd'hui devenu Nimwar, 1) le premier village quel' on rencontre sur la route qui conduit de Del.djn Khomain. De l part un ancien chemin de caravanes qui se dirige, par la montagne, vers la grand route de ~umm l~fahan qu'elle rejoint un peu avant RobtTurk. Elle traverse un farsakh environ aprs Nimwar un petit coin de verdure et son village que l on appelle Atesh~h. On y trouve bien les ruines d'un teshgah et d'un ancien chteau. "Un couple de miles l'est de Nimevar", dit, de son ct, Houtum-Schindler "dans un vallon cart droite de la grande route d'lsfahan, se trouve le petit village d'Ateshkuh avec dit-on les ruines d'un temple du feu construit par la reine Homai" 4 ) De l'ancien chteau, cent fois reconstruit, il ne subsiste sans doute rien d'original. L'tefil!gh se trouve un peu plus haut, au flanc de la montagne, au bord d'un ravin sans eau. Ce qui en reste, sauf quelques parties des arcs qui sont en briques cuites (fig. 1 4), est entirement en pierres, blocage de moellons et de mortier de chaux recouvert de dalles de pierre plates (fig. 1 5 et 1 6), mais il devait y avoir aussi des murs de terre, qui ont disparu. Sa corn -I. P 169 et suivantes. 2 f:Iamd Allah Mustawf a l -Is:azwn, Nuzhat al-J:Culiib. Edition Gibb Memorial. T. XXlll. IL p 7J J S e lon Houtum-Schindler, .. Nim e var, or Namivar and Nimehvar ". Easteni Persian Irak. p 95. 4. idem

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 14. ATESH~OH. UNE PILE DU CAHAR-TA~ CLICH A. G. 33

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34 LES MONUMENTS DU FEU FIG. 15. ATESH~OH. DTAIL DE L'AVANT -CORPS CLICH A. G.

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 16. ATESH~OH. LE MUR DE L'iWAN CLICH A. G. position est assez curieuse (fig. 17). Il y a, et sans doute n'y eut-il d'abord que cela, une grande salle vote trs ouverte et dont la coupole tait porte par des piles colonnes engages (fig. 18). Puis en avant, au nord de la salle, se trouve un large passage, sorte d'wan vot en berceau continu et vraisem blablement flanqu, d'un ct et de l'autre, de chambres dont les murs de pierre, ceux de la faade et de l'wan, ont subsist mais non les autres, qui devaient tre de terre crue. L'aile gauche de cette sorte d'avant-corps est, cause du ravin, moins longue que la droite, preuve que l'avant-corps en question ne fut construit qu'aprs l'difice coupole. Le plan se compose donc de deux btiments voisins mais indpendants l'un de l'autre. Cependant on est tout d'abord tent d'imaginer, autour du cahar ta~, une galerie qui l'envelopperait et dont les murs, qui ne porteraient qu'une lgre toiture en terrasse, auraient pu n'tre que de terre Il est certain que la figure 1 9 nous reprsente assez bien un sanctuaire du feu du type ayadana, mais l'arrire du monument est si proche de rochers saillant au dessus du sol et non arass que ladite galerie n'aurait pu tre construite. D'autre part on ne 35

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LES MONUMENTS DU FEU ..i-------1-----. ~L /,---r --,, l : ,,, 1 ", : : 1 1 / \ 1 1 : 1/ \: : t 11 1 --\--+------:rt-, ,, t 1 ,, JI 1 1' 11 1 \ / I 1 .. : '-,, ___ -l---~--,,,.-l : N-~~ ---l----i ------1----1 i i 1 i 1 -___ _i _____ i FIG. 17. ATESH~OH. PLAN DE L 'DIFICE voit, dans la maonnerie de l'difice, extrieurement, aucun des trous d'en castrement de solives qu'aurait ncessits la couverture d'une galerie. De plus on imagine mal les vastes baies du monument ouvrant sur un couloir de trois mtres de largeur. Il nous faut donc abandonner l'hypothse que traduit la figure 1 9 et nous reprsenter l'difice d'Atesh~h comme un caharra~ isol, situ en arrire et quelques mtres d'un corps de btiment sans doute construit postrieurement et comprenant un large wan d'entre flanqu de deux petites salles, dont l'une devait tre le rduit du feu. Si nous pouvions admettre que cet ensemble pt tre considr comme cltur par le ravin qui le borde d'un ct et les rochers qui l'enserrent d'autre part, nous pourr~ons peut tre y voir une variante un peu bizarre du type normal des temples 36

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 18. ATESH~CTH. LE l:AHAR-TA~ CLICH A G. 37

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 20. ATESH~OH. LE SITE DU MONUMENT CLICH A. G. du feu. Mais pourquoi cet trange emplacement, au milieu de rochers loin du village et sur un terrain en pente qui ne convenait aucunement l'instal lation d'un temple? Pourquoi, si ce n'est parce que cet endroit est, par une chancrure de la montagne, parfaitement visible de la plaine, comme le montre la figure 20, et que nous avons affaire non un temple mais un signal. Il arriva qu'on installa un feu sur la route de Nimwar RobaTurk, en un point qui fut uniquement choisi en raison de sa visibilit en dpit de la nature du terrain, des rochers, de la dclivit du sol et du voisinage trop imm diat d'un ravin Il n'y eut l, tout d abord, qu'un autel, sous le traditionnel cahaqa~. L'indispensable chambre du feu et le local d'habitation du ou des prtres se trouvaient ailleurs, nous ne savons o, peut-tre dans le village d'Atesh~h mais en tout cas assez loin du feu, car c est vraisemblablement en cet loignement que se trouve l'origine du btiment ajout de cet avant-corps atrophi du ct gauche pour s'tre heurt au ravin (fig. 2 1 ). Au centre, sur l'axe nord-sud du cahar-a~, on mnagea la vaste ouverture de l'wan qui 38

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LES MONUMENTS DU FEU n'empchait pas le feu d'tre vu de la plaine mais lui communiquait un carac tre en quelque sorte plus monumental (fig. 22 ), et l'on construisit une petite chambre de chaque ct, pour le feu et pour le prtre. L ateshgah de ~umm est un petit difice sa.sanicle dont on voit les ruines l'ouest de la ville, sur une avance de la montagne Il est situ 3 5 mtres au dessus de la rivire, en face de l'immense plaine de ~umm et en des conditions de visibilit qui sont videmment sa raison d'tre en ce lieu. L endroit o il est perch est si exigu, qu' une partie de l'difice s'est croule dans la rivire avec un pan de la falaise argileuse qui le porte. Il n'y avait donc l aucune FIG. 21. ATESH~OH. L'AVANT-CORPS CLICH A G 39

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LES MONUMENTS DU FEU possibilit d'y construire un monument important. A dire vrai, il n'y avait mme, raisonnablement, pas moyen d'y construire, et les boulements qui se sont produits l'ont prouv, mais on voulait en ce point prcis un signal visible au loin et l'on y btit, au minimum, un autel sous une coupole et le rduit du feu (fig. 72). Rien d'autre, ni pour l'habitation du prtre, ni mme pour le dpt du combustible. Le bois prcieux du foyer devait tre empil dans un coin de la chambre du feu ou du couloir qui y conduit ~ant au prtre, il avait peut-tre une maisonnette auprs de la rivire. 40 FIG. 22. ATESH~OH. L'IWAN CLICH A. G

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LES MONUMENTS DU FEU Le plan de cet difice a t relev par M. Siroux. ') On y remarque que les deux faces de la salle coupole qui sont tournes vers la montagne sont pleines, perces seulement, l'une de la porte d'entre du monument et l'autre de celle qui conduit, au moyen d'un couloir en chicane, vers le rduit du feu. Les deux autres faces, tournes vers la plaine, sont largement ouvertes, le point d'appui qui a disparu dans la rivire ayant t un pilier carr ou une colonne. L'autel, la lampe du phare, tait, bien entendu, sous la coupole. Il existe dans l' Alburz, au dessus de Shahrestanek et plus de 3 ooo mtres d'altitude, un petit difice du feu qui fut aussi tudi par M. Siroux1 ) et que je mentionne en cette place parce qu'il rappelle curieusement les dispositions du prcdent. Il est moins typiquement un signal que celui de ~umm, puisque sa composition ne comporte ni autel du feu ni cahaqa~, mais sa destination tait la mme et il possde des dpendances disposes de la mme faon sur un couloir entre dvie. Comme le dit fort bien M. Siroux, peut-tre le feu sacr, soigneusement entretenu dans une des deux cellules, tait-il, la tombe de la nuit, expos devant ou sur l'difice, en vue des villages monta gnards et des ptres isols sur les sommets. Le cahaqa~ de Neisari) a t signal par Houtum-Schindler dans son Eastern Persian Irak (p 1 17). Il y est dit que, selon le 1>.ummnam, "Niasar tait aussi appel Niansar, que c'tait une des fondations d'Ardashir Babegan et qu'il y avait l un temple du feu". Il ajoute que "des vestiges de ce temple (ou chteau) sont encore visibles sur une colline situe l'extrmit sud-ouest du village, qu'un riche marchand de Kashan possde une maison d't sur cette colline et que quelques uns des murs du temple du feu ont t utiliss dans cette construction". Ce qui est inexact, d'abord parce qu'il ne s'agit pas l d'un "fire-temple" et ensuite parce qu'aucune maison ne s'appuie aux murs de l'ancien difice, comme on peut s'en assurer au moyen des photographies ci-jointes (fig. 2 3, 1 o 3, I 04). Houtum-Schindler dit d'ailleurs un peu plus loin (p. 1 18) qu'il regrette de n'avoir pu explorer convenablement la colline. Le monument en question a t dessin et photographi la fin de l'anne 193 7 par Andr P. Hardy, architecte de la mission archologique du Muse 1. Voir plus loin p 114 et suivantes. 2 Voir plus loin, p. 123 et suivantes. J Ou, comme on dit actuellement, Niasar ou Neiasar 4 1

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 23CLICH A P HARDY du Louvre qui travaillait alors au Tp Sialk, entre la ville actuelle de Kashan et le jardin de Fn. Je lui suis trs reconnaissant d'avoir bien voulu m'autoriser publier ici l'tude qu'il en a faite.') Il s'agit l, encore une fois, d'un signal (fig. 2 3 ). Il est situ sur un chemin muletier qui conduit de Delgj.an Kashan, en un endroit visible de cette dernire ville, c'est dire d'au moins une tren taine de kilomtres vol d'oiseau. Rien d'autre n'y subsiste, sauf, une cen taine de mtres de l, une petite coupole en grande partie rune, construite comme la grande et datant du mme temps. Elle couvrait une source, marquant ainsi une autre des raisons de l'emplacement de l'ateshgah. Il est en effet re marquable et nous en avons dj pu faire l'observation, que l'eau se trouve gnralement, proximit des monuments du feu. Ardashr conduisit celle d'une source de la montagne au temple de Gr au moyen d'un aqueduc de sept huit kilomtres de longueur. Le cahaqa~ d'Atesh~h se trouve au bord d'un ravin torrentueux. Le petit difice de ~umm est tout proche d'une I. Voir plus loin, p. 163 et suivantes. 42

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LES MONUMENTS DU FEU rivire, comme aussi le cahaqa~ de Qjerr Nous verrons tout l'heure que les btiments du clbre temple de Shz sont disposs autour d'un lac mystrieux et qu'un bassin en pierres appareilles se trouve dans les dpendances de l'atewgah de Shapr. Il est d'ailleurs possible qu'il ne faille voir en ce voisinage de l'eau, pour lequel les monuments du feu manifestaient un intrt si marqu, qu'un effet du dsir de s'en procurer la commodit et non une exigeance, ou mme une prfrence, du culte, mais tout de mme, comme disait Strabon, "c'est au feu et l'eau que les Perses offrent leurs sacrifices les plus solennels".') Le dernier cahaqa~ isol que je connaisse, pour le moment, appartient un difice qui existe de nos jours en entier, intact, le temple du feu de Bak Il est d'ailleurs relativement rcent, le feu n'ayant t "apport de ce ct qu'au XVIllme sicle, par des Indiens et des Parsis indiens". 2 ) Il fut, selon le colonel Stewart, "dedicated to the God Siva, as shown by Siva's iron trident, which was fastened on the roof".') Peu intressant par son aspect et par sa construc tion, il l'est davantage par le fait que son parti architectural est encore par faitement identique celui du temple du feu dont le type se constitua en Iran sous le rgne des derniers souverains arsacides (fig. 2 4). Au centre d'une vaste cour, le temenos du temple grcisant, lieu de prire rserv l'assemble des fidles, se trouve en plein air, sous son dais monumental, le lieu des crmonies publiques du feu. Autour du temenos sont les dpendances, magasins et locaux d'habitation des prtres, moins luxueusement construites que le cahar-ta~. 4) Ainsi donc les temples du feu que nous venons de reconnatre, depuis leur 1. Strabon. XV. Ill. 14. 2 W Barthold Article: Bak, dans Encyclopdie de l'Islm. 3 Cit par W. Jackson dans From Co11stantinople to the Home of Omar Khayyani, p. 55. 4. "The sacred precinct consists of a walled enclosure that forms nearly a parallelogram, following the points of the compass. Its length is about thirty-four yards from north to south, or forty on its longer side; the breadth is about twenty-eight yards from east to west. The central shrine stands nearly in the middle of the court. A square-towered building, approached by a high flight of steps, rises toward the northeast corner. The walls of the precinct are very thick, as they consist of separate cells or cloistered chambers, running ail the way around, and entered by arched doors. The whole is solidly built and covered with plaster. The structure in the middle is a square fabric of brick, stone, and mortar, about twenty-live feet in height, tweny feet in length, and the same in width, with arched entrances on each side facing the points of the compass. These entrances are approached by three steps each on the north and east sicles, and by two steps on the south and west sides where the ground is slightly higher." W Jackson, loc. cit. p 42 43

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 24. Bi\KO. LE EAHAR-TA~ DU TEMPLE DU FEU CLICH A. G. prototype, qui est le temple dcrit par Pausanias, jusqu 'au temple de Bak, qui est encore l'difice dcrit par Pausanias, sont bien tels que Perrotet Chipiez les dcrivaient dj sans en connatre d'exemples : "Ce que l'on peut esprer retrouver, c'est les restes de ces sanctuaires o, au centre d'une enceinte qui limitait l'espace consacr, la flamme radieuse et pure, symbole d' Ahura Mazda, brillait sur les autels; c'est les autels eux-mmes qui en raison du rle capital qu'ils jouaient dans le culte, ont d devenir de vritables monuments, assez hauts pour permettre la foule d'assister de loin aux crmonies du culte". ') On n'aurait pu mieux dire Il y a cependant au type reconnu des temples du feu iraniens des exceptions les ncessaires exceptions dont TakhtRustam, situ dans le district de Shahriyar non loin de Teheran, dont aussi le temple du feu de Shiz (TakhtSulaiman), dans l'Adharbai.djan, et celui de Mas.djidSulaiman dans le Khuzistan. 1. Loc. t p. 641. 44

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LES MONUMENTS DU FEU TakhtRustam et son voisin, TakhtKaika's, ont t rcemment tudis par M Siroux. ') Le premier, TakhtRustam, 2 ) se compose essentiellement de deux plateformes situes l'une au premier tiers de la hauteur et l'autre au som met d'un piton rocheux isol dans la vaste plaine de Shahriyar. Celle du som met tait l'emplacement d'un feu en plein air, sorte de phare visible de Teheran mme, soit de plus d'une quarantaine de kilomtres, et de plus loin encore. L'autre, celle du premier tiers tait l'endroit des crmonies du feu qui, en dduire des dimensions assez considrables de la terrasse o elles avaient lieu, devaient tre publiques. La terrasse, ainsi que l'explique M. Siroux, a t construite par lits bien rgls de pierres liaisonnes au moyen d'un bon mortier de pltre sasanide et dont le parement extrieur est encore en partie recouvert d'un enduit de mme matire (fig. 57). Le rduit du feu se trouvait tout auprs dans un petit difice coupole qui est, trs nettement aussi, une construction sasanide (fig. 58-60). C'est lui qui fournissait le feu ncessaire aux crmonies de la terrasse infrieure et alimentait le signal du sommet. TakhtKaika'sJ) se trouve une dizaine de kilomtres et au N.O. de TakhtRustam. Il y avait l aussi un pyre l'poque sasanide, mais dont il ne subsiste aujourd'hui que la plateforme au sommet d'un cne rocheux. En bas, un petit difice ruin marque probablement l'emplacement de l'ancien rduit du feu TakhtSulaiman et MasgjidSulaiman, entirement diffrents de TakhtRustam, ont t, l'un et l'autre construits sur le lieu de miracles, miracle de l'eau et miracle du feu. Le premier est le clbre temple du feu de Gangjak (textes pahlawis), ou de Gazaca (auteurs classiques), de Shz (gographes arabes), ou encore de Satr~ (}:lamd Allah Mustawf), mais que l'on connat maintenant sous le nom de TakhtSulaiman. 4 ) Il y a l un lac magique, d'une 1. Voir plus loin, p. 93 et suivantes. 2. Inscrit l'inventaire des monuments historiques le 20 Dcembre 1937 (29 Adhar 1316). Bibl i ographie : E. Herzfcld. Reisebcricht, dans Z D.M.G 1926. p 232-3 E Herzfeld Archaeological History of Iran. p. 88-9. U Monnerct de Villard The Fire Temples, dans Bulletin of the America11 fostitute for lranian Art and Archaeology. Dcembre 1936. p 175-6. 3. Voir plus lo in, p. 105 et suivantes. 4. Inscrit l'inventaire des monuments historiques le 20 Dcembre 1937 (29 Adhar 1316). Bibliographie : AIHamadhni. Kitab al-Bulda11. B.G A p 286. -Al-~azwini. 14dja'ib al-Ma/Q!l~at. Edition Wstenfeld .11. p. 267 Ibn Khorddhbeh. B G A Vol. VI. p. 119. AIMas'di. Murgj. T. VI. p. 74 et suiv f:lamd Allh Mustawfi. Nuzhat al-,&:ulb. Edition Gibb Memorial. Traduction G le Strange. p 69. Ya~t Mu'!fjam. T III. p 353 et 45

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 25. VUE ARIENNE DE TAKHTSULAIMAN CLICH ERICH SCHMIDT profondeur "insondable" et dont le niveau est toujours gal, durant l't comme en hiver, bien quel' eau s'en chappe continuellement par sept ruisseaux qui font tourner sept moulins ') Auprs de lui fut fond un sanctuaire du feu qui s'augmenta par la suite de nombreux difices et s entoura d'une muraille suiv. Barbier de Meynard Dictio11naire gosraphique, historique et littraire de la Perse. p. 367. -A. Christensen L 'Iran sous les Sassa11ides. p. 159 et 161. -W. Jackson Persia Post and Present. p. 125-143 -W. Jackson Zoroaster. p 195 et suiv Per Korter. Travels ... T IL p. 557-561. -Marquart. Erii,uahr. p 109. -Th. Nol deke. Tabar. p 102.-G. Rawlinson. Tlie fiveweat Mo,iarchies. T. Il p. 271. -G. Rawlinson J.R.G.S. 1840. p 65 -J Ruska Article: Shiz dans EncyclopUie del' lsliirn. -G le Strange The Lands of tl1e Easter11 Caliphate. p. 22 3-224. 1. "Les murs de cette ville entourent un lac situ au centre et dont on ne connat pas la profondeur j'ai voulu m'en assurer par moi-mme, je l"ai sond une profondeur de plus de 1400 brasses, sans que le plomb s"arrtt. Le contour de ce lac est d'environ un arpent hashemi La terre trempe dans ses eaux se ptrifie l instant. De ce lac sortent sept cours d'eau qui, aprs avoir fait tourner chacun un moulin s'loignent de l'enceinte des murs". Y~t, dans Barbier de Meynard D ictionnaire, p. 368.

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 26 VUE ARIENNE DE TAKHTSULAIMAN CLICH ERICH SCHMIDT que montrent parfaitement les excellentes photographies ariennes (fig. 2 5 et 2 6) que je dois l'obligeance d'Erich Schmidt. On connat, par sa nombreuse littrature le clbre "feu des guerriers" ou "feu royal" de Gangjak Aclhur Gushnasp. ') "Il alimente tous les foyers des Gubres, de l'Orient l'Occident". 2 ) Selon Ibn Muhalhal qui crivait en 3 3 1 (94 3 ), il brlait alors depuis 700 ans. J) Chaque souverain sasanide devait, immdiatement aprs son accession au 1. En Perse "il y avait un feu de maison, c'est di r e dans chaque maison, un feu de clan ou de village (adhuran) et un feu pour chaque canton, que l'on appela i t feu de Bahram ... Au dessus de ces feux, et les dpassant de beaucoup dans l'estime de leurs adeptes, taient les trois feux vnrs tout particulirement sur le territoire de l'empire", Adhur-Farrbagh le feu des prtres, Adhur-Gushnasp, le feu royal, et Adhur Burzin-Mihr le feu des agri c ulteurs (Cl. Huart. La Perse antique et la ci,ilisation iranienne. p 188. ) 2 Barbier de Meynard Dictionnaire. p 368. 3. G le Strange Lands ... p. 224. 47

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LES MONUMENTS DU FEU ------------FIG. 27T AKHTSULAIMAN, D 'APRS UNE ANCIENNE PHOTOGRAPHIE trne, s'y rendre pied depuis Ctsiphon.') Bahram Gr lui envoya "les pierres prcieuses qui ornaient la couronne prise au Khgn des Turcs, ainsi que l'pouse du potentat vaincu; Khosrau Ier fit preuve d une libralit qui valente. Khosrau II, qui avait lutter contre l'usurpateur Behrm Tchoubn, promit ce mme temple des ornements d or et des dons d'argent" et tint parole. 2 ) Etc .... En 6 2 8 A.D l'empereur Heraclius dtruisit Shz, le chteau et le temple y compris,i) puis le chteau fut reconstruit par Aba~a Khan, le Mongol, parce qu 'il y avait d'excellents pturages dans son voisinage.) Il en subsistait encore quelque chose il y a peu de temps, comme le montre une vieille photographie reproduite ici (fig. 2 7), mais aujourd'hui, d'aprs les vues ariennes, prises rcemment, il n'y a plus sa place qu'un monticule de dbris. 1. G le Strange. Lands p. 124. l. Cl. Huart. La Perse antique ... p 188. 3. A Christensen. L 'Iran sous les Sassanides. p. 443. 4. I:Jamd Allah Mustawf. Nuzhat al-~ulb. Edition Gibb Memorial. Traduction G. le Strange p. 69. Voir aussi G. le Strange. Lands ... p 124.

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LES MONUMENTS DU FEU Il semble que le premier en date et le principal difice du lieu ait t celui dont on distingue les ruines immdiatement au dessous du lac, dans la figure 2 5 C'tait un ayadana semblable celui de Suse, quant au plan. On en voit par faitement l'ateshgah proprement dit et en avant, comme Suse mais beaucoup plus importants les dpendances et les locaux d habitation des prtres. A droite du lac (fig. 2 5 ), se trouvait l'norme btiment qu Abal,ca Khan recon struisit et qui tait sans doute l'poque sasanide, un palais destin au loge ment des hauts personnages qui visitaient Adhur-Gushnasp Il semble aussi que l'on distingue sur les photographies ariennes, les ruines de plusieurs petits d ifices dont certains pouvaient tre, sinon certainement des cahaqal,cs, du moins des abris d'autels en plein air Ils en ont les dimensions ordinaires. On peut donc, en attendant plus ample information se reprsenter l'immense temple du feu de Shz comme une exception au typenormaldecegenred difice mais remarquer qu'il n'en diffre cependant que par quelques dispositions spciales motives par son origine ancienne, ainsi que par sa grandeur et sa clbrit mmes A l'intrieur d'un espace consacr, clos de murs, les cr monies du feu avaient lieu en plein air, comme dans les temples ordinaires, mais il s y trouvait plusieurs autels, au lieu d un seul, et une seule chambre du feu, qui tait un authentique ayadana, charge d'alimenter tous les foyers. On y trouvait aussi les dpendances gnrales de tous ces difices et un vaste btiment l'usage des htes de passage ~ant son origine mme, on peut supposer qu' l'poque arsacide un ayadana fut construit auprs d un lac miraculeux et dj clbre, qu'il bnficia de cette notorit et vit surgir autour de lui, en proportion du nombre sans cesse croissant de plerins des autels de plus en plus nombreux, des dpendances de plus en plus importantes et un grand hotel voyageurs. N'est-ce pas dj l'histoire de bien des sanctuaires fameux et, entre autres, celle de Lourdes: la piscine miraculeuse, le sanctuaire voisin et tout l'ensemble des constructions ajoutes, religieuses et htelires? Mas.djidSulaiman est situ dans le Khuzistan, au centre des champs de naphte exploits par l'Anglo-Iranian Oil Company. Il se trouve en un endroit o, des gaz s'chappant naturellement du sol le feu semble brler miraculeuse ment On y construisit, l poque arsacide, une terrasse d'environ 120 mtres de largeur et de 1 50 de profondeur appuye d'un ct la montagne et surleve de 3 ou 4 mtres au dessus du sol, du ct oppos (fig. 99). "Elle 4 49

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LES MONUMENTS DU FEU est construite en blocs de pierre peine dgrossis, de dimensions trs varies, apparemment assembls sans mortier mais au moyen d' agrafes mtalliques".') Un large escalier droit conduit la partie antrieure de cette terrasse, dont le sol, qui parat brl en plusieurs points semble indiquer que c'tait l que se produisaient les miracles du feu. 2 ) En rapport avec eux on voit, sur le ct de la terrasse, le dpart d'un petit escalier obstru qui conduisait vrai semblablement autrefois une salle infrieure o quelque prtre rglait, activait ou diminuait, le dbit des gaz. Au del de cette sorte d'esplanade du feu il y a, sur la terrasse, une plateforme surleve, carre, d'une trentaine de mtres de ct, et, sur cette plateforme, des vestiges d'une construction galement carre, d'une quinzaine de mtres de ct. Cette construction pou vait tre, comme le pense trs justement E. Herzfeld, un difice du feu du type des monuments sasanides, sans doute un cahaqa~ abritant un autel. La terrasse n'tait pas entoure de murs, comme tant tout entire, avec son esplanade du feu et son autel, le lieu mme des crmonies du culte, mais il s'y trouvait des tours aux angles avancs et des pavillons de formes varies qui taient probablement les indispensables dpendances Le miracle, repr et utilis ds l'poque arsacide, comme je viens de le dire, tait, sous les Sasanides, parfaitement organis. On imagine, la nuit tombante, l'heure sainte, l'impressionnant spectacle de ces feux surgis du sol, frntiques puis appaiss bondissant puis s'affaissant, clairant de leur violent clat l'autel sous son dais et ses prtres voils Les fideles taient masss au bas de la terrasse ou assembls sur les pentes et les pitons de la montagne voisine. Parfois, en certaines circonstances il leur tait permis d'oser gravir les marches du haut perron et d interroger les dieux. Les flammes s'levaient elles alors, s'immobilisaient-elles ou disparaissaient-elles un instant, chacun de leurs mouvements, chaque oscillation avaient un sens une signification cache que la science des mages savait expliquer. Certains soirs taient particulirement calmes et heureux. Les flammes montaient dans l'air comme les jets d'eau d'un jardin tranquille : "~' Ahura Mazda soit lou, lui qui nous protge ainsi que nos familles nos troupeaux et nos 1. E Herzfeld. Archaeologische Mi1teilu11ge11 aus Iran. T 1. p. 71. 2 Voir plus loin. p 157 et suivantes, l tude d e M. Siroux

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LES MONUMENTS DU FEU champs"! D'autres fois, quand l'orage roulait dans les vallons rocheux, secouant la montagne, et que le feu, bouscul par la tempte, semblait en proie une fureur surnaturelle, la foule s'abmait en de longues prires angoisses: "~e la colre du plus grand des dieux pargne cette terre d'Iran"! Aujourd'hui les gaz, canaliss, servent cuisiner la nourriture du personnel de l'A.1.0.C Si donc la suit~ des temples de Fruzabad, Natanz, Kazerun, Baku, nous pouvons compter aussi TakhtSulaiman et, la rigueur, TakhtRustam et cette espce de thatre en plein air qu'tait Mas.djidSulaiman, d'autres difices sont uniquement, comme l'ayadana de Suse, des sanctuaires du feu. Entre ces deux catgories de monuments se placent les ateshgahs de }S:uhKhwa.dj et de Shapur, dont il parat assez difficile de dire s'ils sont plutt des temples ou plutt des sanctuaires du feu. Tous deux, compris dans les bti ments de palais, en sont en quelque sorte les chapelles, non publiques assur ment mais non plus, sans doute, exclusivement frquentes par des prtres. D'autre part leurs plans, avec leurs troits couloirs d'isolement, semblent tre ceux de temples et cependant le feu qui y brlait ne devait tre, nor malement, qu'un "feu de maison" dont l'entretien, nous dit Christensen, ') tait assur par le matre de la maison en personne. L'ateshgah de Shapur est un curieux monument, en grande partie souterrain, qui avait dj attir l'attention de Flandin et de Coste en 184 o et dont une mission du Muse du Louvre, dirige par Mrs G. Salles et R. Ghirshman, a 1. correspondant aux grades du rgime patriarcal des anciens Iraniens. il y avait un feu de maison, un feu de clan ou de village (adhuran) et un feu pour chaque canton ou province Ce dernier est appel le feu de Var han (Vahram). Tandis que le feu de maison tait entretenu par le manbadh, le matre de maison, deux prtres au moins taient ncessaires pour le service de l 'adhuran, et le feu de Varhan demandait un corps de prtres plus nombreux sous la direction d un mobadh". A. Christensen. L'Iran sous les Sassanides. p. 157. "Le feu Bahrm, proprement le feu de victoire, est le feu dans toute sa puret et dans toute la puissance attache sa puret, par opposition au feu tomb en dchance par l'usage domestique et industriel. Dans chaque province, il devait y avoir un feu Bahrm, qui est pour cela dahyupat, "chef de pays", et le feu commun, aprsavoir servi ses usages profanes, remonte sa puret en retournant au feu Bahrm D'aprs les Rivyats, le feu de cuisine qui a servi trois fois devait tre port un feu dit Adarn ou Adarn chh "Roi des feux", et dont il y avait un dans chaque ville ou chaque bourg; on y portait les autres feux de la maison tous les sept jours. L'Adarn lui-mme tait port tous les ans, ou au moins tous les trois ans, au feu Bahrm, qui est le rsultat de 1001 feux, pris de quin:z:e espces de feux diffrents". (Anquetil. Il. 531. note 2). -M. Dieulafoy. L'acropole de Suse. T. IV. p. 392 note 3. 5 I

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LES MONUMENTS DU FEU entrepris le dblaiement en 193 5. ') Il se compose essentiellement (fig. 2&) d'une cour basse, "sorte de fosse dalle", dit Ghirshman, laquelle on accdait au moyen d'un escalier vot d'une vingtaine de marches, et de dpendances qui ne sont pas encore entirement dgages. La cour, qui n'tait aucunement le "rduit sacr", car on ne peut imaginer le rduit sacr du feu en plein air, reprsente sans doute le lieu des crmonies publiques, en l'espce rserves aux habitants du palais Il s'y trouvait un autel (peut-tre celui qui a t retrou v au niveau du sol, employ dans une construction de l'poque islamique) sur lequel brlait aux heures rituelles, le feu que l'on allait chercher et que l'on rapportait ensuite dans son rduit, quelque part le long des couloirs, peut-tre dans la chambre encore pleine de terre dont la porte se trouve en A du plan (fig. 28). Ce feu devait tre un "feu de maison", mais d'une maison princire, royale c'est dire qu'au lieu d'tre desservi, selon l'usage commun, par le ma.nbadh, le matre du lieu, il pouvait l'tre par un prtre attach au palais, le chapelain de nos anciens chteaux. Il est d'ailleurs possible que ce feu princier ait appartenu la catgorie plus releve des "a.dhura.n", ou feux des clans et des villages, et qu'il ait t, en consquence, rgulirement desservi par deux prtres. Les locaux d'habitation de ce ou de ces prtres ne se trouPORTe. tt'APUl'l .iFIG. 28. LE TEMPL~jDU FEU DE SHAPOR 1. Le site de la ville de Shapr a t inscrit l'inventaire des monuments historiques le 16 Septembre 1931 (24 Shahriwar 1310). Bibliographie relative au temple du feu: E Flandin et P. Coste. Voyage en Perse. Perse ancienne p. 49. pl. XLVII. E Flandin. Relation du voya5e en Perse. T Il p. 280. G. Perrotet Ch. Chipiez Histoire de l'art dans l"antiquit. T.V. p. 578 et fig. 369-371. D Talbot Rice The City of Shapr, dans Ars islamica. Vol. Il. p. 178. G Salles et R. Ghirshman Chapour. (Rapport prliminaire de la premire campagne de fouilles), dans R,vue des Arts asiatiques. T X p. 119-120 et T. XII. p 14-15.

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LES MONUMENTS DU FEU vaient, bien entendu, pas sous terre mais au dessus du sol, sans doute dans cette partie du plan o l'on a retrouv un bassin en pierres tailles qui devait servir aux ablutions rituelles. Crmonies publiques en plein air, rduit du feu dissimul parmi les dpendances et o ne pntraient que les prtres, ce sont bien l les caractristiques d'un temple. Si cependant on pensait que le feu d'un palais royal devait tre d'une catgorie encore plus distingue et desservi par un vritable collge de prtres, que la cour devait tre, comme celle de Suse, leur oratoire particulier, qu'eux seuls devaient pouvoir pntrer dans l'difice et qu'aux heures de la prire le feu devait tre port par eux de son rduit souterrain aux divers points du palais o devaient avoir lieu les crmonies publiques si l'on prfrait, en somme, voir en cet difice une sorte de sanctuaire du feu plutt qu'un temple, je dclare n'y dcouvrir aucun inconvnient, ni d'ailleurs, vu le caractre exceptionnel de l'difice, grand intrt. Il en est peu prs de mme de l'ates_ligah de ~hKhwa.dj, dans le Sstan. ') Je pense voir un sanctuaire en ce lieu ferm qui ne se composait, selon E. Herz feld, que d'une salle coupole sur quatre piliers et entoure d'un troit couloir d'isolement, mais si l'on veut y reconnatre une chambre du feu faisant partie d'un ensemble que nous ignorons et qui comprenait un emplacement o les crmonies du culte avaient lieu en plein air, je n'y trouve galement rien redire. On pourrait cependant objecter cela que l'difice de ~hKhwa.dj nous est donn par Herzfeld comme datant du premier sicle de l're chr tienne, qu' cette poque le temple du feu n'existait pas encore et que la de meure du feu tait alors l'ayadana, c'est dire le sanctuaire du feu. Il y a un autre monument, dans lequel on voit gnralement un temple et que l'on dsigne souvent sous le nom de temple de Baz-Hr2 ) mais que je 1. Le palais de ~hKhwg_j a t inscrit llnventaire des monuments historiques le 16 Septembre 1931 (24 Shahriwr IJIO). Bibliographie: M. Carr. Une ville morte de la Perse orientale, dans L '11/ustration. XXVII. 19o8. p. 434. -Sir Aurel Stein Expedition in Central Asia, dans The Geosraphical Jaumal. XLVII. Mai 1916. p 362. -Sir Aurel Stein lnnermost Asia. II (1928), p 909-925. pl. 52-54. -C. E. Yate. Khurasa11 and Sista11. p 85 et suivantes. E. Herzfeld Reisebericht, dans Z D.M.G 1926. p 270. -E Herzfeld ArchaeoloiJical History of lra11. p. 58-74 et 89. 2 Inscrit l'inventaire des monuments historiques le 16 Septembre 1931 (24 Shahriwr IJIO). Biblio graphie : E Herzfeld Reisebericht, dans Z.D M.G. 1926. p 275-6. -E Herzfeld. Archaeological History of Iran. p 89. -E. Diez. Encyclopdie de l'lsliim. Supplment Article: ~ubba; p. 141. (RobScfd) Ugo Monneret de Villard. Fire Temples, dans Bulletin of the American l,,stitute for Persian Art and Archaeology. Vol. V. no 4 p. 136. 53

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1 1 1 LES MONUMENTS DU FEU 1 1 L---------.-L __ -=-~------~--t----6AZ.E-HUR. J 1 1 1 _.J FIG. 29. PLAN DE L'DIFICE DE BAZ-HOR 1 1 1 1 1 1 1 1 -' -ne saurais cependant classer parmi les monuments du feu. E. Herzfeld l'a dcrit plusieurs reprises mais n'a pas donn son plan, que voici (fig. 2 9), avec quelques photographies (fig. 30-32). Ce btiment coupole n'est pas le cahaqa~ isol que nous connaissons, largement ouvert et que l'on trouve au centre du temenos des temples du feu normaux. Il n'est, contrairement ce qu'on a dit, aucunement entour d'un couloir d'isolement Sans doute conviendrait-il mieux de le considrer comme une dpendance, sans caractre religieux, des deux constructions qui le dominent et commandent l'entre de la gorge voisine, ~al' Dukhtar et ~al' Pessar. ') C'est un difice purement sasanide, sans doute du Illme sicle de l're chrtienne, qui se trouve, en allant de Meshhed Turbatf:Iaidar, peu aprs un groupe de maisons que l'on appelle Roba~ Sefd, sur une petite hauteur gauche et une centaine de mtres de la route Son dme subsiste (fig. 30) mais n'est pas port, comme l'ordinaire, sur des trompes d'angles. Les pices de bois en mauvais tat de conservation que l'on voit encore en travers des angles de la salle et l'enduit intrieur qui monte jusqu' elles montrent assez 1. On l'appelle dans la rgion 0Afil!paz Khan0 0 la cuisine'" des deux JSal's d'en haut 54

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 30. L 'DIFICE DE BAZ-HOR CLICH A G. qu'il y avait l non des trompes mais des parties plafonnes (fig. 3 1 ). Les secteurs d~ la coupole qui correspondent ces plafonds sont monts d'une faon toute normale sur le plancher des poutres, comme s'il tait une assise solide et durable. Dans le plan du monument (fig. 2 9) les parties encore existantes sont indiques en noir et les parties restitues le sont en pointills. Ce dessin montre, de part et d'autre de la grande salle, deux sortes de bas-cts trs troits dont l'un communique avec l'entre au moyen d'un troit passage mnag dans l'paisseur d'un des quatre piliers.') Ces deux bas-cts taient vots en demi berceaux qui s'appuyaient contre le btiment central. Il n'y en avait pas d'autres, ni en faade ni l'arrire du monument, car on n'y dcouvre aucun arrache ment de maonnerie et l'angle N.E. de l'difice est parfaitement net. D'autre part, mi-hauteur des murs latraux du btiment central, et non sur les autres, on voit les trous d'encastrement des pices de bois qui avaient soutenu un plancher intermdiaire provisoire destin permettre l'excution facile des demi-votes. On remarque, quelques mtres en arrire del' difice, les vestiges, J. D'o une diminution de la surface portante qui a t fatale cette partie de l'difice 55

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 31. L'DIFICE DE BAZ-HOR CLICH A. G.

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. p. L 'DIFICE DE BAZ-HOR CLICH A G 57

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LES MONUMENTS DU FEU ou plutt des traces d'une construction qui tait probablement un mur d'en ceinte. J'en ai fini, pour le moment, avec les temples et les soi-disant temples du feu. OEant aux sanctuaires, en plus de celui de Suse, dont j'ai d'abord parl, et de celui de ~hKhwa.dj_, nous en connaissons deux, qui ont t dcou verts par E. Herzfeld, l'un dans la valle de Qjerr, dans le Fars, l'autre au bas des murs de la terrasse de Persepolis Il faut d'ailleurs s'entendre au sujet de l'difice de la valle de Qj err E. Herzfeld le prsente, dans son Archaeo logical History of Iran'), comme un temple du feu construit par Mihrnars, ministre de Bahram Gr (fig. 3 3). ') Cependant, pour des raisons exposes plus loin, 1 ) il me parat plutt avoir t une glise, une glise sasanide, ate~ah peine modifi que ses constructeurs ou, plus probablement, ses donateurs chrtiens ornrent, contre-sens, de quelques formes architecturales occiden tales qui leur taient familires J'y vois d'ailleurs, en dpit des quelques arrangements de dtail qui marquent sa destination chrtienne un si juste exemple de sanctuaire du feu qu'il me semble possible de l'introduire ce titre dans cette tude. Le parti gnral de son plan, trs franc et trs net, est 1 FIG. 33. PLAN D'UN MONUMENT DE LA VALLE DE DlERR, D 'APRS E HERZFELD ARCHAEOLOGICAI. HISTORY OF IRAN. PIG. 13 1. P. 91-93. fig. 12 et 13. 2 Voir p. 172.

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LES MONUMENTS DU FEU pour ainsi dire identique celui de l'ayadana de Suse (Comparer les figures 2 et 3 3). En haut, bien dgage et, dans les deux cas, entoure d'un troit couloir d'isolement, se trouve la demeure du feu, plafonne Suse mais, comme il convient, tant donne la difference des dates de construction des deux difices, vote en coupole sur trompes d'angles Qjerr. En bas sont les dpendances qui, dans les deux cas galement, dbordent en largeur sur l'ensemble constitu par la salle principale et le couloir qui l'entoure. Il n'est donc pas besoin d'aller chercher ce monument, dont l'aspect extrieur est, de plus, peu prs exacte ment celui du palais bien connu d'lwanKarkha, ') une autre origine qu'ira nienne. C'est le sanctuaire du feu qui vcut tant que vcut au grand jour la religion zoroastrienne puis disparut quand elle dut se cacher et que le tout, temples et sanctuaires, se rduisit ces difices que j'ai dcrits propos de ceux de Yazd et de Teheran. De l'autre monument, celui de Persepolis, je ne dirai gure que ce qu'en a dit E. Herzfeld lui-mme, aucune publication de !'Oriental lnstitute de Chicago relative ses travaux en Iran n'ayant encore paru: "Au pied de la terrasse royale, l o les pierres d'une grande baie, ornes des figures sculptes d'un roi post-achmnide et d'une reine, gisent sur le sol, un important temple du feu a t dcouvert. On y a trouv un grand nombre d'inscriptions ddi catoires grecques provenant sans doute d'autels du feu. Dans ces inscriptions apparaissent les plus anciennes identifications de divinits zoroastriennes avec les dieux grecs; l'difice, en raison du type del' criture, du style de la sculpture et de la date de quelques pices de monnaie trouves dans les ruines, peut tre considr comme ayant t construit trs peu de temps aprs l'poque d Alexandre.'' 2 ) Voici un croquis rudimentaire de son plan (fig. 3 4). Il se compose essentielle ment d'une salle quatre colonnes prcde d'un long vestibule et entoure, des trois autres cts, de chambres troites et longues dont l'une, celle de droite, un peu plus large que les autres, tait le rduit du feu. On y voit encore, en place, la dalle de pierre qui portait l'ateshdan et, contre le mur, une plinthe de trente 1. M. Dieulafoy. L'art antique de la Perse. T. V. fig. 6z. ? E. Herzfeld Recent discoveries at Persepolis dans J.R.A.S. Janvier 1934. p. u6. -M. I. Rostovtzelf. Dura a11d Problem of Parthian Art. p. 171, en note. 59

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LES MONUMENTS DU FEU ....... ...._.._._._.__,_. __,_---+----+---1' "'"" FIG. 34. CROQUIS DU PLAN DU TEMPLE DU FEU DE PERSEPOLIS centimtres de hauteur On voit aussi, dans la salle aux quatre colonnes, la partie basse de l'autel des crmonies. Peut-tre aurait-il convenu de placer aussi le clbre ateshgah d'l~fahan ') parmi les sanctuaires du feu, mais nous en savons vraiment si peu de chose que je n'ai pu m'y rsoudre Sur la colline en forme de cne et curieusement isole dans la plaine que reprsente la figure 3 5, il ne reste en effet qu'un en semble de murs de soutnement construits en larges briques de terre crue 1. W. Jackson. Persia Pasl and Prestnl. p 252 et suivantes. -J Morier. Second voyase en Perse. Traduction fran~ise 1818. T 1. p. 301. 60

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 35. VUE ARIENNE DE L'ATESHGAH D'l$FAHAN CLICH !!RICH SCHMIDT disposes sur des lits de roseaux et que surmonte un petit dicule dont les arcs briss sont bien musulmans {fig. 3 6) '). ~ on me permette maintenant de revenir un peu en arrire et, avant que de franchir l'poque de l'invasion arabe, de dire quelques mots des autels du feu en piein air et des estrades degrs dont je n'ai su jusqu'ici o parler. Ceux que je connais, les deux autels jumels de Na~shRustam, les deux estrades degrs de Pasargade, l'autel d'Ateshkad et l'estrade de Harsin, n'ont sans doute pas appartenu des temples ni, plus forte raison, des sanctuaires d~ feu, mais il n'est pas ncessaire d'en conclure qu'il en a toujours t ainsi de cette sorte de petits monuments et que les autels des temples furent toujours abrits sous des constructions du genre cahar-ta~, ou autres. On peut, au 1. Hors catgories, temple du feu d'occasion, l'difice de $takhr dont parle Mas'di dans son Muru4j. (T IV. p. 76-77) et que rappelle A. Christensen (L'Iran sous les Sassanides. p. 155). Il se trouvait une parasange environ de la ville de $takhr. On y voyait '"des piliers forms de blocs d une dimension tonnante et surmonts de figures singulires de chevaux et d'autres animaux" qui m'ont bien l'air d'appartenir au TakhtQjamffiid. "Autour de l'difice il y a un vaste retranchement et une muraille en blocs massifs, laquelle est couverte de bas-reliefs d'une excution trs habile" qui ressemblent fort ceux de la salle aux cent colonnes.

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 36. L 'DICULE DU HAUT DE L 'ATESHGAH D 'I~FAHAN CLICH A G contraire, parfaitement supposer que les temples n'taient pas tous riches et qu'ils n'ont pas tous pu s'offrir le luxe de cahar-ta~s au dessus de leurs autels L'avenir dcidera de ce qu'il faut en penser mais ce qui est certain, ds prsent, c'est qu'il y eut de tout temps des autels du feu isols, je veux dire non enclos dans les limites, entre les murs, d'un temple ou d'un sanctuaire du feu Pour les autels jumels de Na~shRustam (fig. 3 7) ') il semble qu'il n y ait aucun doute possible, puisqu'ils sont, de l'avis gnral, antrieurs l'poque 1. Bibliographie : J. Dieulafoy La Perse la Chalde et la Susiane dans Le tour du monde. 2me semestre 1886. p 2o8. -M Dieulafoy. L'art antique de la Perse. T. III. p 8-10. pl. V E. Flandin et P. Coste Voyaf.le en Perse. Perse ancienne p 150 et pl. CLXXX. -E Flandin Relation du voyage en Perse. T. Il. p. 120. -"Cl. Huart La Perse antique et la civilisation iraniem,e. p 114-I 15. Ker Porter Travels ... T 1. p 566 et pl. 26. G Perrotet Ch Chipiez Histoire de l'art dans l'antiquit. T. V. La Perse p 642. 62

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 37. LES AUTELS JUMELS DE NA~f::! RUSTAM CLICH A G. du temple du feu tel que nous l'avons dcrit Sans doute l'abrupte falaise du f:l usa in ~h, laquelle ils sont accots, tait-elle autrefois, comme la face du ~hParro, prs de Kermnshh un "endroit des dieux", Bagstana. Les deux autels et les tombeaux achmnides furent taills la pointe du f:lusain ~h pour la mme raison qui poussa Darius I faire graver sa fameuse inscription surle rocher de Bsutn Mille ans plus tt un bas relief y avait d'ailleurs t dj sculpt par les Elamites, en tmoignage de leur dvotion aux dieux del' endroit.') Il est donc probable qu'il y avait l, ou prs de l, un yadan dont dpen daient les deux autels et d'o tait apport le feu des crmonies, car, ainsi que le dit Christensen, "le feu ternel exigeait des difices dans lesquels il ft protg contre les injures du temps 2 ) 1. E Herzfeld Archaeolosical History of Iran. p. 5 pl. IV 2. A. Christensen. L'Iran sous les Sassanides. p 155.

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LES MONUMENTS DU PEU FIG. 38. LES AUTELS DU FEU DE PASARGADE CLICH A. G. L'autel taill dans le roc qui se trouve au lieu dit Ateshkad, au dbouch du TangKaram, au nord de Fasa, dans le Fars ') est une grande pierre qui se dresse dix pieds au dessus du sol actuel et autour de laquelle Sir Aurel Stein n'a remarqu aucune trace d'ancienne construction .1 ) Sans doute pouvons nous supposer qu'il s'agit encore l d'une sorte de phare. La chambre du feu aurait pu se trouver parmi les btiments dpendant de la fortification qui, un peu en arrire, barrait le tang pour protger Fasa contre des attaques venant de Nriz. On peut penser aussi qu' l'entre de cet troit ravin, seule voie d'accs du nord la plaine de Fasa et qui a toujours joui d'une rputation d'inscurit bien tablie,1) des voyageurs ont lev cet autel en souvenir d'une 1. Bibliographie: Sir William Ouseley. Travels in the East. T li. p. 8o et suivantes Sir Aurel Stein An archaeological tour in the Ancient Pmis. p. 175-178. pl. XVI. ~"Of structural remains near this monument of Zoroastrian worship no trace could be seen." Ancient Pmis. p 178. 3. ... until quite recently a favourite place of banditry"; Ancient Pe,sis p. 175.

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LES MONUMENTS Dll FEU FIG. 39. HARSIN. LE BAS RELIEF INACHEV CLICH A. G. belle peur, en guise de remerciement ou pour se mnager la faveur et la pro tection des dieux. Cette hypothse qui explique en tous pays l'origine de nombreux monuments votifs, n'est pas du tout rejeter. Les estrades degrs de Pasargade, socles d'autels du feu voisins l'un de l'autre (fig. 38), '} dpendaient sans doute d'un ayadan construit sur la colline voisine, o l'on voit encore des restes de constructions. Mais pourquoi deux 1. Bibliographie: E. Flandin et P. Coste. Voyage en Perse. Perse ancienne. p 163. pl. CCIII. E. Flandin. Relation du voyage en Perse. T. Il. p. 393 394. Cl. Huart La Perse antique et la civilisa,ion iranienne. p. 115 G. Perrotet Ch Chipiez. ffstoire de l'art dans l'antiquit. T V La Perse. p 644-645. E. Herzfeld. Archaeologis.:he Mitteilungen aus Iran. T 1. p 8-10. pl. 1.

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 40. HARSIN. LE BAS-RELIEF INACHV CLICH A G. estrades? "Ces deux atech-gh, dit Flandin, placs ct l'un de l'autre et en quelque sorte jumeaux, comme ceux de Nakch-i-Roustm, sont le second exemple que nous en avons rencontr. Cette observation me parat conduire cette pense: que les adorations ou les sacrifices des Perses ignicoles avaient lieu simultanment et galement en l'honneur de deux divinits Ne faudrait-il pas en conclure que les Gubres, considrant que le genre hu~ain est plac entre le bien et le mal, trouvaient utile d'adresser des prires au gnie de l'un, reprsent par Ormuzd comme au gnie de l'autre, figur par Ahriman? 1 ) C'est ingnieux, mais peu probable, car l'Iran n'est jamais all jusqu' cette dernire consquence du dualisme "La pure lumire, symbole du bien, ne pou vait briller en l'honneur du dieu des tnbres". Pour moi, je pense que l' expli-1. Loc. t. p J9J-4-66

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 41. HARSIN. BASSIN TAILL DANS LE ROC, AU PIED DU BAS-RELIEF INACHEV CLICH A G. cation cherche se trouve peut-tre en cette phrase de Strabon que j'ai dj cite: "C'est au feu et l'eau que les Perses offrent leurs sacrifices les plus solennels". Harsin, petite ville du Lristan, sur la nouvelle route de Kermanshah Khorramabad, pourrait bien tre cet autre Shapr Khwasht qui fut longtemps cherch autour de Kermanshah. Situe, comme Ta~ Bostan et Bisutn, auprs de sources particulirement abondantes qui sortent en bouillonnant du pied de la montagne, elle possde aussi des vestiges antiques, tout un ensemble de monuments sasanides dont le plus impressionnant est un immense panneau vertical taill dans le rocher (fig. 3 9 et 40) et analogue celui de Bisutn. Destin porter, lui aussi, un vaste bas-relief ou une longue inscrip tion qui n'a pas t excute, sa taille est demeure inacheve l'une de ses 67

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 42 HARSIN. PORTE MONOLITHE CLICH A. G extrmits. Au bas court un ruisseau d'eau claire, driv de la source principale et qui alimente un bassin circulaire creus dans le roc (fig. 4 1 ). La longueur du panneau est d peu prs 46 mtres Sa hauteur est variable mais mesure en moyenne de 8 9 mtres En avant de cet ensemble on voit une porte en arc monolithe (fig. 4 2 et 4 3 ), renverse sur le sol et brise Un peu plus loin, une cinquantaine de mtres de l, se trouve un norme bloc de pierre moulur qui a probablement fait partie d'un encadrement de porte ou de fentre Plus loin encore dans un cimetire et employs dans la construction des maisons de la petite localit de Harsin, on rencontre d'autres gros blocs de la mme pierre, bien taills et qui appartenaient certainement l'difice ou au groupe d difices dont la 68

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LES MONUMENTS DU FEU ~ 1 -r--___ i sto ______ 1 + ---1 : 1 : -+i 1 1 1 1 1 o,!>: 1 ,140 ___ .!t!> -+-~--,If----' ; ___._ ______ HAR~N G --~-FIG 4J HARSIN. PORTE MONOLITHE porte monolithe est le dernier reste encore en place. Ces constructions se dres saient en avant du panneau inachev comme se dressait devant les grottes de 'fafBostan le pavillon colonnes dont j'ai parl plus haut. Dans l'ancien parc de cette installation princire actuellement plein d'arbres et de broussailles, se trouvait, lorsque j'ai visit Harsin, une estrade degrs solitaire que je n'ai pu photographier mais dont je donne ici le dessin (fig. 44). Elle est en pierre, monolithe, assez semblable aux petits monuments analogues de Pasargade mais plus simple qu'eux et plus petite Elle devait tout juste suffire l'emplacement d'un autel portatif mtallique et de l'officiant Trois marches au lieu de huit Pasargade, peu prs gales et dont la hauteur totale est d'un peu plus d'un mtre, permettent d'accder la plateforme suprieure. Prs des sources de Harsin, un prince sasanide, peut-tre Shapr I, con struisit donc un palais de plaisance, un de ces "firdaws" dont les Sasanides semblent avoir t particulirement amateurs Il entreprit d'y faire sculpter ou graver l'histoire de l'un des vnements de son rgne. Un pavillon y tait sans doute rserv au logement du feu sacr Peut-tre ce local n'tait-il acces sible qu' un public restreint, au souverain et ses proches comme cela semble 69

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LES MONUMENTS DU FEU i c --i----i.56 _____ -....... ............ ,. ... } .. ..... ................. -.......... ........... lt'LCVA.,..ION PL.AN "'A.G-HARSN FIG 44 HARSIN. ESTRADE EN PIERRE avoir t le cas Shapur, ou, proportionn l'importance d'une installation de plaisance par rapport celle d un vritable palais, fut-il, plus simplement et d'ailleurs plus probablement, une chambre du feu desservie et uniquement frquente par le chapelain du lieu Des crmonies du culte taient en tout cas clbres dans le parc, comme l'indique l'estrade degrs retrouve et certainement aussi sous quelque portique du palais, quand le temps l'exigeait. Le feu tait alors apport de sa demeure l'autel par l'officiant, puis rapport son ateshdan aprs les crmonies. C'est ce que nous avons reconnu Shapr et ~uhKhwa.d,j, avec cette diffrence que c est la demeure du feu qui a t retrouve dans ces palais tandis qu' Harsin c'est l'autel des crmonies qui subsiste Voil donc connus une trentaine de monuments du feu. Comme on vient de le voir, ils ne sont pas tous des temples et peuvent tre peu prs srement classs en quatre catgories distinctes l'une de l'autre. 1. LES TEMPLES DU FEU. Firuzabad. poque sasanide. Kazerun. poque sasanide. Na~anz. poque sasanide

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LES MONUMENTS DU FEU Shapr. poque sasanide. Ardakan. poque moderne. Baku. poque moderne. Sharfabad. poque moderne. Taft. poque moderne. Teheran poque moderne. Yazd. poque moderne. Le dadgah indien. poque moderne Exceptions: Takht Sulaiman. Sanctuaire du feu arsacide dve lopp en temple du feu l'poque sasanide. Mas.d.jidSulaiman. poques arsacide et sasanide. TakhtRustam(?). poques arsacide et sasanide. 2. LES SIGNAUX. Ateshkad. poque sasanide. Atesh~uh. poque sasanide. Le cahar-~ de Qjerr. poque sasanide. Le minar de Fruzabad. Epoque sasanide. Farashbend. poque sasanide ~umm. poque sasanide. Neisr: poque sasanide Shahrestanek. poque sasanide. TakhtRustam poque sasanide. TakhtKaika'us. poque sasanide. 3. LES SANCTUAIRES DU FEU. Suse poque achmnide. Persepolis poque sleucide. ~uhKhwa.d.j. poque arsacide. L'ayadana incorpor au temple du feu de Shz poque arsacide Le type d'difice que reproduit l'glise(?) de la valle de Qjerr. poque sasanide. I~fahan(?). 71

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LES MONUMENTS DU FEU 4. LES AUTELS ET LES ESTRADES A DEGRS ISOLS. Na~shRustam. poque achmnide. Pasargade. poque achmnide. Harsin. poque sa.sanicle. Qyelques indications intressantes, mais qui devront tre contrles lors de nouvelles dcouvertes de monuments du feu, semblent ressortir de cette simple liste: 1. Le sanctuaire du feu apparat l'poque achmnide, dure sous les Sleucides, les Arsacides et les Sa.sanicles, puis disparait de l'Iran lorsque l'Islam y pntre. 2. Le temple du feu, mentionn pour la premire fois par Pausanias, dura depuis la fin de l'poque arsacide jusqu' nos jours, mais, l'poque islamique, dut se modifier en Iran et n'y parvint jusqu' nous que sous une forme atro phie. Nous savons aussi qu'entre temps il contribua grandement la forma tion de la mosque iranienne.') 3. Les difices que j'ai appels "signaux" sont tous et uniquement sa.sa nicles. 4 Les autels et les estrades degrs isols sont les instruments au moyen desquels les sanctuaires du feu purent, une poque o les temples du feu n'existaient pas encore, atteindre une clientle plus tendue que celle des prtres On a pu observer aussi, au cours de cette tude, qu' l'poque sa.sanicle l'lment dcoratif essentiel des monuments du feu, des sanctuaires aussi bien que des temples, fut le cahaqa~. isol ou en composition. II ne disparut pas lors de la conqute arabe du pays. Sous sa forme originale, quatre piliers relis par quatre arcs surmonts d'une coupole sur trompes d'angles, "le seul type monumental qui reprsente l'architecture religieuse de la Perse" ancienne, "le vrai type national, celui qui est n du rite par excellence et en qui s'est toujours rsum le culte des adorateurs d'Ahura Mazda" continua d'exister. Mais au service d'une nouvelle religion. J'ai dj dit qu' ct des mosques construites, durant les premiers temps de l'Islam, par les Arabes ou l'instar des mosques arabes, l'ran ne cessa pas d'difier, et finit par imposer au Vlme I. A. Godard. Les anciennes mosques de l'Iran, dans A!l!arTriin. 1936. p 187-210. 72

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LES MONUMENTS DU FEU sicle de l'Hgire, des btiments de son cru qui taient prcisment l'difice caractristique des anciens temples, l'ates....hgah en forme de cahaqa~, dans lequel le mil;irab remplaa l'autel du feu, et la salle de runion par excellence des palais sasanides, l'wan, la longue salle vote en berceau continu. Nous avons reconnu l'ateshgah dans l'embryon de l'actuel MasgjidQjum'a d'l~fahan, le kiosque de Ni~am al-Mulk, dont les piliers colonnes s'accordent si curieusement ceux du cahaqa~ d'Atesh~h, dans les kiosques du MasgjidQjum'a et de la madrasa J:Iaidary de JS:azwn ainsi que dans ceux des Qjamis de Gulpaygan et d'Ardistan. Nous aurions pu le faire aussi pour d'autres difices dont l'tude fera l'objet d'autres articles Le cahar-ta~ sasanide fut d'abord toute la mosque, puis, entr en com position avec d autres motifs iraniens, les quatre wans et la cour de la madrasa selgjukide, par exemple, il demeura l'essentiel de la mosque iranienne, le sanctuaire mme Mais il y a des exemples de survivance des formes architecturales anciennes plus tonnants encore, sinon plus probants Outre l'difice de Bak, qui date du XVlllme sicle mais est un temple du feu, quoique non zoroastrien, voici le Mu~alla de Yazd, qui lui ressemble comme un frre et qui est bien musul man (fig. 45-49). Il se compose, comme le temple de Bak, comme celui de Frzabad, d'un cahaqa~ sur son socle, au centre d'une vaste cour borde de btiments dpendant du culte. Mosque en haut, mosque en bas Il n'y a aucun doute. La date de sa construction y est inscrite, 9 5 8 H., ainsi que le nom du constructeur. Aucune indication ne permet d'attribuer une origine prislamique au monument si ce n'est, peut-tre, la prsence du mot ma'bad dans les deux inscriptions du portail principal. Voici la transcription et la traduction de ce qui subsiste de ces textes: 1 Sur les parties droite et gauche du bandeau horizontal, la partie centrale ayant disparu: J~ ..:. : b l u ~-+-! ~I ~li i~l J ~I ~I i) -&-_l_j ~!r 0+-? J~I JWI "-!~ 4--..b _r-all .... ~l_,;.JI .il 0-! ~IA._,ll '-5.r.4' \oA es; 73

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74 Le, P....,QT"1e_s Qvi o,.,,,. Pv 'Tste Me-s v~l!i.i?s / c ,, r r iNoic;,uj e'N Noi~. eouTiQues. LES MONUMENTS DU FEU i ._--f _~-: ;.--k, -+--++l--+. -' ''. ~ ~--r. OOUTiOUES FIG ,. YAzo. LE MUMLLA PLAN ou REZ DE CHAUSSE

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LA DU LES .MONUMENTS DU FEU COUR BA~57 ll. MU?A~LA 0 1 1 1 1 r---7 : r-7 1 i : 1 L_ _J : .... -li L---.J .I.O 1 1 1 5 1 l 11 I 1 10 ', 1 1 1 S I I I 1 1 1 1 1 FIG. 46. I' ----____ .J ______ _l_ LA COUR BASSE L--E MUSALLA. PLAN DE YAZD. L 75

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LES MONUMENTS DU FEU FIG 47. YAZD. LE MU~ALLA. LE :'.:AHAR-A~ CLICH A. G. "La construction de ce noble temple (ma'bad) et le renouvellement de la mosque du Mu~alla furent termins grce aux bienfaits du Sulanat du plus juste des Kha~ans ... Le constructeur (Me 'mar), l'esclave (de Dieu), est le serviteur de la Porte Haute, connu sous le nom de Mrak Bk Sarband Shahi. Dans l'anne 958 de l'Hgire. L'a crit 'Abd al-Wahhab, fils de Hakim Allah". 2. A la partie suprieure de la porte en bois, sur un panneau de marbre en vers persans et date de l'anne I o 3 5 H.: .,1 ;~ C ~ cl'L.: U"'~ ..:.J .,~ L;., ~--1-:--'1.f-~cl'-L. .::.,,.:.,J.? <.Sr ~I ~ ., ~ ).a>

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LES MONUMENTS DU FEU FIG. 48. YAZD. LE MU$ALLA. LE CAHAR-TA~ CLICH A. G L.-(-'I .i-.J.l J-.r.--) .t.,-~ ~! ..u_ L.:.i J J~ .,_j.1 ~F ~ _/" .JS' ~.,1 ~) 4.. d} 1 ..b-~L 1 -1 1 :> ., ,y-')~ y. 01.,J:>L: i.SJ .r.:--; j l... ~Cr->) :>j-~I_.,;. _,I -} ~ M M M' ~77

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LE S MONUME N T S DU F E U FIG. 49. YAZD. LE MUSALLA. LE CAHAR-TA~ CLICH A G.

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LES MONUMENTS DU FEU "~e dure le rgne de Shah 'Abbas, sous le gouvernement de qui les ta vernes furent dtruites et les temples difis! Le zle d'Is~a~ Bk se tourne vers le Mu~alla qui devint semblable la citadelle du firmament, solide et durable. Le Mu~alla, qui fut primitivement difi par son aieul, est devenu, grce ses travaux de restauration, le pavillon de la grandeur. La raison en demanda le chronogramme I:Jasan. Il dit: Le Mu~alla a trouv, grce Is~a~ Bk, son clat". (1035 H.). Le mot "ma'bad", la vrit, ne signifie pas autre chose que "lieu d'ado ration" et ne parat pas particulirement dplac dans un difice islamique, mais je l'ai rencontr pour la premire fois dans le mu~alla de Yazd et il me fut traduit plusieurs fois par "temple", jamais par "mosque". Peut-tre y avait-il l autrefois un temple zoroastrien que l'Islam s'est appropri et qu'il a reconstruit sur l'ancien plan.') C'est possible, mais il n'en est pas moins curieux de n'avoir prsenter comme exemple existant d'un vritable temple du feu iranien qu'un mu~alla musulman. Les figures 5 2 et 5 3, qui m'ont t communiques par M. Siroux, reprsen tent un autre tmoin de la survivance et de l'utilisation des formes prislamiques l'poque musulmane. Il s'agit d'un petit dicule imit d'un autel du feu et qui se trouve au centre d'un I:Jusainy de Taft, c'est dire dans un de ces monu ments o l'on se runit chaque anne pendant le mois de Mu~arram pour prier et y entendre le rcit des malheurs de la famille des Imams. Il n'est pas seul de son espce et n'est mme pas une raret. Il y en a un autre sur la grande place de Taft. D'autre part Sir Aurel Stein raconte que l'autel du feu d'Ateshkad con tinua longtemps d'tre utilis comme il l'avait t l'poque sasanide par les habitants musulmans de la rgion: "When the stones placed against the foot of the eastern face for the purpose of giving access to the top were removed, there came to light two small lamps of glazed pottery covered with soot, clear evidence of local worship at the spot having continued to modern times". 1 ) 1. L'orientation du cahq~ n'est pas plus exactement musulmane que zoroastrienne. 2. A11cient Persis. p. 177.' 79

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LES MONUMENTS DU FEU Aujourd'hui encore les uns et les autres, les authentiques autels du feu et leurs descendants musulmans couronns et entours de flammes, brillent ensemble de tous leurs feux en l'honneur de l'Imm martyr J:Iusain, fils de 'Ali, et de sa famille Andr Godard Bo

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LE TEMPLE ZOROASTRIEN DE SHARFABAD

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LE TEMPLE ZOROASTRIEN DE SH A R I F A B A D 1 ) Comme chacun sait, Yazd et ses environs abritent encore quelques commu nauts zoroastriennes. Celles-ci, qui ont conserv jusqu' maintenant leurs coutumes et usages, ont comme sjour d'lection une longue et troite bande de terres arables forme par les dernires pentes de la haute montagne qui s'lve au Sud-Ouest de la ville En ces endroits, o des eaux vives arrosent des champs fertiles, se groupent les villages zoroastriens, dont les habitants s'adonnent presque exclusivement aux travaux du sol. Chacun de ces villages possde gnralement sa "tour du silence" et son sanctuaire. C'est l'un d'eux, Vera Khan, le temple de Sharfabad, que nous voulons prsenter ici. La tradition locale situe dans cette petite agglomration plusieurs "ateshgah", mais seul Vera Khan reste le temple officiel car l'emplacement des autres sont construits de petits pavillons utiliss par le culte musulman. Vera Khan se compose d'une grande salle couverte en coupole (7,85 m x 7,85 m) et de quatre wans dont celui du Nord donne sur le jardin de l'cole appartenant la communaut. On remarque que les angles de la grande salle sont percs d'une niche et d'une porte, sauf l'angle Nord-Ouest qui comprend deux niches. Les deux portes des angles Sud conduisent d'troits rduits contourns et obscurs. ~ant l'angle Nord-Est, il donne accs un vesti bule, lieu de transition entre la ruelle publique et le sanctuaire. De ce vestibule on peut aussi entrer dans un local lgrement en contre-bas ou monter la terrasse qui couvre les wans On note sur le plan (fig. 50) que ce monument est soigneusement protg contre toute vue extrieure. Seule l'assistance runie dans le jardin, non public, peut assister aux crmonies. Celles-ci se droulent sur l'autel central, con stitu par une dalle octogonale dont les cts mesurent 0,40 met qui est sup porte par une colonne, galement octogonale, dont les faces ont o, 2 o m de largeur. L'ensemble s'lve environ 1, 2 o m au dessus du sol. La dalle, en-1. Sharifabad est un hameau situ 6,oo km au Sud d Ardakan, et Ardakn se trouve ~o km l'Ouest dr. Yazd

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LE TEMPLE ZOROASTRIEN DE SHARTFABAD Jvol / 1 1 _l + COYR. DE L COLc ZOR.OA..S7HR.I E"NNE'. -flrli~ i/nc lenne B re,-niemt:nf../;,fonclion IU'J..E YE. A rllf-'llr,.rDAD OCTORE' '.9::!J(S I'/ t.l F ..f't'to"/ FIG. 5 0 ~HARIFABAD. PLAN DE VERA KHAN

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LE TEMPLE ZOROASTRIEN DE SHARIFABAD glue d'un mlange d'huile brle et de cendres, est creuse en son centre d'une coupelle de 0,20 m de diamtre, entoure de cavits de mme forme, mais plus rduites, disposes en couronnes Devant cet autel on constate la prsence d'un d en pierre dont la face suprieure est vide. (Rcipient pour l'eau lustrale?) Le feu est soigneusement entretenu dans le rduit voisin. Le dispositif qui l'abrit~ mrite une description. Sur un cube en maonnerie d'environ 1 ,oo m de hauteur est construit un petit dme en terre, perc latralement de quatre orifices. L'intrieur, compltement vid, de ce dme abrite un amas de cen dres sous lequel sommeille le feu sacr qui, ranim au moment des crmonies, est alors port sur l'autel. Le sommet de ce reposoir (ainsi que la coupole de la grande salle) n'est trou d'aucun opercule afin d'obtenir une protection efficace contre toute pollution possible du feu. Le rduit S.O. comprenait, lors de notre visite, quelques faisceaux de bois rituel, composs de btonnets de o, 3 o m de longueur lis trs soigneusement et, semblait-il, suivant des rgles liturgiques. Dans le rduit N.O., outre une certaine quantit de cendres, nous avons not de petits foyers rudimen taires, forms par des briques sur champ, et une provision de fagots. Ces trois dernires pices n'ont reu aucune dcoration murale. Par contre les murs et niches de la salle centrale sont revtus d'images pieuses et d'ornements en perles dont le but est certainement trs dfini. La tradition locale assigne ce temple une date de fondation trs recule et veut mme que le feu y ait t conserv de toute antiquit. Or l'tude archi tecturale du monument montre que la coupole centrale n'est pas antrieure l'poque safa wide. Les pendentifs, notamment, sont difis suivant les mthodes particulires cette poque, ce qui n'empche aucunement que les piles soient beaucoup plus anciennes, comme nous le croyons. Le vestibule d'entre est un remaniement. Ce local a t obtenu en amnageant un rduit semblable celui que nous voyons en symtrie. Cette importante transfor mation d'un angle pouvant entraner des troubles funestes pour la stabilit de toute la construction, on y remdia par l'adjonction d'un contre-mur, galement ncessit par l'escalier, le long de sa paroi est L'amnagement de ce vestibule est peut-tre safawide mais nous le croyons plus rcent. ~ant la pice voisine, qui est motive par un grand four, elle est moderne. En 85

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LE TEMPLE ZOROASTRIEN DE SHARTFifBifD rsum, la fondation initiale du temple doit tre fort ancienne mais son tat actuel dnote des reconstructions dont la principale est celle de la grande coupole. L'intert du monument rside surtout dans son plan et, plus particulire ment, dans la composition des angles. Son ordonnancement est celui d'un "cahaqa~", mais dont les arcs ou wans ont t obturs pour soustraire les crmonies du culte aux regards profanes. Pour les angles o sont mnags les rduits, deux solutions sont galement admissibles C'est une simple ide du constructeur ou une ncessit du programme. Cette dernire explication nous parat la meilleure. L'usage de conserver le feu dans un local clos tait scrupuleusement observ l'poque sasanide et l'est encore par les zoroa striens de notre temps. Le temple, trs modeste, de Taft (bourg 3 6 km au S.O. de Yazd), par exemple, n'est qu'une humble habitation dont une longue pice est rserve au culte (fig. 5. 1 ). Les extrmits de cette salle, surleves d'une marche, forment estrades et sur la bordure de l'une d'elles est pos un vase de cuivre, en forme de cloche renverse, faisant office d'autel et contenant cro1vi.s du Te.-np/e de I. ffi C' "' Co11r FIG ,1. TAFT. TEMPLE DU FEU 86

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LE TEMPLE ZOROASTRIEN DE SHAR]FBD le feu sacr. Au fond de cette mme estrade un rduit compltement clos a t pratiqu o l'on entretient le feu et quelques veilleuses huile A Sharfabad comme Taft les fidles qui ont assist la crmonie emportent chez eux une parcelle de la flamme ranime Ce qui nous a incit visiter aux environs de Yazd diffrents temples mo dernes tait le dsir de contrler certaines remarques faites au cours de relevs de monuments anciens et notamment l'existence de "sacristies" pour l'entretien du feu. Cette hypothse semble vrifie mais ce but de nos investigations a t parfois dpass et c'est pourquoi nous prenons, dans l'appendice suivant, la libert de dcrire quelques autres monuments de Taft. APPENDICE Un des plus agrables sites de la province de Yazd est la valle de Taft C'est un immense verger dont les fruits sont juste titre renomms.') Ce bourg coquet, ombrag est particulirement aim des zoroastriens car certains d entre eux viennent mme de Indes pour y reprendre contact avec le pays natal. Plus que partout ailleurs on peut, en ce nid de verdure, s'imaginer quelle tait la vie pieuse des campagnes sasanides. Sur les pentes arides qui limitent les jardins et non loin de ceux-ci s'levaient de nombreux oratoires dont deux sont encore frquents. Le premier est un petit iwan construit sur une plate forme Cette pice troite est encombre de force veilleuses, bougies et orne ments de perles. L'autre sur le versant symtrique de la valle, est une sorte d chancrure large de 1 5,00 m environ, pratique dans la paroi rocheuse Frquent depuis une poque trs recule, suivant les dires des habitants, ce renfoncement s'achve en une petite grotte en contre bas. Dans celle -ci les eaux de ruisellement suintant du rocher, emplissent une vasque naturelle dont, une poque indtermine, on a tent d'amplifier le dbit par le forage de drains creuss dans la roche Source et grotte sont vnrs par les villageois: de nombreuses lampes huile y brillent dans une demi-obscurit poses ct des offrandes Ces dernires sont surtout composes de pinces de sel, de sucre, de farine, de froment et de pois chiches. Elles sont soigneusement 1. Le mot "taft" sign ifie en persan "corbeille de fruits".

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LE TEMPLE ZOROASTRIEN DE SHARTFABifD i .. i pj ~ 1 .. ,., 1 t ,.,.;,,,,,: ,I J;; Odt>J,.,.,g-37 ~ ,11 .. 1-,r .. J?sctpr / .. FIG. 52. TAFT. PLAN D'UN }:IUSAJNIY ET DTAIL D'UN KALAK rparties aux quatre angles de briques places sur un matelas de rameaux verts ') Il est juste de noter qu'un mamzad est construit proximit de cette grotte et que le rapprochement entre les pratiques extrieures des deux cultes s'en fait d'autant mieux sentir. Il ne serait donc pas tmraire de croire que parmi les lmamzads jalonnant le pays certains prirent la place de monuments plus anciens. 11 y eut adaptation et non rupture de tradition. De cela, dans le mme village; nous trouvons deux excellentes confirmations. La premire est donne par une ruine ( mi-chemin entre Yazd et Taft, sur le bord de la piste) que nous datons de la priode muzaffaride et o les derviches aimaient se runir, bien que cet endroit ft frquent par les adeptes de l'autre religion et le soit en'A quelques kilomtres de Taft, dans la montagne, existent d'autres grottes, trs tendues, d'accs difficile et que nous n'avons pas eu le loisir de visiter. 88

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LE TEMPLE ZOROASTRIEN DE SHARlFABD FIG. 53. TAFT. KALAK CLICH M. SIROUX core. La seconde, plus probante encore, nous est fournie par les l:fusainys. ') On a la surprise, Taft de trouver en plein centre de ces pieux enclos de rels autels du feu Nous avons vu quatre de ces dicules, tous presque iden tiques et que l'on nomme des kalaks (fig. 52 et 5 3). Hauts de deux mtres environ, ils se composent d'une table suprieure porte par un puissant socle octogonal dont chaque face est creuse d'une niche simple ou divise en deux sections. Le soir du jour de deuil les fidles embrasent ces monuments en dposant des tisons dans les coupelles mnages au milieu du plateau sup rieur ainsi que dans les niches et, cette occasion, extriorisent leur douleur par une ronde sacre autour de cette torche monumentale En fait, si certains tombeaux et mamzads voquent parfaitement les cahaqa~s primitifs, ce qui est peut-tre une simple concidence car dans un pays de votes comme l'Iran l'ide de construire une coupole sur quatre arcs vient d'elle-mme l'esprit, il est bien plus curieux de constater, comme dans le dernier cas cit, une adaptation aussi indniable T eheran, Fvrier 1 9 3 8 Maxime Siroux J Les J:lusainiys enceintes thatrales o l'on commmore, la fin du Ramac;lan, le meurtre des Alides, existent dans tout l'Iran mais les plus imposants et les plus vastes se rencontrent dans la province de Yazd

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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKAIKA'OS

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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKAIKA'US La vaste plaine alluviale qui, de ~azwn, s'tend sans interruption jusqu' Waramn, est nettement dfinie par deux barrires montagneuses. L'une, au nord, la grande chaine de l' Alburz, est le rservoir providentiel qui assure la fertilit de toute la rgion. L'autre, modeste hrissement rocheux, spare la plaine des mamelons argileux et striles qui se prolongent fort loin au Sud. Cette longue bande, dont la largeur moyenne est de 3 o km,') copieusement irrigue, a t depuis une haute antiquit trs habite. Nombreuses y sont les agglomrations et apparents les vestiges d'anciens groupements humains. Au nord comme au sud, en lisire des terres arables, couraient les voies de communication. Elles existent encore et c'est en les suivant qu'on a le plus de chance de trouver les traces d'anciens monuments. Fait explicable pour chaque poque d'abord parce que la frquentation des monuments construits dans les znes de circulation s'en trouvait facilite et aussi parce que, dominant la plaine, leur silhouette s'imposait mieux aux populations agricoles. 2 ) TakhtRustam a dj t succinctement prsent par Mr le Professeur Herzfeldi) mais, l'intrt de ce site tant de premier ordre, il n'est pas inutile d'en donner une analyse plus dtaille Vu de Teheran, l'horizon Sud est born par la faible chaine que nous avons situe plus haut. De ces crtes molles se dtache distinctement un cne trs rgulier (ait 1 2 80 m) et distant, vol d'oiseau, de quelque 5 o km de la ville: c'est TakhtRustam. Sa forme rgulire n'est point dmentie si l'on s'approche (fig. 5 4): on constate seulement que la base, avant de rejoindre le niveau de la plaine (ait. 1080 m), pousse au nord un prolongement en forme de patte J. Carte des environs de Tcheran de A F. Stahl. Gotha 1900. 2 Pour la priode ssnide en particulier on relve les noms d'Atefil!gird et Atefil!gh au nord, prs de Karagj, de TakhtRustam et TakhtKaik's au sud, d'Atefil!gh l'est, prs de Khr Si l'on tient compte de trs nombreux lieux-dits, quelquefois signals par des ruines informes ~al' Dukhtar et ~al' Gabri, on doit convenir que les monuments sasanides ou zoroastriens s'levaient souvent sur les pourtours de la plaine. J Archaeolo5ical Hi,tory of lra11. p. 88 et Reisebericht dans Z D.M.G. 1926. p. 232-3. 93

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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKAIKA"QS ==""' 'W,;,,,, iv:,.,, ,,,,, 111-S-11c.'t,t. FIG. 54. TA!SJjTRUSTAM. VUE GNRALE TAKMT .IWU.5Tl1 JJL//tV D' .l15L/1tJLt I l!CH ~LL~ }qooo .. r r r 7 r e r -FIG. 55. TAKHTRUSTAM. PLAN D'ENSEMBLE 94

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TAKHTRUSTA,H ET TAKHTKAIKA'lS cl' oie (ait. 1 175 m). Cne et base sont constitus par de forts plissements rocheux recouverts de produits d'altration.') Les amnagements humains sont les suivants: la base une terrasse et un petit monument, au sommet une double terrasse (fig. 5 5). La plateforme, construite exactement la base du cne proprement dit, domine la plaine de 9 5 ,oo m. C'est un plateau de forme trapzodale dont les cts mesurent de 2 2 ,oo m 2 3, 7 5 m et dont les angles sont orients suivant les points cardinaux La face suprieure en est sensiblement horizontale (fig. 5 6). Cette terrasse est en fait un immense bloc de maonnerie, entirement massif et, comme le sol sur lequel il repose prsente des dclivits prononces, les parois latrales s'lvent une hauteur apprciable (L'angle nord se trouve 7, 2 5 m au dessus du sol). Les chercheurs de trsors ayant creus plusieurs mines, certaines trs audacieuses, il est ais de s'assurer de la parfaite homo gnit des moyens de construction. Ils prouvent que l'on a dsir difier solidement et pour longtemps Le blocage est constitu par couches rgulires de 0,80 m de hauteur, com prenant en moyenne 4 assises. Le matriau est form par des plaques de roches dlites naturellement en moellons artes franches. Le mortier employ est un pltre trs rsistant qui semble agglutin par un liant particulier. 2 ) En paroi comme l'intrieur du massif, la maonnerie a t excute avec le mme soin. Il est probable qu'prs la pose de chaque couche et avant de continuer les travaux on laissait pendant un certain temps la maonnerie se tasser. Les parois n'taient pas verticales mais l' grement en talus. Elles taient en outre enduites d'un stuc pais pos par bandes horizontales de 0 ,80 m de hauteur et de bas en haut, de telle sorte que chaque bande recouvre lgrement celle qui lui est infrieure Fort heureusement ce revtement subsiste sur la face N E. (fig. 57). Le rebord suprieur de la terrasse tant endommag, on ne peut savoir si une corniche ou un entablement couronnait les parois On 1. D'aprs les chantillons rapports, Mr le Dr K o ch, professeur .. l'Universit d.: Teher.n a bie n v oulu nous donner les renseignements suivants. La colline de TakhtRustam est forme d'une roche porphyrique dont les fissures et les cavits sont combles par du jaspe roug e lequel est travers de veinules de quartz. On trouve aussi Takht Rustam de la m a lachite (produit d'altration du cuivre) et des agates de diffrentes couleurs. La colline de Takht Kaika's est forme d'une roche porphyrique traverse de v e ine s e t veinule s de jas p e rouge et de quartz i. Le gyp s e a t calcin proximit immdiate du Takht. 95

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IJLl/!V. TAKHTRUSTAM ET TAKHTKAIKA'[lS ,__ ______ "' ----------, ,.,. \ 1... .., 1 >-----------"'-P--------------4 TAC'E .JVOE.ST M S irov.1 FIG. 56. TAKHT RUSTAM PLAN DE LA PLATEFORME INFRIEURE 96

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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKATKA'US -~7 j J J 1 1 FIG. 57. TAKHTRUSTAM LE REVTEMENT DE LA PAROI N.E. DE LA TERRASSE INFRIEURE 7 97

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TAKIJ.TRUSTAM ET TAKHTKAIKA'OS FIG. 58. TAKHT RUSTAM. LE PETIT MONUMENT VOISIN DE LA TERRASSE INFRIEURE CLICH M SIROUX remarque seulement que la dernire assise est forme de moellons plus gros. La terrasse est hrisse de deux saillies rocheuses (formant crte du promon toir) soigneusement conserves par les constructeurs. L'espace compris entre ces saillies forme un chemin d'accs qui, son extrmit suprieure, s'~vase en un petit cirque limit au N.E. par un muret. Au droit de cet accs naturel et distant de la terrasse d'une quinzaine de mtres, s'lve, presque intact, un petit monument. Il se compose essentielle ment d'une pice couverte ouvrant sur un espace entour de deux murs. Les matriaux employs sont les mmes que pour la terrasse voisine: moellons naturels pris sur place et mortier de pltre (fig. 56, 58, 59). La pice couverte, trs basse, car elle ne mesure que 2, 3 8 m au sommet intrieur de la coupole, est perce de deux ouvertures. L'une, porte d'accs, haute de 1,65 m, s'achve par un curieux arc en lance arrondie qui ne rappelle en rien les formes islamiques. Cet arc vient en pntration dans la couverture. La deuxime baie est une ouverture fort basse, en plein cintre, et dont trois grosses pierres forment les claveaux. Il est peu probable que ce soit une porte (fig. 60). Elle ne se trouve pas dans l'axe du local et, de mme que pour la 98

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ATHARIRAN ANNALES DU SERVICE ARCHOLOGIQUE DE L 'IRAN PAGE 99 This page is not available

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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKAIKA'US vot mais recevait tout au plus un solivage, peut tre saisonnier. En effet le ct Est n'est pas ruin. Il n'a jamais exist, car nul arrachement n'est visible dans la maonnerie et aucun boulis d'importance ne signale l'existence d une vote. C'tait donc un simple wan ou porche destin protger l'entre de la salle coupole contre les vents
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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKAIKA'US endroits il est taill dans le roc et a t amnag. Des restes de murs de soutne ment sont nombreux. Tout le sommet est indu dans deux terrasses superposes, pousant les contours du rocher et de forme gnrale triangulaire. La terrasse suprieure sert de base une sorte de pain de sucre dont il reste heureusement un gros fragment (fig. 6 1 ). La construction de ces divers lments, quoique moins soigne, est exacte ment de la mme famille que celle de la plateforme analyse plus haut. Les matriaux, bien entendu pris pied d' uvre, sont lis l'aide d'un copieux mortier de pltre. Cette maonnerie s'appuie directement sur le rocher, trs fissur, et non sur des blocs (fig. 6 2 ). Les parois des terrasses prsentent galement un fruit trs marqu (hauteur = 1 ,oo m 6,oo m, suivant les endroits). ~ant au bizarre arrangement du sommet, qui a t la raison d'tre de l'en semble, il tait, lui aussi compos d'un blocage puissant, dont la surface a t rendue parfaitement rgulire par l'emploi d'un enduit de stuc liss trs pais et le recouvrant entirement. C'est au Sud que le sentier d'accs atteignait la premire paroi et l'on note qu'en cet endroit le rocher forme une arte vive qui gagne le sommet. Cette arte est, sur toute sa longueur, parcourue par une rainure profonde d'un mtre qui forme un escalier naturel par o l'on parvient aux terrasses et au piton final. Bien que les parois Sud des terrasses soient trs abimes l'Ouest par les pluies et les vents dominants, on en relve des traces suffisantes. Par contre elles sont partout ailleurs en bon tat de conservation (fig. 6 3 ). Les dimensions gnrales de l'ensemble sont 30,00 m x 30,00 m. (Voir le plan).') La plateforme trapzodale, l'dicule voisin et les amnagements du sommet sont de mme nature et insparables. L'dicule est une annexe difie pour les crmonies qui se droulaient soit dans son voisinage, soit au sommet. Ce petit monument permet de dater tout l'ensemble. Par ses caractristiques, mode de construction, trac de la vote et des portes, il appartient l'poque ss nide. J. A trente mtres l'ouest des terrasses et en contrebas on remarque les ruines informes de deux murs parallles. Sans doute un abri s'levait cette place, adoss au rocher. Les boulis des murs comprennent une forte pro portion de pltras 102

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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKAIKA'US FIG. 62. TAKHTRUSTAM. LE SOUBASSEMENT DU PLATEAU SUPRIEUR CLICH FRANK!

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/ !f.S. Yve E.sr. FIG. 63. TAKHTRUSTAM AMNAGEMENTS SUPRIEURS ,_ A p L.. A 1 n.m l1. 5i.rovx I 04 FIG. 64. TAKHTKAIKA'OS CROQ!.l!S DE SITUATION

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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKAJK.f'S FIG. 65. TAKHTKAIKA'OS VUE SUD CLICH M SIROUX La destination des constructions de TakhtRustam n'est pas douteuse, les payans du village voisin conservant la tradition orale des brasiers maudits qui le soir y brillaient. Et de fait comme l'tat de conservation en est assez bon, les zoroastriens durent le frquenter pendant plusieurs sicles aprs la con qute arabe Le feu tait pendant le jour conserv dans le rduit et le soir ramin l'ex trieur. On l'exposait aJors soit sur l'esplanade proche, au milieu du petit cirque rocheux, ou tout au sommet. De ce dernier lieu la vue embrasse une tendue utile de 1 50 km. Ce merveilleux observatoire est un site idal pour des crmonies o n'tait peut-tre admis que le clerg. Par contre la grande plateforme infrieure, plus accessible, tait assez vaste pour recevoir une assis tance relativement considrable (400 personnes environ). L'aspect gnral de TakhtRustam est celui de nombre d'autres monu ments ou hauts-lieux comme la plupart des religions antiques en connurent. TakhtKaika's se trouve un peu plus l'Ouest, d'une douzaine de kilomtres. L'endroit, croyons-nous n'a jamais t dcrit. C'est une rplique de TakhtRustam mais moins importante.

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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKATKA'US FIG. 66. TAKHTKAIKA'OS ANGLE OUEST CLICH M. SIROUX Le site comprend trois monuments, tous placs sur ou au pied d'une colline haute de I oo mtres environ qui s'avance en peron dans la plaine. Un ruis seau serpente au pied des roches et arrose un curieux village fortifi et ses cultures (fig. 64-66). Au sommet de la colline, qui s lve pic au dessus de la plaine se trouve une plateforme trapzodale dont les cts mesurent respectivement I o, 1 1, 8 et 1 1 mtres. L'accs se fait par un large sentier creus dans le roc et qui aboutit au Sud de la plateforme. Celle-ci est forme d'un blocage de moellons pris sur place et lis au pltre Par endroits le rocher affleure mais au centre il est aplani (fig. 67) Au pied de la colline se trouve une petite construction appele le cahaqa~ par les habitants Son plan est carr (extrieurement, 4,90 m x 4,90 m) et elle s'ouvre au Nord par une baie de 2, 30 m de largeur Sur les deux autres faces sont mnages deux meurtrires de o 18 met de o, 2 2 m de largeur (fig. 68-69). Les murs, larges de 0,77 met hauts de 1, 30, m, sont fort bien construits en moellons lis au pltre La vote a totalement disparu sauf en deux de ses angles Elle tait exactement du type de celle de TakhtRustam mais elle 106

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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKA1Kif'S ------, ..... -----. ,... .. ~,..,,,,,,_.,.,.,,.,,,. FIG. 67. TAKHTKAIKA'OS. LA PLATEFORME FIG. 68. TAKHTKAIKA'OS. LE CAHAR-TA~ .,..,,.;,,,,/ t,?..,...,,f~I /'1.;J, .,,,., ..

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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKAIKA'US FIG. 69. TAKHTKAIKA' OS. LE CAHAR-TA~ CLICH M SIROUX tait construite en briques et passait insensiblement du plan carr la forme sphrique. A cet effet les briques des angles ont subi une taille spciale (fig. 70). La porte devait tre couverte par un arc surbaiss en briques entrant pn tration dans la coupole. L'emplacement de cette porte a t fix au N.E., de telle faon que les rayons solaires ne pouvaient s'y introduire Le mode de construction et le nom de cet difice le classent dans l'poque sasanide, mais on doit remarquer que le mot cahaqa~ ne lui a t attribu que par extension Ce n'est pas en effet un pavillon ouvert sur ses quatre faces mais c'est cependant un difice religieux. Le feu y tait non pas expos mais conserv le lieu rel des crmonies tant la plateforme. Le sentier qui y menait passait prs du cahar-ta~. Le troisime monument de l'endroit est un mamzad musulman dont la dernire restauration, toute rcente, a modifi l'aspect. On ne peut discerner 108

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1'AKHTRUSTAM ET TAKHTKAIKA'US FIG. 70. TAK_l:::!TKAIKA'OS. DTAIL DE LA CONSTRUCTION DU CAHAR-TAis: CLICH M SIROUX

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TAKHTRUSTAM ET TAKHTKAIKA'US clairement l'poque initiale de sa construction La prsence de cet lmmzd atteste la ferveur traditionnelle dont jouit le site.') En rsum TakhtRustam et TakhtKaika's offrent de grandes analogies Le premier semble le plus ancien et le plus important sa configuration unique en faisant le signal religieux d'une vaste rgion. Le second parat avoir t plus spcialement construit pour rpondre aux besoins du culte des hameaux vmsms. Tehern, 18 Fvrier 19 3 8. Maxime Siroux I. Sans dou te S ir Percy Lorraine qui a presqu e certai n e ment vi s it ce si t e l"a -t-il e nsui'.e co nfondu ave c Ta!<._htRustam. C ec i exp liquerait pourquoi Mr l e professeur Herzfeld signale en ce dernier lieu l a prsence d un lmamzad. La ruine la plus pro c h e de TakhtRustam est celle de l'Im a mzad Cehel Dukhteran situ 1,5 km environ et l'est. C'est un monument de l'poque mongole dont il n e subsiste que l a base. II 0

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LE ~AL' DUKHTAR DE ~UMM

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LE l):AL' DUKHTAR DE l):UMM Ce petit monument s'lve 1 500 mtres environ l'Ouest de la ville, sur une colline qui s'tale entre la route de Sulranabad et la rivire. De cette hauteur on domine la plaine trs fertile qui entoure la ville et le regard distingue au loin ses principales voies d'accs. Le voyageur averti venant de Teheran, de Kashan ou d'l~fahan n'prouve aucune difficult dcouvrir les restes de cet difice (fig. 7 1 ). La colline, qui a support des installations fort anciennes, prhistoriques, comme de nombreux tessons en tmoignent, est compose d argile friable et de bancs de gypse, formation frquente pour toutes les hauteurs voisines. Un tel sol, peu consistant, devait avec le temps causer la ruine du monument, qui ..._ __ _.,o_o __ .....;2:....o_o __ _.300 FIG. 71. ~UMM. ~AL' DUKt!TAR. CROQUIS DE SITUATION

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s ec,-,SL.'-S LAN ,, C'OvPe. LE ~AL' DUKHTAR DE ~UMM i -&,b_~-------,-~-------, ,.,,1 1 -1---1 '\I 1 / f ';-'~ COUP!!: A-B. 1 1 1 1 1 1 1 ~1:~ '(,. & _B .. A;., .. 1 1 1 r-----, 1 1 1 1 1 1 l_ ____ ~_l_ 1 FIG. 72. ~UMM. PLAN DU ~AL' DUKHTAR comportait une salle ouverte communiquant par un petit couloir avec une pice close (fig. 7 2). ') La salle ouverte, dont les dimensions entre points d'appui sont de 5 3 o m x 5 1 8 m, prenait vue au Sud-Est et au Nord-Est par deux arcades dgages. Les deux autres, voiles, sont seulement perces au N .O. par une baie de 1 ,40 m 1. Les environs de ~umm sont, par suite de la nature du sol, en constante transformation Par le ruiselle ment les collines s'amenuisent et la plaine se remblaie. J'ai constat lors de la construction du lyce, la prsence de tessons vernisss 4,00 m sous le sol actuel. Ces dbris, qui dataient au plus tt du Vllme sicle de !'Hgire, taient inclus dans une couche d'argile alluviale rc ente de 14 ,00 m d'paisseur I 14

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LE ~AL' DUKHTAR DE ~UMM FIG. 73. ~UMM. ~AL' DUKHTAR. LE PORCHE CLICH M. SIROUX ouvrant sur un porche mnag entre les deux piles adjacentes (fig. 7 3 ), et au S.O. par une porte de 1, 3 5 m qui donne accs au couloir (fig. 7 4). Les trois piles intactes mesurent 2, 3 o m x 2, 3 o m. Celle qui a disparu devait, logiquement, avoir les mmes dimensions. Les ruines, dans leur tat actuel, indiquent encore bien le mode de construction: les piles de la salle principale taient soit jetes sur l'affleurement des roches de gypse, soit assises sur un empattement double retrait (N et E.). Les murs sont fonds de la mme faon. Jusqu' la hauteur de 2,00 m, piles et murs sont en moellons calcaires d grossis, poss par assises rgulires de o, 20 m et lis au mortier de pltre A partir de 2 ,oo m on remarque un changement dans le mode de construction. Pour deux des piles de la salle ouverte l'appareil de moellon est remplac par des lits de briques') d'une seule paisseur (voir croquis), qui montent verticale ment jusqu' 2,80 m, dpart des arcs. Cependant le blocage de moellons continue derrire ces briques (garnissage des reins). Dans ce blocage taient noys des liens en bois. Les quatre grands arcs taient de 2, 3 o m de largeur. Les deux arcs libres, si l'on en juge par leur naissance, furent construits en briques, 1. Dimensions de ces briques: 0,23 m X 0,05 m. I I 5

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LE ~AL' DUKHTAR DE ~UMM FIG. 74. ~UMM. ~AL' DUK!::ITAR. LA PORTE D'ACCS AU COULOIR CLICH M, SIROUX

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LE ~AL' DUKHTAR DE ~UMM mais les deux autres, qui taient soutenus par des murs, pouvaient tre clavs en pierres. Le blocage des tympans est un opus incertum de petite dimension. Dans la petite pice voisine la maonnerie monte rgulirement jusqu'a la hauteur de 2 ,oo m, o apparait un retrait de o, 1 o m au dessus duquel la maonnerie devient, comme pour les typans, un opus incertum de faible dimension. Le votage des portes a disparu mais on remarque 2,00 m de hauteur, dans l'embrasure de la porte du couloir, quelques rangs de briques, sommier d'un arc ruin. Il est peu prs certain que la coupole de la salle ouverte tait en brique car il eut t illogique de rserver l'emploi de ce matriau commode la seule construction de certains arcs. Nanmoins rien ne permet de supposer le trac des arcs, des trompillons et de coupole. L'tat actuel du monument montre les traces apparentes de deux enduits superposs, l'un, pais de trois centimtres, qui date de la construction primi tive et l'autre, lger, qui est relativement rcent. Ceci indique qu'il y eut remploi.') L'existence de ces deux enduits empche de dterminer le mode de couverture ancien de la petite pice et du couloir. En effet les murs de ces locaux tant minces, o, 70 m d'paisseur, la couverture pouvait aussi bien tre une terrasse sur rondins en bois qu'une vote lgre prenant appui sur le retrait signal plus haut mais dont les reins auraient t fortement chargs. Il n'est point impossible que cette petite pice, vote l'origine, ait t pla fonne lors d'une restauration postrieure car l'enduit, qui est dat, est iden tique au dessus et au dessous du retrait. Sur les parois du couloir l'enduit primitif pais a t jet d'une seule venue depuis le sol jusqu' l'arase actuelle (3 ,06 m), mais 2 ,oo m de hauteur on remarque sur les deux grandes parois les traces d'un bandeau s'achevant chaque extrmit par deux arcs surbaisss, de o, 3 o m de flche. Bandeaux et arcs ne sont pas une dcoration, comme on pourrait le croire premire vue car les empreintes de la main du maon ont parfois l'apparence de palmettes, mais l'appui d'une vote lgre, sorte de I. Une inscription fort endommage, grave dans la petite pice, sous le retrait, porte le nom de 'Ali Ric_l et la date de 1121 H. Il est possible qu'on ait rpar l'difice cette po~ue en vue de l'utiliser comme oratoire musulman. Son abandon dfinitif n'eut lieu que plus tard, lorsque l'~ffondrement du terrain rendit inutile toute consolidation C'est sans doute aprs cet effondrement que l'on btit l'Immzd actuel, au pied de la colline. I I 7

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LE ~AL' DUKHTAR DE ~UMM faux-plafond datant de l'poque du remploi, comme tendraient le prouver d anciens grafitti visibles au dessous du bandeau. Citons encore quelques particularits du monument Le mur N O. de la salle close porte les traces d'un conduit vertical de section ovode et la base de la paroi S.O. laisse apparatre deux retours angles droits, derniers vestiges d'une porte ou d'une niche. Les pidroits arrachs de la porte de la salle ouverte prsentent deux videments oblongs, traces de bois employs comme chai nage Enfin les sols taient forms d'un stuc pais pos sur un lit de galets et dj not au ~al' Dukhtar de Shahristanek. La technique gnrale de cette construction est sasanide mais de basse poque. ~ant sa destination, si l'on en juge de sa situation, elle peut avoir t religieuse ou militaire. Dans ce dernier cas on ne s'expliquerait gure l'uti lisation de la salle ouverte car de gros murs percs de petites baies et un accs plus difficile eussent mieux convenu la dfense. Par contre nous retrouvons l les particularits d un difice zoroastrien grande visibilit pour la salle bel vdre qui abritait les crmonies et rduit obscur pour la conservation du feu FIG. 75. IMAMZADS AU S E. DE ~UMM CLICH M SIROUX II 8

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LE tAL' DUKHTAR DE tUMM FIG. 76. PETIT MONUMENT PRS DE SHIRAZ CLICH M. SIROUX

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LE ~AL' DUKHTAR DE ~UMM sacr. Le soin avec lequel cette pice a t isole est remarquable Le couloir tant une vritable chicane, les portes ne se trouvent pas sur un mme axe et empchent ainsi la pntration des rayons solaires. Il se peut que le conduit ovode qui se trouve dans la pice ait servi canaliser les fumes, car ce n'est certainement pas la trace d un bois de chainage. Notons enfin la proximit de la rivire, facilitant les ablutions rituelles. Ce n'tait point l, croyonsnous, une simple chapelle mais un petit sanctuaire. L'absence d'annexes s'explique par le voisinage de la ville qui rendait ais le dplacement des prtres. Sans doute l'endroit vnr resta-t-il longtemps intact, car il devait tre en assez bon tat pour qu'on ait song, une poque relativement rcente, le rparer et l'utiliser nouveau. Sa ruine dfinitive fut seulement cause par un accident gologique invitable dont le renouvelle ment certain fera disparatre les derniers pans de murs. APPENDICE La tradition veut que de nombreux ateshgahs aient ceintur la ville de ~umm, qui a toujours t un nud important de communications. Au Sud Est, sur une haute crte rocheuse, s'lvent deux modestes mamzads. L'un d'eux, fort ancien, est une simple salle ronde, cnique extrieurement, dont la lgende a fait le tombeau d'un frre du prophte Elie. Ce petit dicule a reu l'adjonction rcente de deux pices de style ~agjar. L'autre est un gunbad de l'poque mongole (fig. 75). On accde ce haut-lieu par un escalier form de larges dalles d'albtre. A Shiraz on appelle encore ate~hgah un petit monument qui se dresse au nord de la ville, sur une crte proche de la porte du ~or'an (fig. 76). L ayant visit nous avons constat que le dme et la partie suprieure des arcs sont tout au plus de l'poque safawide. Par contre les bases des piles semblent plus anciennes et reposent sur un roc aplani et vid. Le bassin ainsi constitu occupe toute la surface intrieure du pavillon Peut tre est-ce une pyre en plein air qui, par la suite, a support une construction islamique La lgende se vrifierait alors et serait encore une preuve de la permanence de l'utilisation des hauts-lieux. Janvier 1 9 3 8 Maxime Siroux 120

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LE ~AL' DUKHTAR DE SHAHRESTANEK

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LE ~AL' DUKHTAR DE SHAHREST ANEK Ce petit difice est construit sur une crte schisteuse dominant le col de Shah restanek. Ce col, encore trs usit par les caravanes muletires est le point culminant d'une voie de rocade fort importante qui, joignant directement les valles de Qjagjerd et de Karagj, permet au voyageur venant du Mazandaran de gagner rapidement la plaine de Waramn (fig. 77 et 78) L'emplacement du monument n'a pas t le fait du hasard: de cet endroit on domine quatre valles et l'on distingue parfaitement les principales cimes de l' Alburz, en particulier celle du Tawcal. ') Son altitude (3 1 20 m) est de 3 2 2 mtres suprieure celle du col, celui-ci s'levant 682 mtres au dessus du village de Ahar (7 km l'Est) et 802 mtres au dessus de Shahrestanek (6 km l'Ouest). 2 3 ,~"" 1 100'000 ...,.~"t., .... "-! '\. ~. -~ \, FIG. 77. SHAHRESTANEK. CROQUIS DE SITUATION I. Voir la carte des environs de Teheran de A. F. Stahl. I 2 3

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LE ~AL' DUKHTAR DE SHAHRESTANEK -------,., lflt MJ ,...-c", FIG. 78. SHAHRESTANEK. CROQUIS DE SITUATION ~elques lgendes, naturellement, expliquent ces ruines. L'une, assez com mune, veut qu'une princesse brouille avec ses parents se soit retire avec son frre en cet endroit ingrat pour y difier ce ~al'. ') Celui-ci, ajoute-t-on, est de pierre et solidement maonn au moyen d'un mortier de lait de mouton, ou encore au moyen d'un stuc compos de coton, d' uf et de chaux. Une autre lgende y voit un chteau lev par les troupes d'Iskandar (Alexandre) Enfin certains l'appellent ~al' Mader-Dukhtar, le chteau de la mre-fille. Le site, continuellement balay par des vents froids et violents, n'est pas accueillant. L'accs en est pnible, voire dangereux, car la seule faon d'y parvenir est de se cramponner depuis le col des boulis sans aucune consis tance, ce qui n'enlve rien, au contraire, la majest du lieu, qui est grande. L'difice est fort simple Il se compose de deux pices votes en berceau ovode et donnant sur un couloir perc d'une large baie qui domine le col (fig. 79). Cette baie devait tre l'unique moyen d'accs du btiment, comme semble en tmoigner une chancrure dans le rocher sous-jacent. Les pices mesurent 3, 15 m X 4,60 m, et 2,60 m x 4 ,60 m, le couloir est large de 2 ,00 m et le vide de l'ouverture sud de 3, 5 o m. Les dimensions totales extrieures J. Cette rgion de l'Alburz abrite quelques ~al's Dukhtar qui sont gnralement les ruines informes de fortins en pis, parfois aussi les restes de forts mongols O!:ielquefois le nom seul est demeur, ainsi ~h~al' Dukhtar, chaine rocheuse quelques kilomtres au nord de Shahrestanek Le nom de ~al Dukhtar est une appellation courante qui s'applique aux ruines les plus diverses de l'Iran. 124

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/ LE ~AL' DUKHTAR DE SHAHRESTANEK __ _..__ ______ 7 1 1 -,---1 1 1 1 1./cHLL.E /toi.AH/ ,J "' ... & i 1 1 1 f -"1--1 i i-CH~"-L /tzn'A1tlNI ('tJll~O/ 1 t t 1 l f J, rr/.~ I, ,.,.,7 M .,ovx. FIG. 79. PLAN DE L'DIFICE DE SHAHRESTANEK I 2 5

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LE ~AL' DUKHTAR DE SHAHRESTANEK sont de 10,95 m x9,90 m. Le principal intrt du monument rside dans sa construction heureusement trs visible. Les murs et une vote sont encore intacts. Le processus fut le suivant: d'abord dification d'une terrasse plane rachetant une dclivit prononce vers le Nord. Cette terrasse, haute de 1 ,80 m vers le Nord, affieure le rocher au Sud et s'y accroche. Elle est compose d'un blocage trs compact fait au mortier de pltre. Ces mmes matriaux sont uniquement employs pour les murs et pour les votes. Les murs furent con struits indpendamment les uns des autres, sans aucune liaison et dans l'ordre suivant: d'abord parois Est, Ouest et mur mdian, sur lesquels furent jetes les votes des deux pices, puis murs Nord, Sud et refend du couloir, dont la vote fut jete ensuite. De curieuses particularits permettent d'affirmer cet ordre. Le bois fut en effet employ profusion, soit comme coffrage, soit comme cintrage. Les traces en sont restes: quatre rondins subsistent et les autres ont laiss leurs empreintes. Le mur mdian, entre les deux pices, est un mur coffr jusqu' la naissance des votes. Les traces de planches sont visibles sur les deux faces et le stuc qui a servi ce "btonnage" se retourne net sur les petites faces Sud et Nord de ce mur. La paroi Sud et le mur de refend ont donc t difis aprs coup (fig. 80). De mme les murs Est et Ouest ont t coffrs au moins intrieurement, comme le montre la figure 8 1 Les votes ovodes, en blocage, ont t jetes sur des cintres en bois trs puissants, eux-mmes supports par un chafaudage ingnieux. Dans chaque pice, et dans le couloir, la naissance des votes est en saillie de 0,06 m sur le nu des murs et dans les pices, au niveau et non au dessous de cette naissance, existe sur chaque paroi trois cavits de 0,20 m de diamtre, empreinte exacte des rondins qui, enjambant le vide, avaient support les cintres et les planchers provisoires. Ces indications permettent de tenter la reconstitution de tout le systme de boisage (fig. 82). Constatons encore que sur toutes ces planches avait t pos un stuc pais, d'une solidit remarquable (d'o les lgendes rapportes plus haut), sur lequel le blocage fut maonn. La porte de la pice Ouest laisse voir ses quatre bois de cintrage, qui ont t simplement tranchs au ras de la maonnerie avant l'excution del' enduit intrieur Du ct de la pice l'arc de cette vote tait doubl d'une archivolte de o, 20 m de largeur et o, 1 o m de profondeur, obtenue par le cintrage et peut-tre dcore. 126

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LE J:;.AL DUK!iTAR DE SHAHREST.NEK FIG. 80. SHAHRESTANEK. VUE N .E. CLICH M. SIROUX

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128 LE ~AL' DUKHTAR DE SHAHRESTANEK FIG. 81. SHAHRESTANEK. TRACES D E COFFRAGE CLICH M SIROUX

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:-9 LE ~AL' DUKHTAR DE SHAHRESTANEK .----------------. 1 1 1 1 ,,.s.,, 1'1.Siro111t FIG. 82. f::lAHRESTANEK. ESSAI DE RESTITUTION DU BOISAGE \

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LE ~AL' DUKHTAR DE SHAHRESTANEK FIG. 8J. SHAHRESTANEK. FACE OUEST CLICH M SIROUX Dans le couloir, o un dpart de vote est visible le procd fut le mme. La porte d'accs de ce couloir tait coffre et cintre, si l'on en juge par les traces. Le constructeur, en somme, a eu plus confiance en la qualit du mortier qu'en celle des moellons qui, pris sur le sol mme, sont des plaques schisteuses peu paisses et se dlitant facilement Sans doute cette dernire particularit est-elle cause de l'appareil "en arte de poisson" qui est nettement visible dans les murs Est et Ouest. Les blocs sont poss par assises alternativement inclines (fig. 84). ') Le monument tait-il dcor? On ne saurait le dire. Cependant un fragment de moulure d'angle, de section carre, qui se trouve dans le couloir et l'archi volte cite plus haut le laissent supposer. Il est au moins probable qu' intrieure ment le monument tait correctement enduit d'un pltrage fin. Les sols intrieurs, presque intacts, sont forms d'une couche paisse de stuc (4 5 centimtres) pose sur la plateforme de fondation L'accs se faisait 1. Cet appareil est encore employ de nos jours dans certains villages de montagne 130

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LE tAL' DUKlfTAR FIG. 84. StlAHRESTANEK. DTAIL DE L'APPAREILLAGE CLICH M. SIROUX

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LE ~AL' DUKHTAR DE SHAHRESTANEK par la grande baie Sud dont le sol, en dclivit de 4 5 degrs, laisse apparatre quelques dalles, restes d'un emmarchement disparu L ensemble des diffrentes pices tait couvert en terrasse Les reins de la vote subsistante sont en effet combls jusqu'au niveau suprieur de l'arc L aussi le travail des maons fut facilit par l'emploi d'un plancher provisoire en encorbellement. Les cavits dans lesquelles furent engags les corbeaux sont au nombre de trois dans la paroi extrieure Est. Sans doute pendant de longs sicles ce petit monument se dressa-t-il complet, mais l'ingniosit dont on fit preuve pour l'difier causa sa ruine En pourissant les moignons des bois d'chafaudage, trop bien scells provoqurent de dan gereuses fissures. L eau s'y infiltra, la gele fit son uvre et quelque sisme dut achever la destruction Tel quel ce }S:al' Dukhtar voque l'poque sasanide mais sa construction timide et facile, o les moyens mis en uvre sont disproportionns au but atteindre, le situerait la fin de cette poque. ~elle en fut la destination? Elle peut avoir t, si l'on considre son emplacement et le vaste panorama embrass, militaire ou religieuse Dans le premier cas cet difice solide, trs clos pour assurer une protection contre les temptes, n aurait eu qu'un accs mdiocre (une heure d ascension) depuis le col, mais la dfense de celui-ci n eut demand qu'une trs lgre fortification. Tout compte fait cette destination nous semble cependant peu probable Par contre on pourrait lui assigner le rle de signal mais l'explication la plus sduisante serait d'y voir un des nombreux pet i ts sanctuaires zoroastriens qui parsemaient le pays. Peut tre le feu sacr, soigneusement entretenu dans une des deux cellules prserv de la lumire diurne, tait-il, la tombe du jour, expos devant ou sur l'difice d'o son vif clat tait peru par les villages montagnards et les ptres isols sur les sommets. Maxime Siroux

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PETIT MONUMENT SASANIDE PRS DE KAZERON

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PETIT MONUMENT SASANIDE PRS DE KAZERUN Parmi les paysages de l'Iran, l'un des plus grandioses est le panorama qui se droule du sommet du KotalPrZan (Col de la vieille femme). De cet endroit on voit la route inscrire de nombreuses sinuosits le long des pentes boises et plonger dans la valle incandescente de Kazern par le KotalDukhtar (Col de la fille).') Au dbouch de ce paysage on laisse droite une paroi rocheuse orne d'un naf relief ~a.djar (sculpt sur l'ordre de Tmr Khan) puis on traverse un marais et peu aprs le regard est attir par une muraille perce de deux baies qui se dresse environ I km de la route Son aspect ruin n'a retenu, croyons nous, l'attention d'aucun voyageur. 2 ) Le plan de l'difice est d'une simplicit extrme C'est une salle carre dont chaque face tait perce d'un arc ovode. Une coupole sur trompillons et pen dentifs l'abritait ( fig. 8 5). Une pile et deux arcs sont ruins. Les dimensions extrieures sont de 5, 3 o m x 5, 3 o m environ. Les murs sont pais de 1 ,oo m etl' ouverture des arcs mesure 2, 50 m (fig. 86). Les points d'appui sont construits en moellons dgrossis, poss par assises rgulires et lis au moyen d'un abondant mortier de pltre Cet appareil se continue l'intrieur de la maonnerie, ainsi qu'on le constate dans les arrachements Sud et Ouest. Les arcs ovodes (hauteur sous clef= 2, 40 m environ), dont l'un est intact, taient appareills au moyen des mmes moellons mais qui ne prsentent aucune taille spciale. Ils tiennent simplement par blocage au mortier de pltre, qui est d'une qualit extraordinaire dans la rgion de Kazern. Ce mode de construction suppose l'emploi d'un cintre. ~atre trompillons, jets dans les angles au dessus du niveau suprieur des grands arcs, soutenaient la coupole lis sont d'un trac timide et obtenus par la simple intersection de deux surfaces 1. C'est avant de descendre ce dernier col que l"ancienne voie quittait le trac actuel pour rejoindre la ville de Shpr en suivant une valle parallle celle de Kzern. 2. Le comte de Gobineau dut camper une nuit en ces parages mais il ne mentionne pas cette ruine Trois a11s e11 Asie. Chap. VIII 13 5

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PETIT MONUMENT SASANTDE PRS DE KAZERUN FIG. 85. KAZERON. VUE SUD-OUEST DU CAHAR-TA~ CLICH M. SIROUX __ I_ 1 1 1--i_ : 1 -L ____ J /,,,-1 ''\_, ___ -+-....,1,=.,.,,,,,,'i"-''flo,. ,.,,1;,ct / \1 r -t-r-t-+i r-----1 \~+/; L---.s :8 r--, 1 1 1 L __ 1 L ______ ::i i o o.s 1 1 3 6 FIG. 86. KAZERON. PLAN DU CAHAR-TA~ ,,so a:. e ,!Jrt.

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PETIT MONUMENT SSANIDE PRS DE KAZERON FIG. 87. KAZERON. LE TROMPILLON CLICH M. SIROUX 137

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PETIT MONUMENT SASANTDE PRS DE KAZERUN cylindriques (fig. 87). De part et d'autre de chaque trompillon deux petits pendentifs en triangle sphrique, peu prononcs, rejoignent le cercle de base de la coupole. On note galement que ces pendentifs sont en lgre saillie sur l'arc qui limite extrieurement le trompillon. De la coupole il ne reste rien; elle est totalement ruine. Nous ne savons donc si elle tait en moellons ou en briques. En tout cas elle fut difie sans liaison avec l'infrastructure et simplement pose sur elle. On remarque en effet que la maonneries' arrte net au dessus des trompillons, suivant un cercle horizontal bien tranch et sans traces d'arrachement. Ceci indique qu'il y avait ce niveau un temps d'arrt et qu'au dessus la coupole s'levait en surplomb ou en retrait. Le monument tait, semble-t-il, enduit et ses parois intrieures lisses. Par son plan cet difice est un cahaqa~. ') De nombreuses constructions du mme type existaient en Iran. C'tait probablement une chapelle destine abriter un autel du feu et sans doute autrefois entoure d'une agglomration disparue, ou encore leve dans les cultures. Comme il se dresse au milieu d'un petit cirque form de basses collines on ne pouvait le voir de trs loin et c'est pourquoi nous croyons qu'il tait un petit sanctuaire villageois, lev, comme il l'est encore, sur une plateforme en terre de trs faible relief. On ne remarque aux alentours immdiats aucun vestige d'annexes pour la conser vation du feu ou le logement des prtres. Par son mode de construction et les matriaux mis en uvre il est de la mme poque que le palais de Sarwistan. Ayant visit ces monuments deux jours d'intervalle nous avons not l'identit de l'appareillage, la similitude du clavage des arcs, du trac et des dimensions des trompillons Peut tre, comme Sarwistan, la coupole tait-elle en briques. Nous devons convenir qu' prime abord nous avons cru nous trouver en prsence d'un des quatre temples du feu cits par Tabar comme construits par Mihrnars et que Mr Herzfeld situe dans la valle, entre Kazern et Farash bend, sans donner de prcisions.') De ces temples, deux grands et deux petits, 1. Cf. E. Herzfcld. ArchaeoloBical History of Trou p. 90 et G. Salles et R. Ghirshman. Revue des Arts asiatiques. T. X. p. 120. 2 Idem. p. 91. 138

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PETIT MONUMENT S.ifS.ifNJDE PRS DE K.fZERN l'un de ces derniers serait, dit-il, celui de Farashbend, qui offre de grandes analogies avec le monument prsent ici. Indu ou non parmi ces quatre sanc tuaires (nous n'avons pu nous en assurer) il est tout de mme de la mme famille, de la mme poque et daterait du rgne de Bahram V Gr. ') Janvier r 9 3 8 Maxime Siroux 1 A. Christ e nsen. L'Iran s~11s 1es Sassanides. Cha p. VI. p. i74. 139

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i}ALABAN

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15 AL AB AN') L'une des anciennes routes de l'Iran joua, depuis la plus haute antiquit jusqu' ces dernires annes, un rle considerable: c est celle qui, passant au pied du Demawend, tablit une liaison rapide entre les bords de la mer Caspienne et le haut pays. Descendant du plateau le voyageur ctoie de nombreux prcipices, s'engage en de profondes gorges puis, au sortir de l'une d'elles, celle de Band Burid, voit la valle s'largir. L s'lve encore, bien dchu, le village carava nier de Lar. Peu aprs et presque en face, sur la rive gauche du fleuve, s'tend le site de ~alaban, puis la valle s'trangle nouveau avant d'arroser le-village de Bai.djun. Sur une pente triangulaire dont le sommet est dirig vers le Nord, s'tage une srie de terrasses En cet endroit devait se trouver une bourgade fortifie dont les dfenses taient surtout naturelles En effet la montagne et le fleuve Lar, qui constituent les deux grands cts du triangle, ainsi que le torrent qui en est la base durent pendant longtemps assurer la scurit ce lieu choisi par les hommes. Tout cet espace, parsem de tessons varis, n'est pas autre chose que le cne des alluvions dposes par le torrent, affiuent du fleuve Mentionnons encore la prsence d'une source chaude et gazeuse qui jaillit proximit, en aval, l'entre du ravin de Bai.djun (fig. 88-89). L'endroit ne mriterait pas une attention plus soutenue si l'on n'y remar quait quelques restes curieux. Comme nous le voyons sur le relev schma tique, l'ensemble des terrasses occupe la base du triangle, les terrasses suppor tent une ancienne route et l'on y trouve le soubassement d'une tour ainsi qu'un btiment allong comprenant une suite de chambres Il est difficile de dater ces ruines. Elles laissent seulement supposer que les chambres taient votes en berceau. ~ant aux murs de soutnement de ces deux terrasses, ils sont en maonnerie de pierres sches, opus incertum de blocs normes entasss les uns sur les autres. Nous avons vu en Iran deux exemples d'appareil de ce I. ~.,I.1ban est aussi appel ~al' G.,bri par les habitants du p,,ys. 1 4 3

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l):.ALABAN /NORD \ FIG. 88. ~ALABAN. CROQUIS DE SITUATION ... .., .... -.,.,,_,_ '-'o/ )1-/ 144 FIG. 89. ~ALABAN. PLAN SCHMATIQUE DU SITE

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10 a .6 C ~ALABAN 7 1 ,....._...,....-,-; 1 ~-;;:.~ -t "'-..,,,_111 ~1 Pi.AN -IVIVAV TQASSE: ;,k/e./4r,ne. mvr,./ (/~a,zrJ vovle.s re'cenles. rAC N0121}-0UE~T. "Clil.i. "f',oo O 1-2 :, 4 s-f11J. FIG. 90. ~ALABAN. LE MONUMENT LA ROCHE 145

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I;.ALABN FIG. 91. ~ALABAN. LE MONUMENT LA ROCHE CLICH M. SIROUX genre, l'un au chteau de Mala Kola) et l'autre au vaste sanctuaire de Mas gjidSulaiman 2 ) Un escalier conduit de ces terrasses une esplanade en pente douce Toutefois cet escalier est interrompu mi-hauteur par un palier qui donne accs deux terrasses dont les murs, en pierres sches galement, sont d'un appareil moyen et, semble-t-il, plus rcent Sur l'esplanade en pente douce s'lve un bizarre monument en briques crues dont les dimensions sont en plan (fig. 90), 15,75 m et 9,40 m. Il com prend essentiellement trois arcades ou wans de 2, 40 m de profondeur et dont le fond est une grosse roche. Toute la construction a t motive par cette roche dont le sommet aplani forme un plateau de 2, 5 o m de cts. On pouvait accder ce plateau par un escalier partant de la face S.E. et dont il reste des traces. Deux chambres compltaient le monument Nous bornant constater que les wans prsentent des arcs en ogive et qu'ils sont donc musulmans nous ne chercherons pas, pour le moment expliquer la destination de cette construction (fig. 9 1 ). 1. Voir l'appendice. i Voir plus loin, p. 157 et suivantes.

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A 1 1 ( .. 1-r--~1 __ ... .. .. --r\ i l .. : :1 !, ..,J i i-l L ----uq __ ---+'"'+--""-1 ii i ~;'.:. ::.::::-.:::,=-< c.:=~:= J \ ~ _,__ _________ _, .... "{. ----B Res/1/vlion. ef a.cive/ 1;.ALABAN covPe A .a. ........... z .. ,. .... Vt.LP 0//PJ/. FIG. 92. ~ALABAN. L 'AUTEL RUPESTRE -147

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1;:ALABN ~---' 1 t 1 1 FIG. 93. ~ALABAN. L'AUTEL RUPESTRE CLICH M. SIROUX Continuant descendre vers le coude de la rivire, on rencontre ensuite trois terrasses dont la dernire se termine net sur un grand foss angle droit, creus de main d'homme et sans doute pour dtourner l'eau du fleuve. Sur le bord mme de ce foss on remarque une plateforme de plan carr Deux de ses murs de soutnement existent encore, ainsi que des traces du troisime Ils taient forms de gros blocs poss sans mortier. ~ant au quatrime mur il a disparu boul, mais les pierres dont il tait fait gisent sur le talus du foss. Les dimensions de la plateforme sont d'environ 1 7 ,oo m x 1 7 oom. Le fait remarquable est qu'en son milieu s'lve un gros bloc de calcaire dur. La face suprieure de ce rocher (fig. 9 2-9 5 ) soigneusement aplanie, forme un rectangle de 1 ,60 m x 1 ,4 3 m dontles cts sont creuss d'un canal de o 2 2 m et o 2 4 m de largeur aux lvres, de o 1 2 m au fond, et profond de o, 1 5 m. Au del de ce canal, aux cts S.E. et N.E., existe une zne plane de mme niveau que le centre large de o 50 met borde d'une rainure profonde de o, 1 5 m Tout ce travail est parfaitement soign (fig. 96). ') 1. Ces rigoles semblent rpondre un but spcial, sans doute rituel.

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FIG. 94. tALABAN L'AUTEL RUPESTRE CLICH M. SIROUX FIG. 95. ~ALABAN. L 'AUTEL RUPESTRE CLICH M. SIROUX 149

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~ALABAN FIG. 96. ~ALABAN. DTAIL DE L'AUTEL RUPESTRE CLJCH M SIROUX LE.!. PYR'ES 01! PA.5ARCAIJE.S, ( /,r.kh f,; 9,rovJ J r =_i ---~[ : ,. 1 S] VVE NoM ,. ~ "2 C.5 FIG. 97. PASARGADE. LES AUTELS DU FEU

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~ALABN FIG. 98. PASARGADE. LES AUTELS DU FEU CLICH M. SIROUX On accdait cette plateforme, actuellement 1, 1 5 m au dessus du sol, par deux gradins taills dans le bloc, larges de o, 2 5 m et hauts de 0,67 m. Ils ne sont ni perpendiculaires la face S. 0 ni dans l'axe de la plateforme. L' orien tation de celle-ci semble voulue. Son grand axe tant actuellement dcal de 4 7 degrs par rapport au Nord magntique, ses angles correspondent donc peu prs aux points cardinaux. Le bloc est cass en trois tronons. Dchauss sa base par des chercheurs de trsors qui interrompirent leur travail lorsque l'quilibre de la pierre devint menaant, il fut ensuite bris par un coup de mine dont on voit encore le four neau au centre de la plateforme. Cette destruction fut probablement accomplie sous le rgne de Na~ir al-Dn Shah, lorsqu'on tenta d'amnager la piste voisine grand renfort d'explosifs. Mais heureusement le bloc se rompit en trois morceaux si francs que l'on pourrait sans difficult les rajuster. Doit-on voir en ce curieux rocher un autel du feu? Les pyres bien connus de Pasargade (fig. 97 et 98) et de Na~shRustam (fig. 3 7) sont aussi taills en pleine pierre. En ran, longtemps aprs la conqute arabe, des sanctuaires zoroastriens I 5 I

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~ALABifN continurent d'tre frquents. Au Tabaristan des dynasties sasanides purent mme se maintenir pendant un sicle et demi, conservant leurs coutumes et leur religion. JS:alaban semble tre un des derniers sanctuaires de ce temps. Le souvenir s'en est d'ailleurs conserv: C'est un }S:al' Gabri, disent les habitants du pays.'} La grandeur du site, son emplacement sur une voie frquente et la proximit de sources chaudes permettent de l'imaginer. 1 ) Il est galement admissible de reconnatre une destination rituelle au petit monument dcrit plus haut Le soin que l'on prit de donner cette roche un aspect monumental par l'adjonction des iwans, par la constrnction des petites pices attenantes (pouvant servir de dpts pour les objets du culte) i) et enfin la forme de la partie suprieure indiquent une destination spciale. D'ailleurs encore maintenant le but de cet difice est bien visible: c'est un grand pidestal sur lequel avait lieu une crmonie qui pouvait tre suivie facilement par une assistance nombreuse. L aussi, malgr l'norme diffrence des dates, je ne puis m'empcher de mettre en parallle ce monument et les pyres de Na~shRustam ou de Pasargade, dont le principe est identique et dont seules les dimensions diffrent. En rsum ces deux monuments encore inconnus mritent attention. Je n'ai dsir que les prsenter. Sans doute une tude plus approfondie permettrait elle d'en tirer des conclusions moins sommaires. ~'il me soit encore permis d'ajouter que le site a d tre, grce sa situation, habit depuis une assez haute antiquit. Sur la rive Sud du torrent on peut voir des excavations mettant jour des tombes. Bien que fort abimes par des fouilleurs maladroits elles prsentent les caractristiques suivantes. Enfouies o, 5 o m, orientes Est-Ouest, leurs parois en blocs de pierre supportaient des 1. Certains lieux du culte sont encore frquents par de modernes zoroastriens. Aux pyres de Na~iliRustam nous constations, il y a deux ans, le prsence de cendres dans les cupules suprieures 2 TakhtSulaimn, en Adharbaigjan, comprend, une srie de b timents entourant une source chaude De mme le palais de Frzabad est difi proximit d une source chaude. 3 Ces pices, qui se trouvaient au mme niveau que la plarcforme, paraissent n avoir t perces d"aucune fentre. Peut-tre le feu y tait-il conserv dans l"obscurit, comme on le voit encore dans les temples zoro astriens modernes Les trois arcs sont de l're musulmane et remontent, au maximum, au VIIlme sicle de l'Hgire mais ils ont t. semblN-il, refaits sur des piles anciennes. S ans doute la destination du btiment fut-elle change depuis de nombreux \icles. 11 est difficile de ire si la plateforme .:tait l"air libre ou protge par un pavillon coupole. On peut tout au plus le supposer car la maonnerie dpasse sensiblement le niveau de la plateforme

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~A LABAN dalles formant couvercles. Elles seraient donc proches parentes des tombes du Taliche dcrites par Mr de Morgan et de celles du Lristan ') Malheureuse ment le mobilier funraire ne s'y manifeste que par des tessons pars sur le sol, fragments de poterie grossire en pte rouge, paisse et mal cuite. APPENDICE Le chteau de Mala Kolo, dont J. de Morgan a donn un assez bon plan et une description, se trouve en amont de ~alaban, prs du village appel Diangal Deh, sur un piton abrupt. L'escalade en est encore plus pnible qu' l'poque o Mr de Morgan la pratiqua. Au prix de grandes difficults notre compa gnon de voyage, Mr Schrey, put seul visiter le chteau en dtail. Mr de Morgan dit qu'il est difficile de dterminer la date de ces ruines. Elles sont de diverses poques. On peut distinguer d'abord le chteau, isol sur son piton rocheux, ensuite quelques terrasses cyclopennes et, environ 600 mtres de l, les restes d'un mamzad qui, d'aprs la tradition, dpend du chteau. Les terrasses, encore surleves par endroits de 4 5 mtres, devaient servir de support des installations disparues. Leurs murs sont composs de blocs normes, certains de plusieurs mtres cubes, poss sans mortier. L'appareil semble trs ancien et ne se retrouve pas l'poque islamique. Le chteau comprend, la partie infrieure de ses murs, un bon appareil opus incertum de moellons moyens lis au mortier de pltre. Les superstructures sont en briques crues, plus rcentes. Les rares tesons que l'on y trouve date raient ce chteau de l'poque mongole. Les restes de l'mamzad ont une certaine analogie avec des monuments bien connus du Mazandaran, lmamzad Zain al'A.bedin, de Sari, par exemple, qui est dat de l'anne 864 H. Il doit tre peu prs du mme temps. Maxime Siroux J. G. Contenau et R. Ghirshman. Fouille.< du Tp Giya11. Sond113e.r du T Djams/,idi. Paris I9J5 P 94-95 I 5 J

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MASQJIDSULAIMAN

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MASDJIDSULAIMAN Le vaste sanctuaire de Mas_ijidSulaiman, dont les ruines se trouvent au milieu des puits de l'active et toute moderne cit ptrolire, MaidanNaftun, ') laisse au visiteur une impression insaisissable de calme et de force grandiose. Son architecture, si l'on juge de ce qui en subsiste, devait parfaitement mettre en valeur les phnomnes d'origine souterraine attribus la divinit. De nos jours les habitants des maisons voisines aiment conter la force des "dives" dont les jeux dmoniaques se droulaient sur ces puissantes terrasses par eux construites. Le site se prsente actuellement comme une succession de plate formes dont les destinations respectives semblent avoir t diffrentes. En les parcourant de l'Est vers l'Ouest (fig. 99) on remarque que la premire est, de toutes, celle dont les acc" sont les plus nombreux. Trois escaliers la desservent, dont l'un, large de 2 2,00 m, ne compte pas moine de 2 2 marches coupes par un palier. La terrasse Ouest, lgrement surleve par rapport la prcdnte, supporte une plateforme rectangulaire dtermine par un soubasse ment en pierres tailles. Une autre terrasse, moins tendue, secondaire, se trouve au Nord. Tout cet ensemble, soutenu de trois cts par un mur cyclo pen comportant de nombreux redans, s'achve la base d'une colline haute de 25,00 30,00 m ~elques particularits de la terrasse Est donnent penser que cette aire tait rserve aux grandes crmonies publiques. D'abord, comme nous l'avons dit, le nombre des accs, ensuite un petit dicule situ en bordure de la face Sud. De ce monument il ne reste, vrai dire, que peu de chose, mais on en peut encore lire le plan qui est celui d'une pice carre ouvrant sur deux de ses cts, au Nord par une grande baie et au Sud par une petite fentre. Cette construction, en moellons poss sec, 2 ) indique que la couverture, s'il y en 1. Le site de MasgjidSulaiman, signal par E Herzfeld dans son Archaeolo3ical History of Iran (p. 93) est situ dans la concession de l'Anglo-lranian Oil Company. l. Les murs peuvent avoir t li
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MASJ2JTDSULAIMAN r-, 1\ t t 1 t .. / .. ,, =a,. su au, R.&. (. cs/d/.31 )f f,wy FIG. 99. PLAN DE MASQIIDSULAIMAN avait une, tait plutt une terrasse qu'une vote ~elle en tait la destination exacte? Il est possible que les manations souterraines se soient dgages en cet endroit prcis, mais nous croyons plutt que les phnomnes se produi saient au centre de l'esplanade, l o l'on distingue des znes d'effondrement indiquant que le sous-sol est fissur et mme vid Hypothse valable (un sondage permettrait de la vrifier) si l'on tient compte de l'existence, sous le mur de soutnement, d'une descente (indique en i sur le plan) aboutissant la petite terrasse Nord. Comme cette descente n a pas t pratique par pure fantaisie, il est juste de penser qu'elle conduisait quelque grotte ou crypte 158

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MAS!2JIDSULA/MAN d'un usage spcial') et maintenant comble. En consquence ces souterrains seraient l'origine de l'escalier et de la plateforme. Si donc le feu jaillissait au centre de l esplanade le monument construit au Sud de celle-ci peut avoir t une tribune ou cathdre pour un personnage important. La grande terrasse Ouest est en grande partie bouleverse par un cimetire musulman mais la plateforme rectangulaire lgrement surleve se dtache nettement Le muret formant soubassement est d'un travail soign; chaque pierre est correctement aplanie et ses artes sont vives L'arase suprieure est franche car au dessus s'levait sans doute une haute clture entourant plu sieurs constructions ou mme le mur extrieur d'un palais. La face Nord du soubassement donne sur un sol dgag et plat qui peut fort bien avoir t un jardin S'il en tait ainsi, deux traces de murs de faible hauteur, se dtachant angle droit du soubassement principal, indiqueraient que la faade Nord du palais ou du mur de clture tait orne d'une verandah la faade Sud s'achevant net 8 ,oo m en retrait du rempart o est pratiqu un escalier par ticulier. D'autres constructions, modestes, s levaient au pied de la colline. Seules les bases en sont visibles, nettement arases Le fait de ne constater en cet endroit aucun boulis srieux fait supposer que toutes les superstructures taient en briques crues sches au soleil (supposition valable galement pour les constructions cites plus haut). Il est bon d escalader la colline Son sommet, scrupuleusement dbarass de toute pierraille, forme esplanade. Peut-tre y avait-il l une annexe du sanctuaire d'en bas L'examen des matriaux mis en uvre dans les diverses parties du site conduit en dater les constructions de plusieurs poques. Il y a, par exemple une disproport i on entre l'appareil norme des remparts (certains blocs psent plusieurs tonnes), le soin pris pour les entasser et la mdiocrit des moyens usits pour le petit monument et les autres difices Il semblerait que le sanctuaire, d'une haute antiquit, ait t remploy une poque plus rapproche,') celle des Sasanides. On est en effet frapp du manque de composition de l'ensemble. La terrasse Ouest, en particulier, a du tre excute trs postrieure-1. Peut tre c e s cdvit s servaient elles emmagasiner ou rgulariser l'mission d e s gaz. i. Un remploi analogue a vraisemblablement eu lieu ~alaban et au chteau de Mala Kolo, 159

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MASQJ_/D. SULATMAN ment. Par contre les remparts forment un tout compact et de mme niveau (Ils comprennent aussi la petite terrasse Nord). L'architecture des remparts est trs impressionnante. L'opposition de l' om bre et de la lumire par la combinaison de talus et de puissants redans, la perspective des emmarchements, la perce des niches entre de gros quartiers de roc sont autant d'lments propres frapper l'imagination et qui voquent les monuments massifs des civilisations de la Msopotamie et de l'Assyrie. 1 ) De trs nombreuses picettes de bronze>) trouves sur place attestent la ferveur d'une foule de plerins et, mme si les traces d'une grosse agglom ration n'existaient pas sur une minence en face et l'Est du site, au bord du mme ravin, suffiraient montrer que MasdjidSulaiman tait trs frquent. Signalons enfin que ce sanctuaire n'tait pas unique en ces parages o les dgagements gazeux sont frquents. Il existe, dit-on, un autre site tout proche et analogue. Juin 1937 Maxime Siroux 1. Par exemple les remparts du palais de Sargon Khorsabad. z. Nous en avons rapport quelques unes qui ont t examines par le Dr Unvala et attribues par lui aux princes suivants: Orods I ou Phraats I, Orods 111, Ardal'.b,ir I. Shapr I.

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LE MONUMENT DE NEISAR

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LE MONUMENT DE NEISAR (Fig. I 00-I 06) Le monument de Neisar est un modle parfait de coupole sasanide sur plan carr L'impression de grandeur qui se dgage de ce cahaqa~ tient l'quilibre des masses et une composition harmonique .. --~:1:--d ---J-.l -----_ .,-------i 3 l A FIG. 100. LE MONUMENT DE NEISAR. PLAN FIG. 101. LE MONUMENT DE NEISAR. FIG. 102. LE MONUMENT DE NEISAR. COUPE ANALYTIQUE TRAC GOMTRIQUE 163

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LE MONUMENT DE NE/SAR FIG. 103. LE MONUMENT DE NEISAR CLICH A P HARDY FIG. 104. LE MONUMENT DE NEISAR CI..JCH A. r. HARDY

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LE MONUMENT DE NE/SAR FIG. 10~. LE MONUMENT DE NEISAR CLICH A P. HARDY FIG. 106. LE MONUMENT DE NEISAR CLICH A. P. HARDY

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LE MONUMENT DE NE/SAR ANALYSE ESTHTIQUE Le volume gnral est un cube harmonieusement divis. L'intrados de l'arc d'une porte est au centre du cube. Par rabattement de AE en AF (voir fig. 102) on obtient le lit infrieur de la corniche supportant la coupole. Celle-ci, d'aps la partie restante, s'apparente par sa courbe celle de Fruzabad. Cette utilisation de la diagonale AE du carr de ct AC= 2R est la base mme des proportions harmonieuses puisque c'est elle qui conduit la pro portion "divine", au "nombre d'or".') Le module dynamique observ est celui de et l En effet le lit suprieure de la corniche est ~ du point C, quidistant des banquettes et de la corniche. CONSTRUCTION Le monument est fond sur le rocher. Le matriau de construction est le moellon, d'abord naturel, li par un mortier au pltre Puis les blocs de pierre sont choisis au fur et mesure de la construction et ensuite quarris, la hauteur des arcs. C'est alors l'utilisation de moellons taills en forme de grandes briques C'est une strotomie ingnieuse qui permettra de jeter les arches des trompes d'angles qui supporteront la coupole ovode Les premires assises de la coupole seront encore en moellons quarris puis ce sera un remplissage de galets et de pltre qui donnera de la lgret la vote Cette lgret est augmente par quatre ouvertures rectangulaires et huit orifices. Le monument tait enduit au pltre et portait de petites moulurations encore visibles sous les arcatures des portes. Une petite niche semble avoir t faite l'poque islamique avec, par endroits, des enduits de paille et de terre. Ce monument affirme donc le got des Sasanides pour les mises en pro portions harmoniques et l'utilisation de la gomtrie pour la mise en place des grandes lignes de leurs monuments. 1 ) Andr P. Hardy J. Matila C Ghyka. Esthtique des proportions dans la nature el dans les arts. p. J5, 242-J64. 2. Fran~ois Benoit. L'architecture. L'Orient mdival et moderne. p. 15 et suivantes. Voir aussi M Dieu lafoy. L'art antique de la Perse. 166

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LES QUATRE CAHAR-TA~S DE LA VALLE DE QIERR

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LES Q_U AT R E CA H A R TA~ S DE LA V A L L E D E DJ E R R ') Nous savons par Tabar que Mihrnars, "le premier en puissance et en autorit personnelle" des hauts dignitaires du temps de Bahram V, fit construire, dans ses vastes proprits des districts d'Ardashr-Khurr et de Shapr, plusieurs chteaux, un temple du feu connu sous le nom de Mihrnarsiyan et prs de sa ville natale, Abruwan, quatre villages et des atehgahs. Fervent zoroastrien, il fonda aussi trois jardins et les planta de douze mille arbres chacun. Tabar ajoute que tous ces villages jardins et ateshgahs taient encore, de son temps, aux mains des descendants de Miharnars et qu'ils passaient pour se trouver "dans le meilleur tat." 2 ) La petite localit d'j\bruwan n'existe plus mais tait situe dans le DashtBarn, 3 ) c'est dire non loin de Qjerr Or Qjerr mme, que Mihrnars avait hrit de ses anctres en mme temps qu'Abruwan, 4 ) il y a un ateshgah et il y en a un autre cinq ou six farsakhs de l, dans le DashtBarn, en un endroit appel TnSabz, qui marque sans doute le voisinage d'Abruwan et peut-tre l'emplacement d'un des fameux jardins. L'ateshgah de Djerr est un grand cahaqa~ isol, de plus de quatorze mtres de ct (fig. 107), qui se trouve, comme l'indiquent le dessin et les photographies cijoints (fig. 1 2-13, 1 07-108), la pointe d'une hauteur qui domine la rivire de Qjerr et o de nombreux restes de constructions marquent l'emplacement de l ancienne ville.~) Bti tout au bord de la falaise pic, il avait pour fonction d'tre vu de toute la rgion, la fois des deux branches de la valle. C'est un signal zoroastrien. Il n'a pas, en consquence, de mur d'enceinte mais seulement, au N O., la base de l'espce de cap qu'il J. Ou Jirrah (G. le Strange), Gira (E Herzfeld), Gireh (A. Christensen). 2. A. Christensen. L"lra11 sous les Sassa11ides. p. 27J ) i dem, p. 100. 4 Tabar. p. 870. Voir aussi A. Christensen [,' lra11 sous les Sassanides. p 100. 5 "'The city of Jirrah is described by Mu~addasi as crowning a bill-top, and poss e ssing many palm gardens ". G le Strange. The Lands of the Eastem Caliphate. p. 268.

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i -----t---1 ,. 1 t I e f 'io MT-..a) FIG. 107. LE CAHAR-TA~ DE QIERR. PLAN occupe, une ligne de dpendances, chambre du feu, magasins divers et locaux d'habitation des prtres. Sans doute, en raison de la proximit de la ville, ce signal bien caractris servait-il aussi de temple et peut-il tre con sidr comme tel. Je n'ai pu voir le cahr-ta~ de TnSabz, n'ayant pu traverser la rivire de Qierr, mais le ketkhod (le maire) du village de Famur') qui m'accom pagnait et plusieurs autres habitants du pays m'assurrent que l'aspect et les dimensions de cet difice sont tout fait semblables ceux du cahaqa~ de Qierr. Ils dclarrent aussi qu'il y a dans la valle de Qierr, non pas trois, non pas cinq, mais exactement quatre cahaqa~s, les deux grands dont il vient d'tre question et deux autres, plus petits, qui se trouvent l'un l'entre et l'autre au fond de la valle, le premier une dizaine de kilomtrs de Kazern, au bas du KotalDukhtar, et le second prs de Farashbend. Ce dernier est connu depuis longtemps par les photographies, les dessins et les descriptions de Dieulafoy, Flandin et Coste.2) L'autre, celui de Kazern, a t tudi l'an dernier par M. Siroux. ') Les trois difices de Qierr, Kazern et Farashbend sont coup sr du mme temps Ils sont tous trois des cahaqa~s isols et tmoignent des mmes modes 1. Fdmr se trouve prs de l'extrmit sud du lac de Famr non loin de Djerr. Voir fig. 9. 2. Voir la page 26 Ia bibliographie de ce monument. J P 1 J 5 et suivantes. Voir aussi p 29-J0.

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LES QUATRE CAH R-T ~S DE LA V ALLE DE 12J.ERR de construction Leurs formes, leurs proportions, celles de leurs vastes baies sont les mmes et l'on y constate le mme emploi, si particulier de moellons retaills, rectangulaires, souvent carrs et lgrement bombs en faade. ~ant au monument de TnSabz qui est aussi un cahaqa~ isol et dont l'aspect et les dimensions sont "tout fait semblables" ceux de l'ateshgah de Qierr il est vraisemblablement de la famille des trois autres. De plus leur architec ture, large puissante et souple comme modele, est si exactement identique celle du palais de Sarwistan qu'on les croirait sortis des mmes mains et FIG. 108. LE CAHAR-TA~ DE QIERR CLICH A. G

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LES QUATRE CAHAR-T Ai;.S DE LA VALLE DE !2JERR qu 'il faut bien, puisqu'on attribue la construction des btiments de Sarwistan Mihrnars lui attribuer aussi celle des quatre cahaqa~~-Il semble donc qu'il y ait dans la valle de Djerr quatre monuments du feu construits par le ministre de Bahram Gr. Cependant E. Herzfeld, dans son Archaeological History of Iran, prsente les dessins d un autre difice qu'il appelle temple du feu et dont il dit qu'il n'y a aucune raison pour ne pas le considrer comme l'une des constructions de Mihrnars. ') Je dois dire, la vrit, qu 'il me parat impossible de voir en ce btiment le contemporain du palais de Sarwistan et de nos quatre cahaqa~s. Autant l'architecture des uns est large et vaste, autant celle de l'autre est mince et sche, entirement diffrente. De plus sa faade est d'un tout autre esprit. Mais il y a plus Com ment imaginer la salle o est conserv le feu sacr, celle qu'entoure le couloir d'isolement, ouverte au sommet et le feu expos aux intempries? Et que penser de ce couloir d'isolement divis par des pidroits et des doubleaux qui n'ont jamais appartenu l'architecture sasanide? ~e penser de ces petites coupoles d'angles qui ont un sens quand elles ont contrebuter la pousse de votes, comme c'est le cas dans les glises de Rusafa '), du Pantocrator, J) dans la Kiliss Qjami' de Constantinople 4 ) etc .... mais n'en ont aucun dans l'occasion, l'extrmit de tunnels reposant sur les deux murs du couloir? Je pense que la salle coupole n'avait rien voir avec le feu, que ces pidroits insolites et ces petites coupoles inutiles, sans valeur statique, ne sont autre chose qu' ornements emprunts des monuments d'un autre art et que nous nous trouvons peut-tre en prsence d'une glise, non d'un monument du feu. Rien d'tonnant d'ailleurs ce qu'on trouve des glises dans l'Iran sasanide, puisque nous savons que la religion chrtienne y fut alors officiellement reconnue et protge par plusieurs souverains. Y azdegerd, disent les Actes du Concile de Sleucie, "ordonna que dans tout son empire les temples dtruits par ses pres fussent magnifiquement reconstruits, que tous ceux qui avaient t prouvs pour Dieu fussent remis en libert, que les prtres, les 1. p 91-93. fig. 12-13. 2. U. Monneret de Villard The Fire Temples, dans Bulletin of tlie America11 1,rstitute for Pmia11 Art a11d Arcliaeology. Dcembre 1936. fig. 5. 3. F. Benoit. L'architecture. L'Orient. fig. 91. XVII. 4. Idem. fig. 91. XV.

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LES QUATRE CAHR-TA~S DE LA VALLE DE I2J.ERR chefs et le clerg circulassent en libert et sans crainte."') Rien d'tonnant ce que les glises ressemblent des ateshgahs Les premires mosques furent bien aussi des ateshgahs o le mil)rab remplaa simplement l'autel du feu. D'autre part nous savons par de nombreux rcits que les mmes difices furent souvent, sans la moindre difficult, sans autre changement que du matriel du culte, tantt des glises et tantt des temples du feu. L'histoire du chrtien Narsai est connue: ... Cependant le mobed local s empara de l'glise et la convertit en pyre Narsai revient dans le bourg ouvre l'glise comme l'ordinaire. Tout tonn d y trouver les appareils appropris au culte du feu, et ignorant sans doute l'intervention officielle du mobed, il teint le feu, fait place nette, remet en ordre le mobilier de l'glise et y clbre l'office divin. Etc ... .'' 2 ) Rien d'tonnant non plus ce qu'une glise, qui pouvait si facilement devenir un ateshgah et mme une mosque, se soit conserve jusqu' nos jours. Ds lors pourquoi n'admettrait on pas que certains constructeurs d glises de ces Syriens chrtiens qui avaient t "transplants" en lran1 ) aient imagin de marquer leurs uvres au moyen de formes architecturales qui leur taient certainement plus familires qu'elles ne pouvaient l'tre aux constructeurs sasanides? A peu de chose prs, cette ouverture dans la vote principale, ces pidroits et ces inadmissibles coupoles d'angles l'difice en question est d ailleurs un pur sanctuaire du feu. Andr Godard 1. J. Labourt Le chrijtia11ij1ttt danj l'empire pem p 92. 2. Idem p. 107. J-.. Le roi des Iran i ens dans ses expd it ions de Syrie, faisait enlever par~ois tous les habitants d'un~ ville ou d'un district pour les tran s planter l'intrieur du royaume Ces colomstes tant en grande partie des chrtiens le christianisme se rpandit un peu partout .. A Christensen. L'Iran jOUj les Sajsani du. p 261.